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25 août 2011 4 25 /08 /août /2011 07:57

Notre Racine

 

Qui es le Centre 

 

Que Ton souvenir

 

Nous revienne, 

 

Inonde toute chose

 

Et l'emplisse

 

Afin que Ta volonté

 

Soit nôtre

 

Sans qu'il n'y ait plus de distance 

 

Que la sève de Ta présence

 

Soit à chaque instant

 

Notre seul aliment .

 

Pardonne à notre inconscience

 

Afin que nous acceptions celle des autres

 

Ne permets plus que nous rampions   

 

Mais détache nous de l'oubli de Toi, 

 

Amen.

 

 

 

 

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24 juillet 2011 7 24 /07 /juillet /2011 09:46

 

011 

L'habitacle de chair, le scaphandre, la tombe de mon être subtil était en train de rendre, assis, un dernier hommage au résultat du clivage constant qui s'opère entre énergie et déchets, lorsque me passa entre les deux oreilles ce léger courant d'air :

 

D'où vient, que signifie ce curieux verbe : Aller ?

 

Qu'on devrait normalement conjuguer : j'alle, tu alles, il ou elle alle, etc.

 

L'inspiration qui m'est venue, c'est qu'aller, c'est valler, dont on aurait par usure et facilité gommé le V.

 

Je vais = je valle, etc.

 

La vallée étant le point de ruissellement de l'eau, qui va toujours son chemin librement, toujours dévale.

 

Une remarque, en passant : la graphie du V illustre bien le Vase, le Vide, la Vallée, le Vaisseau, le Vagin, la Valise, tous réceptacles plus ou moins amples. On trouvera sûrement des contre-exemples, aussi ne m'engagè-je pas dans cette voie incertaine. Tiens, la Voie, encore un chemin creux où l'on valle et dévale. La Voix de même, puisqu'elle est le Véhicule de Plus grand que nous.

 

Où en étais-je ?

  

Oui, aller, valler, suivant sa pente. Aller "à la selle" l'illustre bien, ce mouvement naturel.

 

Mais Ouiqui n'est pas d'accord. Ouiqui a des choses intéressantes et précieuses à dire, et mérite - ici, tout au moins - qu'on l'entende.

 

Pour moi, j'entends Ouiqui, mais mon petit courant d'air me Va bien aussi.

 

Tout simplement, il se surajoute.

 

Les mots sont à tout le monde, chacun a le droit d'y musarder et d'y entendre ce qu'il veut.

 

C'est un exemple concret d'une liberté inconditionnelle.

 

 

PS : je suis toujours en pause. Je ne sais jusqu'à quand.

 

 

Pour le fun :

 

Trouvé chez Gilles Bonafi :

 

Et chez Paul, le précieux McKenna :
 
 
 
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15 juillet 2011 5 15 /07 /juillet /2011 20:57

img_1689-1-.jpg

 

Tant qu'on est dans un corps, on connait la trouille. Je ne voudrais pas donner à mes lecteurs l'illusion que j'en suis préservé.

 

Une illustration : venant d'écrire trois sujets coup sur coup, je vois avec satisfaction (mettre entre guillemets : je) que mon stock ne s'épuise pas, parce que quand le niveau (quantitatif)  baisse, "je" m'inquiète.

 

Mézalors, comment je vais faire "moi" avec "mes" lecteurs, si l'inspiration s'arrête ?

 

C'est pas de la trouille, ça ? La pétoche, les foies, la tremblante du mouton ? 

 

Et que je manque de défaillir, et qu'il faut que j'aie recours à de vénéneux alcools horriblement dispendieux et pas remboursés ou à la consolante présence et aux bons soins de Mme VJ... 

  

Puis, l'esprit, celui qui souffle où (et quand) il veut, celui qui renverse toutes les constructions des hommes et de leur mental, l'esprit toujours bien venu répond : "Hé bien, tu n'écriras plus."

 

Ben oui, c'est simple. Moi, je suis le robinet, et lui, l'Eau.

 

A quoi sert un robinet quand l'eau fait défaut ?

   

 

Post scriptum : Parfois, faute de temps pour faire des photos, je cours le ouèbe pour chercher des illustrations. C'est le cas pour ce sujet. A gerber, sauf vot'respect. J'ai essayé plusieurs belles photos, mais impossible de les copier. Ces seigneurs qui se sont offert un appareil photo à 100, 300 ou 800 € sont les propriétaires exclusifs de leurs oeuvres, et n'en veulent rien lâcher. Pas qu'ils aient forcément une once de talent, non. Donnez un appareil photo à un chimpanzé, et au bout de 3 essais, il fera une honnête photo d'un puits. Sera-t-il propriétaire du puits ? L'a-t-il creusé ?

