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30 octobre 2010 6 30 /10 /octobre /2010 09:42

 

 

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Salvador Dali

 

Tout ce qui est créé a une limite. On considère généralement que physiquement cette limite est la surface extérieure perçue par les sens : toucher, vue pour les objets solides, ouie, goût, odorat pour les fluides.

 

Quelle est la limite du chocolat ? En tant que tablette, c’est ce qu’on voit. Ce qu’on touche aussi. Quoique le chocolat fonde et poisse les doigts. La limite solide du chocolat n’est pas si définie, après tout.


 Le chocolat excite mes narines. Lorsque je m’éloigne suffisamment de la casserole de chocolat fondu, son parfum disparaît. Nouvelle limite. Tiens, le vent le ramène. Difficile à circonscrire.

 

La limite du goût, elle est double : après avoir croqué un carré, c’est l’instant où je ne perçois plus rien. Mais c’est aussi, alors que comme Dali je suis fou d’un certain chocolat, je finis à force d’en manger par m’en dégoûter complètement. J’ai touché la limite.

   

Ce qui s’applique aux objets s’étend aux êtres animés, plantes, animaux, paysages, lieux, humains.

   

Mais les limites qui nous apparaissent sont-elles réellement celles de l’autre, ou les nôtres propres ?

   

Je t’aime, je ne vois pas de limites à mon amour, je ne te vois pas entièrement, tu me sembles immense, surprenant, incomparable. Plus tard, je ne vois qu’un petit être gris, prévisible, racorni. Que s’est-il passé ? 

 

Y a-t-il vraiment des limites entre nous tous, ou bien est-ce seulement notre hémisphère gauche qui fractionne et compartimente : toi, lui, moi ?

Bon, pas bon, danger, manger.  

   

La limite se situe entre l’idéalisation et l’objectivation.
C’est la raison pour laquelle le monde des rêveurs est beaucoup plus grand que celui des bâtisseurs, mais beaucoup plus évanescent.

 

La quête des limites est l’un des visages, des aspects de la Quête que chacun doit mener pour accéder à la Connaissance.

 

Comme l’horizon, la limite de cette Connaissance recule toujours. Et même dans un monde limité comme le nôtre, plus on monte, et plus le regard englobe de surface, et plus la sensation des limites s’évanouit.

 

Plus on monte, et plus la conscience quitte le particulier, aux limites si étroites, pour l’Unique qu’aucun mur n’enserre.

 

A ce moment-là, on est entré à l'intérieur du monde.  

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22 octobre 2010 5 22 /10 /octobre /2010 06:40

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Dans anarchiste, il y a schiste.

 

Le schiste est une roche feuilletée dont chaque strate peut être séparée des autres.

 

Dans notre monde compressé, il y a des êtres qui vivent seuls. Qui n’ont pas signé le contrat social et ne sont donc pas liés par quelque clause que ce soit.

 

Un temps, pris au piège de la compression, et malgré une grande gêne, une révolte, ils suivent plus ou moins le mouvement global.

 

Puis peu à peu - ça se fait par un amincissement général de toutes ses parties, qui crée le vide et une distance entre lui et le monde – dans un arrachement toujours douloureux, car l’individuation se fait dans le sang et les larmes, peu à peu, l’être sort du pesant brouet collectif, coupe les ponts obligés, résoud les liens de fer.

   

L'eau, et le vent, éternels acides, que délivrent la main miséricordieuse du temps, lui ouvrent l'horizon.

 

Alors, une fois que cet être neuf et non dépendant est né, il ne reste plus au monde contre lui qu’un recours : la mort. La chasse, l’enfouissement. Car un être libre est un scandale insurmontable.

 

Pire, un être libéré aime profondément ceux qui veulent sa peau. 

 

De Jésus aux anarchistes espagnols assassinés par les marxistes du PSUC, l’histoire n’est qu’un cercle. De ce cercle infernal qui est comme une soupe bouillante, l’âme enfin déliée est la vapeur qui s’échappe.

 

Plus l'âme du monde le quitte, et plus le monde est épais et restreint. Ce que nous laissons derrière n'est plus que cendres et matière noire.

 

 

PS : Je serai absent un jour ou deux et ne répondrai donc pas aux commentaires. Merci de votre présence à toutes et tous. C'est un grand plaisir de découvrir peu à peu ce cercle vertueux. Créons des îles, des villages et des ponts gracieux et gratuits dans ce monde malade.

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16 octobre 2010 6 16 /10 /octobre /2010 13:44

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Apprivoiser, c’est rendre privé. S’approprier. L’humanité a apprivoisé certains animaux, ce qui en réalité, signifie qu’elle a mis la main dessus pour en faire du pâté.

 

Dans la foulée, elle a apprivoisé, croit-elle, sa planète, qu’elle charcute à son aise. Mais elle ne sait rien d’elle, car loin de l’apprivoiser, elle lui fait violence.

