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10 février 2014 1 10 /02 /février /2014 11:44

C’est arrivé comme ça. Je marchais dans la rue, devant les rares vitrines endormies, et soudain, je fus là-haut. Je devais être ridicule, battant des bras pour tenter d’assurer mon équilibre.

 

Retrouvant mon calme, je compris que les bras ne servaient à rien. Je n’étais pas un oiseau, non, juste un homme aspiré par un mouvement qui le dépasse. Comment ne me suis-je pas pris dans les câbles, les antennes, les enseignes, je l’ignore. Je me suis juste trouvé là-haut, à trente mètres de hauteur.

 

Des gens m’avaient aperçu. Ils mettaient leur main en visière. Certains téléphonaient, d’autres me photographiaient.

 

Pour l’anonymat, c’était foutu.

 

Je commençais à comprendre que je pouvais me diriger par ma simple volonté, pas en gesticulant, ce qui me rendit un peu de dignité.

 

Alors, je me mis à crier, et à apostropher la foule qui se rassemblait : « Comment je suis ici ? Parce que je ne pense plus comme vous. Depuis si longtemps ! Si longtemps que je simule l’intérêt pour ce qui vous passionne, si longtemps que je me déguise, que je fais semblant d’être comme vous ! Youhou ! »

 

Je hurlais de joie.

 

Un souvenir de lecture me revint ; c’était Rudolf Steiner, peut-être, qui avait dit que les oiseaux volaient non pas par la puissance de leurs ailes, qui ne servaient qu’à planer, ou accentuer le mouvement, mais qu’ils jaillissaient spontanément.

 

Exactement ça. Je me sentais comme un espace inconnu autour du cœur, comme si ma matière avait été allégée, et que j’avais simplement jailli du sol.

 

« Détachez-vous, vous volerez aussi ! » leur criai-je avant de foutre le camp.

 

Je me déplaçais tranquillement au dessus des campagnes jaunes et vertes. Deux forces se partageaient mon esprit : un calme profond, plein comme seul le mot plénitude peut en rendre compte, et une légère inquiétude. Comment vivrai-je, désormais ? Manger, dormir, retrouver ma femme, mes enfants, ceux que j’aime ? Puis je revis des scènes d’un film où Hulk est pris en chasse par des avions. Ça doit commencer. La police, l’armée, tous ces nains vont venir m’emmerder. Mais la paix du vol revenait. Je testai mes limites. Aucune. Comme les fameux OVNI, je pouvais changer de direction et d’endroit à l’instant même où je le désirais, planer tranquillement, ou observer un continent entier depuis les grandes altitudes.

 

Je compris que toute ma vie n’avait concouru qu’à cela : quitter l’attraction terrestre. Les tâches mécaniques et ennuyeuses, je les avais accomplies sans aucun intérêt. La plupart des gens, et leurs préoccupations miteuses, leurs plaisirs et leurs guerres n’avaient pas retenu mon attention. Seuls, mes sœurs et frères de cœur avaient su ouvrir en moi les chemins de la tendresse et de l’amitié.

 

Eux aussi sauraient s’envoler. A force de creuser, de ronger, de dissoudre, de chercher la Porte. Je le savais. Plus d’angoisse.

 

Manger ? Mes jeûnes m’ont appris que la faim est mécanique, elle aussi. On découvre de plus en plus de gens qui n’absorbent aucun aliment et vivent en parfaite santé.

 

Impossible, disaient les gens sérieux, c’est une escroquerie. Faussaires, menteurs, crachaient-ils en plaçant leurs escouades, sans jamais découvrir la moindre tromperie.

 

Et moi, je vole. Cherchez le truc, mes braves culs de plomb.

 

C’est alors que je vis venir vers moi dans la lumière du soir les formes élancées de ceux qui se sont envolés avant moi. Mon peuple, ma famille, mon clan.

 

D’autres arriveront encore, larguant les amarres, laissant à terre ceux qui rampent, qui se sont enlisés et dont le front baissé ne connaît plus le Ciel.

 

D’autres nous rejoindront, jusqu’à ce que nous soyons tous enfin réunis.

 

Jusqu’à notre départ.

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2 février 2014 7 02 /02 /février /2014 11:11

Ça

 

 

 
Depuis qu'elle a abandonné la variété pour le chant profond, Martin Destrée a sombré dans l'oubli.
 
