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16 septembre 2010 4 16 /09 /septembre /2010 06:29

11-sept-2010-020.jpg

 

Comme un ivrogne retourne fatalement à la source de son ivresse, je suis revenu à la lecture des gnostiques.

 

Je viens de lire « Jésus et la gnose» d’Émile Gillabert. A chaque page, je me disais : faut que je mette ça sur le blog. Mais bon, ça ira aussi vite de le lire en direct.

 

Pour faire très très simple : les gnostiques, on ne les connaissait que par les imprécations des pères de l’Église qui avaient besoin de boucs émissaires. C’étaient donc des fous, des pseudo « gurus », des débauchés.

 

Jusqu’à ce qu’un coup de pioche opportun fasse jaillir d’une grotte d’Égypte un trésor de livres et vieux rouleaux. Une bibliothèque gnostique cachée au Vème siècle par un moine. La seule au monde. Toutes les autres ont été détruites. Ça change la donne.

 

Malgré toute la mauvaise volonté des églises officielles – certains textes n’ont été traduits qu’après 50 ans – soudain remontent les textes qui ont enregistré au plus près la voix du Christ. Rien à voir, ou si peu, avec les canoniques. Trois ou quatre réécritures partisanes et mensongères ont totalement brouillé les pistes.

 

Ce que disait le Christ, en gros, c’est que l’éveil est possible car le Royaume de Dieu est déjà advenu. Il a toujours nié être le « sauveur » qu’attendaient les Juifs. L’éveil, c’est ici, et maintenant. Pas dans un futur hypothétique. Le jugement ? Être présent.

 

Gillabert donne un merveilleux exemple de traficotage des textes : la brebis égarée gnostique, c'est pas une parmi cent. Non, c'est un homme qui perd la plus belle, la plus grosse de ses brebis, celle qui fait toute sa joie, l'Unique, la Perle. Alors il laisse les 99 autres pour ne chercher qu'elle. C'est la Source, qu'il a perdu. Alors il laisse toutes ses préoccupations factices, il abandonne les jongleries du mental pour partir à sa poursuite. 

 

Dans les évangiles canoniques, bien loin de ça, le berger ramène soigneusement la brebis, une parmi d'autres, qu'il aime toutes pareillement, au troupeau. Le tour est joué, tout le monde sous clef.  Broutez, fidèles, jusqu'au jour du jugement, où, si vous avez été parfaitement soumis, vous serez (peut-être) sauvés.

 

Pour cela, pour être sauvé, surtout : ne pas vivre. Endurer toutes les misères. Pauvre pêcheur. Deux mille ans de propagande, deux mille ans d'esclavage.

 

Pour le gnostique Valentin, les hommes se partageaient en trois : les hyliques, de hylé, la matière. Ceux-là, qui peuvent être très doux et agréables, d’ailleurs, sont proches des animaux et vivent pour satisfaire leurs sens, leur corps. Ils sont pleins de matière.

Et curieusement, certains sont parfaitement libres. Pas de frontières, pas de jugement. Tout classement est une erreur, un point de vue.

 

Les psychiques vivent sous l’emprise du mental. C’est eux qui dominent en ce monde et l’ont rendu tel qu’il est. Eux qui ont travesti le message du Christ pour garder le pouvoir, et aussi parce qu’ils étaient (et sont) incapables de le comprendre. A vrai dire, ce message leur est intolérable. C’est très clair dans leur condamnation des premiers siècles. L'ego condamne à mort tout ce qui le dépasse.

Ceux-là sont pleins d’eux-mêmes. Ils sont les plus éloignés, tant ils sont pleins de certitudes. Seul le naufrage peut les aider.

 

Enfin, les pneumatiques. Ceux qui vivent pour et par l’esprit. Ceux-là cherchent le vide. Comme un pneu de voiture, ils sont pleins de vide. De renoncements, de dépouillement. C’est l’esprit qui vit en eux.

 

De hylé, on passe à Il Est.

 

Comme je le faisais remarquer à Mme Yog l'autre jour, le pneumatique est parfois, souvent crevé. Parce que la vie est dure, ici-bas, dans ce monde imparfait, tant qu'on n'a pas effectué la percée par où l'esprit coule. Et il arrive que le contact se perde.

 

Pour Platon, les orphistes, Plotin, bref, pour une bonne partie de la philosophie grecque, ce corps, ce monde, étaient des tombeaux dont l’âme doit s’envoler. Pour la gnose, si ce monde est bien une tombe, un cimetière, créé par un dieu fou et menteur, c’est ici qu’on doit ressusciter, c’est-à-dire naître de nouveau. A cet instant, ce n’est plus nous qui vivons, mais le Soi qui vit en nous. Nous sommes devenus une porte entre deux mondes. La mort n’a plus la moindre importance.