 

D’un plus savant que moi, un rappel :

 

« C'est alors qu'apparut le renard.
-Bonjour, dit le renard. ..
-Bonjour, répondit poliment le petit prince, qui se retourna mais ne vit rien.
-Je suis là, dit la voix, sous le pommier.
-Qui es-tu ? dit le petit prince. Tu es bien joli.
-Je suis un renard, dit le renard.
- Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste...
-Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé.
-Ah ! pardon, dit le petit prince.
Mais, après réflexion, il ajouta:
-Qu'est ce que signifie « apprivoiser » ?
-Tu n’es pas d'ici, dit le renard, que cherches-tu ?
-Je cherche les hommes, dit le petit prince. Qu'est-ce que signifie « apprivoiser » ?
-Les hommes, dit le renard, ils ont des fusils et ils chassent. C'est bien gênant! Ils élèvent aussi des poules. C'est leur seul intérêt. Tu cherches des poules ?
-Non, dit le petit prince. Je cherche des amis. Qu'est-ce que signifie « apprivoiser »?
-C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie « créer des liens... »
-Créer des liens ?
-Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons.
Et je n' ai pas besoin de toi. Et tu n'a pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...
-Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur... je crois qu'elle m'a apprivoisé...
-C'est possible, dit le renard. On voit sur la Terre toutes sortes de choses.
-Oh! Ce n'est pas sur la Terre, dit le petit prince. Le renard parut très intrigué:
-Sur une autre planète ?
-Oui.
-Il y a des chasseurs, sur cette planète-là ?
-Non.
-Ça, c'est intéressant! Et des poules ?
-Non.
-Rien n'est parfait, soupira le renard.
Mais le renard revint à son idée:
-Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m'ennuie donc un peu. Mais, si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde! Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste! Mais tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé...
Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince:
-S'il te plaît... apprivoise-moi ! dit-il.
-Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.
-On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis.
Si tu veux un ami, apprivoise-moi !
-Que faut-il faire ? dit le petit prince.
-Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'oeil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près...
Le lendemain revint le petit prince.
-Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l'après- midi, dès trois heures je commencerai d'être heureux. Plus l'heure avancera, plus je me sentirai heureux. A quatre heures, déjà, je m'agiterai et m'inquiéterai; je découvrirai le prix du bonheur! Mais si tu viens n'importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le coeur. Il faut des rites.
-Qu'est-ce qu'un « rite » ? dit le petit prince.
-C'est aussi quelque chose de trop oublié, dit le renard. C'est ce qui fait qu'un jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures. Il y a un rite, par exemple, chez mes chasseurs. Ils dansent le jeudi avec les filles du village. Alors le jeudi est jour merveilleux ! Je vais me promener jusqu'à la vigne. Si les chasseurs dansaient n'importe quand, les jours se ressembleraient tous, et je n'aurais point de vacances.
Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l'heure du départ fut proche:
-Ah ! dit le renard... je pleurerai.
-C'est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t'apprivoise...
-Bien sûr, dit le renard.
-Mais tu vas pleurer! dit le petit prince.
-Bien sûr, dit le renard.
-Alors tu n'y gagnes rien !
-J'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé.
Puis il ajouta:
-Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde. Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d'un secret.
Le petit prince s'en fut revoir les roses.
-Vous n'êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n'êtes rien encore, leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisées et vous n'avez apprivoisé personne. Vous êtes comme était mon renard. Ce n'était qu'un renard semblable à cent mille autres. Mais j'en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde.
Et les roses étaient gênées.
-Vous êtes belles, mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu' elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c'est elle que j'ai arrosée. Puisque c'est elle que j'ai mise sous globe. Puisque c'est elle que j'ai abritée par le paravent. Puisque c'est elle dont j'ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons). Puisque c'est elle que j'ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même Quelquefois se taire. Puisque c' est ma rose.
Et il revint vers le renard:
-Adieu, dit-il... 

-Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple: on ne voitbien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux.
-L'essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir.
-C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.
-C'est le temps que j'ai perdu pour ma rose... lit le petit prince, afin de se souvenir.
-Les hommes ont oublié, cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l'oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose...
-Je suis responsable de ma rose... répéta le petit prince, afin de se souvenir. »

 

Dont j’extrais cela :

« -Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'oeil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près... »

 

Cette clef dit tout. Apprivoiser un animal, ou qui que ce soit, c’est être nu et silencieux, à distance, avoir posé toutes les armes secrètes, les pensées qui prennent et cherchent à avoir, à prendre, à obtenir. Toutes les pensées, toutes. En finir avec la pensée et la volonté.

 

Dès cet instant, tout est Un. Plus de distance.

 

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14 octobre 2010 4 14 /10 /octobre /2010 07:09

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Pour triompher de nous, et nous mettre à leur botte, nos élites, qui sont nos pires ennemis ont besoin de nous avilir.

 

Rien n’est plus facile que de flatter nos instincts les plus bas, de nous offrir en pâture journalière les spectacles les plus dégradants, de susciter ce que nous avons de pire, de nous jouer les uns contre les autres.

 

La mise ? Je n’en voudrais pas, mais manifestement, elle fait des adeptes : le pouvoir. Quoi de plus con que le pouvoir ? Mais il faut croire que ça doit avoir du charme puisque tant de fauves s’arrachent les tripes pour en jouir, paraît-il.

 

Jouissance solitaire, sans complément, sans grandeur, et sans issue.

 

Nos maîtres s’enferrent dans un onanisme stérile par définition, et dont les joies sont avares de joie. C’est leur problème, comme dit ma fille.