Mais l'oubli du bizness n'est pas celui de Dieu, loin de là. Comme la sagesse des hommes n'est pas celle de Dieu.
 
Comme le triomphe des factions humaines n'est peut-être que ruine, alors que la défaite apparente est la vraie réception dans le palais fermé du Roi.
 
Ce que tous les mystiques ont découvert, face et contre toutes les puissances de ce monde.
 
Que soient ici célébrés celles et ceux qui jettent aux ordures les gloires apparentes.
 
Voilà ce qu'elle chantait déjà, magnifique, et mésentendu, mésécouté : "ne plus mentir, ne plus haïr, dans la Lumière", signifiant déjà son arrêt de mort médiatique,dans un monde empli de haine,et régi par le mensonge :

 


 
  
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24 décembre 2013 2 24 /12 /décembre /2013 08:56
Parfois, je me lève si tôt que je réveille le chien en sursaut. La nuit est encore noire.
 
D'autres fois, lové sous la couverture de laine véritable (autrefois, on disait laine, tout simplement), lourde et protectrice, j'entends l'âne qui appelle, et je paresse encore un peu.
 
Puis c'est le festival. Donner du foin à sa majesté asine, quelques croquettes au chat du voisin et pas mal au chien, c'est tout un rituel. Le gros benêt gambade à côté de la brouette, content de démarrer la journée avec moi.
 
Quand je caresse l'âne, le chien gémit. Si je caresse le chien, l'âne cherche à me mordre. Il faut ménager les deux, leur expliquer que donner à l'un n'est pas prendre à l'autre.
 
Puis il y a le vent, le gel ou bien la pluie, et le trop plein de mes yeux qui coule sur mes joues. Et les corbeaux prudents et le grand héron gris, dit Pierrot Dactyle, qui s'envole de la rivière quand j'en approche.
 
Et Mme VJ qui dort.
 
Chaque jour nouveau, chaque matin, il y a un moment d'extase, d'instase, je ne sais, un instant de bonheur intense, et chaque jour s'inscrit ainsi sur le fil du collier que je ramènerai avec moi, à mon retour.
 
 
 
   
 
 
 
 
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20 novembre 2013 3 20 /11 /novembre /2013 11:44
L'une des devises alchimiques les plus connues est la suivante : LEGE LEGE RELEGE ORA LABORA ET INVENIES, en français, selon ma traduction : Lis, lis, relis, prie pour être éclairé, mets en oeuvre ce que tu as reçu, et tu pénètreras à l'intérieur. Traduction classique : lis, lis, relis, prie, travaille et tu trouveras.
 
Une autre dit : Brûle tes livres !
 
Comment comprendre cette apparente opposition ?
 
Comment lire les livres qu'on a brûlés ?
 
C'est assez simple : d'abord, il faut lire. Et relire. Une fois, deux fois, cent fois, si nécessaire. Parce que d'abord, c'est la curiosité qui lit. Puis face à l'incompréhension, la nécessité de faire face au manque et au vertige.
 
Et le temps passe, et les événements s'enchaînent, et parfois une image revient, et colle à ce que l'on vit, jusqu'à ce qu'on se dise : et si je reprenais tout ça ?
 
Dans reprendre, il y a : RE. Comme dans RE-lire.
 
Ce n'est plus en puceau que je lis, mais fort de mon expérience, de mon vécu. Alors, quand je relis, je relie. Et peu à peu, l'expérience et ce que je lis s'imbriquent et m'amènent ensemble à une évidence : tout est lié, et relié.
 
Qui lie et relie, sinon un Esprit commun à toutes choses ?
 
Ne brûle pas encore tes livres, car sans doute, seras tu amené à les lire et relire encore. Mais ton coeur défaillant devant l'évidence trouvera le chemin de la prière, de la reconnaissance de l'Autre Majuscule, et de la Connaissance.
 
Cela nettoie le coeur.
 
Orare, en latin, c'est prier, travailler avec la bouche, os. Arare, c'est travailler la terre, cette racine AR qu'on retrouve tant dans l'earth anglais que dans l'eretz hébreu, la terre rocailleuse, improductive.
 
Quelle est la terre que l'on travaille avec la bouche, sinon le corps, le ventre, le coeur ?
 
Tant de choses passent par elle, souffle, nourriture, paroles sérieuses et futiles, cris de douleur, supplications, mensonges, accusations, prières et imprécations et chants d'amour ...
 
