Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 07:38

027-copie-1.JPG

 

J’ai signé un acte chez un notaire, il y avait mes sœurs. J’ai acquis pour 40 ans la propriété/responsabilité d’un immeuble. Lorsque je le vois – l’immeuble – je comprends que j’ai été floué. Toits à refaire, hangars béants, rien ne sera rentable. Devant mes parents j’explique de façon hystérique que JE suis un expert en immobilier, et qu’il est impossible que j’ai acheté ce truc volontairement. Je trépigne, je hurle que j’ai été abusé, trompé, drogué.

 

Mais je me suis engagé.

 

Plus tard, je suis avec d’autres gens, des hommes, assis par terre sur le sol d'une boutique, je sais qu'ils ont quelque chose à voir là-dedans. Mais la révolte et la colère m’ont quitté. Je commence à apercevoir qu’il y a nécessairement une issue à cette situation, et que je dois vraiment me fondre dedans pour la trouver.

 

La révolte est une perte de temps, et une attitude inappropriée pour trouver la solution.

 

Qui commence par l'acceptation de ce fait inéluctable : quelle que soit l'origine, la raison de notre présence dans ce monde de dingues, hurler, se lamenter et se désespérer ne résoudront rien. Il faut étudier calmement les données, et entrer dedans. 

 

Voici ce que disait le rêve du 14 mars.

 

 

Le concept de renaissance est souvent compris comme une sortie du monde. Il me semble que ce rêve précise que la sortie passe par une nouvelle manière de naître à ce monde, une incarnation acceptée et non par la fuite.  

Partager cet article
Repost0
7 mars 2012 3 07 /03 /mars /2012 11:50

gorges-du-Tarn-mai-2009-392.jpg

 

Lorsque j'observe la trajectoire -sineuse, mais dirigée - de mes textes depuis que j'ai commencé à écrire, soit depuis deux ans et demi, environ, il me semble que la proportion de pamphlets, de textes vitriolés diminue constamment.

 

Non pas que j'aie trouvé la paix, ce serait trop beau, et probablement une fausse paix. Mais peu à peu, je comprends que crier et griffer les murs de la cellule capitonnée n'apporte rien, si ce n'est la satisfaction d'avoir déchargé un peu de tension.

 

S'il est interdit de dormir, il est permis de rêver. S'il est dangereux de rêver qu'on est éveillé, il est conseillé de relier et comprendre le sens de nos rêves, pour, peut-être, dénouer un peu l'emprise du sommeil.

 

Je crierai encore, quand je n'aurai plus d'autre choix.

 

Mais en ce temps, je préfère soulever les couches accumulées, les strates où se dissimulent des meurtres oubliés, des chagrins sévères et les fantômes du passé, jamais pardonnés, les observer, les relâcher.

 

Certaine nuit, quand Mme VJ est rentrée de son travail, soudain réveillé, je lui ai demandé, inquiet : ça ne pue pas ? Non, dit-elle. Ah. Parce que j'étais en train de rêver que je me nettoyais à fond, il sortait plein de choses de moi, je pensais que ça devait puer.

 

Je n'ai plus - pas en ce moment - besoin de haïr et de pourfendre. Bien sûr que les minables séductions de la Pieuvre - les élections, les conventions collectives, les modes, l'électronique, la vulgarité, l'immonde bêtise, la guerre - continuent à me lever le coeur, mais j'ai plus envie de parler doucement de choses qui en valent la peine, caresses, tendresse, ruisseau, oiseaux et battements de cils, que de dessiner, même plaisamment, et avec succès, des ordures.

 

Parfumé à la rose, que je suis.

 

Et pas très actif.

 

Je rends visite aux voisins. 

 

Partager cet article
Repost0
22 février 2012 3 22 /02 /février /2012 16:48

chine-2009-035.jpg

   

Fatigué, je m'allonge sur le dos entre midi et le retour dans la jungle.

 

Détends autant que possible, jambes, fesses, nuque, dos, desserre les mâchoires, les sourcils, le front.

 

Vient la sensation inaccoutumée de flotter dans mon corps, comme si je faisais la planche. Petits mouvements lents, faible amplitude.

 

Soudain vient cette idée/question : si j'étais en train de me détacher de mon corps, ce serait la mort, bien sûr. Et si je meurs...soudain une bouffée d'émotion me saisit : si je meurs, je ne pourrai plus marcher sur la Terre, dans les chemins, dans le soleil et dans l'air pur, embrasser le ciel et les paysages, croiser des bêtes et des oiseaux, des gens, aussi.

 

Plus de randonnées en montagne. C'était si précieux, si beau... 

 

Alors, je pense à ceux que j'aime, ici, et qui voudraient que je reste le plus longtemps possible, mais ça ne procure aucune réponse émotionnelle. Pas de regret, de nostalgie. Tout est en place, rien n'a été omis, oublié, non dit.

