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8 décembre 2010 3 08 /12 /décembre /2010 22:36

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La hâte est une tentation.

 

La paresse en est une autre.

 

Ce sont les deux revers de la même médaille.

 

Ne rien faire peut être une forme de sagesse, ou la peur d'agir. Nul ne peut en juger que l'Être complet qui se tient au bout de notre parcours, ou cette petite voix qui chuchote.

 

Parfois, des voix impérieuses arrivent de l'extérieur, et disent : hâte toi, le temps est court, arrache ton masque !

 

Ce sont des échos du dehors. Des tentations. De peur de louper le train, on a toujours envie d'obéir aux ordres.

 

Or, comme en toute chose sur cette terre, il y a des rythmes et des saisons.

 

Qui peut dire à l'arbre : dépêche toi, fais des fruits, l'hiver arrive ?

 

Certains arbres donnent leurs fruits à l'hiver, pour que le froid et la glace les meurtrissent et ainsi les rendent tendres. Que serait le jardinier qui maudirait à l'automne l'arbre qui porte les fruits de l'hiver ?

 

Nous abordons l'hiver.

 

Tous nous avons le ventre plein de fruits.

 

Il n'y a aucune urgence. Jamais.

 

Chaque fruit mûrit à son heure.

 

Le Christ parlait des "ouvriers de la onzième heure", que les autres jalousaient. Nous qui arrivons à la veille du passage, nous en sommes. Fermés, obscurs, amers, incertains, nous sommes les fruits de l'hiver. L'hiver est le temps qui éclate nos coques et expose notre chair tendre à qui a faim.

 

Ceux qui ont faim sont les enfants du monde de demain, nos enfants, qui ne ressemblent pas à ceux qui nous ont donné la vie.

 

Nous sommes la nourriture des enfants du monde de demain, qui ne ressemblera et ne ressemble déjà plus au monde d'hier.

 

Dieu sait que j'ai aimé le monde des anciens, malgré ses vilaines tumeurs, malgré ma haine des prisons mentales.

 

Dans mon ventre tumultueux, je décante le monde d'hier, ses beautés, son pus, qui, sublimés par l'hiver du temps deviennent le lait, le suc du monde qui naît.

 

Si moi, je ne le fais pas, personne ne le fera pour moi.

 

Les enfants dont j'avais la charge mourront de faim.

 

Si j'écoute les sirènes qui me demandent d'aller plus vite, ce ne sera pas du lait que je leur donnerai, mais de l'acide, du venin.

 

Si je m'empresse d'arracher mon masque, mon visage leur fera peur. Au lieu d'un visage, il n'y aura que les cicatrices de l'arrachement prématuré, de l'incomplétude.

 

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28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 07:21

5-mars-2010-008.jpg

 

Ce matin là, je débarque à mon rendez-vous.

Tiens, ils avaient oublié que je passais. On vous avait oublié, me dit-on. La table à laquelle je m'asseois d'habitude est pleine de gens qui se préparent à prendre leur petit déjeuner.

- Voulez un café ?

- Non, merci.

La dame est partie chercher son mari, pour nos affaires.

 

Le silence s'installe, un peu gênant. Ils osent à peine manger devant un étranger qui ne prend rien. La bouffe, c'est un truc intime qui n'admet pas les voyeurs. Comme si j'étais tout habillé sur une plage naturiste.

 

Alors je reprends une fois de plus le vieux refrain.

- Fait meilleur, ce matin.

- Ah, oui, moins froid qu'hier.

Ça y est, les tartines plongent dans les bols et les mandibules s'activent.

 

Je reprends, à moitié interrogatif :

- On dirait qu'il va pleuvoir ?

- Oh non, me dit un monsieur. C'est pas ce qu'y z annoncent, en regardant sa femme.

- Chais pas, dit la dame en s'excusant visiblement de ce péché d'étourderie, j'ai pas vu la météo.

 

Moi, pourtant, cette douceur, ces nuages bleus gris noirs sur l'orange pâle du ciel, il me semble que c'est de la pluie qui s'annonce dans la journée.

 

Mais bon, la météo, c'est comme le pape. C'est infaillible. Et moi, qu'un trou du cul ambulant.

 

Ils causent un peu plus. Ils sont paysans dans la Sarthe. Ils sont venus parce que le tonton qui habitait à côté est mort, ils veulent vendre la maison. Quarante ans, ils ont la quarantaine.

 

Le paysan de quarante ans ne sait plus lire le ciel. Il a plu, ce jour là. Pas tout de suite, mais dans l'après-midi. La météo avait dit que non, il ne pleuvrait pas. Et la dame savait pas, parce qu'elle avait pas entendu la sainte messe.

 

Mais moi, qui suis un hérétique, moi qui ai appris à lire le ciel avec les vieux, les ouvriers agricolers d'autrefois, moi qui ne suis pas infaillible, il me semblait bien qu'il allait pleuvoir.

 

Que des gens dont le travail quotidien est étroitement lié à la connaissance des éléments ne sachent plus les discerner par eux-mêmes, en toute simplicité, c'est terrifiant.