 

Pour nous, nous les zumains basiques, carrés, empilables, c’est une vilaine pitance qu’on nous sert. Il n’y a qu’à observer une minute nos congénères dans les supermarquettes – chez moué, y’a point l’métro – pour voir d’emblée plusieurs choses : d’abord, ça vibre très très bas, et c’est point trop beau à regarder.

 

Deuzio, c’est mieux. Il y a toujours du vivant, sous les strates effrayantes de la dégradation savamment entretenue par nos bienveillants maîtres.

 

Troizio, c’est encore mieux : ces gens haïssent ce qu’ils subissent, et ne l’accepteront jamais. Non seulement ils vivent, mais ils savent qu'on les berne, et conservent une puissante énergie, disloquée, certes, mais récupérable. Une dignité, également.

 

De chacun d’eux, on peut refaire une femme, un homme digne de marcher sur deux pattes et de se regarder dans un miroir. Quelqu’un qu’on pourrait prendre dans ses bras.

 

Le seul moyen de produire ce miracle, c’est d’emmener l’humanité au fond du désespoir. Car sa part divine, spirituelle, qu’importe le nom, cette part voudra toujours retrouver la surface, et emmènera tout sur son passage.

 

Dans ce sens, nos dégoûtantes élites, si pressées de remporter leur poker poisseux par d’innommables combines et des millions de meurtres sont nos meilleurs alliés, nos pires amis : à force de nous faire toucher le pire de nous-mêmes, ils finiront par faire jaillir de l’humanité toute entière unie contre eux ce qu’est vraiment l’humanité.

 

La fin de l’hiver, la fin de Satan.

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24 septembre 2010 5 24 /09 /septembre /2010 08:31

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Mille rêves enchevêtrés cette nuit. J'ai bu des alcools forts avec des manouches, ils avaient une curieuse manière de poser leur verre sur le goulot de la bouteille juste pour le parfumer. Je n'ai pas vu M. Hortefeux. On ne devait pas être en France. Puis j'étais soldat, ou plutôt franc-tireur. J'étais jeune. Mon téléphone portable a sonné. J'ai entendu avec une émotion forte la voix de l'amoureuse de mes seize ans, mi tendre mi rire.

 

Et je me demande : où tout cela est-il inscrit ? Cette voix, bouleversante comme il y a quarante ans, dans quelle mémoire incroyablement fraîche et vivante coule-t-elle encore comme une source ?

 

Ces gens qui ont de curieuses coutumes, où sont-ils ? Car ils sont, réellement, je n'aurais jamais imaginé cette manière de boire sans boire.

 

Quand je confronte cette prodigieuse richesse de l'inconscient, qui peut-être est une porte sur des milliards d'univers, ou de couches, de lieux, de strates de l'Univers, de demeures du Père, comme disait le Christ, quand je confronte ces trésors inépuisables à l'indigence de la pâtée quotidienne qu'avale l'humanité moyenne, j'avoue être empli de pitié.

 

Se goinfrer de sons, d'images, d'émotions simulées et de rires provoqués, d'infos criardes ou reliftées du matin au soir, de messages contraints par les cinq sens, comme pour faire descendre le mauvais goût de la mauvaise bouffe et de la mauvaise vie, c'est vraiment se terrer au fond de sa niche fétide. Tous ensemble et chacun pour soi, dans une infecte macération.

 

Alors qu'en nous, la porte est toujours ouverte à qui veut bien faire le voyage.

 

J'ai appris à rêver il y a bien longtemps avec ce livre. Ce n'est pas difficile.

 

Il en existe 15 exemplaires d'occasion. Il n'est jamais trop tard pour partir à l'aventure.

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22 septembre 2010 3 22 /09 /septembre /2010 20:09

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J’oublie, tu oublies, il ou elle oublie, nous oublions tous, d’après ce que je vois, que nous sommes en mouvement. Tout est mouvement. J’oublie que les atomes dont je suis constitué ont l’âge de l’univers, et ont déjà servi à constituer des milliards de formes.

 

J’oublie que certains de mes muscles (du latin musculus, petite souris) ne me servent presque plus, car je suis maintenant un bipède. J’oublie que j’ai une troisième paupière et un vestige de queue. Non pas que ça me gêne, personnellement, de m’en souvenir. J’ai trouvé tellement de traces psychiques de l’animal en moi que le fait que j’ai (je ou un autre) eu une queue ne m’empêche pas de dormir.

 

Ce que j’oublie, et qui est beaucoup plus grave, c’est le mouvement perpétuel. Perpetuum mobile, pour faire savant. Ouah, le blog de VJ, ça cause sérieux.

 

On a pris du mouvement à perpète, les aminches. Et on s’en souvient jamais, tellement qu’on a envie de pioncer. Ferme là, bon dieu, on s’entend plus ronfler !

 

Avez-vous lu Chéri-bibi ? Avez-vous sucé la moelle des grands mystérologues du fabuleux XIXème siècle ? Leroux, Leblanc, Lerouge, toute une palette, Villiers, Barbey, Borel le lycanthrope, Sue, dit le beau Sue et Verne, œuf corse, et tant d'autres ?

 

Toujours en mouvement, ceux-là. Toujours à la poursuite de quelque chose ou de quelqu’un. Le tour du monde en 80 jours. Les Indes noires. Voyage au centre de la Terre. Vingt mille lieues sous les mers, rien que pour le grand Jules. Mais que cherchent-ils ?