 

La pourriture guette à chaque pas. J'espère que si quelqu'un me voit pourrir, il me le dira.

 

Pour montrer la différence, j'ai gardé l'image qui illustre cet article. Nul mérite de ma part, le cul dans mon fauteuil. Les gens qui ont photographié ce puits et ceux qui l'ont creusé, les voici. Ils n'ont pas réservé leurs droits. Ils se sont esquintés à faire une oeuvre absolument vitale. Eux sont des seigneurs, qui ne se sont pas suffi de faire valoir le boulot des autres avant de mettre leur griffe : droits réservés.

 

Parfois, la colère me prend, puis, heureusement, avant que mon esprit ne ravage tout, comme c'était dans ma jeunesse impétueuse, je cherche à atténuer. Il y a encore tant de gens qui s'accrochent partout !  Des morbaques!

 

Alors, plutôt que de pulvériser, je transforme - c'est dur - ma colère de feu en patience, en espérant que l'énergie produite par ce rétro-pédalage servira à l'alchimie universelle.

 

Et qu'ils auront une bonne cave là-haut. 

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19 juin 2011 7 19 /06 /juin /2011 18:20

Albert_Bierstadt-_Among_the_Sierra_Nevada_Mountains-1-.jpg

 

Albert Bierstadt, Among the Sierra Nevada Mountains, 1868

 

Ça y est, il a fini par partir, le vieux monsieur. Les médecins lui avaient bien proposé encore des traitements, des trucs lourds, mais il a évité l'écueil, il n'a accepté que des choses qui ont gommé une partie de sa souffrance, jusqu'à ce qu'il trouve la passe.

 

L'une de mes filles, la veille, a rêvé de lui jeune et fringant. Le corps est un bunker, comme le disent ceux qui après une expérience de mort imminente, y sont revenus.

 

Sorti de cette casemate, de ce tombeau, son esprit s'est envolé. Facétieux, le pépé : à l'heure de sa mort que j'ignorais encore, à quelques instants près, j'entrais dans ma cuisine. Au moment où j'allumai la lumière, les lampes du plafonnier ont pété dans une détonation sèche, au point de faire disjoncter. Curieuse coïncidence ?

 

Parti, le jeune homme qui coula dans ma jeune mère des graines qui firent des êtres dissemblables.

 

Semblable et dissemblable nous avons été, lui et moi.

 

Parlant de moi, lui et elle disaient souvent : il nous en a fait voir.

 

Je suis bien content de ça, de vous en avoir fait voir, de toutes les couleurs. C'est que sur certains points, vous étiez aveugles, mes parents. Les oeillères de l'éducation reçue, l'ombre du passé, la poigne des convenances.

 

Il a fallu faire votre éducation.

 

On parlait quand j'étais adolescent du "fossé des générations". Peut-on le définir nettement ? Il n'y a pas de fossé entre mes enfants et moi, mais oui, quel gouffre entre vous, mes parents, et moi ! Heureusement, on a jeté quelques passerelles. On se parlait de la pluie et du beau temps, on s'estimait. Mais jamais parlé de fond. Jamais parlé à mes parents comme je parle sur ce blog, librement, ou comme je parle à mes enfants, d'âme à âme.

 

Un fossé, oui. Comme entre des continents séparés. Des ères géologiques.

 

Alors oui, vous en faire voir, du nouveau. Parce que ce que vous cherchiez en toute bonne foi et soumission aux règles à m'inculquer, je le jetais comme du fumier. Les seules règles qui vaillent ne sont écrites nulle part, et nul ne peut y obliger quiconque.

 

Les seules règles qui vaillent viennent du fond de nous, en vérité et liberté.

 

C'est ça que je vous ai fait voir, mes parents, dans la douleur, la vôtre, parce que comment tenir un cheval sauvage, et la mienne, car comment accepter une quelconque tutelle, lorsqu'on a du feu dans les veines ?

 

Aujourd'hui, vos règles, j'en accepte certaines, parce qu'elles sont justes, et d'autres non, toujours pas. Mais vous-mêmes êtes devenus plus libres, plus souples, plus naturels, proches de vos intuitions.

 

Les gens me demandent quand est-ce qu'on t'enterre. Je réponds courtoisement. Mais je sais bien qu'on ne peut pas t'enterrer, puisque tu es jeune, fringant, facétieux, et libéré.

