C'est souvent lorsqu'elle passe qu'on perçoit l'essence de la beauté. (Lao Yu)
Le jardin de Vieux Jade
C'est souvent lorsqu'elle passe qu'on perçoit l'essence de la beauté. (Lao Yu)
Ce matin, sur le paillasson de l’entrée, Hector Léo de Hurlevent, le chat reconnaissant nous a déposé en cadeau une petite souris.
Ce chat famélique et rongé de vermine que nous avons recueilli vit maintenant proche de nous.
J’ai dit à Mme VJ :
- C’est pour nous remercier de lui donner à manger. A son tour, il nous apporte de la nourriture.
- Tu crois qu’on devrait la manger, pour lui faire plaisir ?
Cette fois-ci, c'est décidé, je suis définitivement végétarien.
Et que le monde est beau !
Voyons, Mmmmhh, quelle tête ai-je ce matin ?
Oh, mais j'ai le teint un peu brouillé, moi. Et, Aaaahhh, c'est quoi, ces points rouges sur le nez, là ?
Oh, purée, celle-là, elle passe son temps à se regarder dans la glace, c'est fatigant. Ferme là, au moins, t'empêches les honnêtes gens de dormir.
C'est que j'ai aboyé toute la nuit, moi. Vraiment, y'a des gens qui ne pensent qu'à eux.
L’existence humaine n’est rien d’autre qu’un champ d’expériences. Tout est possible. Tout arrive, rien ne nous est épargné. Ce que nous ne vivons pas directement, d’autres le vivent devant nous, et si nous sommes attentifs, nous pouvons le ressentir.
Toute expérience est une porte qui mène à un niveau supérieur, une marche. Ne pas passer cette porte, rejeter l’expérience c’est manquer le bus.
Pas de souci, il en repasse un toutes les demi-heures.
Attention quand même à ne pas les manquer tous. Les rues ne sont pas sûres, le soir.
Photo volée ici.
1) Vestiges
J’ai appris quelque chose aujourd’hui d’intéressant. Je rappelle que j’effectue en ce moment* une cure thermale, car, étant tombé sur le cul durant l’hiver, j’ai ressenti des douleurs à l’aine gauche, persistantes, et la posture assise de méditation type zazen m’était devenue impossible et très douloureuse.
Parmi d’autres soins, j’ai 10 mn de massage. Jusque là, c’était une jeune polonaise qui me massait. La première fois, quand je lui ai indiqué où se situait le problème, tout près de la « (encore relativement jeune) tige de (relativement vieux) jade », elle a eu l’air de se demander si elle n’était pas tombée sur Pervers Pépère. Mais bon, son job (non, pas son zob, kika pensé ça ? faut pas me déconcentrer pendant que j'écris) étant de masser les gens où ils ont mal, elle s’y est employée quand même. Mais je voyais bien qu’elle n’allait pas au fond du problème. Et comme elle parle aussi bien le français que moi le polonais, j’avais renoncé.
Mais la vie est grande ! Ce matin, Mlle n’était pas là, partie en oui quinde prolongé, remplacée par un masseur retraité rappelé pour l’occasion, un vieux de la vieille, l’homme qui sait tout de vous rien qu’en vous posant les mains dessus. Il est allé droit au but, et m’a dit : vous avez une déchirure musculaire à l'adducteur droit interne. C’est une saloperie, ajoute-t-il, surtout que ça ne sert à rien. Quoi ? Oui, c’est un muscle qui date de l’époque où on marchait à 4 pattes (vous marchiez à 4 pattes, vous ?), on n’en a plus besoin, on ne s’en sert pas (en fait, on s'en sert peu).
Fichtre, pensais-je, un muscle qui ne sert pas. J’ignorais qu’il en existât. Mais si, bien sûr. Ce n’est pas le seul. Il y a un autre muscle dont certains (n’étant pas d’une nature délatrice (enfin, ça dépend de la somme proposée) ou cancanière, je ne citerai pas de noms) n’ont pas l’air de se servir, en tous cas, pas souvent : le cerveau. C'est pas un muscle ?