Un coeur vide des boues qui l'encombraient découvre alors le courage, ou désir d'action du coeur. Que serait un coeur qui ne saurait qu'engranger les satisfactions et les jouissances, sans jamais rendre ce qu'il reçoit ?  
 
C'est le moment où on pourrait brûler les livres, parce que ce qu'ils contiennent, face à l'expérience directe n'est plus alors que paille.
 
Je ne le ferai pas, parce que l'auto da fé est une des plus horribles choses qui soient. Brûler un livre est comme brûler celui qui l'a écrit, brûler sa candeur et sa sincérité, sa générosité et son désir de donner ses certitudes, renoncer à le dépasser et à le remercier de nous avoir amené au point de ses limitations, et peut-être de ses erreurs, ce serait comme sacrifier ceux qui nous ont portés sur leurs épaules jusqu'au point où nous pourrions découvrir notre propre voie.
 
La formule alchimique est brutale, parce que l'attachement du disciple est fort. Brûle tes livres signifie : saute du nid, et vole par tes propres moyens, de tes propres ailes.
 
Cesse de chercher, laisse toi juste trouver. Trouver Juste. 
 
A ce stade, alors, le coeur s'éveille, et sort sur la place publique, armé d'amour, comme chante Nougaro.
 
  
 
C'est là le travail du chevalier, de combattre les faux chevaliers, cuirassés du vermeil de l'orgueil, violeurs et collectionneurs de pucelles, et de s'enquérir des grandes et petites vérités du monde, de délivrer les prisonniers, et de rendre leur dignité à ceux qui sont abaissés.
 
Alors, te viendra le dernier fruit qu'on puisse récolter sur cette terre : la compassion, qui renverse toutes les barrières qu'a élevées l'atomisation du monde qu'on appelle aussi : chute, exil, séparation, retrait, tsim tsoum, expir de Brahma.
 
La compassion, que saint Paul nommait lui, charité, est le point de départ du Retour, de l'inspir de Brahma, la réintégration, l'harmonisation des contraires, l'union du Roi et de la Reine. 
 
 
 
 
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19 novembre 2013 2 19 /11 /novembre /2013 10:59

Depuis le temps où nos chemins se sont rencontrés, je la découvre sans cesse.

 

Je connais son ou quelques uns de ses visages de femme, je n'ai levé qu'un coin du voile. J'ai vu tant d'autres strates en elle. Son caractère de guerrier prudent, attentif et expérimenté. Sa rigueur. Sa capacité à apporter la paix. A donner des coups de dague, pour nettoyer les chairs mortes. Sa dimension maternelle. Sa miséricorde. Sa souffrance, sa lassitude, l'inquiétude qu'elle peut ressentir devant le vide. Son humour. Sa distance. Sa tendresse.

 

Je ne suis nulle part, je ne suis rien, dit-elle. Je n'ai pas de forme. Chacun me voit à sa manière, et alors je suis cela.

 

Je suis ce que tu vois de moi, ce que tu attends, ce que tu as besoin de voir à cet instant précis.

 

Et si nous étions tous comme cela ?

 

Si nous n'étions rien d'autre que ce que nous croyons être, ou que les autres imaginent ?

 

Et si la liberté, c'était justement de ne plus être prisonnier de ce que nous croyons être, et de tout ce que les autres imaginent ?

 

Sans forme, capable de toutes les formes ?

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3 novembre 2013 7 03 /11 /novembre /2013 14:28

Moine, monos.

 

Des mots, des mots, des mots. Paroles, paroles, paroles...

 

C'est quoi, être un ?

 

Monolithique ? Ce serait être figé. Mort.

 

A force de vivre et d'expérimenter, il nous vient quelques pistes de réponse, à Mme VJ et à moi : ce serait l'état d'équilibre toujours instable entre toutes les différentes tendances qui nous composent.

 

Pour cela, bien sûr, il faudrait d'abord les avoir toutes identifiées. Avoir établi avec elles, depuis le poste central qui a été dévolu à ce semblant d'autorité qui parle "comme un seul homme", un minimum de relations.

 

Une relation réussie implique nécessairement le respect de l'autre, ce qui est l'opposé de sa dévoration. Respecter l'autre est bien lui permettre d'afficher totalement ce qu'il est.  

 

 Lui laisser l'espace et le temps suffisant pour le faire.

 

Quand chacun dispose d'un temps et d'un espace suffisant pour se dilater à sa mesure, les conflits et les rancoeurs disparaissent.