 

Ce que nous, les morts, allons mettre en terre, c'est ton vieux corps pourri, usé, esquinté, refroidi et tout suintant.

 

Heureusement, comme dans le vieux temps, il y aura un buffet après, pour que les morts redeviennent un peu plus vivants en déridant leur masque mortuaire. J'espère qu'un ou deux repartiront un peu pompette. 

 

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13 mai 2011 5 13 /05 /mai /2011 08:36

saumon-1-.jpg

 

Nous étions assis sur un banc, à regarder couler le fleuve, et les couples d'amoureux attendris à l'ombre des arbres, les jeunes filles allumant des cigarettes comme si toute la liberté du monde se trouvait là, dans ce geste d'allumer une cigarette, en riant dans l'air chaud de ce début d'après-midi.

 

Comme dans les romans russes, les gens se promenaient en parlant de choses et d'autres. Comme dans une nouvelle de Meyrinck, deux hommes parlaient de la Torah. D'autres passaient en vélo, lunettes, écouteurs, comme des insectes insensibles et hermétiques.

 

Nous étions assis sagement, nous tenant la main.

 

Soudain, une dame fut là, et demanda si elle pouvait s'asseoir. Bien sûr. Nous nous poussâmes un peu. Elle était âgée, sans doute, et d'un très beau visage ovale aux yeux brun foncé. J'en dis ce que j'ai vu en un instant.

 

Quelques pas en arrière, une dame plus jeune, mais dans la soixantaine, tout de même, essouflée, embarrassée dans les vêtements de demi-saison posés au cours de la promenade.

 

Nous étions là, tous quatre : moi, ma douce, la vieille dame et sa dame de compagnie, peut-être, à regarder couler ce fleuve et les couples printaniers.

 

La dame demanda dans quel sens coulait le fleuve. Peut-être n'avait-elle pas de bons yeux, ou voulait-elle entendre le son de notre voix.

 

- De gauche à droite, répondis-je, du Sud au Nord (j'étais justement en train de lire sur le symbolisme polaire). 

- Et les saumons vont à l'inverse, dit-elle.

- Oui, ils remontent là où ils sont nés, pour frayer.

- Et ensuite ils meurent, ajouta-t-elle.

- Je crois, mais je n'en suis pas sûr.

 

J'ai vérifié, depuis, et vu que certains saumons font deux fois le voyage, cet immense voyage de plusieurs milliers de kilomètres, ce voyage invraisemblable.

 

La conversation cessa, et nous restâmes très calmement en silence. Puis les deux femmes se levèrent, nous remercièrent et s'en furent.

 

A ce moment, nous vîmes que la vieille dame était en fait une très vieille dame, malgré une silhouette fine et une démarche élégante ; elle avait un chignon de cheveux bleus noués dans un filet, comme on n'en voit plus, comme si elle avait été un très vieil exemplaire de la fée bleue.

 

Mme VJ, un peu impressionnée, dit : c'était une comtesse, ou une princesse.

 

C'est vrai que c'était une rencontre un peu étrange, presqu'onirique.

 

Quelque instants plus tard, je dis : c'est un peu comme la rencontre d'un ange, ou d'une présence invisible; elle est venue nous parler des saumons, et de ce voyage de retour. C'est ce qu'elle voulait nous dire, le message qu'elle avait à nous délivrer.

 

Le symbolisme du voyage du saumon est l'un des plus puissants et des plus évocateurs qui soit, car il évoque la descente de l'esprit dans la matière, puis sa difficile remontée.

 

C'était une belle après-midi un peu songeuse, un samedi de mai 2011.

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16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 11:53

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Le Japon est une île, un groupe d'îles.

 

C'est ce qui rend cette folie encore plus symbolique. Comment s'échapper d'une île, lorsque tout foire ?

 

Le Japon est une nasse.

 

La Terre, c'est le Japon. Comment s'échapper d'une planète ronde, quand tout s'embrase ?

 

La folie humaine n'a aucune limite, elle, dans son désir de posséder. Pourtant, lorsqu'on regarde bien, il n'y a rien à posséder, toutes les richesses se transforment en cendres.

 

Cendres que l'or, le sexe et le pouvoir. Tout retombe et pourrit. Si l'or ne se corrompt, son pouvoir corrupteur est immense.

 

La soif de l'or - auri sacra fames, disait déjà Virgile, l'exécrable faim de l'or - a rendu l'air irrespirable. L'or dit noir continue de souiller toutes les eaux du monde, et la vie déserte les mers. Mais rien n'arrêtera ce fantastique mouvement. Rien d'autre qu'un ultime éclair de conscience. 

