Je voudrais proposer à votre sagacité une lecture, parmi d'innombrables, de l'Apocalypse de Jean. Bien évidemment, pour en prendre l'entière mesure, il faudrait lire intégralement l' ouvrage, rédigé par un inconnu, un homme méditatif, nourri de sa propre quête.
Place à Jean MARCHAL :
« Je ne suis ni théologien, ni exégète, ni historien des religions et cependant, j’entreprends, en ce jour du 27 décembre 1984, fête de Saint Jean l’évangéliste, d’écrire un essai sur l’Apocalypse, poussé par une irrésistible nécessité intérieure. »
Ainsi débute le livre inoubliable qu’écrivit le docteur Jean Marchal, jusqu’alors anonyme.
Après avoir connu plusieurs rejets d’éditeurs plus soucieux de rentabilité que de vérité, épaulé par Arnaud Desjardins il finit par publier ce livre essentiel en 1987 chez Albin Michel, sous le n° 68 de la prestigieuse revue « Question de ». Où il fit un malheur (Dieu que la langue est bête ; je recommence J : Où il fit un BONHEUR (n’est-ce pas mieux ?)
Il dit quelque part que des milliers d’ouvrages ont été écrits sur le texte attribué à et peut-être écrit par saint Jean. Le sien s’en distingue par une grande humilité, d’abord, mais aussi et surtout parce qu’il est le fruit d’un cœur pur, lavé, par des années d’apprentissage – Lanza del Vasto, Arnaud Desjardins, Graf Durckheim – et de méditation, sur les rosaces des cathédrales entre autres. Sa culture est profonde mais légère.
Sa lecture est double : le symbolisme de Saint Jean s’applique à deux niveaux, l’individuel, psychologique, spirituel, et le général, historique, planétaire, cosmique.
Double mais d’une parfaite limpidité. Plus de vingt ans après la découverte de ce bijou, il n’a rien perdu de sa pertinence et de sa force tranquille.
Pour celles et ceux qui ne l’ont pas lu, il en reste des exemplaires neufs, l'ouvrage ayant été réédité au moins une fois, et quelques uns d’occasion.
Pour finir, et plutôt que de déflorer ce très beau texte, je citerai un extrait de Guénon que Jean Marchal cite lui-même (p. 114 de l’édition de 1987), extrait de la « Crise du monde moderne », et qui nous concerne directement :
« L’élite dont nous parlons, si elle parvenait à se former pendant qu’il en est temps encore, pourrait préparer le changement de telle façon qu’il se produise dans les conditions les plus favorables, et que le trouble qui l’accompagne soit en quelque sorte réduit au minimum. Mais même s’il n’en est pas ainsi, elle aura toujours une autre tâche, plus importante encore, celle de contribuer à la conservation de ce qui doit survivre au monde présent et servir à l’édification du monde futur. Il est évident qu’on ne doit pas attendre que la descente soit finie pour préparer la remontée (…) même si l’on ne peut éviter que la descente aboutisse auparavant à quelque cataclysme ? Et ainsi, dans tous les cas, le résultat du travail effectué ne sera pas perdu : il ne peut l’être quant aux bénéfices que l’élite en retirera pour elle-même, ni quant à ses résultats ultérieurs pour l’ensemble de l’humanité. »