 

Terrifiant dépasse ma pensée, parce que rien ne me terrifie plus. Rien ne m'étonne. Il n'y a plus de gens de la terre. Il y a des automates chargés de l'entretien du décor et de la bouffe pourrie. Qu'ils ne sachent plus rien du monde vivant est dans l'ordre des choses.

 

Quoi qu'on leur verse, ils l'avalent. On leur dit que c'est bon, miam. Que c'est affreux, ils tremblent de peur.

 

Ne sachant pas lire la pluie ni le temps sec, comment imaginer qu'ils soient plus intelligents pour le reste ?

 

Depuis Marx l'opium des peuples a connu de nombreux succédanés.

 

La sortie de cette poubelle passe obligatoirement par l'hérésie : nul ne peut savoir mieux que moi. S'échapper de la matrice, de la maya, de l'illusion, commence par ne plus croire à aucun dogme, à aucune info, quelle qu'elle soit.

 

Bouddha disait de ne rien croire, qu'on ne l'ait vérifié par soi-même.

 

Ne croyez rien de ce que je dis ici, que vous n'ayez éprouvé. Éprouver, c'est vivre la preuve.

 

Tout est faux, dans ce monde. Y aurait-il une raison pour que vos intuitions, délicatement sourdies (du verbe "sourdre") de votre grotte intérieure, soit moins vraies que le concert assourdissant des menteurs officiels ?

 

Pauvre paysan de la Sarthe ou d'ailleurs, fous ta télé à la rivière. Enfin, non, pas à la rivière, pauvre rivière, avec tout ce qu'elle ingurgite déjà.

 

Écrabouille la, ta télé, brûle tes journaux professionnels qui sont tous à la solde de leurs annonceurs, assieds-toi, asseyez-vous, ta femme et toi, et regardez le ciel.

 

Tôt ou tard, malgré les menteurs, vous y verrez le Ciel. 

 

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21 novembre 2010 7 21 /11 /novembre /2010 08:54

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Robert Doisneau 

 

 

La scène se passe en classe d’études des rêves. Pour rappel, un grand nombre de peuples dits « primitifs  » passaient une partie de leurs matinées à analyser le sens de leurs rêves.

 

Quoi de plus naturel en somme * ?

 

-        Élève VJ, relatez-nous votre dernier rêve !

-        Ben, euh, je lis :

 

R.Th.  – dit « le Rouge » parce qu’il était terriblement roux, et Th. F., avocat fiscaliste, ne sont pas contents après moi, parce que mon père aurait fait autrefois une expertise d’étang qui ne leur convient pas.

On entre dans un bâtiment, on dépasse une file de gens, on monte un escalier. Mais un gros bonhomme d'âge mur m’interpelle : stop, vous ne pouvez pas monter ! (Vous, c’est moi, personnellement).

Je (on) grimpe quand même. On doit être au syndicat des propriétaires d’étang, comme on verra. On entre au moyen de quelques acrobaties dans un restaurant (je suis passé par une fenêtre). Je suis attablé, assis sur un banc, lorsque le gros surgit en vociférant. Violent, il cherche la castagne. Des gens s’interposent. Je lui dis qu’il n’a rien à faire ici. Il me répond : plus que vous, moi je suis propriétaire d’étang.

Une femme en particulier lui explique qu’il n’a aucun droit et qu’il doit disparaître. Alors qu’il semble se calmer, je lui tourne le dos et il me prend aux cheveux (difficile dans la pratique vu mes cheveux courts). Alors, je me lève, je n’ai aucune peur, je suis prêt à l’affronter, et… je me réveille.

 

-        Bien. Analyse.

-        Ben…c’est un rêve de gardien du seuil. Je prends l’escalier interdit. Et le gardien me rattrape, il ne veut pas que je monte.

-        Ah bon, et d’où tirez-vous ça ?

-        De « propriétaire d’étang », que je lis « maître des temps, du temps », Saturne.

-        Pas mal. Quoi d’autre ?

-        Les deux personnages, le Rouge, et Th. F, représentent respectivement le corps émotionnel – l’homme rouge de la Spirale dynamique – et le corps social. Avocat fiscaliste, celui qui cherche les combines légales pour échapper au tribut. Si je peux monter avec ces deux là, c’est que malgré leurs reproches relatifs à ce que « mon père » a pu avoir comme analyse du monde « des temps », ou des étangs, masses d’eau stagnantes et horizontales manifestant la matière et le sommeil – malgré leur réticence, ils sont devenus légers. Les comptes sont réglés, tant du point de vue de l’émotion que des liens et des dus sociaux, encore appelés « karma ».

-        Bien, vous faites des progrès, VJ. Mais approfondissez un peu, pour vos camarades.

-        Des gens, et une femme, en particulier, sans visage défini, s’interposent. Cela indique la distance et les « intercesseurs » sont les avocats du Jugement qui plaident pour l’accusé. Dans un procès pour béatification ou canonisation, l’église romaine introduisait « l’avocat du diable », chargé de rechercher toutes les raisons qui s’y opposaient. Ici, c’est l’inverse. La femme plaide pour moi. C’est l’image de la Vierge, qui expose l’inaltérabilité de l’âme.

-        Quoi d’autre ?