* écrit le 20 aout
2) Art of noise
Aux sesshins de zen, on apprend à tout faire en silence. Marcher, se taire, respirer, manger, nettoyer son bol, en faisant le moins de bruit possible.
L'art du guerrier, c'est de ne pas être aperçu, et de ne pas laisser de traces.
Dans la salle de repos où je fais une pause après les soins, une pancarte réclame le silence absolu. Mais le silence est une notion subjective. Pour ma part, je fais tellement peu de bruit en ouvrant et refermant la porte et en me déplaçant, que même moi, je pourrais ne pas m’apercevoir que je marche. Beaucoup traînent les pieds. La fatigue subie, le poids de la vie.
Mais un jour, j’entendis la porte s’ouvrir puis se fermer avec fracas, des pas pesants, les grincements de la chaise longue. Croyant qu’il s’agissait d’un colosse mâle velu et ventru, j’eus la surprise de découvrir une petite femme blonde de 50 kgs toute mouillée. Je refermai les paupières. Mais elle saisit un sac plastique et le tritura dans tous les sens, en extrayant je ne sais quels objets qui rejoignaient bruyamment le sol l'un après l'autre, pliant, dépliant, repliant, au point que je pris mes jambes à mon cou, dans un remarquable* silence.
Ce matin, j’entends des claquements de godasses et des chaises remuées à grand fracas : la même.
Peut-être est elle sourde, comme les gens qui crient tout le temps ?
* Le silence est bien l'une des choses que personne ne remarque. Sauf si c'est un silence... gênant.
Avant la rentrée, vite, une petite devinette maison :
Pourquoi l'été, lorsqu'on a du mal à digérer, doit-on manger une vache de montagne ?
Attention, tous les détails comptent.
Un bon point à qui trouve.
Les ouvrages « spirituels » regorgent d’exercices simples ou compliqués. Étant d’une nature rétive à l’enseignement, j’ai toujours mis au point mes propres techniques (c'est pour ça que je n'avance pas ? Tiens, j'y avais pas songé).
La dernière en date, née dans la piscine de l’établissement thermal, dans laquelle quatre jets puissants frappent successivement le corps sous l'eau :
Au niveau de la gorge : que ma parole soit pure
Au niveau du chakra sacré, le deuxième, entre sexe et nombril : que mon désir soit pur
Au niveau des genoux (je, nous) : que ma relation avec les autres soit claire
Au niveau des chevilles : que ma relation avec la terre soit claire
Ceci pour dire comme il est facile de se servir de tout ce qui passe à notre portée pour avancer, naturellement, sans effort.
Un exercice qui pèse n’est pas un bon exercice. Un exercice compliqué non plus. Respirer n’est pas compliqué.
Les exercices qui viennent tous seuls, comme celui-là, qui s’imposent d’eux-mêmes valent tous ceux que l’on trouve dans les livres. Mieux, ils sont adaptés à la situation, et nous sont adaptés.
C’est de cette manière que chaque instant de notre existence peut être mis à profit pour accroître notre présence. Même si tout est à refaire à chaque instant. Même si on fait souvent des pas en arrière.
L'illustration vient de là.
Je sais la nature humaine incrédule. Prête à suivre tous les menteurs convenables, mais rétive à voir l'évidence. Lorsque j'ai exhumé Lao Yu de son sommeil (dormait-il ?, ou comme le papillon de Tchouang Tseu, ne me rêvait-il pas ?), j'ai bien senti ce vague soupçon : Lao Yu n'est-il pas simplement Vieux Jade ? Et d'ailleurs, en chinois, Vieux Jade, autre nom de la néphrite, se traduit Lao Yu. L'affaire est entendue. C'est un procédé littéraire, une astuce, et Vieux Jade un petit malin.
Contemplez, lecteurs incrédules, contemplez les traits du célèbre Lao Yu, tels que nous les restituait le numéro 2902 de l'Illustration du 8 octobre 1898, dont je possède un exemplaire.
Liu Yung Fouk, connu sous le nom de Lao Yu était alors le chef des Pavillons Noirs, qui s'opposèrent à l'armée française au Tonkin et lui infligèrent de fameux revers.