 

Les hommes craignent la lumière, et la cherchent dans l'or métal, le diamant. Leur peur de mourir est si grande qu'ils cherchent à s'entourer de hochets inaltérables. Mais aucune matière n'est éternelle. 

 

Trente-cinq millions de destinées empilées dans une seule ville, cent trente millions de gens vieillissants dans ces îles, dont le moteur principal depuis cinquante ans est l'enrichissement, individuel et collectif. Guerre insensée entre les peuples, entre chaque personne pour prendre le pouvoir ou le conserver.

 

Le Japon est une île dans laquelle comme partout la poésie est morte et la beauté exsangue. Cette immense folie, cette immense hallucination collective révèle aujourd'hui son envers. Les richesses extérieures ne sont que boue et cendres.

 

Après Haïti, le golfe du Mexique, l'ensemble de la Terre est le prochain Japon.

 

Aucun moyen d'échapper, que les choses soient claires. Nous devons faire face à ce que nous sommes, à ce que nous avons voulu ou accepté, manger le fruit amer de la connaissance.

 

Nous n'échapperons pas avant. C'est en le mangeant, en connaissant intimement son goût et la marque brûlante qu'il laisse en nos entrailles que nous traverserons le miroir.

 

Pourquoi être triste ou terrifié, puisque ce n'est que notre reflet ? 

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12 mars 2011 6 12 /03 /mars /2011 11:19

ZAVATTA, bien sûr !

 

Je suis en train de lire l'autobiographie de M. Achille "Viva Zavatta", qui fort civilement cite le nom de son "nègre", M. Jacques Labib. Ce bouquin date de 1976.

 

J'aime les vies extraordinaires, et surtout les autobiographies. Parmi beaucoup : Rencontre avec des hommes remarquables, de Gurdjieff, presque toute l'oeuvre Alexandra David Néel, les mémoires de Benvenutto Cellini, Ma Vie, de Carl Gustav Jung, etc.

 

Né en 1915, AZ est élevé au cirque. Il apprendra à lire vers 30 ans, tout seul, en déchiffrant les grosses lettres des affiches. Puis il aura une frénésie de lecture.

 

Le cirque du papa, un colosse de 120 kgs qui mène sa famille à coup de "trempes" a des hauts et des bas. A sa mort, Achille pleurera l'homme qu'il aimait "le plus au monde". A douze ans, Achille pesait 25 kgs. Un cirque refuse de lui faire faire un numéro, car, trop maigre, il fait pitié.

 

Six ans plus tard, après un entraînement acharné, c'est une boule de 80 kgs de muscles, qui rêve d'en découdre.

 

Je passe sur mille choses. Achille a des côtés complètement primaires. Il a un goût prononcé pour d'exécrables blagues. Pour les femmes aussi. Plus tard, il apprendra à aimer l'alcool et les cuites.

 

Fou de travail, en période de vaches maigres, il fait des numéros chez Bouglione, donne plusieurs galas par jour, et le vélo-taxi la nuit.

 

La notoriété vient peu à peu. A la sortie de la guerre de 39, après avoir fait le coup de feu en libéral, il achète un cirque et enchaîne les spectacles : le "cirque américain" Bostok, composé de gens qui, s'ils savent à peu près tout faire, ne parlent pas un mot d'anglais. Ils roulent en Jeep et distribuent des Camel achetées en gros, et lancent des : Hello ! Howayou ? et ont ordre de décamper dès qu'ils tombent sur qui les interpellerait dans la langue de Milton ou d'Henry Thoreau : Babaïe, beïbi.

 

Achille est un futé. Le cirque américain enchante les villes de province. Au point de s'attirer les foudres des frères Amar.

 

Un jour, arrivant à Chartres où il doit donner une représentation, le cirque Bostok est arrêté par une troupe de gendarmes. Le spectacle est interdit. Mais AZ ne l'entend pas de cette oreille. Il dit à ses chauffeurs de rouler pare-chocs contre pare-chocs, et enfonce le barrage. Arrivés sur la place poursuivis par les flics, les camions font le cercle, comme au Far West, et les gars du cirque montent se coucher sur les toits fusils en main.

Achille prévient : si on l'attaque, c'est la guerre. Qu'on aille chercher le maire. Lequel fait son apparition plus tard, piteux. Achille l'apostrophe au porte-voix. Que s'est-il passé ? Pourquoi le spectacle est-il annulé ? La foule s'amasse, et entend les échanges. Le maire qui ne s'attendait pas à faire la connaissance d'un pareil loustic, sous les huées de la foule, doit reconnaître que les frères Amar l'ont acheté - pour les vieux, dit-il.