 

On vit un film d’aventures, et on voudrait dormir, rester là, sur le cul, comme un poussah, dormir. Fous-me la paix, laisse-moi rêver.

 

Non. Bipédie sur une terre sphérique, une jambe toujours un peu (ou nettement) plus courte que l’autre, comme le dahu, un grand coup de pied au cul, et tiens, je marche. Non, je tombe. Encore ? Mais je voulais dormir.

 

"Il se peut que la connaissance ne soit rien d'autre que l'effort d'un esprit qui résiste à la chute, et qui se défend au sein de la tentation" (Denis de Rougemont).

 

Deux pieds, deux jambes, le cercle des hanches, la fameuse colonne, qui nous différencie des pieuvres, les bras pour faire la balance, et pour finir posée au bout une microsphère qui abrite l’ennemi qui empêche de dormir. En fait, celui qui m’empêche de dormir en premier, moi, c’est le système dit digestif. Se lever pour pisser au milieu de la nuit. L’anus qui téléphone, sous pression, comme chez Magdane : Allo ? C’est pour une urgence ! Oui, mais il est 5 h 30, et on avait prévu de se lever à 6 h 30, on pourra pas se rendormir. Ok, fais comme tu veux, mais…

 

Mis bout à bout, empilé, tout ça marche à la va-comme-je-te-pousse.

 

Le monde est pareil. Toujours au point de bascule. Certains ne voient que le pire, le fumier. D’autres que les fleurs qu’on y trouve.

 

La philosophie la plus saine fonctionne avec deux yeux : tout bouge sans cesse. Tout meurt puis renaît autrement. Tout gueule et geint, voudrait dormir. Laissez-moi. Et impitoyablement la faux du faucheur retombe. Arcane XIII. L’innommé. L’innommable. Comment envisager de se désagréger ?

 

Le monde marche sur deux pieds : l’horreur, l’espoir. Le début, la fin. Comme le disait le grand Mirbeau dans le « Jardin des supplices », la plus grande jouissance peut faire sombrer dans la folie lorsqu’elle est prolongée.

 

Si j’avais des lectures à conseiller, pour vous empêcher de dormir, ce serait, plutôt que les lénifiantes collections roses, ce livre terrible et révélateur de l'horreur dont l'homme peut se délecter.

 

Parallèlement, le monde croule sous les merveilles et les grâces. Le beauté avance au même rythme que l'ignoble, jusqu'à la résorption.

  

Et d’horreur en aurore, le voyage continue. C’est le voyage de l’esprit dans la matière gluante. Le voyage de l’Un dans le Deux. Le labour de la femelle par le mâle.

 

Les alchimistes disaient : au début, la femelle domine, puis le mâle prend la suite.

 

Un pied après l’autre, jusqu’à ce que, la bonne place trouvée, les pieds se changent en racines et installent le règne de l’Esprit dans la Matière. Alors, nous serons devenus ce à quoi nous sommes destinés : les piliers du pont qui relie tout dans l’Univers.

 

Alors, le mouvement ne sera pas circulaire, mais vertical.

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20 septembre 2010 1 20 /09 /septembre /2010 18:44

Nus

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Les Jaïns de l’Inde vivaient nus. Par contraste avec les religions et la société prodigues en ruissellement d’apparences. Cette religion jaïn que réprouve Alain Daniélou, chantre moderne du shivaïsme, est végétarienne, et croit à la transmigration des âmes. Elle refuse les sacrifices extérieurs. Pour elle, l’âme est perfectible. Ce serait une sorte de protestantisme. Leur nudité n’avait évidemment rien d’ostentatoire.

 

Les Jaïns furent connus des Grecs sous le nom de gymnosophistes, qui allaient nus également. Mais les filles spartiates allaient souvent nues elles aussi, pour des raisons assez comparables : éviter la débauche d’ornement, l’élégance. Soit dit en passant, pas besoin de vêtements pour distinguer miss Monde de miss Hamburger. Je saurais encore qui inviter à une séance de relaxation dans ma case.

 

Les évangiles apocryphes, ceux que l’église catholique a rejetés avec horreur, détruits autant qu’elle l’a pu, parlent souvent de nudité, dans des termes pas toujours très clairs, d’ailleurs. Dans l’évangile de Thomas, log. 37, la nudité est l’état de réconciliation :


1 Ses disciples dirent :
2 Quel jour te manifesteras-tu à nous ?
4 Jésus dit :
5 Lorsque vous vous dépouillerez de votre honte
6 et prendrez vos vêtements,
7 les déposerez à vos pieds
8 comme les tout petits enfants,
9 les piétinerez,

10 alors vous verrez le Fils
11 de Celui qui est vivant
12 et vous n’aurez pas peur.

 

L’inverse de la chute d’Adam de d’Eve, qui eurent honte de leur nudité.

 

La nudité montre tout. La nudité montre les varices, les plis, les boursouflures, les côtes saillantes, tout ce qui suinte et sent. La nudité demande du courage. Se mettre à nu, c’est accepter le regard des autres, qui n’est que le prolongement du nôtre.

 

Et la nudité ne sert plus alors d’enseigne pour les marques qui séparent, efface la plupart des marques sociales. Nu, je suis un, presque moi, plus un élément indistinct.