 

Non, c'est juste d'abandonner cette merveille qu'est la Terre qui me fait cet effet là, cette bouffée de regret, ce pincement au coeur.

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
21 décembre 2011 3 21 /12 /décembre /2011 18:27

182.JPG

   

Dans un commentaire de M. Korrigan (VK), ce dernier reprenait une phrase d'un texte : "Ouvrons grand les fenêtres".

 

Puis Mme Narf disait, dans un autre commentaire :  "Ce drôle d'espace-temps complètement virtuel qu'est ce blog, offre toujours une porte, à ouvrir ou pas, à son gré, selon l'instant. Il rappelle qu'il y en a toujours une. C'est toujours rassurant, en cas de besoin, d'avoir une porte à ouvrir, pour aller voir ailleurs, une ouverture, pour s'échapper".

 

Cette convergence soudaine sur les portes et les fenêtres suscite en moi des souvenirs, d'une part, et d'autre part des réflexions.

 

Souvenirs ? Au singulier, en fait, celui-ci : un rêve noté le 30 août 2009. Dans un "vaisseau spatial", mon siège est vide, et ma veste est posée dessus, avec, au dos, en lettres hébraïques, mon nom, ou ma fonction : לַעְדָּה .

 

Phonétiquement, ça se lit à peu près : Ledar. Dans la bible, on le trouve traduit : Laadar, ou Laeda, dans ce contexte.

 

 

(Je précise ne pas être juif. Mais, bon, c'était en hébreu, et j'ai un peu potassé la kabbale il y a belle heurette).

 

Bien sûr, après ce rêve, j'ai cherché à savoir le sens de ce nom. Je vous fais grâce des tergiversations pour arriver droit à ce que j'en ai retiré : celui qui ouvre des fenêtres, des perspectives.

 

S'il y a parmi vous des kabbalistes, je suis prêt à en discuter les aspects.

 

Cet aparté un peu personnel amène au sujet : quelle différence entre un mur, une fenêtre, et une porte ?

 

A priori un mur enferme et/ou protège, selon qu'on s'y trouve  volontairement ou non. Un mur est fixe, et la seule solution, à part le détruire, est de "faire le mur", pour y entrer, ou en sortir.

 

Une porte, elle, sert au contraire à entrer ou à sortir, donc à franchir normalement les murs. Elle n'est ménagée que dans des murs, dont elle est l'issue. Une porte sans mur est comme un couteau sans manche.

 

Je ne crois sincèrement pas que ma fonction soit d'ouvrir des portes, car moi-même suis fermé ici. Si j'avais trouvé une porte, je l'aurais dit. Au moins, je serais sorti. Parce que c'est pas trop top ici, comme diraient mes filles.

 

J'espère qu'un jour une porte s'ouvrira pour vous, pour moi, mais, si j'en ai aperçu plusieurs plus ou moins cachées, je n'ai su en ouvrir aucune.

 

Pour ce qui est d'ouvrir des fenêtres, oui. Oui, je crois que ça, je sais le faire. Là où la plupart ne voient que des murs, je devine, j'aperçois des fenêtres. Et je les ouvre. Pour moi, pour vous. Ne croyez pas que je sache déjà quelle perspective elle donne, quand j'en ouvre une. Je la découvre en même temps que vous. Parfois, vous y voyez bien plus que je n'y ai vu.

 

Ma fonction est de voir et d'ouvrir, pas forcément de regarder. Voir et ouvrir. Peut-être qu'après, d'autres savent mieux tirer parti du paysage ainsi révélé, et peut-être sont-ils venus, eux, pour cela.

 

De la sorte, chacun aurait un rôle précis dans la chaîne. Nul ne valant mieux qu'un autre. Un maillon vaut-il mieux qu'un autre, dans la chaîne qui remonte l'eau du puits ?

 

Je n'ai pas de certitude, et quand il m'en vient une, je la fuis. On marche mieux léger. De sorte que je ne sais rien, ce qui est précieux dans cette nuit.

 

J'ai ce don : voir les fenêtres, et les ouvrir. Qu'est ce blog, sinon une multitude de fenêtres ouvertes ? Mais une fenêtre n'est pas une porte. Par une fenêtre entrent la lumière, la pluie et le vent, et le regard peut aller loin. Et celui qui vivait jusqu'alors dans une caverne obscure peut se rendre compte qu'au delà, il y a d'autres mondes, des prairies, des forêts, des montagnes, des chemins, des villages, des fumées, de la vie, et qu'il n'est plus tout à fait seul.

 

Peut-être, comme l'a dit mon rêve, suis-je ici pour cela.

 

Mais pour ce qui est des portes, ou de construire du neuf, je passe le relai.