 

A la suite de quoi, les Amar, prenant la mesure de leur concurrent, renoncent à l'intimidation.

 

Le soir, le spectacle est autorisé. Voilà le bonhomme. Il reconnaît être un peu dingue. Au cirque, il fait tout y compris des numéros dangereux avec des fauves.

 

Le parrain de son cirque est l'acteur Erich von Stroheim. 

 

La consécration vient avec la télé. Son plus fameux numéro de clown "le Réveillon de l'homme sandwich" est malheureusement introuvable.

En voici l'origine : un soir de réveillon, Achille, plein aux as, emmène sa nouvelle conquête en virée. Il invite aussi un copain dans la dèche. Achille, grand prince, prend 300 000 balles, ce qui d'après mes calculs représente à peu près 6 mois de SMIC, environ 6 ou 7 000 €. Avant de partir, lui et son copain jouent à la "passe anglaise". En quelques minutes, le fric change de mains. Le copain dit : t'inquiète, c'est moi qui invite.

 

A la fin de la soirée, il reste 40 000 francs (plus ou moins 7 ou 800 €). A la porte de la boîte où ils ont fini la soirée, il y a un clodo qui se les gèle. Achille dit au copain : file moi ce qui reste.L'autre lui donne. Achille les tend au clochard. Un coup à le tuer, dit-il dans son bouquin. Le copain lui dit : t'es fou !

 

Ce soir là, Achille a acheté à un homme l'idée du plus beau numéro de clown qui ait jamais été joué, et qui faisait immanquablement pleurer les foules. 

 

 

 

achille-zavatta[1] 

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25 février 2011 5 25 /02 /février /2011 08:15

En hommage à M. Raymond Devos, et parce qu'hier, en ville quelqu'un m'a souri, ce petit essai à la manière de ce grand homme :

 

Hier, Messieudames, je me suis rendu à la zone commerciale qui a poussé à trois pas de chez moi. Je cherchais le marchand d'enclumes pour une réparation. Mon ami Marcel et moi avons créé un petit orchestre, lui à la flute de Pan, moi à l'enclume. J'ai douze enclumes, sept pour les tons, cinq pour les demi-tons. Non, pas les marmitons. Vous êtes un peu dur de la feuille ? Moi aussi. Avec tous ces feuilletons...et à force de taper sur les enclumes. Avec quoi ? Avec une masse, un marteau, un pied de biche, une barre à mine, ça dépend. Et pour les passages délicats, avec un balai de soie. Non, ça ne va pas de soi.

 

L'autre soir, nous étions en pleine répétition de la Moldau - non, pas la boldo la boldo la boldoflorine - la MOLDAU, de Smetana, au moment de la chute, Marcel soufflait si fort dans sa flute qu'elle lui échappe et tombe sur l'enclume en si bémol. "Flute" dit-il. "Pan" réponds-je en assenant un coup de masse. "T'es marteau ?" dit Marcel. "Ça m'a échappé" réponds-je.

 

Donc Marcel a commandé une nouvelle flute et moi, j'attendais le marchand d'enclumes pour faire réaccorder le si bémol.

 

Et alors, Messieudames, alors que je faisais les cent pas devant sa boutique, j'ai connu des gens qui à force de faire les cent pas ne peuvent plus s'en passer, et sans passé, comment envisager l'avenir, je vous le demande, je faisais les cent pas à trois pas de chez moi, c'est pas facile, je passais et repassais sans cesse devant mes fenêtres en me disant : pourvu que je ne me voie pas, je vais finir par me demander ce que je fais là, avec mon enclume en si bémol à faire les cent pas parmi les passants lorsque soudain : quelqu'un m'a souri.

 

Vous vous rendez compte ? Quelqu'un que je n'avais jamais vu de ma vie, sans le moindre motif, quelqu'un m'a souri. Je vous demande un peu. Un peu, pas plus. Mais où va-t-on, Messieudames ? Si maintenant les gens vous sourient sans raison ? Il n'était même pas chauve. On sait que les chauves sourient. Mais celui-là il avait toute sa tête. Enfin, tous ses cheveux. Parce que la tête, je vous demande un peu ? Non, un peu, comme ça, pas plus, ça ira, merci. Faut pas avoir toute sa tête. Imaginez un monde où les gens se sourient comme ça, sans motif. De la pure provocation.