 

La nudité physique n’est bien sûr qu’un symbole extérieur du dépouillement intérieur. Au point que celui-ci transparaît sous les vêtements. De celui qui est nu en lui, aucun vêtement ne cache rien.

 

La nudité est inutile si elle vise à dissimuler le mensonge, car celui-ci ne se voit que mieux.

 

Dans le monde moderne, l’un des plus sales temps que l’humanité ait connu, la nudité est interdite, et réservée à quelques camps, ou à des affiches de charcuterie voyeuriste. Ce monde adore le mensonge et la respectabilité extérieure. Et adore également le dévoilement des vilenies et crapuleries. Ce monde aime le pus et les noirceurs. Ce monde pornographique aime que le nu ne révèle rien, mais montre les chattes grandes ouvertes, rasées, poilues, au choix, il y en a pour tous les goûts. Et le trou de balle, t'as vu le trou de balle ? Le nu comme victuaille saignante sous vide. Le nu sale dont on a conservé la honte. Ce monde est un fumier.

 

 Heureusement, le fumier sert de substrat aux plantes les plus belles et les plus rares, qui le transmutent.

 

Et ce qui transmute le fumier danse nu dans la paix de la Source et le regard de Dieu.

 

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Belle image prise ici

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16 septembre 2010 4 16 /09 /septembre /2010 06:29

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Comme un ivrogne retourne fatalement à la source de son ivresse, je suis revenu à la lecture des gnostiques.

 

Je viens de lire « Jésus et la gnose» d’Émile Gillabert. A chaque page, je me disais : faut que je mette ça sur le blog. Mais bon, ça ira aussi vite de le lire en direct.

 

Pour faire très très simple : les gnostiques, on ne les connaissait que par les imprécations des pères de l’Église qui avaient besoin de boucs émissaires. C’étaient donc des fous, des pseudo « gurus », des débauchés.

 

Jusqu’à ce qu’un coup de pioche opportun fasse jaillir d’une grotte d’Égypte un trésor de livres et vieux rouleaux. Une bibliothèque gnostique cachée au Vème siècle par un moine. La seule au monde. Toutes les autres ont été détruites. Ça change la donne.

 

Malgré toute la mauvaise volonté des églises officielles – certains textes n’ont été traduits qu’après 50 ans – soudain remontent les textes qui ont enregistré au plus près la voix du Christ. Rien à voir, ou si peu, avec les canoniques. Trois ou quatre réécritures partisanes et mensongères ont totalement brouillé les pistes.

 

Ce que disait le Christ, en gros, c’est que l’éveil est possible car le Royaume de Dieu est déjà advenu. Il a toujours nié être le « sauveur » qu’attendaient les Juifs. L’éveil, c’est ici, et maintenant. Pas dans un futur hypothétique. Le jugement ? Être présent.

 

Gillabert donne un merveilleux exemple de traficotage des textes : la brebis égarée gnostique, c'est pas une parmi cent. Non, c'est un homme qui perd la plus belle, la plus grosse de ses brebis, celle qui fait toute sa joie, l'Unique, la Perle. Alors il laisse les 99 autres pour ne chercher qu'elle. C'est la Source, qu'il a perdu. Alors il laisse toutes ses préoccupations factices, il abandonne les jongleries du mental pour partir à sa poursuite. 

 

Dans les évangiles canoniques, bien loin de ça, le berger ramène soigneusement la brebis, une parmi d'autres, qu'il aime toutes pareillement, au troupeau. Le tour est joué, tout le monde sous clef.  Broutez, fidèles, jusqu'au jour du jugement, où, si vous avez été parfaitement soumis, vous serez (peut-être) sauvés.

 

Pour cela, pour être sauvé, surtout : ne pas vivre. Endurer toutes les misères. Pauvre pêcheur. Deux mille ans de propagande, deux mille ans d'esclavage.

 

Pour le gnostique Valentin, les hommes se partageaient en trois : les hyliques, de hylé, la matière. Ceux-là, qui peuvent être très doux et agréables, d’ailleurs, sont proches des animaux et vivent pour satisfaire leurs sens, leur corps. Ils sont pleins de matière.

Et curieusement, certains sont parfaitement libres. Pas de frontières, pas de jugement. Tout classement est une erreur, un point de vue.

 

Les psychiques vivent sous l’emprise du mental. C’est eux qui dominent en ce monde et l’ont rendu tel qu’il est. Eux qui ont travesti le message du Christ pour garder le pouvoir, et aussi parce qu’ils étaient (et sont) incapables de le comprendre. A vrai dire, ce message leur est intolérable. C’est très clair dans leur condamnation des premiers siècles. L'ego condamne à mort tout ce qui le dépasse.

Ceux-là sont pleins d’eux-mêmes. Ils sont les plus éloignés, tant ils sont pleins de certitudes. Seul le naufrage peut les aider.

 

Enfin, les pneumatiques. Ceux qui vivent pour et par l’esprit. Ceux-là cherchent le vide. Comme un pneu de voiture, ils sont pleins de vide. De renoncements, de dépouillement. C’est l’esprit qui vit en eux.

 

De hylé, on passe à Il Est.

 

Comme je le faisais remarquer à Mme Yog l'autre jour, le pneumatique est parfois, souvent crevé. Parce que la vie est dure, ici-bas, dans ce monde imparfait, tant qu'on n'a pas effectué la percée par où l'esprit coule. Et il arrive que le contact se perde.