 

Ce qui adviendrait sur la Terre si toutes les femmes, tous les hommes étaient respectés et reconnus, et non violés, abaissés, battus et traités comme des objets sans importance.

 

Quand toutes les parties de nous-mêmes seront reconnues et respectées, que chacune aura suffisamment d'espace et de temps pour exprimer librement ses nécessités, à ce moment-là, toutes parleront d'une seule voix.

 

Chacune s'effacera l'espace d'un instant pour que le besoin le plus fondamental prime les autres, et vice-versa. Il n'y aura pas débat, tant l'évidence s'impose.

 

Cet équilibre toujours changeant de toutes les parties, auquel nous tendons, voilà ce que nous pensons pouvoir définir comme : Monos.

 

Ou moine, c'est-à-dire, en langue des oiseaux, le contraire de MOI : MOI NE.

 

 

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26 octobre 2013 6 26 /10 /octobre /2013 20:05

Karine - personne ne connait Karine, mais Karine est l'une de mes très chères amies, depuis qu'on se connaît, vas y papy, dis nous tout : elle et moi, ça remonte à 1970, c'est vous dire l'antiquité. Elle était vraiment toute petite, et j'étais amoureux de sa soeur.

 

Quarante ans de relations, d'amitié, de longues périodes d'oubli, et de conflits - parce que le véritable amour ne fait aucune concession - c'est pas fréquent.

 

Karine, parlant de ses enfants, dit : mes enfants sont extraordinaires.

 

Moi : mais non, ce sont des enfants normaux.

 

Elle : non, ils sont extraordinaires. Te rends tu compte de ce qu'ils ont vécu ?

 

Moi : Tes enfants sont extraordinaires, comme tous les enfants du monde. Ni plus, ni moins. Ils vivent tous une vie accélérée, par rapport à nos ancêtres.

 

J'arrête ici la conversation.

 

Aujourd'hui, nous avons reçu mes enfants. Ils sont extraordinaires, eux aussi. J'ai découvert que ma fille ainée meurt discrètement de faim pour ne pas me déranger, et me faire dépenser de quoi la nourrir, que sa petite soeur ne m'appelle pas, pour ne pas me déranger, alors que sa peine à exister est immense. Marie, elle, dans son désarroi, n'hésite pas à donner la météo locale, mais ne va pas mieux.

 

Songez un instant que ces filles là me disent : tu es un papa d'amour, le meilleur qu'on aurait pu rêver, et qu'elles se laisseraient crever à ma porte plutôt que de sonner, pour ne pas déranger ! 

 

Où sommes-nous, dans quel monde vivons-nous ?

 

Ces extraordinaires enfants sont d'extraordinaires personnes, Karine. Les tiens, les miens. Ils ont une extraordinaire dignité et ne veulent rien devoir à personne. Ils débordent d'amour, et de reconnaissance. Ils sont d'une extrême fragilité, d'une extrême sensibilité.

 

Ce monde voué à la rentabilité leur échappe totalement. Ils sont des précurseurs, comme des colons qui débarquent sur un continent aux coutumes dépassées. C'est à eux de prendre les rênes et d'abolir la folie ambiante.

 

Karine, toi qui es si belle et si sensible, toi qui es l'une de mes petites soeurs d'amour, tes enfants et les miens sont d'une beauté extraordinaire, c'est toi qui as raison.

 

J'ai tellement l'habitude de voir l'ordinaire que l'extraordinaire m'échappe.

 

Mais tu sais, toi particulièrement, à cause de ton histoire particulière, comme  il est difficile de rester extraordinaire dans un monde trivial et laid comme celui-ci.

 

Peut-être que nous sommes descendus ici-bas, toi, ta chère mère que j'aime tant, ta soeur, nos précieux enfants et nos rares amis pour illuminer ce misérable monde de la lumière qui nous a été allouée.

 

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19 octobre 2013 6 19 /10 /octobre /2013 08:08

La voiture montait sur cette route en lacets. Nous longions à droite des rochers escarpés, puis soudain nous fûmes aux pieds d’énormes murs de briques rouge orangé, qui se prolongeaient indéfiniment.

 

Qu’est-ce que c’est, songeai-je ?

 

C’est une colonie de vacances, répondit mon passager.

 

C’était sévère, mais beau. Un air louis-quatorzien, indubitablement. Grand siècle, disent les écrivains. Des proportions majestueuses, écrasantes. Des toits de petites tuiles et des fenêtres mansardées donnaient aux édifices un air raffiné.