 

Le salut sans cesse reporté sur un hypothétique messie n'est plus à l'ordre du jour. Cette notion issue du peuple juif qui attendait et attend toujours l'envoyé de son dieu tribal qui leur a promis de les faire régner sur le monde - tout le contraire de l'éveil - cette notion a été récupérée par Paul le pharisien pour asservir. 

 

Depuis cette date, et tout au long de son histoire, l'église triomphante s'est hissée au sommet du monde, au devant des armées qui ont conquis la terre au nom du dieu de la Bible, versant des fleuves de sang, de l'Albigeois aux Amériques.

 

Jésus, pourtant, disait l'inverse : à quoi sert de gagner le monde si c'est pour perdre son âme ?  

 

Mensonges, mensonges, mensonges. Le mensonge était si gros qu'on peine encore à en sortir.

 

L’éveil n’est peut-être pas réservé aux seuls pneumatiques, puisque certains hyliques vivent comme des saints ; mais il faut une sacrée chance pour que quelqu’un, un psychique, surtout, qui n’a pas été prédestiné puisse parvenir à ce non-lieu, ce non-temps. Une sacrée chance qui généralement arrive comme une accumulation de catastrophes. Quand tout s'écroule, l'homme, n'importe quel homme se trouve jeté dans le vide. Et dans ce vide où il n'est jamais seul, tout peut arriver.  

 

La thèse de la prédestination a toujours fait hurler les foules. Mais le Christ a répété sans cesse que son message ne s’adressait qu’à quelques-uns.

 

Toutefois, pour compenser cette dure loi, chaque humain qui s’éveille apporte un supplément de lumière qui profite à tous.

 

 

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commentaires

A
<br /> Merci Madeleine, j'en suis honoré, mais le Vieux Jade, risque de me demander des honoraires pour la pub! Mais je pourrai toujours le payé en choco béène, j'en avait acheté un stoch à Naf-Naf -<br /> oupsss à Narf, pardon!<br /> <br /> <br />
Répondre
V
<br /> <br /> J'aimerais mieux des croquets aux amandes...<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Aletheias, il faut l'écouter:<br /> <br /> http://aletheias.over-blog.com/<br /> <br /> Des chercheurs comme ça, on n'en fait plus ;-)<br /> <br /> <br />
Répondre
N
<br /> C'est Mickey qui me l'a soufflé, mais il ne m'a pas donné la traduction. ;)<br /> <br /> <br />
Répondre
A
<br /> Merci, pour ma part c'est bien mieux! Vieux Jade.<br /> Par contre je n’ai pas compris ton dernier commentaire Narf, c'est un jeu de mot ? ou alors il y a rien à comprendre tout simplement ?<br /> <br /> <br />
Répondre
N
<br /> fiatlux!<br /> <br /> <br />
Répondre
V
<br /> <br /> Et autres flatulences ?<br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Le jardin de Vieux Jade
  • : Arrivages du jour, légumes secs, mauvaises herbes, quelques trucs qui arrachent la gueule. Taupes, censeurs et culs bénits s'abstenir. Si vous cherchez des certitudes, c'est pas l'endroit.
  • Contact

Décidément rétif à l'ordre bestial, j'ai fixé ma résidence ailleurs, d'où j'observe le déroulement des temps infernaux, fumier des plus belles fleurs.  J'ai un jardin secret, où les plantes poussent toutes seules. Servez-vous, si le coeur vous en dit, sans tenir compte de la chronologie, car comme le mot le dit clairement, l'heure est un leurre.

 

Une précision concernant les commentaires : n'ayant pas toujours le temps ni l'énergie de répondre aux commentaires, ceux-ci restent ouverts, sans aucune garantie que j'y réponde. Je me réserve cependant le droit de sabrer les inconvenances, dont je reste seul juge.

 

Ici, je n'est pas un autre.

Recherche

Lave

Après l’explosion

Nul ne l’a sue

Le jour d’après

Coule la lave

Brûlent les cendres

Lave la lave

Mange la louve

Larmes sans sel

De régime

Cuit et recuit 

Frottent les cendres

Récurent

 

Pas encore nu,

Pas tout à fait ?

Restent des choses

Bien accrochées

Des salissures

De vieux fantômes

D’anciennes guerres

 

Qui peut le faire, si ce n'est toi ? 

 

Nettoie

 

Les notes glissent

Comme des larmes

Gouttes de feu

Sur la paroi

 

Qui m’a volé le cœur ?

Qui m’a trempé vivant,

Comme une lame ?

Qui m’a fouetté les yeux,

M’a déchiré le ventre

Me baisant les paupières

Et m’enduisant de baume,

Me prenant par la main,

Pour me conduire

Dehors ?

Les dits de Lao Yu

LE BUT DE LA QUÊTE EST DE N'AVOIR

NI BUT, NI QUÊTE

 

***

 

QUE SAIT-IL DE LA PESANTEUR,

CELUI QUI N'EST JAMAIS TOMBÉ ?