 

Pour Platon, les orphistes, Plotin, bref, pour une bonne partie de la philosophie grecque, ce corps, ce monde, étaient des tombeaux dont l’âme doit s’envoler. Pour la gnose, si ce monde est bien une tombe, un cimetière, créé par un dieu fou et menteur, c’est ici qu’on doit ressusciter, c’est-à-dire naître de nouveau. A cet instant, ce n’est plus nous qui vivons, mais le Soi qui vit en nous. Nous sommes devenus une porte entre deux mondes. La mort n’a plus la moindre importance.

 

Le salut sans cesse reporté sur un hypothétique messie n'est plus à l'ordre du jour. Cette notion issue du peuple juif qui attendait et attend toujours l'envoyé de son dieu tribal qui leur a promis de les faire régner sur le monde - tout le contraire de l'éveil - cette notion a été récupérée par Paul le pharisien pour asservir. 

 

Depuis cette date, et tout au long de son histoire, l'église triomphante s'est hissée au sommet du monde, au devant des armées qui ont conquis la terre au nom du dieu de la Bible, versant des fleuves de sang, de l'Albigeois aux Amériques.

 

Jésus, pourtant, disait l'inverse : à quoi sert de gagner le monde si c'est pour perdre son âme ?  

 

Mensonges, mensonges, mensonges. Le mensonge était si gros qu'on peine encore à en sortir.

 

L’éveil n’est peut-être pas réservé aux seuls pneumatiques, puisque certains hyliques vivent comme des saints ; mais il faut une sacrée chance pour que quelqu’un, un psychique, surtout, qui n’a pas été prédestiné puisse parvenir à ce non-lieu, ce non-temps. Une sacrée chance qui généralement arrive comme une accumulation de catastrophes. Quand tout s'écroule, l'homme, n'importe quel homme se trouve jeté dans le vide. Et dans ce vide où il n'est jamais seul, tout peut arriver.  

 

La thèse de la prédestination a toujours fait hurler les foules. Mais le Christ a répété sans cesse que son message ne s’adressait qu’à quelques-uns.

 

Toutefois, pour compenser cette dure loi, chaque humain qui s’éveille apporte un supplément de lumière qui profite à tous.

 

 

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13 septembre 2010 1 13 /09 /septembre /2010 21:04

Je voudrais proposer à votre sagacité une lecture, parmi d'innombrables,  de l'Apocalypse de Jean. Bien évidemment, pour en prendre l'entière mesure, il faudrait lire intégralement l' ouvrage, rédigé par un inconnu, un homme méditatif, nourri de sa propre quête.

 

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Place à Jean MARCHAL :

 

« Je ne suis ni théologien, ni exégète, ni historien des religions et cependant, j’entreprends, en ce jour du 27 décembre 1984, fête de Saint Jean l’évangéliste, d’écrire un essai sur l’Apocalypse, poussé par une irrésistible nécessité intérieure. »

 

Ainsi débute le livre inoubliable qu’écrivit le docteur Jean Marchal, jusqu’alors anonyme.

 

Après avoir connu plusieurs rejets d’éditeurs plus soucieux de rentabilité que de vérité, épaulé par Arnaud Desjardins il finit par publier ce livre essentiel en 1987 chez Albin Michel, sous le n° 68 de la prestigieuse revue « Question de ». Où il fit un malheur (Dieu que la langue est bête ; je recommence J : Où il fit un BONHEUR (n’est-ce pas mieux ?) 

 

Il dit quelque part que des milliers d’ouvrages ont été écrits sur le texte attribué à et peut-être écrit par saint Jean. Le sien s’en distingue par une grande humilité, d’abord, mais aussi et surtout parce qu’il est le fruit d’un cœur pur, lavé, par des années d’apprentissage – Lanza del Vasto, Arnaud Desjardins, Graf Durckheim – et de méditation, sur les rosaces des cathédrales entre autres. Sa culture est profonde mais légère.

 

Sa lecture est double : le symbolisme de Saint Jean s’applique à deux niveaux, l’individuel, psychologique, spirituel, et le général, historique, planétaire, cosmique.

 

Double mais d’une parfaite limpidité. Plus de vingt ans après la découverte de ce bijou, il n’a rien perdu de sa pertinence et de sa force tranquille.

 

Pour celles et ceux qui ne l’ont pas lu, il en reste des exemplaires neufs, l'ouvrage ayant été réédité au moins une fois, et quelques uns d’occasion.

 

Pour finir, et plutôt que de déflorer ce très beau texte, je citerai un extrait de Guénon que Jean Marchal cite lui-même (p. 114 de l’édition de 1987), extrait de la « Crise du monde moderne », et qui nous concerne directement :

 

« L’élite dont nous parlons, si elle parvenait à se former pendant qu’il en est temps encore, pourrait préparer le changement de telle façon qu’il se produise dans les conditions les plus favorables, et que le trouble qui l’accompagne soit en quelque sorte réduit au minimum. Mais même s’il n’en est pas ainsi, elle aura toujours une autre tâche, plus importante encore, celle de contribuer à la conservation de ce qui doit survivre au monde présent et servir à l’édification du monde futur. Il est évident qu’on ne doit pas attendre que la descente soit finie pour préparer la remontée (…) même si l’on ne peut éviter que la descente aboutisse auparavant à quelque cataclysme ? Et ainsi, dans tous les cas, le résultat du travail effectué ne sera pas perdu : il ne peut l’être quant aux bénéfices que l’élite en retirera pour elle-même, ni quant à ses résultats ultérieurs pour l’ensemble de l’humanité. »