 

Quand Narf parle de portes, peut-être est-elle, elle, ou vous, capables de voir et d'ouvrir des portes. Qui sait ?

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
20 décembre 2011 2 20 /12 /décembre /2011 17:42

2-oct-2010-040.jpg

 

Tout s'accélère. Comme je l'ai écrit en réponse à un commentaire, et comme je l'entends dire à d'autres, le temps devient fou. Plus un instant à soi. Il faut se battre contre l'écrasement pour trouver un instant de quiétude.

 

Je continue à acheter des bouquins que je ne lis plus. Je survole les messages, réponds d'un mot, et n'ai même plus le temps de lire un texte complètement.

 

Des blogueurs m'invitent à les rencontrer, d'autres me font l'honneur de publier mes textes, et moi, pauvre benêt, je n'ai même pas le temps de les honorer d'un remerciement.

 

Je vis en état second.

 

Mais, très sérieusement, est-ce seulement une régression, un manque, un dommage, ou est-ce compensé par l'acquisition d'autres facultés ?

 

Car, confusément, j'ai l'impression d'être plus présent aux influences, plus réceptif, et peut-être aussi plus attentif à l'impalpable. 

 

Ce pilotage automatique ne favoriserait-il pas l'émergence de nouveaux organes de perception ? 

 

Bien sûr, ceux qui restent liés aux convenances et ont besoin que les relations soient matérialisées, constatées, estampillées me traiteront de grossier ou d'arrogant, mais les plus subtils se passeront de ces signes extérieurs d'amitié.

 

Vive le temps qui court à en perdre haleine...

 

 

Qu'on l'aime ou non, c'est notre temps, fait à notre mesure. 

Partager cet article
Repost0
30 novembre 2011 3 30 /11 /novembre /2011 11:07

Adam Sauveur, quel nom ! Italo belge, quelle tambouille ! Pizza frites ?

 

Vers 15 ans, j'ai été l'une des victimes de la tendance qui veut que seuls les artistes maudits, ignorés de tous, confidentiels soient de vrais artistes. A part ceux que l'intelligentsia encensait : Brel, Brassens, Ferré. Courageux, pas téméraire. 

 

En alternance avec ces pointures, j'écoutais donc avec une distinction légèrement détachée Albert Marcoeur, Daevid Allen, le Camembert électrique, Dashyell Hedayat et le Manset d'"Animal".

 

 

Pour le jeune snob que j'étais, le restant de la production française ou francophone, c'était de la merde. De la variété.

 

Voyez, j'étais un jeune con. Chuis moins jeune, ça au moins, c'est acquis.

 

L'autre jour, sur un coup de tête, peut-être pour avoir entendu l'inoubliable reprise d'Arno, je me suis offert un disque : le Bal des gens bien, qui rajeunit des chansons emblématiques dudit Salvatore.

 

 

 

 

Adamo, c'est pour les mamys, croyais-je. Alors c'est pas si con, une mamy. Mettez m'en quatre ! Parce que, posant mes préventions d'ex jeune con, j'ai découvert un auteur peut-être pas hermétique à se branler les illusions ni à graver dans le marbre, mais fin, ironique et plein d'humour.

 

Des musiques simples, mais pas tant que ça, faciles à retenir. Ici façon rock soigné, ça s'écoute bien.

 

Et puis : La nuit (je deviens fou), c'est même absolument splendide, dans cette version, avec Jeanne Cherhal. Pourrait être du Bashung. 

  

 

 

 

C'est gentil, Adamo ? C'est vrai. Il ressemble à un gentil. Au bout d'un temps, je me suis dit qu'il ne parle que d'amour, ce gars là, commence à m'user.

 

Et puis d'un coup, j'ai attrapé l'ascenseur et grimpé à l'étage au dessus.

 

Si vous en avez le goût et l'occasion, faites l'expérience : écoutez Adamo comme si vous lisiez Omar Khayyam ou Rûmi.

 

Écoutez la nostalgie d'amour qui se dégage de ces textes, et que rend bien sa voix âpre, et entendez la plainte de l'âme exilée sur Terre, qui partout cherche l'Amant.

 

La voix d'Adam perdu ou d'Adam le Sauveur ? 

 

 

PS : le blogueur va s'occuper un peu de lui pendant quelques jours. Les émissions devraient reprendre vers le 6 ou 7 décembre. Rien ne vous empêche de papoter dans mon dos, mais je ne répondrai pas aux commentaires. Bises.

PS 2 : j'ai mis des trucs en ligne, un par jour.

 

 

Partager cet article
Repost0
26 novembre 2011 6 26 /11 /novembre /2011 10:38

009.JPG

 

Voici un texte plein de parenthèses. Je vous prie par avance de m'en excuser, il est né comme ça, plein d'excroissances, mais au naturel. Et pourquoi ne pas encenser les parenthèses ? Parenthèses, soyez ici chez vous, étalez-vous, pour une fois, profitez de l'espace. 