 

Puis je vis que tout cela croulait. Tout était vieux et délabré. M’approchant, je vis des silhouettes apparaître sur la frange des toits.

 

Des gens qui se tenaient debout, ça et là. D’autres qui sortaient par les hautes fenêtres et débouchaient des greniers.

 

Je parvins à mon tour par un escalier à un palier, lequel donnait sur un comble poussiéreux, où nul n’était venu depuis un temps immémorial.

 

Ecrasant du pied une fine couche de gravats blancs de mortier désagrégé, je sortis moi aussi à l’air libre.

 

Des enfants marchaient précautionneusement mais avec agilité sur l’arête des faitières, comme des chats.

 

J’y allai aussi. Tout menaçait ruine, mais l’ensemble tenait bon. Je progressai vers les autres. Que font-ils ? 

 

De nombreuses personnes étaient maintenant là, debout, la main en visière. Le vent léger caressait les visages et faisait danser les vêtements.

 

Je me redressai, et regardai ce qu’ils regardaient. La lumière aveuglante du matin m’obligea à faire comme eux. Je protégeai mes yeux de ma main droite, et mon regard découvrit l’horizon immense.

 

Nous contemplions la mer.

 

Tous se tenaient là, debout, silencieux, et contemplaient la mer immense.

 

Tel fût le rêve qui me fut donné, voici deux nuits. 

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6 octobre 2013 7 06 /10 /octobre /2013 11:49

 Aujourd'hui qu'elle est absente, je veux rendre un hommage marqué à la femme dont l'existence se mêle depuis longtemps, jour après jour, à la mienne, et qui a eu à chaque instant et encore à coeur d'accueillir tous les mouvements de mon coeur.

 

Depuis 20 ans, bientôt, elle a reçu les enfants que j'ai eu d'un autre lit, leur mère, les autres enfants de cette autre femme, mes parents, mes rares amis, mes moins rares amies, toutes les femmes dont la beauté intérieure ou extérieure m'a retenu, les belles personnes d'un autre âge que j'ai aimées, et qui sont aujourd'hui âgées, en dépit du travail que cela représente de les honorer, de les servir, cette femme que j'aime, avec laquelle je dors, quand nos destinées journalières le permettent, cette femme unique qui est ma femme, et qui a tout accepté de moi, je veux lui dire ici, dans cet interstice entre privé et public, à demi avoué, tout l'amour et l'admiration que je ressens pour elle.

 

A l'instant où j'écris ces mots, je l'entends encore qui chantait il y a quelques jours Brassens sur un disque qui passait, Brassens par Graeme Allwright, en revenant de laver les serviettes du dernier repas d'amour où nous avons honoré, une fois encore, le bonheur d'être humains parmi les humains.

 

Le bonheur, c'est un mot dont la signification disparaît.

 

Cet après-midi là, après que les convives soient remontés dans leurs véhicules respectifs, je lui ai dit de vive voix ce que j'expose ici : ma gratitude, ma reconnaissance de cette précieuse beauté qui l'illumine, et qu'elle donne à tous, sans restriction, cette attention qu'elle a pour tout ce qui respire, cette générosité qu'elle exprime sans cesse.

 

Dans ce monde où l'on n'entend parler que de haines, de guerres, de crises et de conflits, de règlements de compte, de jugements et de sanctions, je veux forer un modeste trou, le trou d'un ver presqu'invisible, un trou qui célèbre cet impondérable qui, cependant, comme le disait Dante Alighieri il y a huit siècles, meut le Soleil et les autres étoiles.

 

Dans ce monde aveugle et fier de son aveuglement, il faut que les quelques vers encore capables de forer les tunnels de l'amour et de la reconnaissance se donnent librement à cette tâche essentielle : ronger et ronger encore la matière obscure dont le règne éphémère pèse comme du plomb sur nos âmes ensevelies.

 

Cette femme qui réussit à m'étonner chaque jour par une nouvelle dilatation de sa lumière et de sa joie s'y entend à ronger sans relâche les mailles obscures, pour qu'y éclosent les belles fleurs de la gratitude dans les coeurs qui battent à ses côtés.

 

Merci, mon amour.

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3 octobre 2013 4 03 /10 /octobre /2013 11:55

C'est la bête noire, le juif moderne, l'exclu, l'affreux complet. Personne ne souhaite être vu en compagnie d'un être si disgrâcié.