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7 septembre 2010 2 07 /09 /septembre /2010 12:21

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Au moment où je publie les « Promenades avec Dimitri », le rêve du 7 septembre me ramène à l’intérieur de la montagne, de la caverne, dans les pièces obscures. Beaucoup de monde croisé, mais j’en suis maintenant connu. Pas d’hostilité. Je me souviens des premiers rêves que j’ai explorés systématiquement entre vingt et trente ans, nettement plus violents. Dans un de ces rêves, je suis devenu le dieu Thor, le dieu au marteau, et j’ai fracassé le crâne de centaines de personnes, dont mes parents. Héhé, ricane le psychanalyste. Libération.

 

Plus besoin d’avoir peur, de ramper, de se battre. Plus de diables.

 

Le parallèle avec les Promenades, c’est que j’ai rencontré de nouveau le crocodile, sous la forme d’un homme crocodile. D’abord revêtu de ses écailles, puis en peignoir de bain, puis torse nu. Il avait le visage et l’énergie du masseur qui m’a soigné en cure.

 

Les énergies reptiliennes dévoratrices s’intègrent dans la verticalité, puis deviennent humaines.

 

Puis, j’ai su (ce n’est pas une nouveauté, certes, mais un rappel) que je suis tous les lieux et les acteurs du rêve. Simultanément.

 

Comme Socrate nous l’a clairement dit, comme tous les contes du trésor enfoui ou de la perle engloutie le racontent d’une façon si limpide qu’on refuse de voir la vérité, car elle fait trop mal aux yeux, et qu'il est si confortable de faire comme tout le monde, l’Univers et les dieux sont en nous.

 

Dans la caverne de Platon, il faut inverser son regard pour voir la source des images. Rien n’a changé. La vérité est au fond du puits, dit le proverbe. Depuis toujours, tout nous crie aux oreilles : réveille-toi, et nous ne faisons que dormir, croyant être un "je" éveillé dans un monde de carton-pâte.

 

Aussi longtemps qu’on cherche à l’extérieur de soi la cause des circonstances, on est dans le labyrinthe. Ce n’est rien d’autre, le labyrinthe, que le monde extérieur, une projection. Dure comme fer, oui, une balle le prouve, puisqu'elle peut me tuer, ou plutôt me faire sortir du jeu. Mais une projection, ou tout, absolument tout, est moi. Et "Je" ne suis pas "je", comme le savait Rimbaud.

 

Tous les mystiques, mais tous sans la moindre exception, quel que soit le temps ou le lieu, l’ont dit, et certains comme Al Halladj l’ont payé de leur existence : je suis Dieu.

 

Je suis la cause et l’origine de tout. Eckhart disait même en substance, ce qui n'était pas tout à fait du goût du pape Jean XXII, que je suis à l'origine de Dieu. Sans moi, Dieu ne serait pas.

 

Al Halladj , Eckhart, Socrate, Jean de la Croix, Esclarmonde, mille autres, tous assassinés, brutalisés ; qu’importe ?

 

Puisqu'ils ont, comme le dit l'évangile gnostique de Thomas, été ressuscités avant de mourir. 

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Présentation

  • : Le jardin de Vieux Jade
  • : Arrivages du jour, légumes secs, mauvaises herbes, quelques trucs qui arrachent la gueule. Taupes, censeurs et culs bénits s'abstenir. Si vous cherchez des certitudes, c'est pas l'endroit.
  • Contact

Décidément rétif à l'ordre bestial, j'ai fixé ma résidence ailleurs, d'où j'observe le déroulement des temps infernaux, fumier des plus belles fleurs.  J'ai un jardin secret, où les plantes poussent toutes seules. Servez-vous, si le coeur vous en dit, sans tenir compte de la chronologie, car comme le mot le dit clairement, l'heure est un leurre.

 

Une précision concernant les commentaires : n'ayant pas toujours le temps ni l'énergie de répondre aux commentaires, ceux-ci restent ouverts, sans aucune garantie que j'y réponde. Je me réserve cependant le droit de sabrer les inconvenances, dont je reste seul juge.

 

Ici, je n'est pas un autre.

Recherche

Lave

Après l’explosion

Nul ne l’a sue

Le jour d’après

Coule la lave

Brûlent les cendres

Lave la lave

Mange la louve

Larmes sans sel

De régime

Cuit et recuit 

Frottent les cendres

Récurent

 

Pas encore nu,

Pas tout à fait ?

Restent des choses

Bien accrochées

Des salissures

De vieux fantômes

D’anciennes guerres

 

Qui peut le faire, si ce n'est toi ? 

 

Nettoie

 

Les notes glissent

Comme des larmes

Gouttes de feu

Sur la paroi

 

Qui m’a volé le cœur ?

Qui m’a trempé vivant,

Comme une lame ?

Qui m’a fouetté les yeux,

M’a déchiré le ventre

Me baisant les paupières

Et m’enduisant de baume,

Me prenant par la main,

Pour me conduire

Dehors ?