 

Combien de milliers d'années passées à se répéter - sans doute c'étaient les nécessités du temps - qu'on ne pouvait pas avoir (peut-être le problème est-il là ?) deux choses à la fois.

 

Le beurre et l'argent du beurre, pour les plus matérialistes. La crémière, ajoutaient les futés matérialistes tout autant.

 

Pour d'autres, c'est plus complexe, mais pas forcément plus facile (une des erreurs les plus répandues est de croire que ce qui parait facile pour soi-même devrait être facile pour les autres) : ne pas faire des affaires en famille (là, effectivement, je demeure très réservé, pas à cause des affaires, mais de toute la boue que charrient les familles).

 

Donc - le problème des parenthèses est qu'on finit par perdre de vue l'idée de départ, la trame du sujet, fermons la parenthèse - donc (je vais y arriver) donc donc donc, nous tous, vous, moi, nos parents et tous nos ancêtres avons appris que :

 

DE DEUX CHOSES L'UNE. Choisir, choisir, choisir. Toujours choisir. Un métier, un sexe, une préférence sexuelle, un restaurant, un métier, un parti politique, des relations, des clients, des amis.

 

C'EST L'UN OU L'AUTRE. Injonction suprême parmi les injonctions. TU N'AIMERAS QUE. Ton dieu (unique) Ta femme (unique) Ton chef (Unique) auxquels TU JURERAS FIDÉLITÉ.

 

INJONCTIONS. VEUX VOIR QU'UNE SEULE TÊTE !

 

On peut aller jusqu'à concevoir que c'est, plus qu'une injonction, une véritable MALÉDICTION.

 

OK. Peut-être était-ce nécessaire (un "peut-être" ignorant et vaguement tolérant, dans le doute). On connait le rôle libérateur de la transgression. Sans tabou,pas de transgression, et sans transgression, pas d'acquisition d'une nouvelle liberté.

 

Mais, justement, est-il ENCORE (si toutefois ça a été nécessaire) judicieux de se plier à ce genre de dogme restrictif ?

 

Si vraiment nous changeons d'ère, alors nous changeons de polarité.

 

Ça veut dire que tout s'inverse. De la restriction, de la fermeture, nous allons vers l'ouverture.

 

De l'ancienne proposition : OU / OU, essentiellement masculine, nous passons à ET / ET, profondément féminine.

 

On peut enfin penser (et mettre en pratique) que nos enfants sont nos maîtres, aider nos parents à grandir, faire de nos clients nos amis et de nos amis nos clients, pour qu'ensuite nous ne soyons plus qu'un seul coeur, que l'arabe du coin nous devienne soudain, en un regard échangé, plus proche que nos frères et soeurs,que si toutes les femmes sont des salopes, hé bien, ma mère en est une aussi, et que moi, le mâle incomparable, soudain, je suis ma mère, ma soeur, ma femme et toutes les autres salopes qui savent et ne peuvent pas dire depuis des siècles que rien n'est vraiment figé comme le croient les hommes, mais mutable, échangeable, perméable, imprévisible, LIBRE.

 

Frères humains qui pendant nous vivez, il me semble essentiel que vous appreniez, comme je le découvre moi-même, que rien n'est écrit, rien n'est figé, que tous les chemins sont ouverts, ET TOUS EN MÊME TEMPS, que rien ne vous oblige à suivre une seule voie, aussi étrange que cela paraisse, car aucune voie n'est limitative.

 

OU / OU n'a plus de sens. Client ou ami, parent ou ami, époux ou ami, amant ou ami, sont des vieilleries nauséabondes et dénuées d'amour.

 

L'amour véritable qui vient efface les catégories. C'est maintenant client, parent, enfant, époux, amant amis.

 

Pour faire une mauvaise blague (combien révélatrice), tous ces gens-là qui étaient jusque là à mettre sont maintenant amis.

 

Sans maudire personne, ceux qui pourront rejoindre ce bateau seront séparés de ceux qui aiment mieux continuer les guerres. 

 

 

 

PS pour les courageux : il y aura demain une suite à ce laïus. 

Partager cet article
Repost0
4 novembre 2011 5 04 /11 /novembre /2011 10:51

Un article sauvagement piqué au blog de l'Aigre Faim, parce que je prends mes aises avec mes alter ego.

 

 

Le folklore et les auteurs plus ou moins récents ont défini et décrit plusieurs sortes de troll.

 

N'en étant pas spécialiste, ni particulièrement amateur, je n'en ferai pas l'inventaire. Leur nature générale est proche de la pierre. Ça suffit comme prémisses. 