 

Alors, d'indignation, les bras m'en sont tombés. Avec l'enclume évidemment, ça a fait du bruit. Un passant m'a dit : "Vous me cassez les pieds, avec votre enclume" avant de trépasser. Ça me dépasse, un passant qui trépasse pour si peu...certainement quelqu'un qui n'aimait pas la musique. Heureusement, le marchand d'enclumes est arrivé et m'a remis les bras parce que c'est pas facile à faire tout seul.

 

Il était déjà parti, le salopard, c'était trop tard pour lui faire un bras d'honneur, mais, parole d'homme, la prochaine fois que je vois quelqu'un sourire, au lieu de faire la gueule comme tout le monde, j'appelle la police.

 

 

NOUVELLE PETITE PAUSE EN VUE. BON OUIKENNDE A TOUS MES LECTEURS ET AUX AUTRES.
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18 février 2011 5 18 /02 /février /2011 13:57

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Le Christ disait : si tu as la foi gros comme la moitié d'une cacahuète, dis à cette montagne "jette-toi dans la mer" et elle le fera.

 

La montagne ne répond pas : je mets mon maillot et j'arrive, non. Toutes les montagnes finissent à la mer, c'est leur destinée, mais ça va moins vite que ça. Par un phénomène qui nous dépasse et qu'on appelle "érosion".

 

L'érosion, c'est l'acharnement continuel de petites et de grandes pluies qui la lavent des souillures des hommes et du caca des bêtes, toujours naturellement sans gêne, la caresse appuyée du vent qui la fait frémir dans ses interstices, la pression du gel et la brûlure amoureuse du soleil; immuablement, ces comparses érotiques, très anciens sextoys la labourent et la baisent tour à tour, jusqu'à ce qu'enfin devenue sable roulé, lavé et relavé, rompue, elle serve de plage aux hordes frénétiques des citadins en liberté surveillée en attendant qu'un gigantesque tsunami nettoie tout.

 

Tout va à son but. Le but de la montagne, c'est la mer.

 

Ce que le Christ ajoute, c'est l'intention. L'intention accélère, ou peut accélérer le mouvement. Les fakirs qui font germer une graine en une heure pour en faire une plante aboutie y parviennent. Quel fakir est prêt à le faire sur un hectare ?

 

Nous pouvons changer le monde. Nous avons ce pouvoir. Le Christ l'a dit, et beaucoup le disent encore. Mais c'est par la patience que les choses changent, l'intention, l'application soutenue des jours et des jours.

 

La révolte des tunisiens ou des égyptiens n'a pas duré une heure. Ben ali s'est jeté à la mer, parce que des semaines entières, l'effort n'a pas faibli. Dans le monde matériel où nous sommes descendus, rien de durable ou de grand ne se fait en un clin d'oeil.

 

Certains disent que répété 21 jours durant, un acte devient inhérent, gravé dans la chair et acquiert un pouvoir.

 

Nous pouvons changer ce monde. Nous pouvons individuellement changer notre existence, transformer un fardeau en cadeau, un enfer personnel en jardin. Ensemble, et nous sommes nombreux, nous pouvons changer le monde.

 

Mais il en est comme de la météo. A son travail, Mme VJ assiste à de sempiternelles réunions au cours desquelles chacun est censé dire ce qu'il souhaiterait. Rien ne change jamais. Ce que l'un voudrait, l'autre n'en veut pas. Des millions de petits bonshommes fermés à tout ce qui n'est pas eux, et qui parlent, parlent, parlent et dorment en rond.

 

Ce que nous devons savoir, le plus petit dénominateur commun, c'est ce dont nous ne voulons plus, dont nul ne veut plus. D'abord. Plus de meurtre, de violence, de mensonge, de chantage. En pratique, chez soi, ça commence par ne plus tuer le voisin derrière son dos, ne plus malmener les enfants et le conjoint, dire toujours la vérité, cesser les stratégies. Lorsque ce comportement nous est devenu naturel, le monde a changé. Gagné. La montagne a déjà un pied dans la mer, ou l'ongle du petit orteil.

 

Lorsque je change, l'autre change aussi. Parfois en pire.

 

Si tous nous cessons de mentir, d'assassiner, d'empoisonner, ce mouvement induit un déséquilibre qui effraie les gens bien assis sur leurs avoirs et leurs habitudes. Ayant peur, ils s'énervent et lâchent les chiens. Ce qu'a fait benali, avant de partir comme une diarrhée chez ses collègues mafieux d'arabie séoudite.

 

Mais la montagne n'a pas fondu. Les tunisiens, les égyptiens doivent veiller et veiller encore, car d'autres loups sont prêts à entrer dans leur bergerie.