-        Nous sommes au restaurant. C’est un lieu de halte, entre la terre et le ciel. Ce restaurant est à l’étage. Je suis assis sur un banc, qui indique plusieurs choses : assis sur le banc/la banque qui sépare, je l'annule ; le dépouillement, d'autre part, puisque le banc est un pauvre siège de bois, et le siège commun, dont nul n'a la propriété. La même chose, sous plusieurs aspects : plus de propriété, plus d’avoir, et plus de recherche de la distinction ni du luxe. La perte de l’individualité.

-        Et ?

-       

-        C’est bien, VJ. Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, vous faites des progrès. Mais il reste au moins une chose que vous n’avez pas vue.

-       

-        Le gardien du seuil, ce gros bonhomme, comme vous l’avez décrit, violent, fouineur, puisqu’il vous a retrouvé à l’étage, maître de la matière et du temps, vous l’avez appelé Saturne. C’est bien, c’est l’un de ses noms. Mais vous avez omis le principal.

-       

-        Allez, je vous aide. Un gros bonhomme, assez baraqué, d'âge mûr, ça ne vous dit rien ?

-        Un peu comme…moi ?

-        Voilà.

-        Serais-je le gardien ?

-        C’est évident. Votre reflet. Le vous chargé des clefs. Il vous saisit par les cheveux parce que c’est le lien qui vous attire vers le haut, et dont il veut vous séparer. Il le fait sans succès parce que vos cheveux sont ras. Mais cette dernière tentative vous amène à vous redresser et à l’affronter, sans peur, sans colère – puisque l’Homme rouge est en paix – et sans souci, puisque le karma est dénoué. Seulement, il perd tout sens, dès lors qu’il n’y a plus rien ni personne à garder. Que reste-t-il à accomplir ?

-        L’emmener ?

-        S’il a su vous retrouver à l’étage, c’est qu’il vit aussi à cette altitude. Plutôt que de vous battre, peut-être vaudrait-il mieux le reconnaître, reconnaître son rôle indispensable. Affronter, ce n’est pas rejeter, vaincre et séparer. C'est se regarder au fond des yeux. Avez-vous compris ?

-        Je comprends le principe. Changer mon regard.

-        Tout sert à l’œuvre. Rien ne doit rester. A chaque fois que vous croirez pouvoir grimper seul, en vous séparant, vous redescendrez.

-        Lui aussi, je dois l’emmener ?

-        Oui. Ce n’est pas lui. Il n’est pas autre. Pas séparé. C'est le lest, sans lequel vous n'auriez pas pu vivre et expérimenter le monde terrestre.

-        Merci. Je crois que je comprends un peu mieux.

-        C’est le Rêve que vous devez remercier. Vous savez bien sûr Qui est le Rêve ?

-        Oui, ça je le sais depuis déjà longtemps. Enfin, il me semble.

-        Alors vous avez maintenant tous les morceaux du puzzle. Il ne reste qu’à les assembler. Alors seulement vous pourrez partir.

 

 

 

* Polnareff

 

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20 novembre 2010 6 20 /11 /novembre /2010 17:50

 

1 août 2010 049

Plant de potiron réjoui à l'assaut d'une vieille baraque. 

 

 

Peut-être vous demandez-vous parfois comment j'écris, comment me viennent ces idées, ces textes, ces phrases.

 

Je l'ai dit ailleurs : une partie de l'inspiration vient du dialogue que nous avons, Mme VJ et moi, à table, en voiture, la nuit.

 

D'autres fois, de mes observations ou méditations au fil des nuits et des jours.

 

Je suis un adepte de la méthode de Georges Perros,qui écrivit deux recueils de "Papiers collés" (L'Imaginaire, Gallimard), dont j'extrais cette phrase cueillie au vol, page 87 : "Ce sont les autres qui m'ont rendu intelligent".

 

Quand une idée me frappe, et les idées nous frappent comme des gifles, mais souvent nous n'aimons pas les gifles, je la griffonne sur un post-it, un papier collé.

 

Dans mon bordel personnel, croulant de dossiers et de toute sorte de paperasse, dont la plupart ne vaut pas du fumier, mais permet la survie de mon organisme, il y a aussi des morceaux de papier carrés, jaunes, mauves, souvent illisibles, qui servent de cercueil à une idée qui étouffe sous la poussière.

 

Car, lorsqu'elle a atteint son but de drone, qui est de me titiller les neurones, épuisée, venue de l'outr'espace-temps, l'idée s'effondre sur le papier où je la couche hâtivement. 

 

Et des dizaines de post-it gribouillés passent à la trappe faute de soins. Certains surnagent je ne sais comment. Le service aux naufragés se met en place lorsque retentit le signal d'alarme : ILN'YAPLUSD'ARTICLESPOURLEBOLGJEREPETEILN'YAPLUSD'ARTICLESSPOURLEBLOG

qui déclenche une panique où l'on met les canots à la mer on ouvre en vitesse l'une après l'autre les bouteilles de chardonnay , et où l'on recueille tout ce qu'on peut, et la discrimination bat son plein : t'es qui, toi ? Mais bordel, y'a quoi d'écrit ? Illisible, poubelle. Non, laisse-la, ça reviendra. Ça, non, pas mûr, je le sens pas. Comme au marché, faut que ça soit mûr. Pas trop, mais assez.