 

***

 

C'EST SOUVENT LORSQU'ELLE S'ENFUIT QU'ON PERÇOIT L'ESSENCE DE LA BEAUTÉ

 

***

 

LA MER A DES MILLIARDS DE VAGUES QUI BATTENT TOUS LES RIVAGES. OU EST LE CENTRE DE LA MER ?

 

***

 

CE QUI EST MORT N'A AUCUN POUVOIR SUR CE QUI EST VIVANT

SEULS LES MORTS CRAIGNENT LES MORTS

 

***

 

QUAND LE NID BRÛLE, LES OISEAUX S’ENVOLENT

 

***

 

C’EST DANS LA CHUTE QUE LES AILES POUSSENT

 

***

 

CE QUI PEUT ÊTRE PERDU EST SANS VALEUR

 

***

 

LA MAISON EST PLUS GRANDE QUE LA PORTE

 

***

 

L’ERREUR EST LA VOIE

 

***

 

LA ROUTE EST DURE A CELUI QUI BOÎTE

 

***

 

LA LUMIERE DE L’ETOILE EST DANS L’ŒIL QUI LA REGARDE

 

***

 

LES PETITS NOURRISSENT LES GRANDS

 

***

 

LES RICHES ONT UNE BOUCHE
MAIS PAS DE MAINS POUR LA REMPLIR

C’EST POURQUOI IL LEUR FAUT
DE NOMBREUX SERVITEURS ;


CEUX QUI ONT DE NOMBREUX SERVITEURS
NE SAURAIENT VIVRE SEULS,

CE SONT DONC DES PAUVRES ;


CELUI QUI PEUT VIVRE SANS SERVITEURS 
EST DONC LE VERITABLE RICHE.

 

***

 

VIVRE C’EST REVENIR SUR SES PAS

 

***

 

LA NUIT LAVE LE LINGE DU SOLEIL

 

***

 

LES RUISSEAUX EMPORTENT LES MONTAGNES

 

***

 

UNE EPINE DANS LE PIED DU GENERAL : L’ARMEE S’ARRÊTE


***
 


UN PORC EN HABITS DE SOIE RESTE UN PORC,
COMME UN DIAMANT DANS LE FUMIER

RESTE UN DIAMANT.

MAIS LA PLACE D’ UN DIAMANT

EST DANS UN ECRIN DE SOIE,

ET CELLE D’UN PORC DANS LE FUMIER.

 

***

 

COMME SEULE L’EAU ETANCHE LA SOIF,
SEULE LA JUSTICE COMBLE LA FAIM DE JUSTICE

 

***

 

DU COLIBRI A L’AIGLE, IL EXISTE DE NOMBREUX OISEAUX

 

***

 

LE DEDANS REGLE LE DEHORS

 

***

 

L’EPONGE BOIT LE VIN RENVERSÉ
ET LA ROSÉE DU MATIN

 

 

***  

 

LORSQU'IL DECOUVRE LE MIEL,

L'OURS OUBLIE LA PIQÛRE DES ABEILLES

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisez-Moi Lisez Moi Lisez Moi

Des mots des mots des mots des

Quand à un livre je me livre , ce que je lis me délie.

 

 

Je me demande pourquoi on n'a pas encore une loi qui oblige à faire bouillir les bébés à la naissance, afin qu'ils soient parfaitement stérilisés.

 

Circuler, pour mieux s'ôter.

Toute notre vie, on attend une grande cause pour se lever, et on passe sa vie accroupi, à croupir.

Le lucane aime prendre l'R le soir à sa lucarne.

Ce qu’il y a de bien dans l’état de siège, c’est qu’on prend le temps de s’asseoir.

 

 

Les oiseaux sont les poissons du ciel,

nous en sommes les crabes


Heureux les déjantés, ils quitteront plus facilement la route commune!

 
L’argent n’a pas d’odeur, mais il y contribue.


Un vrai sosie, c’est invraisemblable.

   

Quand je grossis, je m’aigris ; et quand je m’aigris, je grossis.

   

Le temps, c’est de l’urgent.

   

Joindre l’utile au désagréable : se faire renverser par une ambulance.  

 

Le journal du paradis, c’est le Daily Cieux.

   

Yfaut et Yaka sont dans un bateau ; Yfaut tombe à l’eau, Yaka l’repêcher.

 

Chaque matin, s’ils ne sont pas morts, les vieux vont aux nouvelles.

 

Le poète a latitude d’explorer toutes les longitudes.

   

Etre réduit à la portion congrue, c’est fort peu. Moins, c’est incongru.

 

Peut-on dire de quelqu’un
dont la vie dépend des autres pour tout qu’il
est riche ?
La bouche est elle riche ?

Peut-on dire de quelqu’un
qui n’a rien à attendre des autres qu’il est pauvre ?
Les mains sont elles pauvres ?

 

Curieux comme mystique s’oppose à mastoc.

 

On a mis bien des ouvrages majeurs à l’index.

 

Quand le brouillard tombe, on voudrait qu’il se casse.

 

Au matin, la nuit tombe de sommeil.