 

Nul égoïste et nul égocentrique ne se reconnaît en cette créature difforme, faite de qualités et de défauts agglomérés, que le Quasimodo d'Hugo décrit si bien.

 

Beaucoup confondent ego et mental, costume et outil. Il est vrai que la piste n'est pas claire, dans ce monde sous-marin.

 

Et pourtant, comment exister ici sans ego ? Sans l'interface appropriée ? Le corps est un scaphandre dont l'ego est l'un des systèmes de contrôle, relié en permanence à l'Être proche et lointain qui supervise la mission.

 

Aime toi toi-même est un conseil qui concerne l'Ego, auquel je mets une majuscule. Comment tenir debout sans tuteur, pour une jeune plante jetée en plein vent ?

 

La conséquence générale de l'oubli de notre origine est effectivement que l'ego prend les rênes de la machine, s'en croyant et en devenant peu à peu le maître, si le rappel de Soi ne se fait pas entendre.

 

Lorsque la trompette a sonné, lui rappelant qu'il n'est qu'un serviteur, et pas le maître, après quelque combat, il jette l'éponge, et devient parfaitement fréquentable et honorable.

 

Inutile, donc, de lui cracher à la figure, de lui accrocher l'étoile jaune et de marcher dix mètres avant lui : il est la plus fidèle image de ce que nous sommes, un porte-parole et un ami sans faille.

 

Si Je est un autre, je suis celui qui marche avec. Si je réussis à M'incarner, alors, je suis ce que Je suis.  

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Présentation

  • : Le jardin de Vieux Jade
  • : Arrivages du jour, légumes secs, mauvaises herbes, quelques trucs qui arrachent la gueule. Taupes, censeurs et culs bénits s'abstenir. Si vous cherchez des certitudes, c'est pas l'endroit.
  • Contact

Décidément rétif à l'ordre bestial, j'ai fixé ma résidence ailleurs, d'où j'observe le déroulement des temps infernaux, fumier des plus belles fleurs.  J'ai un jardin secret, où les plantes poussent toutes seules. Servez-vous, si le coeur vous en dit, sans tenir compte de la chronologie, car comme le mot le dit clairement, l'heure est un leurre.

 

Une précision concernant les commentaires : n'ayant pas toujours le temps ni l'énergie de répondre aux commentaires, ceux-ci restent ouverts, sans aucune garantie que j'y réponde. Je me réserve cependant le droit de sabrer les inconvenances, dont je reste seul juge.

 

Ici, je n'est pas un autre.

Recherche

Lave

Après l’explosion

Nul ne l’a sue

Le jour d’après

Coule la lave

Brûlent les cendres

Lave la lave

Mange la louve

Larmes sans sel

De régime

Cuit et recuit 

Frottent les cendres

Récurent

 

Pas encore nu,

Pas tout à fait ?

Restent des choses

Bien accrochées

Des salissures

De vieux fantômes

D’anciennes guerres

 

Qui peut le faire, si ce n'est toi ? 

 

Nettoie

 

Les notes glissent

Comme des larmes

Gouttes de feu

Sur la paroi

 

Qui m’a volé le cœur ?

Qui m’a trempé vivant,

Comme une lame ?

Qui m’a fouetté les yeux,

M’a déchiré le ventre

Me baisant les paupières

Et m’enduisant de baume,

Me prenant par la main,

Pour me conduire

Dehors ?

Les dits de Lao Yu

LE BUT DE LA QUÊTE EST DE N'AVOIR

NI BUT, NI QUÊTE

 

***

 

QUE SAIT-IL DE LA PESANTEUR,

CELUI QUI N'EST JAMAIS TOMBÉ ?

 

***

 

C'EST SOUVENT LORSQU'ELLE S'ENFUIT QU'ON PERÇOIT L'ESSENCE DE LA BEAUTÉ

 

***

 

LA MER A DES MILLIARDS DE VAGUES QUI BATTENT TOUS LES RIVAGES. OU EST LE CENTRE DE LA MER ?