 

Sans même parler du troll de l'ère informatique, il en existe tant que de cervelles enfièvrées. Lorsque l'on sait, comme chacun devrait le savoir, que tout ce qui a été imaginé une fois existe et fonde une réalité (synonyme : royaume, univers), on ne doutera pas que le monde - qui est une myriade de trilliards d'univers interconnectés - est un endroit d'une grande variété, contrairement à ce que les écraseurs de caboche modernes voudraient qu'on croie, afin de nous laisser demeurer à leur profit des demeurés serviles.

 

Mon propos porte sur un troll tout à fait spécifique : le troll des ponts. On en trouve une famille, si ma mémoire ne me trompe pas, dans "la Fille du roi des elfes", de ce brillant aristocrate et brillant esprit qu'était Lord Dunsany.

 

Le troll des ponts, comme les clochards, vit sous les ponts. Il y dort, attendant en apnée le voyageur. Bien évidemment, il n'y en a plus depuis longtemps sous les ponts modernes continuellement enfourchés par un flot ininterrompu de passagers.

 

Quoi que... je n'ose pousser plus loin mon propos, de peur de donner naissance à un univers dans lequel certains trolls pourraient trouver le moyen quand même... passons, on voit assez d'horribles choses comme ça.

 

Le troll ancien des ponts antiques et vermoulus, aux dents déchaussées, fondu aux pierres de l'arche, minéral, roupille pesamment, guettant la vibration infime qui annonce l'arrivée d'un convoi, d'un pélerin solitaire, d'une troupe d'éclaireurs, de paysans en goguette ou de bergères en bamboche.

 

Il étire alors ses membres gourds, se redresse, et pointe sa tête moussue à l'entrée du pont. Lorsque le ou les passants s'y sont engagés, il les hèle, et leur pose une question, à la manière du sphinx de Thèbes, une question à laquelle peu savent répondre. 

 

Et, comme le sphinx, il dévore aussi sec et sans état d'âme - a-t-il une âme ? - ceux qui ne savent pas.

 

Remarquons incidemment que la voie reste libre, puisque le troll, incapable a priori de par son énorme poids de franchir rivière et pont, ne peut en boucher les deux issues. Il y a donc une fois encore des questions pernicieuses à se poser, et par exemple : qu'est-ce qui empêche le voyageur surpris de fuir devant lui ? Nul doute, le troll des ponts est un magicien considérable.

 

 

Peut-être le troll du passé et le troll de l'avenir se donnent-ils la main ?

 

 

Alors, qui est le voyageur ? 

 

Comme nous, le troll a besoin de réponses. Il a faim de savoir, soif d'apprendre. Ce n'est pas un être malfaisant. Comme nous tous, il est avide d'ingurgiter du neuf.

 

Il se contenterait volontiers d'une information qui lui permettrait de retourner méditer fructueusement sur le mystère du monde, et ainsi accroître son être.

 

Hélas, bien des voyageurs marchent sans but, et sans rien voir, comme marchent les robots absents qui courent après la queue du temps.

  

Alors, quand ils passent inconscients et les yeux vides, le troll les dépèce et dévore leur corps, en suce longument les nerfs et les os, la moelle qu'elle contient, afin de patienter jusqu'à la prochaine occasion.

 

Comme chacun de nous, le troll n'attend que de rencontrer le passant qui l'éclairera définitivement. Alors, lui et les siens franchiront enfin le pont.

 

 

Le fameux pont qui sépare la matière pesante de l'esprit. 

 

Pourquoi croyez-vous que le troll des ponts vive ainsi à attendre sous les ponts ?

 

Une remarque : chacune de nos synapses est un pont. Sommes-nous pleins de minuscules trolls ?

 

Avant cette dernière remarque, j'en mets une avant-dernière, et puis une antépénultième : comment expliquer que le troll attende les réponses des autres, alors qu'il lui suffirait de se pencher sur son reflet dans l'eau de la rivière, et se regarder longuement, sans se laisser happer ? Et encore, pourquoi les trolls sont-ils si sales ?

 

J'arrête là. Il serait temps que tout le monde se pose les vraies questions.

 

 

 

PS : Vu l'état et l'emploi du temps du blogueur, attention, risque de pause.

Partager cet article
Repost0
15 octobre 2011 6 15 /10 /octobre /2011 10:30

036.JPG

 

Plus je m'identifie, et plus je me sépare.

Plus je m'éloigne de ma profondeur, qui est calme, plus j'entre dans l'excentricité, c'est-à-dire la périphérie, l'existence pure. A cet endroit, j'ai entièrement perdu conscience de mon origine, et je suis certain que ce qui se produit sous mes yeux, de manière séquentielle, est la réalité.