Ancien chef de bandits, sa tête mise à prix par les Chinois, ceux-ci l'enrôlèrent alors, l'amnistièrent, lui et ses milliers de rebelles. En 1894, il s'installa dans Formose et y créa un gouvernement indépendant, avec Amping pour capitale, y fit imprimer des timbres-poste, émit des assignats, avant de s'enfuir sous la pression japonaise.
Voici ce qu'en disait l'Illustration : "On peut affirmer que, dans les circonstances actuelles, il n'y a pas d'homme qui soit plus à même de fomenter en Chine une révolte générale et de la faire triompher". Il avait alors soixante ans.
Depuis, plus la moindre nouvelle, jusqu'à ce blog.
Tiens, pour vous consoler de ne m'avoir pas cru, pas rancunier, prenez un peu de cet excellent opium de ma boîte personnelle :
Collection perso
Si vous saviez comme ça me plaît d'écouter Rouleau essuie-glaces (Julio Iglesias pour les non initiés) sur ce blog !
Parce que, justement, il faisait partie des chanteurs considérés comme exécrables par le formatage de mon adolescence. Certes, je ne suis pas un inconditionnel, mais ce disque de tango, que m'a fait connaître Mme VJ est vraiment parfait, avec un grand orchestre au son presque irréel. Pas du tango de cabaret, charnel, coupant, non. Mais comme un rêve. J'aime beaucoup ce disque. Et la Mouskouri, avé ses lunettes (femmes à lunettes...), je haïssais ses affreux "ballons rouges". Mais avouez qu'en chansons du folklore, elle est parfaite, non ?
Rien que pour vous embêter, je passerai autant de vilaines choses comme ça que je pourrai en trouver.
Tiens, je viens de m'offrir pour mon non anniversaire l'intégrale des symphonies de Brahms par Karajan. Chais pas si on trouve ça sur Diseur ?
M'en vais l'écouter. Bises.
Décidément rétif à l'ordre bestial, j'ai fixé ma résidence ailleurs, d'où j'observe le déroulement des temps infernaux, fumier des plus belles fleurs. J'ai un jardin secret, où les plantes poussent toutes seules. Servez-vous, si le coeur vous en dit, sans tenir compte de la chronologie, car comme le mot le dit clairement, l'heure est un leurre.
Une précision concernant les commentaires : n'ayant pas toujours le temps ni l'énergie de répondre aux commentaires, ceux-ci restent ouverts, sans aucune garantie que j'y réponde. Je me réserve cependant le droit de sabrer les inconvenances, dont je reste seul juge.
Ici, je n'est pas un autre.
Après l’explosion
Nul ne l’a sue
Le jour d’après
Coule la lave
Brûlent les cendres
Lave la lave
Mange la louve
Larmes sans sel
De régime
Cuit et recuit
Frottent les cendres
Récurent
Pas encore nu,
Pas tout à fait ?
Restent des choses
Bien accrochées
Des salissures
De vieux fantômes
D’anciennes guerres
Qui peut le faire, si ce n'est toi ?
Nettoie
Les notes glissent
Comme des larmes
Gouttes de feu
Sur la paroi
Qui m’a volé le cœur ?
Qui m’a trempé vivant,
Comme une lame ?
Qui m’a fouetté les yeux,
M’a déchiré le ventre
Me baisant les paupières
Et m’enduisant de baume,
Me prenant par la main,
Pour me conduire
Dehors ?
LE BUT DE LA QUÊTE EST DE N'AVOIR
NI BUT, NI QUÊTE
***
QUE SAIT-IL DE LA PESANTEUR,
CELUI QUI N'EST JAMAIS TOMBÉ ?
***
C'EST SOUVENT LORSQU'ELLE S'ENFUIT QU'ON PERÇOIT L'ESSENCE DE LA BEAUTÉ
***
LA MER A DES MILLIARDS DE VAGUES QUI BATTENT TOUS LES RIVAGES. OU EST LE CENTRE DE LA MER ?
