Mille rêves enchevêtrés cette nuit. J'ai bu des alcools forts avec des manouches, ils avaient une curieuse manière de poser leur verre sur le goulot de la bouteille juste pour le parfumer. Je n'ai pas vu M. Hortefeux. On ne devait pas être en France. Puis j'étais soldat, ou plutôt franc-tireur. J'étais jeune. Mon téléphone portable a sonné. J'ai entendu avec une émotion forte la voix de l'amoureuse de mes seize ans, mi tendre mi rire.
Et je me demande : où tout cela est-il inscrit ? Cette voix, bouleversante comme il y a quarante ans, dans quelle mémoire incroyablement fraîche et vivante coule-t-elle encore comme une source ?
Ces gens qui ont de curieuses coutumes, où sont-ils ? Car ils sont, réellement, je n'aurais jamais imaginé cette manière de boire sans boire.
Quand je confronte cette prodigieuse richesse de l'inconscient, qui peut-être est une porte sur des milliards d'univers, ou de couches, de lieux, de strates de l'Univers, de demeures du Père, comme disait le Christ, quand je confronte ces trésors inépuisables à l'indigence de la pâtée quotidienne qu'avale l'humanité moyenne, j'avoue être empli de pitié.
Se goinfrer de sons, d'images, d'émotions simulées et de rires provoqués, d'infos criardes ou reliftées du matin au soir, de messages contraints par les cinq sens, comme pour faire descendre le mauvais goût de la mauvaise bouffe et de la mauvaise vie, c'est vraiment se terrer au fond de sa niche fétide. Tous ensemble et chacun pour soi, dans une infecte macération.
Alors qu'en nous, la porte est toujours ouverte à qui veut bien faire le voyage.
J'ai appris à rêver il y a bien longtemps avec ce livre. Ce n'est pas difficile.
Il en existe 15 exemplaires d'occasion. Il n'est jamais trop tard pour partir à l'aventure.