 

C'est exactement ce que dit le mythe platonicien de la caverne. Nous rêvons une réalité projetée, à laquelle nous croyons dur comme fer. En vérité, le fer n'est pas plus dur que la table sur laquelle je bois un verre inexistant plein d'un Bourgogne imaginaire.

 

Difficile de s'y faire, et pourtant la science elle-même, qui déteste rêver, quoiqu'elle rêve en refusant de l'admettre, est bien obligée de convenir que seules des polarités électriques opposées empêchent que les atomes réciproques de mon corps, de la chaise, de la table et du vin, les vôtres et ceux de l'univers entier ne fassent inrrémédiablement un.

 

Maya, pour faire simple.

 

Il n'y a donc en tout et pour tout que la fameuse soupe d'atomes, vous en reprendrez bien une louche, et le mystère qui fait de chaque être un être unique, puisque il n'y a pas deux humains qui aient la même empreinte digitale, deux feuilles qui aient les mêmes nervures, et peut-être deux moucherons qui aient la même fréquence, qui sait ? A moins que certaines espèces soient si collectives que tous ses exemplaires en soient d'identiques fragments. Mais ce serait très étonnant, puisque chez les fantastiques myxomycètes, qui ne sont "que" des espèces de champignons tous pareils, en cas de déplacement, tous s'organisent en une fabuleuse limace ordonnée et volontaire, donc douée d'un cerveau capable de prospection, de coordination et d'une intention, et donc d'individus moins égaux que les autres.

 

Le paradoxe, c'est que plus je crois au film, plus je crois à ce que je suis. Et plus je crois à ce que je suis, et surtout, plus je crois que je suis ce que je suis dans le film, plus je me sépare des autres. Plus je me sépare, plus je me spécifie, plus je m'éloigne, en bref, des autres, donc, plus je m'éloigne de ce que je suis vraiment, une cuillère de la même soupe d'atomes, plus je crois être moi.

 

Alors qu'à cet endroit périphérique, je suis parvenu à l'endroit le plus éloigné de mon origine. Plus je m'éloigne de la réalité profonde, ontologique, et plus mon assurance d'être réel croît.

 

J'ai du mal à exprimer cette évidence simplement, j'en conviens. En deux mots : moins je suis Réel, et plus je crois l'être.

 

C'est de cela que naissent les conflits. Moi, VJ, comme vous, sans doute, je fonctionne comme un phare : conscience, oubli, conscience, oubli. Quand je suis conscient (plus ou moins, ça dépend des ampoules et des réflecteurs), je me souviens de mon origine, de notre origine commune, de la relativité de nos différences, et à ce moment là, je suis un peu plus "sage" ; puis j'oublie, et le spectacle du monde me frappe au visage, et la colère monte, et voici que je projette sur l'extérieur, l'autre, les autres, toute la frustration qui me taraude, d'être séparé, parce qu'alors, la séparation me blesse, quelle souffrance, mais comment les politiques, les financiers, les cathos, les juifs, les musulmans, les hommes, les femmes, comment peuvent-ils être comme ça, comme je les vois, comme je les définis, comme mes rouages les prédéfinissent, comment pouvons-nous être si éloignés ? Et là, le "sage" est de nouveau perdu dans les landes sauvages de l'oubli et de la séparation.

 

La spécification, c'est l'ego, le moi, l'identification. en parler n'aide pas à le situer, car c'est un serpent gluant mais fugitif et agile. Dans mes rêves, une sorte de singe, souvent, qui a peur, et s'accroche à toutes les branches. Mercurien. Mais le vôtre peut-être très différent.

 

Important de mettre un visage sur ce moi, qui peut d'ailleurs en avoir plusieurs. Se sentir unique est l'un des pièges du moi. Se sentir banal, rien, peu de chose, en est un autre.

 

La voie est étroite.

 

On ne peut pas lutter, lorsqu'on commence à se déshabiller du moi, contre ceux qui croient irrémédiablement au film.

 

La proposition d'Eva Joly de renoncer au défilé militaire du 14 juillet montre d'une manière : aveuglante, incroyable et terrifiante - j'ai pesé mes mots - à quel point une innombrable quantité de zombies croient au film. Autant de M.Smith prêts à nous tuer plutôt que de nous laisser quitter la matrice.

 

Mais les M. Smith sont aussi notre projection.

 

L'enjeu : comment devenir invisible pour les Smith ? Smith signifie "forgeron". Forgeron des chaînes de la réalité apparente.

 

Peut-être en cessant de forger nos propres chaînes. En cessant de se voir séparé, en retrouvant le niveau sous-spécifié, en se laissant glisser par les interstices dans la soupe initiale ?

 

Désolé de ne rien vous proposer de facile. Ce n'est pas facile pour moi non plus.

   

Pour moi, sortir, trouver (ou se laisser trouver par) la faille n'est pas du tout facile, et réclame une attention et une intention, une vigilance constantes, même non apparentes.