Si c'est mûr, lisible, et que ça plait, hop, on embarque. Ça, c'est la phase sauvetage.

 

Après, c'est la préparation du bébé. Faut le rendre présentable. Alors, croyez le ou non, il n'y a pas la moindre intention, par la moindre structure. Si le sujet est formé, il sort d'un coup. Les phrases s'alignent toutes seules, imperturbablement.

 

Maïeutique, disait Socrate, fils d'une sage-femme.

 

Voilà : pour résumer, je suis une espèce de sage-femme. Je passe entre les lits de mesdames les idées sur le point d'accoucher, et d'un air doctoral en palpant les fesses de mon adjointe, je dis : toi, t'es prête, tu sors. Toi, t'attendras.

 

Lorsqu'elles sortent, je les apprête, je les nettoie, je les attife, mais, comme ce ne sont pas des putes, mais des idées venues me et vous travailler, je ne les maquille pas, ou si peu...

 

Une photo, une musique, un petit mot d'encouragement, et elles s'en vont toquer à vos portes.

 

Recevez-les, laissez-les dehors, maintenant elles sont nées et feront leur tour du monde.

 

Recevez-les, et m'en donnez des nouvelles, ce sont des enfants de l'amour. Ce sont de belles filles, et fières. Elles sont venues pour féconder de beaux enfants à ce vieux monde moribond.

 

Nous en serons les grands-mères et les grands-pères.

 

Nous sommes les ancêtres mythiques du monde de demain. Ça me donne envie d'aller danser. Pas vous ?

 

Allez, pour vous donner envie de lire Perros, sa photo : 

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Ça vaut toutes les machines du monde, une tête d'honnête homme, non ?

 

Écrit ce 20 novembre en écoutant les chansons du beau Serge, l'Italien, Reggiani.

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18 novembre 2010 4 18 /11 /novembre /2010 20:50

Je raconte rapidement à Mme VJ quelques péripéties du jour, lorsqu'elle me dit : j'étais pressée, je roulais en ville derrière un camion qui se traînait. Mille choses à faire, comme d'habitude. Soudain, 100 m libres, je le double en ville. Cent mètres plus loin, une vieille dame traverse, je la laisse passer, puis, un feu rouge. Soudain, toc toc à la fenêtre. C'est le camionneur descendu du camion.

- Pardon, Madame, pourriez-vous m'indiquer le magasin X ?

- Euh, oui, c'est ...(ma femme est toujours embarrassée par la géométrie dans l'espace)...suivez-moi, je vous y emmène.

Alors qu'elle rongeait son frein, elle a paumé dix minutes à rendre service.

 

Dans l'économie planétaire, ça semble rien. Pipi de mouche.

 

Mais dans la véritable économie, ça vaut de l'or. Un humain qui sort du conditionnement mécanique, du lavage de cerveau - chacun pour soi - c'est une immense victoire.

 

C'est la seule véritable liberté. Quand on l'a eu une fois, une seule, le chemin à faire pour atteindre le but est minime.

 

Ce monde déshumanisé est une véritable opportunité pour que les humains découvrent (ou se souviennent de) leur vraie nature.

 

Aucune religion ne surpasse cet enseignement spontané, entièrement libre, sans clergé, sans dogme, sans interdit.

 

Nous vivons des temps prodigieux.

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16 novembre 2010 2 16 /11 /novembre /2010 17:38

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La langue anglaise a une supériorité sur la nôtre, I am.

 

Nous, français, disons : je marche, j’attends, je mange. L’anglais dit : je suis marchant, attendant, mangeant.

 

Je suis, image tremblotante de Je Suis. C’est immuable. Le reste est une péripétie.

 

Je n’écris pas ce texte en écoutant de la musique, tout en remarquant que mes mains sentent le chien. Non.

 

Je Suis. Écrivant. Je Suis. Écoutant. Je Suis. Sentant.

 

Encore une discussion de la nuit. La suite, en gros, c’était : lorsque Je suis, pas besoin de savoir ou de pouvoir. Le savant, le mage, le sorcier dont le regard volontaire et rapace a aperçu un bout du réel cherchent à en tirer une application. Des machines à laver, à tuer, à rencontrer les sous esprits du bas astral ou les morts, afin d’obtenir une satisfaction quelconque.

 

C’est du domaine de l’avoir. A-voir, ne pas voir (d’après Emmanuel Monin).

 

Être, c’est le contraire absolu. Absolu, ai-je écrit. Tant qu’on garde quoi que ce soit en main, le moindre désir d’avoir : reconnaissance, amour, pouvoir, argent, Être est impossible.

 

Car Être n’est pas de notre ressort. Être est toujours là, mais les murailles du désir d’avoir nous le cachent.

 

Quiconque cherche le pouvoir, Être le fuit.

 

Soudain, Être est là, présent. Je suis, écrivant, lisant, aimant, mangeant, buvant, riant.

 

Être n’est pas lié, et peut s’évanouir subitement. Être n’est pas à moi. Être n’est pas avoir. Absolument pas. Absolue liberté. Aucune cage, aucun mot pour le retenir ou l’exposer.