Les dits de Lao Yu

LE BUT DE LA QUÊTE EST DE N'AVOIR

NI BUT, NI QUÊTE

 

***

 

QUE SAIT-IL DE LA PESANTEUR,

CELUI QUI N'EST JAMAIS TOMBÉ ?

 

***

 

C'EST SOUVENT LORSQU'ELLE S'ENFUIT QU'ON PERÇOIT L'ESSENCE DE LA BEAUTÉ

 

***

 

LA MER A DES MILLIARDS DE VAGUES QUI BATTENT TOUS LES RIVAGES. OU EST LE CENTRE DE LA MER ?

 

***

 

CE QUI EST MORT N'A AUCUN POUVOIR SUR CE QUI EST VIVANT

SEULS LES MORTS CRAIGNENT LES MORTS

 

***

 

QUAND LE NID BRÛLE, LES OISEAUX S’ENVOLENT

 

***

 

C’EST DANS LA CHUTE QUE LES AILES POUSSENT

 

***

 

CE QUI PEUT ÊTRE PERDU EST SANS VALEUR

 

***

 

LA MAISON EST PLUS GRANDE QUE LA PORTE

 

***

 

L’ERREUR EST LA VOIE

 

***

 

LA ROUTE EST DURE A CELUI QUI BOÎTE

 

***

 

LA LUMIERE DE L’ETOILE EST DANS L’ŒIL QUI LA REGARDE

 

***

 

LES PETITS NOURRISSENT LES GRANDS

 

***

 

LES RICHES ONT UNE BOUCHE
MAIS PAS DE MAINS POUR LA REMPLIR

C’EST POURQUOI IL LEUR FAUT
DE NOMBREUX SERVITEURS ;


CEUX QUI ONT DE NOMBREUX SERVITEURS
NE SAURAIENT VIVRE SEULS,

CE SONT DONC DES PAUVRES ;


CELUI QUI PEUT VIVRE SANS SERVITEURS 
EST DONC LE VERITABLE RICHE.

 

***

 

VIVRE C’EST REVENIR SUR SES PAS

 

***

 

LA NUIT LAVE LE LINGE DU SOLEIL

 

***

 

LES RUISSEAUX EMPORTENT LES MONTAGNES

 

***

 

UNE EPINE DANS LE PIED DU GENERAL : L’ARMEE S’ARRÊTE


***
 


UN PORC EN HABITS DE SOIE RESTE UN PORC,
COMME UN DIAMANT DANS LE FUMIER

RESTE UN DIAMANT.

MAIS LA PLACE D’ UN DIAMANT

EST DANS UN ECRIN DE SOIE,

ET CELLE D’UN PORC DANS LE FUMIER.

 

***

 

COMME SEULE L’EAU ETANCHE LA SOIF,
SEULE LA JUSTICE COMBLE LA FAIM DE JUSTICE

 

***

 

DU COLIBRI A L’AIGLE, IL EXISTE DE NOMBREUX OISEAUX

 

***

 

LE DEDANS REGLE LE DEHORS

 

***

 

L’EPONGE BOIT LE VIN RENVERSÉ
ET LA ROSÉE DU MATIN

 

 

***  

 

LORSQU'IL DECOUVRE LE MIEL,

L'OURS OUBLIE LA PIQÛRE DES ABEILLES

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisez-Moi Lisez Moi Lisez Moi

Des mots des mots des mots des

Quand à un livre je me livre , ce que je lis me délie.

 

 

Je me demande pourquoi on n'a pas encore une loi qui oblige à faire bouillir les bébés à la naissance, afin qu'ils soient parfaitement stérilisés.

 

Circuler, pour mieux s'ôter.

Toute notre vie, on attend une grande cause pour se lever, et on passe sa vie accroupi, à croupir.

Le lucane aime prendre l'R le soir à sa lucarne.

Ce qu’il y a de bien dans l’état de siège, c’est qu’on prend le temps de s’asseoir.

 

 

Les oiseaux sont les poissons du ciel,

nous en sommes les crabes


Heureux les déjantés, ils quitteront plus facilement la route commune!

 
L’argent n’a pas d’odeur, mais il y contribue.


Un vrai sosie, c’est invraisemblable.

   

Quand je grossis, je m’aigris ; et quand je m’aigris, je grossis.

   

Le temps, c’est de l’urgent.

   

Joindre l’utile au désagréable : se faire renverser par une ambulance.  

 

Le journal du paradis, c’est le Daily Cieux.

   

Yfaut et Yaka sont dans un bateau ; Yfaut tombe à l’eau, Yaka l’repêcher.

 

Chaque matin, s’ils ne sont pas morts, les vieux vont aux nouvelles.

 

Le poète a latitude d’explorer toutes les longitudes.

   

Etre réduit à la portion congrue, c’est fort peu. Moins, c’est incongru.

 

Peut-on dire de quelqu’un
dont la vie dépend des autres pour tout qu’il
est riche ?
La bouche est elle riche ?

Peut-on dire de quelqu’un
qui n’a rien à attendre des autres qu’il est pauvre ?
Les mains sont elles pauvres ?

 

Curieux comme mystique s’oppose à mastoc.

 

On a mis bien des ouvrages majeurs à l’index.

 

Quand le brouillard tombe, on voudrait qu’il se casse.

 

Au matin, la nuit tombe de sommeil.