 

Mais c'est peut-être mon film perso, qui refuse les solutions simples.

 

A la suite de M. Moncorgé, dit Jean Gabin, je pense avec prudence qu'"On ne sait jamais".

 

Tout imprégné de cette forte pensée, il est naturel que je sois d'une extrême méfiance envers ceux qui savent.

Partager cet article
Repost0
13 octobre 2011 4 13 /10 /octobre /2011 07:30

100_0927.JPG

 

Il faut clairement distinguer la société officielle basée sur le principe de soumission et la société fraternelle des hommes.

 

A vingt ans, j'étais, comme de nombreux jeunes gens d'aujourd'hui, révolté par la saloperie ambiante, qui depuis n'a fait qu'empirer : tout est à vendre au plus offrant, tout est à prendre, à salir, à abaisser, à violer. Qui refuse de se livrer est écrasé.

 

Cela, c'est le fruit du schéma directeur qui mène le monde depuis les temps immémoriaux : la loi du plus fort. La force étant comprise comme amoralité totale. "La fin justifie les moyens" est la devise évidente de ce monde.

 

Contre cette société, toutes les révoltes sont permises et nécessairement justes. Voler les voleurs, mentir aux menteurs est juste. Pas forcément plus juste, ou autant, que décider de ne pas voler ni mentir, mais juste.

 

La société du mensonge, du vol et de la force est nécessairement policière, et ne doit sa survie qu'à son impitoyable brutalité. En tant que telle, et quels que soient ses masques religieux, idéologiques ou romantiques, c'est un univers archaïque qui n'a pour avenir que la disparition et l'oubli. 

 

Aujourd'hui, le mieux que je puisse faire est de vivre dedans, comme on traverse une odeur pestilentielle, un lieu grouillant de vermine, en retenant ma respiration jusqu'à la prochaine porte.

 

Si le système est infect, les gens qui le composent, le subissent ou le perpétuent en toute bonne foi n'ont rien de méprisable. A des degrés divers, comme moi, ils en sont les victimes. S'ils se soumettent, c'est qu'ils n'ont pas encore trouvé d'autre moyen de subsister, physiquement, psychiquement.

 

Haïr, mépriser le système, et aimer les hommes, telle est la voie. Il importe de ne pas confondre. Mépriser et haïr les hommes, c'est tourner le dos à la lumière.

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le jardin de Vieux Jade
  • : Arrivages du jour, légumes secs, mauvaises herbes, quelques trucs qui arrachent la gueule. Taupes, censeurs et culs bénits s'abstenir. Si vous cherchez des certitudes, c'est pas l'endroit.
  • Contact

Décidément rétif à l'ordre bestial, j'ai fixé ma résidence ailleurs, d'où j'observe le déroulement des temps infernaux, fumier des plus belles fleurs.  J'ai un jardin secret, où les plantes poussent toutes seules. Servez-vous, si le coeur vous en dit, sans tenir compte de la chronologie, car comme le mot le dit clairement, l'heure est un leurre.

 

Une précision concernant les commentaires : n'ayant pas toujours le temps ni l'énergie de répondre aux commentaires, ceux-ci restent ouverts, sans aucune garantie que j'y réponde. Je me réserve cependant le droit de sabrer les inconvenances, dont je reste seul juge.

 

Ici, je n'est pas un autre.

Recherche

Lave

Après l’explosion

Nul ne l’a sue

Le jour d’après

Coule la lave

Brûlent les cendres

Lave la lave

Mange la louve

Larmes sans sel

De régime

Cuit et recuit 

Frottent les cendres

Récurent

 

Pas encore nu,

Pas tout à fait ?

Restent des choses

Bien accrochées

Des salissures

De vieux fantômes

D’anciennes guerres

 

Qui peut le faire, si ce n'est toi ? 

 

Nettoie

 

Les notes glissent

Comme des larmes

Gouttes de feu

Sur la paroi

 

Qui m’a volé le cœur ?

Qui m’a trempé vivant,

Comme une lame ?

Qui m’a fouetté les yeux,

M’a déchiré le ventre

Me baisant les paupières

Et m’enduisant de baume,

Me prenant par la main,

Pour me conduire

Dehors ?

Les dits de Lao Yu

LE BUT DE LA QUÊTE EST DE N'AVOIR

NI BUT, NI QUÊTE

 

***

 

QUE SAIT-IL DE LA PESANTEUR,

CELUI QUI N'EST JAMAIS TOMBÉ ?

 

***

 

C'EST SOUVENT LORSQU'ELLE S'ENFUIT QU'ON PERÇOIT L'ESSENCE DE LA BEAUTÉ

 

***

 

LA MER A DES MILLIARDS DE VAGUES QUI BATTENT TOUS LES RIVAGES. OU EST LE CENTRE DE LA MER ?