 

Plus je Suis, et plus le monde le ressent, sans qu’aucun pouvoir entre en jeu. En Je.

 

Aucune mort ne peut atteindre Je Suis. Aucun espoir non plus, puisque Je suis, éternellement.

 

Je Suis est une flamme qui allume toutes les mèches alentour. Sans savoir, sans pouvoir.

 

Je Suis n’est pas moi.

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11 novembre 2010 4 11 /11 /novembre /2010 17:06

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Image empruntée dans ce qui m'a l'air d'être un beau blog, pas trop parcouru faute de ce maudit temps imparti. 

 

 

Moi n’est pas un ennemi.


Moi m’a aidé à grandir.


Moi n’est pas méprisable. Juste un peu collant et omniprésent, comme une mère qui ne se résoudrait pas à laisser partir son fils.


Dans le conte du Graal, après avoir aperçu un groupe de chevaliers et cru qu’ils étaient des anges, le jeune Perceval quitte sa mère et son château. La mère perd connaissance. Elle n’a plus le contrôle de son fils, devant l’ardent désir mimétique qui désormais l’anime : devenir un chevalier (comme Papa).

 

Moi est une mère encombrante. Mais tuer sa mère ne ferait que compliquer et retarder le dénouement de la situation presque inextricable dont nous héritons tous dès notre naissance. Parfois il faut user de violence pour l’éloigner, la tenir à distance suffisante, car son plus cher désir est généralement d’empêcher notre naissance, tant elle nous aime inclus en elle, sous sa sainte garde.

 

Le fils – la fille – doit quitter père et mère, rompre, scier la branche.

 

Moi est le tuteur qui nous a donné la verticalité, et très souvent son associé maléfique : la rigidité.


L’enfant est souple et fluide, et le tuteur l’empêche de danser et de courir le monde à sa guise.


Lorsque le tour du monde est fait, qu’on a dansé jusqu’à en perdre la tête, l’urgence est de revenir serrer ses parents entre ses bras. Car sans eux, jamais nous n’aurions pu danser.

 

Larves nous serions restés.

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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 08:56

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Tu ne jugeras pas, dit le Christ, parlant de cette mauvaise tendance que nous avons à charger l’autre de nos petitesses et de nos propres vilenies.

 

Mais le jugement, c’est comme la gravité sur une planète. De par leur nature, une chose tombe, une autre s’élève. Les excréments descendent, la vapeur s’envole.

 

Il peut être dommageable aussi de porter un jugement sur soi. Ça revient à vouloir être autre que nous ne sommes.

 

Cependant, il faut bien apprendre à discerner ce qui nous mène vers le bas, et ce qui nous permet de franchir la barrière de notre geôle.

 

Si nous sommes dans le temps du Jugement – nous y sommes en permanence, la digestion n’est qu’un jugement – ou plutôt, celui du Dévoilement, sens exact du mot grec Apocalypse, alors peu à peu émerge devant nos yeux incrédules (l’incrédulité, comme la crédulité est une erreur) le monstre total.

 

Le monstre hétérogène de tous les crimes et de toutes les lâchetés qui souillent et enveniment le monde depuis l’origine.

 

C’est assez gros, et ça peut faire peur.

 

Depuis longtemps, les avertissements se succèdent. Il est maintenant difficile de ne pas distinguer l’énorme structure de ce phénomène composite, mais véritablement cannibale. Le petit rat roi des français, dans l’habitacle de son Godzilla administratif et policier n’en est qu’un rouage. Tout cela s’ancre dans un passé et un inconscient incomparablement plus énorme et inconnaissable.

 

Comme une fosse septique à l’échelle planétaire.

 

L’homme, soudain, après avoir dansé toute la nuit, se réveille face à la Bête. Tout ce qu'il vomit, il le reconnait. Tout ce qu'il a avalé défile sous ses yeux, tranche après tranche. Tout ce qui nous menait vers le bas a repris vie. Un incommensurable tas de merde autonome qui veut maintenant prendre le pouvoir.

 

C’est vrai, c’est constatable, pertinent, c’est le discours des réalistes.

Les croyants, eux, disent que Dieu balaiera tout cela dans une énorme chasse d’eau. Et punira les méchants, ajoutent ceux qui se croient différents.

 

Moi, qui oscille entre réalisme et espérance, je pose juste ce schéma : si l’horreur accumulée par l’humanité soudain s’anime et s’incarne, elle a déjà et nécessairement un adversaire de taille : la somme de tout l’amour, de toute l’abnégation, de toute la beauté, de toute l’aspiration vers le haut, de tous les minuscules efforts accomplis par des dizaines de milliards d’êtres, parmi tous leurs abandons, toutes leurs défaites, tout le malheur qui les a abattus. 

 

Tout ce qui a demandé de chacun de nous dans le cours de ces milliers de vies* un prodigieux labeur, ou une dignité soudaine et fervente devant l'adversité, tout cela forme un réservoir immense, un potentiel qui retombe chaque jour en pluie sur nous, et féconde le meilleur que nous puissions donner.

 

Il est impossible que cela compte pour rien, si la bassesse et la cruauté apparaissent en évidence.