 

Dans le monde d'aujourd'hui, des millions de consciences ne veulent plus du modèle ancien. Mais chacun voudrait sa petite météo à lui.

 

La vraie foi, me semble-t-il, est celle qui sait ce dont elle ne veut pas, mais laisse la porte ouverte à ce qui advient, sans cliquer sans cesse sur la touche : beau temps.

 

Car ce qui advient est toujours supérieur à tout ce que les hommes peuvent désirer.

 

 

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15 février 2011 2 15 /02 /février /2011 19:37

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Tous les signes vont dans le même sens : les puissants de ce monde sont en train de, ou d'essayer de fermer le couvercle sur le bocal.

 

A l'intérieur : nous.

 

Tous les messages vont dans le même sens : aucun espoir, plus de sortie, faits comme des rats.

 

Et les hommes crèvent de peur.

 

Tout est fait, organisé, mis en scène pour que nous ne mettions pas en doute la réalité de ce monde, pour que nous ayions peur, et que l'effroi nous paralyse et nous empêche d'agir.

 

Le serpent fascine, c'est sa méthode. 

 

Pour moi, cette ruine, ce dramatique constat, c'est une vraie chance.

 

S'il ne reste aucune terre à explorer, aucun échappatoire romantique, aucune île déserte où s'enfuir, le monde n'est pas fermé pour autant.

 

Chaque issue était déjà une rêverie. Toutes les rêveries condamnées, il nous reste à constater que nous sommes le Rêve.

 

Acculés à l'impossible, aux murs étanches, nécessairement nous mourrons ou les franchirons.

 

Beaucoup mourront, certes, mais certains passeront. Le plus grand nombre mourra en passant, ou mieux, passera en mourant. Mais ce monde n'aura que des cadavres, des coquilles vides à se mettre sous la dent.

 

L'essentiel sera passé. Nous sommes cette essence imputrescible et inatteignable.

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Présentation

  • : Le jardin de Vieux Jade
  • : Arrivages du jour, légumes secs, mauvaises herbes, quelques trucs qui arrachent la gueule. Taupes, censeurs et culs bénits s'abstenir. Si vous cherchez des certitudes, c'est pas l'endroit.
  • Contact

Décidément rétif à l'ordre bestial, j'ai fixé ma résidence ailleurs, d'où j'observe le déroulement des temps infernaux, fumier des plus belles fleurs.  J'ai un jardin secret, où les plantes poussent toutes seules. Servez-vous, si le coeur vous en dit, sans tenir compte de la chronologie, car comme le mot le dit clairement, l'heure est un leurre.

 

Une précision concernant les commentaires : n'ayant pas toujours le temps ni l'énergie de répondre aux commentaires, ceux-ci restent ouverts, sans aucune garantie que j'y réponde. Je me réserve cependant le droit de sabrer les inconvenances, dont je reste seul juge.

 

Ici, je n'est pas un autre.

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Lave

Après l’explosion

Nul ne l’a sue

Le jour d’après

Coule la lave

Brûlent les cendres

Lave la lave

Mange la louve

Larmes sans sel

De régime

Cuit et recuit 

Frottent les cendres

Récurent

 

Pas encore nu,

Pas tout à fait ?

Restent des choses

Bien accrochées

Des salissures

De vieux fantômes

D’anciennes guerres

 

Qui peut le faire, si ce n'est toi ? 

 

Nettoie

 

Les notes glissent

Comme des larmes

Gouttes de feu

Sur la paroi

 

Qui m’a volé le cœur ?

Qui m’a trempé vivant,

Comme une lame ?

Qui m’a fouetté les yeux,

M’a déchiré le ventre

Me baisant les paupières

Et m’enduisant de baume,

Me prenant par la main,

Pour me conduire

Dehors ?

Les dits de Lao Yu

LE BUT DE LA QUÊTE EST DE N'AVOIR

NI BUT, NI QUÊTE

 

***

 

QUE SAIT-IL DE LA PESANTEUR,

CELUI QUI N'EST JAMAIS TOMBÉ ?

 

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C'EST SOUVENT LORSQU'ELLE S'ENFUIT QU'ON PERÇOIT L'ESSENCE DE LA BEAUTÉ

 

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LA MER A DES MILLIARDS DE VAGUES QUI BATTENT TOUS LES RIVAGES. OU EST LE CENTRE DE LA MER ?