***
CE QUI EST MORT N'A AUCUN POUVOIR SUR CE QUI EST VIVANT
SEULS LES MORTS CRAIGNENT LES MORTS
***
QUAND LE NID BRÛLE, LES OISEAUX S’ENVOLENT
***
C’EST DANS LA CHUTE QUE LES AILES POUSSENT
***
CE QUI PEUT ÊTRE PERDU EST SANS VALEUR
***
LA MAISON EST PLUS GRANDE QUE LA PORTE
***
L’ERREUR EST LA VOIE
***
LA ROUTE EST DURE A CELUI QUI BOÎTE
***
LA LUMIERE DE L’ETOILE EST DANS L’ŒIL QUI LA REGARDE
***
LES PETITS NOURRISSENT LES GRANDS
***
LES RICHES ONT UNE BOUCHE
MAIS PAS DE MAINS POUR LA REMPLIR
C’EST POURQUOI IL LEUR FAUT
DE NOMBREUX SERVITEURS ;
CEUX QUI ONT DE NOMBREUX SERVITEURS
NE SAURAIENT VIVRE SEULS,
CE SONT DONC DES PAUVRES ;
CELUI QUI PEUT VIVRE SANS SERVITEURS
EST DONC LE VERITABLE RICHE.
***
VIVRE C’EST REVENIR SUR SES PAS
***
LA NUIT LAVE LE LINGE DU SOLEIL
***
LES RUISSEAUX EMPORTENT LES MONTAGNES
***
UNE EPINE DANS LE PIED DU GENERAL : L’ARMEE S’ARRÊTE
***
UN PORC EN HABITS DE SOIE RESTE UN PORC,
COMME UN DIAMANT DANS LE FUMIER
RESTE UN DIAMANT.
MAIS LA PLACE D’ UN DIAMANT
EST DANS UN ECRIN DE SOIE,
ET CELLE D’UN PORC DANS LE FUMIER.
***
COMME SEULE L’EAU ETANCHE LA SOIF,
SEULE LA JUSTICE COMBLE LA FAIM DE JUSTICE
***
DU COLIBRI A L’AIGLE, IL EXISTE DE NOMBREUX OISEAUX
***
LE DEDANS REGLE LE DEHORS
***
L’EPONGE BOIT LE VIN RENVERSÉ
ET LA ROSÉE DU MATIN
***
LORSQU'IL DECOUVRE LE MIEL,
L'OURS OUBLIE LA PIQÛRE DES ABEILLES
Quand à un livre je me livre , ce que je lis me délie.
Je me demande pourquoi on n'a pas encore une loi qui oblige à faire bouillir les bébés à la naissance, afin qu'ils soient parfaitement stérilisés.
Circuler, pour mieux s'ôter.
Toute notre vie, on attend une grande cause pour se lever, et on passe sa vie accroupi, à croupir.
Le lucane aime prendre l'R le soir à sa lucarne.
Ce qu’il y a de bien dans l’état de siège, c’est qu’on prend le temps de s’asseoir.
Les oiseaux sont les poissons du ciel,
nous en sommes les crabes
Heureux les déjantés, ils quitteront plus facilement la route commune!
L’argent n’a pas d’odeur, mais il y contribue.
Un vrai sosie, c’est invraisemblable.
Quand je grossis, je m’aigris ; et quand je m’aigris, je grossis.
Joindre l’utile au désagréable : se faire renverser par une ambulance.
Le journal du paradis, c’est le Daily Cieux.
Yfaut et Yaka sont dans un bateau ; Yfaut tombe à l’eau, Yaka l’repêcher.
Chaque matin, s’ils ne sont pas morts, les vieux vont aux nouvelles.
Le poète a latitude d’explorer toutes les longitudes.
Etre réduit à la portion congrue, c’est fort peu. Moins, c’est incongru.
Peut-on dire de quelqu’un
dont la vie dépend des autres pour tout qu’il est riche ?
La bouche est elle riche ?
Peut-on dire de quelqu’un
qui n’a rien à attendre des autres qu’il est pauvre ?
Les mains sont elles pauvres ?
Curieux comme mystique s’oppose à mastoc.
On a mis bien des ouvrages majeurs à l’index.
Quand le brouillard tombe, on voudrait qu’il se casse.
Au matin, la nuit tombe de sommeil.