 

C’est une forme de réalisme accru, supérieur au réalisme matérialiste. Je ne vous demande pas de croire. Juste de saisir que tout a son contraire, et que tout est là, présent, à chaque instant.

 

Y compris le pire.

 

C'est pourquoi le désespoir et le découragement sont des tromperies dont il faut sortir, mais également l'optimisme béat et la crédulité.

 

 

* qu'elles soient "antérieures" stricto sensu, ou vécues par nos millions d'ancêtres toujours présents en nous.

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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 11:09

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Nous avons tous connu des livres majeurs, qui ont pulvérisé en nous des centaines de momies dans les catacombes de l’acquis, et ouvert des galeries vers la lumière. Pour moi, en vrac et très sommairement, « Crime et châtiment » de Dostoïevski, « les Misérables », de ce misérable d’Hugo, « la Vingt-cinquième heure » de Virgil Gheorgiu, « le Christ recrucifié » de Nikos Kazantzaki. Plus des centaines, des milliers d’autres.

 

Chacun de ceux qui peignent, sculptent, écrivent, avouent, reconnaissent, du beau verbe « reconnaître », c'est-à-dire renouer connaissance avec quelque chose d’oublié, chacun d'eux dit sa vérité et la vérité de sa souffrance et du pardon, de l’acceptation, chacun de ceux-là est un maître. Même celles et ceux qui ne disent rien, mais dont la souffrance, et la lumière qui l’accompagne se sont inscrits dans la posture, la forme des mains, les crevasses du visage, le phare des yeux, celles et ceux-ci aussi sont des maîtres. Tous apprentis, tous maîtres. C’est pour cela que les « grands maîtres », et les « grands initiés », et autres « maîtres ascensionnés », on a tendance, sauf vot'respect, à s’asseoir dessus. Qu’ils aillent se faire foutre sur Bételgeuse.

 

Revenons aux vagins.

 

Dans ce livre que j’ai lu trois fois, Kazantzaki décrit l’amour entre le berger qui symbolise le Christ et la prostituée du village, image de la Marie Madeleine.

 

Elle est le vagin du village. Toutes les femmes la haïssent, les hommes ne la connaissent pas au grand jour, mais se faufilent chez elle à la nuit.

 

Tous les villages ont ou ont eu un vagin. Et souvent deux.

 

L’autre, c’était le curé. Le curé de campagne, dont le vagin était l’oreille.

 

Mais ce vagin, cette oreille, n’étaient que l’antichambre du vagin réel : le cœur.

 

Le véritable vagin, où se rencontrent celui qui cherche, celui qui accueille. Où naît le seul enfant du monde : celui qui donne la Paix.

 

Une pute, un curé sans cœur, ce n’est plus un village, une communauté, une famille. C’est une famille éclatée, un désastre.

 

Les hommes se vidaient les couilles et la désespérance chez elle, les femmes déchargeaient angoisse, fatigue et peine chez lui. Contre des promesses. Toute promesse faite par une âme simple est nécessairement tenue.

 

J’ai suffisamment écrit sur ce blog contre les religions, et en particulier celle dans laquelle on m’a baptisé, pour ne pas taire ceci : de nombreux curés paysans, anonymes et sans culture, ont été des remparts contre le pire et les vents mauvais, tout au long des siècles.

 

Comme les prostituées anonymes, et les ânes de Francis Jammes, ils ont leur place au Paradis, dans lequel, comme le nom l’indique, tout est don gratuit.  

 

Ce que j'espère, ce que j'attends, depuis qu'il n'y a plus ni curés ni putes sans proxénète, c'est que nous devenions tous et chacun la pute et le curé de tous : un immense coeur.

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1 novembre 2010 1 01 /11 /novembre /2010 20:37

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Edvard Munch, le Vampire

 

 

Les rêves de cette période, comme toujours, donnent des indications précises sur l’accomplissement de l’œuvre.

 

Voici trois rêves récents dont les deux premiers m’ont été donnés, le troisième à Mme VJ :

 

-        Sous l’entrée d’une boutique – du grec apothéké – qui désigne en français moderne l’apothicaire, donc par dérivation le soin, la médecine, sous le signe du caducée, ma femme me retire des tiques (ces parasites appelés aussi « libottes », « loubettes », qui peuvent être porteurs de la dangereuse maladie de Lyme, et qui ne sont rien d’autres que des vampires buveurs de sang). En fait, dans le rêve, il s’agit de sortes de polypes, de poulpes aux racines profondes, noires, qui viennent comme des racines.

-        Trois semaines plus tard : cette fois-ci, je découvre sur la face arrière de mes jambes, au creux des genoux, des dizaines de ces petits monstres, certains minuscules, d’autres plus gros, donc déjà gorgés de sang. Je les enlève. Le genou, par son rapport avec la gen-ération, le fait que son dépliement, après le resserrement de la position du foetus, mène à la verticalité, et que la face concernée est l’arrière,peau la plus tendre, yin,  qui renvoie au passé, réfère à la période pré-natale.