 

***

 

CE QUI EST MORT N'A AUCUN POUVOIR SUR CE QUI EST VIVANT

SEULS LES MORTS CRAIGNENT LES MORTS

 

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QUAND LE NID BRÛLE, LES OISEAUX S’ENVOLENT

 

***

 

C’EST DANS LA CHUTE QUE LES AILES POUSSENT

 

***

 

CE QUI PEUT ÊTRE PERDU EST SANS VALEUR

 

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LA MAISON EST PLUS GRANDE QUE LA PORTE

 

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L’ERREUR EST LA VOIE

 

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LA ROUTE EST DURE A CELUI QUI BOÎTE

 

***

 

LA LUMIERE DE L’ETOILE EST DANS L’ŒIL QUI LA REGARDE

 

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LES PETITS NOURRISSENT LES GRANDS

 

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LES RICHES ONT UNE BOUCHE
MAIS PAS DE MAINS POUR LA REMPLIR

C’EST POURQUOI IL LEUR FAUT
DE NOMBREUX SERVITEURS ;


CEUX QUI ONT DE NOMBREUX SERVITEURS
NE SAURAIENT VIVRE SEULS,

CE SONT DONC DES PAUVRES ;


CELUI QUI PEUT VIVRE SANS SERVITEURS 
EST DONC LE VERITABLE RICHE.

 

***

 

VIVRE C’EST REVENIR SUR SES PAS

 

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LA NUIT LAVE LE LINGE DU SOLEIL

 

***

 

LES RUISSEAUX EMPORTENT LES MONTAGNES

 

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UNE EPINE DANS LE PIED DU GENERAL : L’ARMEE S’ARRÊTE


***
 


UN PORC EN HABITS DE SOIE RESTE UN PORC,
COMME UN DIAMANT DANS LE FUMIER

RESTE UN DIAMANT.

MAIS LA PLACE D’ UN DIAMANT

EST DANS UN ECRIN DE SOIE,

ET CELLE D’UN PORC DANS LE FUMIER.

 

***

 

COMME SEULE L’EAU ETANCHE LA SOIF,
SEULE LA JUSTICE COMBLE LA FAIM DE JUSTICE

 

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DU COLIBRI A L’AIGLE, IL EXISTE DE NOMBREUX OISEAUX

 

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LE DEDANS REGLE LE DEHORS

 

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L’EPONGE BOIT LE VIN RENVERSÉ
ET LA ROSÉE DU MATIN

 

 

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LORSQU'IL DECOUVRE LE MIEL,

L'OURS OUBLIE LA PIQÛRE DES ABEILLES

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisez-Moi Lisez Moi Lisez Moi

Des mots des mots des mots des

Quand à un livre je me livre , ce que je lis me délie.

 

 

Je me demande pourquoi on n'a pas encore une loi qui oblige à faire bouillir les bébés à la naissance, afin qu'ils soient parfaitement stérilisés.

 

Circuler, pour mieux s'ôter.

Toute notre vie, on attend une grande cause pour se lever, et on passe sa vie accroupi, à croupir.

Le lucane aime prendre l'R le soir à sa lucarne.

Ce qu’il y a de bien dans l’état de siège, c’est qu’on prend le temps de s’asseoir.

 

 

Les oiseaux sont les poissons du ciel,

nous en sommes les crabes


Heureux les déjantés, ils quitteront plus facilement la route commune!

 
L’argent n’a pas d’odeur, mais il y contribue.


Un vrai sosie, c’est invraisemblable.

   

Quand je grossis, je m’aigris ; et quand je m’aigris, je grossis.

   

Le temps, c’est de l’urgent.

   

Joindre l’utile au désagréable : se faire renverser par une ambulance.  

 

Le journal du paradis, c’est le Daily Cieux.

   

Yfaut et Yaka sont dans un bateau ; Yfaut tombe à l’eau, Yaka l’repêcher.

 

Chaque matin, s’ils ne sont pas morts, les vieux vont aux nouvelles.

 

Le poète a latitude d’explorer toutes les longitudes.

   

Etre réduit à la portion congrue, c’est fort peu. Moins, c’est incongru.

 

Peut-on dire de quelqu’un
dont la vie dépend des autres pour tout qu’il
est riche ?
La bouche est elle riche ?

Peut-on dire de quelqu’un
qui n’a rien à attendre des autres qu’il est pauvre ?
Les mains sont elles pauvres ?

 

Curieux comme mystique s’oppose à mastoc.

 

On a mis bien des ouvrages majeurs à l’index.

 

Quand le brouillard tombe, on voudrait qu’il se casse.

 

Au matin, la nuit tombe de sommeil.