 

***

 

CE QUI EST MORT N'A AUCUN POUVOIR SUR CE QUI EST VIVANT

SEULS LES MORTS CRAIGNENT LES MORTS

 

***

 

QUAND LE NID BRÛLE, LES OISEAUX S’ENVOLENT

 

***

 

C’EST DANS LA CHUTE QUE LES AILES POUSSENT

 

***

 

CE QUI PEUT ÊTRE PERDU EST SANS VALEUR

 

***

 

LA MAISON EST PLUS GRANDE QUE LA PORTE

 

***

 

L’ERREUR EST LA VOIE

 

***

 

LA ROUTE EST DURE A CELUI QUI BOÎTE

 

***

 

LA LUMIERE DE L’ETOILE EST DANS L’ŒIL QUI LA REGARDE

 

***

 

LES PETITS NOURRISSENT LES GRANDS

 

***

 

LES RICHES ONT UNE BOUCHE
MAIS PAS DE MAINS POUR LA REMPLIR

C’EST POURQUOI IL LEUR FAUT
DE NOMBREUX SERVITEURS ;


CEUX QUI ONT DE NOMBREUX SERVITEURS
NE SAURAIENT VIVRE SEULS,

CE SONT DONC DES PAUVRES ;


CELUI QUI PEUT VIVRE SANS SERVITEURS 
EST DONC LE VERITABLE RICHE.

 

***

 

VIVRE C’EST REVENIR SUR SES PAS

 

***

 

LA NUIT LAVE LE LINGE DU SOLEIL

 

***

 

LES RUISSEAUX EMPORTENT LES MONTAGNES

 

***

 

UNE EPINE DANS LE PIED DU GENERAL : L’ARMEE S’ARRÊTE


***
 


UN PORC EN HABITS DE SOIE RESTE UN PORC,
COMME UN DIAMANT DANS LE FUMIER

RESTE UN DIAMANT.

MAIS LA PLACE D’ UN DIAMANT

EST DANS UN ECRIN DE SOIE,

ET CELLE D’UN PORC DANS LE FUMIER.

 

***

 

COMME SEULE L’EAU ETANCHE LA SOIF,
SEULE LA JUSTICE COMBLE LA FAIM DE JUSTICE

 

***

 

DU COLIBRI A L’AIGLE, IL EXISTE DE NOMBREUX OISEAUX

 

***

 

LE DEDANS REGLE LE DEHORS

 

***

 

L’EPONGE BOIT LE VIN RENVERSÉ
ET LA ROSÉE DU MATIN

 

 

***  

 

LORSQU'IL DECOUVRE LE MIEL,

L'OURS OUBLIE LA PIQÛRE DES ABEILLES

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisez-Moi Lisez Moi Lisez Moi

Des mots des mots des mots des

Quand à un livre je me livre , ce que je lis me délie.

 

 

Je me demande pourquoi on n'a pas encore une loi qui oblige à faire bouillir les bébés à la naissance, afin qu'ils soient parfaitement stérilisés.

 

Circuler, pour mieux s'ôter.

Toute notre vie, on attend une grande cause pour se lever, et on passe sa vie accroupi, à croupir.

Le lucane aime prendre l'R le soir à sa lucarne.

Ce qu’il y a de bien dans l’état de siège, c’est qu’on prend le temps de s’asseoir.

 

 

Les oiseaux sont les poissons du ciel,

nous en sommes les crabes


Heureux les déjantés, ils quitteront plus facilement la route commune!

 
L’argent n’a pas d’odeur, mais il y contribue.


Un vrai sosie, c’est invraisemblable.

   

Quand je grossis, je m’aigris ; et quand je m’aigris, je grossis.

   

Le temps, c’est de l’urgent.

   

Joindre l’utile au désagréable : se faire renverser par une ambulance.  

 

Le journal du paradis, c’est le Daily Cieux.

   

Yfaut et Yaka sont dans un bateau ; Yfaut tombe à l’eau, Yaka l’repêcher.

 

Chaque matin, s’ils ne sont pas morts, les vieux vont aux nouvelles.

 

Le poète a latitude d’explorer toutes les longitudes.

   

Etre réduit à la portion congrue, c’est fort peu. Moins, c’est incongru.

 

Peut-on dire de quelqu’un
dont la vie dépend des autres pour tout qu’il
est riche ?
La bouche est elle riche ?

Peut-on dire de quelqu’un
qui n’a rien à attendre des autres qu’il est pauvre ?
Les mains sont elles pauvres ?

 

Curieux comme mystique s’oppose à mastoc.

 

On a mis bien des ouvrages majeurs à l’index.

 

Quand le brouillard tombe, on voudrait qu’il se casse.

 

Au matin, la nuit tombe de sommeil.