-        Elle : se fait mordre au pouce par une souris, ce qui provoque une sorte de bulbe que j’extirpe avant de le jeter dans l’évier et de faire couler l'eau. Ce bulbe est comme une plante avec des racines. La souris – mus, en grec, qui a donné mys-tère – est en relation avec ce qui ronge dans l’obscurité. Physiologiquement, deux de ces rêves pourraient s'appliquer au cancer.

 

Tout ce qui relève du vampirisme fait référence à des hôtes indésirables. Souvent le vampire est insoupçonné. La plupart des gens, par exemple, croient fermement à l’utilité des états (systèmes sociaux autoritaires)qui ne sont que des parasites sociaux. Le vampire peut être, est le plus souvent, psychique. Tous les implants reçus au cours de notre éducation nous rivent au monde apparent, et nous vident de notre substance, nous privent de notre liberté.

 

L’anthropologue Michaël Harner et Carlos Castaneda parlent eux, comme les Gnostiques, des archontes, flyers, « Parasites de l'esprit » pour reprendre les termes de l’écrivain Colin Wilson. Le thème devenu classique des reptiliens ou annunaki en est une variante.

 

La société humaine entière basée sur un système hiérarchique, la nature elle-même procède dans toute sa structure de ce type de relations. C'est une constante de cette réalité.

 

Ces trois rêves indiquent un retrait d’implants. Le retrait passe par la découverte. Comment enlever ce que l’on ignore ? L’apocalypse est une phase d’éclairement. Nous y sommes enfin, nous y parvenons.

 

Peu à peu, la violence et l'injustice du monde sautent aux yeux de tous, malgré l’incessant maquillage dont les putois le recouvrent. L’horreur s’expose nue. Le mensonge si bien ficelé craque de toutes parts, et sa puanteur envahit tout, malgré Guerlain.

 

C’est parce qu’en nous, oeuvrent des êtres, d’invisibles équipes chirurgicales qui tranchent les liens qui nous voilent les yeux, extirpent les implants majeurs, dont les racines profondes ressemblent à des pieuvres et descendent au plus profond de nous, et nous dévoilent qu’au creux de nos genoux, c’est-à-dire, symboliquement, depuis notre conception ou notre incarnation, des vampires nous sucent le sang.

 

Ici, nous nous rendons des services mutuels ; moi, en vous écrivant, vous en me lisant,et en m'aiguillant vers encore plus de lumière, par exemple. Car souvent, l’œil de l’autre est plus aigu que le nôtre en ce qui concerne les choses cachées qui nous blessent.

 

Que ce secours soit humain ou invisible, il est en place. La résistance au pire qui s'installe de toutes parts est prête. Nous en sommes des cellules actives ou dormantes. C'est notre mission dans l'affreuse tourmente qui vient.

 

Comme des graines, l'acide du temps ronge notre coque et nous désespère, afin que nous jetions nos racines au plus profond, pour les beaux jardins de demain.

 

Un lien secret nous relie tous. Si l'un de nous est arraché et jeté au feu, d'autres subsisteront ignorés, et pourront de nouveau essaimer la liberté, le courage, l'amour et la beauté.

 

C'est pourquoi nous sommes nombreux, innombrables, dont beaucoup s'ignorent encore.

 

Des millions de spermatozoïdes pour un seul enfant.

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Présentation

  • : Le jardin de Vieux Jade
  • : Arrivages du jour, légumes secs, mauvaises herbes, quelques trucs qui arrachent la gueule. Taupes, censeurs et culs bénits s'abstenir. Si vous cherchez des certitudes, c'est pas l'endroit.
  • Contact

Décidément rétif à l'ordre bestial, j'ai fixé ma résidence ailleurs, d'où j'observe le déroulement des temps infernaux, fumier des plus belles fleurs.  J'ai un jardin secret, où les plantes poussent toutes seules. Servez-vous, si le coeur vous en dit, sans tenir compte de la chronologie, car comme le mot le dit clairement, l'heure est un leurre.

 

Une précision concernant les commentaires : n'ayant pas toujours le temps ni l'énergie de répondre aux commentaires, ceux-ci restent ouverts, sans aucune garantie que j'y réponde. Je me réserve cependant le droit de sabrer les inconvenances, dont je reste seul juge.

 

Ici, je n'est pas un autre.

Recherche

Lave

Après l’explosion

Nul ne l’a sue

Le jour d’après

Coule la lave

Brûlent les cendres

Lave la lave

Mange la louve

Larmes sans sel

De régime

Cuit et recuit 

Frottent les cendres

Récurent

 

Pas encore nu,

Pas tout à fait ?

Restent des choses

Bien accrochées

Des salissures

De vieux fantômes

D’anciennes guerres

 

Qui peut le faire, si ce n'est toi ? 

 

Nettoie

 

Les notes glissent

Comme des larmes

Gouttes de feu

Sur la paroi

 

Qui m’a volé le cœur ?

Qui m’a trempé vivant,

Comme une lame ?

Qui m’a fouetté les yeux,

M’a déchiré le ventre

Me baisant les paupières

Et m’enduisant de baume,

Me prenant par la main,

Pour me conduire

Dehors ?

Les dits de Lao Yu

LE BUT DE LA QUÊTE EST DE N'AVOIR

NI BUT, NI QUÊTE

 

***

 

QUE SAIT-IL DE LA PESANTEUR,

CELUI QUI N'EST JAMAIS TOMBÉ ?