 

***

 

CE QUI EST MORT N'A AUCUN POUVOIR SUR CE QUI EST VIVANT

SEULS LES MORTS CRAIGNENT LES MORTS

 

***

 

QUAND LE NID BRÛLE, LES OISEAUX S’ENVOLENT

 

***

 

C’EST DANS LA CHUTE QUE LES AILES POUSSENT

 

***

 

CE QUI PEUT ÊTRE PERDU EST SANS VALEUR

 

***

 

LA MAISON EST PLUS GRANDE QUE LA PORTE

 

***

 

L’ERREUR EST LA VOIE

 

***

 

LA ROUTE EST DURE A CELUI QUI BOÎTE

 

***

 

LA LUMIERE DE L’ETOILE EST DANS L’ŒIL QUI LA REGARDE

 

***

 

LES PETITS NOURRISSENT LES GRANDS

 

***

 

LES RICHES ONT UNE BOUCHE
MAIS PAS DE MAINS POUR LA REMPLIR

C’EST POURQUOI IL LEUR FAUT
DE NOMBREUX SERVITEURS ;


CEUX QUI ONT DE NOMBREUX SERVITEURS
NE SAURAIENT VIVRE SEULS,

CE SONT DONC DES PAUVRES ;


CELUI QUI PEUT VIVRE SANS SERVITEURS 
EST DONC LE VERITABLE RICHE.

 

***

 

VIVRE C’EST REVENIR SUR SES PAS

 

***

 

LA NUIT LAVE LE LINGE DU SOLEIL

 

***

 

LES RUISSEAUX EMPORTENT LES MONTAGNES

 

***

 

UNE EPINE DANS LE PIED DU GENERAL : L’ARMEE S’ARRÊTE


***
 


UN PORC EN HABITS DE SOIE RESTE UN PORC,
COMME UN DIAMANT DANS LE FUMIER

RESTE UN DIAMANT.

MAIS LA PLACE D’ UN DIAMANT

EST DANS UN ECRIN DE SOIE,

ET CELLE D’UN PORC DANS LE FUMIER.

 

***

 

COMME SEULE L’EAU ETANCHE LA SOIF,
SEULE LA JUSTICE COMBLE LA FAIM DE JUSTICE

 

***

 

DU COLIBRI A L’AIGLE, IL EXISTE DE NOMBREUX OISEAUX

 

***

 

LE DEDANS REGLE LE DEHORS

 

***

 

L’EPONGE BOIT LE VIN RENVERSÉ
ET LA ROSÉE DU MATIN

 

 

***  

 

LORSQU'IL DECOUVRE LE MIEL,

L'OURS OUBLIE LA PIQÛRE DES ABEILLES

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisez-Moi Lisez Moi Lisez Moi

Des mots des mots des mots des

Quand à un livre je me livre , ce que je lis me délie.

 

 

Je me demande pourquoi on n'a pas encore une loi qui oblige à faire bouillir les bébés à la naissance, afin qu'ils soient parfaitement stérilisés.

 

Circuler, pour mieux s'ôter.

Toute notre vie, on attend une grande cause pour se lever, et on passe sa vie accroupi, à croupir.

Le lucane aime prendre l'R le soir à sa lucarne.

Ce qu’il y a de bien dans l’état de siège, c’est qu’on prend le temps de s’asseoir.

 

 

Les oiseaux sont les poissons du ciel,

nous en sommes les crabes


Heureux les déjantés, ils quitteront plus facilement la route commune!

 
L’argent n’a pas d’odeur, mais il y contribue.


Un vrai sosie, c’est invraisemblable.

   

Quand je grossis, je m’aigris ; et quand je m’aigris, je grossis.

   

Le temps, c’est de l’urgent.

   

Joindre l’utile au désagréable : se faire renverser par une ambulance.  

 

Le journal du paradis, c’est le Daily Cieux.

   

Yfaut et Yaka sont dans un bateau ; Yfaut tombe à l’eau, Yaka l’repêcher.

 

Chaque matin, s’ils ne sont pas morts, les vieux vont aux nouvelles.

 

Le poète a latitude d’explorer toutes les longitudes.

   

Etre réduit à la portion congrue, c’est fort peu. Moins, c’est incongru.

 

Peut-on dire de quelqu’un
dont la vie dépend des autres pour tout qu’il
est riche ?
La bouche est elle riche ?

Peut-on dire de quelqu’un
qui n’a rien à attendre des autres qu’il est pauvre ?
Les mains sont elles pauvres ?

 

Curieux comme mystique s’oppose à mastoc.

 

On a mis bien des ouvrages majeurs à l’index.

 

Quand le brouillard tombe, on voudrait qu’il se casse.

 

Au matin, la nuit tombe de sommeil.