 

***

 

C'EST SOUVENT LORSQU'ELLE S'ENFUIT QU'ON PERÇOIT L'ESSENCE DE LA BEAUTÉ

 

***

 

LA MER A DES MILLIARDS DE VAGUES QUI BATTENT TOUS LES RIVAGES. OU EST LE CENTRE DE LA MER ?

 

***

 

CE QUI EST MORT N'A AUCUN POUVOIR SUR CE QUI EST VIVANT

SEULS LES MORTS CRAIGNENT LES MORTS

 

***

 

QUAND LE NID BRÛLE, LES OISEAUX S’ENVOLENT

 

***

 

C’EST DANS LA CHUTE QUE LES AILES POUSSENT

 

***

 

CE QUI PEUT ÊTRE PERDU EST SANS VALEUR

 

***

 

LA MAISON EST PLUS GRANDE QUE LA PORTE

 

***

 

L’ERREUR EST LA VOIE

 

***

 

LA ROUTE EST DURE A CELUI QUI BOÎTE

 

***

 

LA LUMIERE DE L’ETOILE EST DANS L’ŒIL QUI LA REGARDE

 

***

 

LES PETITS NOURRISSENT LES GRANDS

 

***

 

LES RICHES ONT UNE BOUCHE
MAIS PAS DE MAINS POUR LA REMPLIR

C’EST POURQUOI IL LEUR FAUT
DE NOMBREUX SERVITEURS ;


CEUX QUI ONT DE NOMBREUX SERVITEURS
NE SAURAIENT VIVRE SEULS,

CE SONT DONC DES PAUVRES ;


CELUI QUI PEUT VIVRE SANS SERVITEURS 
EST DONC LE VERITABLE RICHE.

 

***

 

VIVRE C’EST REVENIR SUR SES PAS

 

***

 

LA NUIT LAVE LE LINGE DU SOLEIL

 

***

 

LES RUISSEAUX EMPORTENT LES MONTAGNES

 

***

 

UNE EPINE DANS LE PIED DU GENERAL : L’ARMEE S’ARRÊTE


***
 


UN PORC EN HABITS DE SOIE RESTE UN PORC,
COMME UN DIAMANT DANS LE FUMIER

RESTE UN DIAMANT.

MAIS LA PLACE D’ UN DIAMANT

EST DANS UN ECRIN DE SOIE,

ET CELLE D’UN PORC DANS LE FUMIER.

 

***

 

COMME SEULE L’EAU ETANCHE LA SOIF,
SEULE LA JUSTICE COMBLE LA FAIM DE JUSTICE

 

***

 

DU COLIBRI A L’AIGLE, IL EXISTE DE NOMBREUX OISEAUX

 

***

 

LE DEDANS REGLE LE DEHORS

 

***

 

L’EPONGE BOIT LE VIN RENVERSÉ
ET LA ROSÉE DU MATIN

 

 

***  

 

LORSQU'IL DECOUVRE LE MIEL,

L'OURS OUBLIE LA PIQÛRE DES ABEILLES

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisez-Moi Lisez Moi Lisez Moi

Des mots des mots des mots des

Quand à un livre je me livre , ce que je lis me délie.

 

 

Je me demande pourquoi on n'a pas encore une loi qui oblige à faire bouillir les bébés à la naissance, afin qu'ils soient parfaitement stérilisés.

 

Circuler, pour mieux s'ôter.

Toute notre vie, on attend une grande cause pour se lever, et on passe sa vie accroupi, à croupir.

Le lucane aime prendre l'R le soir à sa lucarne.

Ce qu’il y a de bien dans l’état de siège, c’est qu’on prend le temps de s’asseoir.

 

 

Les oiseaux sont les poissons du ciel,

nous en sommes les crabes


Heureux les déjantés, ils quitteront plus facilement la route commune!

 
L’argent n’a pas d’odeur, mais il y contribue.


Un vrai sosie, c’est invraisemblable.

   

Quand je grossis, je m’aigris ; et quand je m’aigris, je grossis.

   

Le temps, c’est de l’urgent.

   

Joindre l’utile au désagréable : se faire renverser par une ambulance.  

 

Le journal du paradis, c’est le Daily Cieux.

   

Yfaut et Yaka sont dans un bateau ; Yfaut tombe à l’eau, Yaka l’repêcher.

 

Chaque matin, s’ils ne sont pas morts, les vieux vont aux nouvelles.

 

Le poète a latitude d’explorer toutes les longitudes.

   

Etre réduit à la portion congrue, c’est fort peu. Moins, c’est incongru.

 

Peut-on dire de quelqu’un
dont la vie dépend des autres pour tout qu’il
est riche ?
La bouche est elle riche ?

Peut-on dire de quelqu’un
qui n’a rien à attendre des autres qu’il est pauvre ?
Les mains sont elles pauvres ?

 

Curieux comme mystique s’oppose à mastoc.

 

On a mis bien des ouvrages majeurs à l’index.

 

Quand le brouillard tombe, on voudrait qu’il se casse.

 

Au matin, la nuit tombe de sommeil.