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17 décembre 2011 6 17 /12 /décembre /2011 08:43

5 février 2010 109

 

Ce texte a été publié sur ce blog le 17 février 2010 sous le titre "le Retour du petit Poucet". Ayant rouvert une discussion sur le Temps, j'ai cru bon de le ramener à la surface.

 

La descente a eu lieu comme prévu. Nous sommes partis comme des flèches, chacun dans sa direction. Direction ? Le mur. Et nous sommes entrés dans le mur comme dans de l’ouate, ou du beurre frais, à près de trois mille fois la vitesse de la lumière.

 

Et là, peu à peu tout s’est obscurci, et nous avons tous perdu le contact, comme prévu également. Plus la moindre liaison ni avec le Centre, ni entre nous. Nous avons accepté de nous retrouver isolés, comme nous avons accepté d’être privés de nos mémoires, jusqu’à ce qu’arrivés au point de non-retour, le système d’alarme se mette en marche et enclenche les mécanismes de réversion.

 

C’est ce qui m’est arrivé. Aucune simulation n’aurait pu me donner le goût de ce que j’ai réellement vécu dans ce monde. J’ai connu ce que nous appelons ici le désespoir. Pour une raison que je n’ai pas réussi à appréhender, certains se détruisent sans même que leur système d’alarme se soit déclenché. Peut-être qu’ils ont une mission ou un rôle différent à tenir, ou qu’ils viennent d’ailleurs et que les mécanismes sont différents. Aucune idée. Il y a ici toutes sortes de théories qui toutes se contredisent, et pour ce qui me concerne j’ai depuis longtemps rejeté toutes ces hypothèses incertaines. Je vis en fonction de mes ressentis, j’essaie parfois de les communiquer, mais sans trop d’illusion.

 

La descente aurait pu se terminer à la naissance du corps, lorsque l’enveloppe est expulsée du corps de la mère charnelle, biologique. Peut-être est-ce le cas pour certains. Pour moi, elle a continué une trentaine d’années, qui ont été de plus en plus difficiles, pour culminer dans une sorte de cri lancinant. Et une nuit d’été que je n’oublierai jamais, je me suis éveillé presque nu sur une pelouse que la rosée commençait à refroidir, couvert d’excréments et de vomissures, la tête vibrante d’alcool, les tripes nouées, et soudain parmi les sanglots et les spasmes, un câble a jailli de mon ventre, en dessous du nombril, et a fusé vers le ciel, à une allure vertigineuse. Ramène-moi ! ai-je hurlé en silence. Et tout s’est arrêté. Autour de moi, la noirceur étincelait. J’ai vu qu’un pas plus loin, j’aurais été absorbé, tant la pression était dense, et tant ma lumière était devenue faible, presque morte.

 

Je n’ai pas eu peur, et depuis je n’ai plus jamais peur. J’ai déjà vécu ça en simulation, mais c’est quand même impressionnant de parvenir aux confins. Le plan du retour m’a été donné : suivre les traces de la descente, en repassant exactement par le même chemin. C’est très difficile à expliquer, car en termes de temps chronologique, il y a des choses qui paraissent impossibles : d’abord que la descente continue (ou puisse continuer comme ça a été mon cas) au-delà de la naissance physique, et ensuite que l’existence humaine ne va pas comme tout le monde le croit du passé vers le futur, mais du futur vers le passé, tout au moins lors de la phase de retour.

 

Et comme certains descendent alors que d’autres remontent, on se croise sans le savoir. C’est peut-être l’une des raisons pour laquelle certains coups de foudre amoureux n’ont pas de durée. Mais c’est une théorie, et je préfère ne pas théoriser.

 

La mémoire revient très lentement, et plutôt par à coups, par bouffées. Je ne fais aucun effort. Ca n’a pas d’importance. Je passerai nécessairement par l’aller, donc tout reviendra en son temps. Ce qui est le plus curieux, c’est de retrouver les cailloux blancs que j’ai laissé en venant. C’est cela, le souvenir, les traces.

  

Bien sûr, il y a des risques, et surtout celui de se laisser prendre au décor, emberlificoter dans les ronces du chemin, les distractions, les plaisirs terrestres. C’est vraiment le risque majeur.

 

Le fil s’enroule et exerce une traction constante, qu’on peut appeler le désir, la vocation, l’appel, la voie, peu importe le nom, mais la traction ne suffit pas à elle seule. Nous ne sommes pas des machines, je crois que nous avons été volontaires pour descendre, ou au moins que nous l’avons accepté. Si ça signifie une plongée dans l’inconscience la plus noire, normalement le déclenchement de la remontée rend suffisamment de conscience pour ouvrir les yeux sur les risques et sur les aléas du retour. C’est un double travail : l’un tire, et l’autre regarde où il met les pieds et se dégage des embûches.

 

Le vrai risque, donc, c’est de choisir consciemment de ne pas remonter. J’en ai des frissons à l’écrire, mais je le connais. J’en ai fait l’expérience. La tentation est parfois forte. C’est comme une forme de torpeur qui s’installe, que les Anciens appelaient « le Chant des Sirènes ». Heureusement, dans ces moments délicats, il y a un second système d’alerte qui se met alors à vibrer ; s’il n’est pas entendu, il procure alors des situations critiques qui permettent de ne pas sombrer.

 

Je n’ai pas d’informations à ce sujet, mais il est possible que certains des grands malveillants qui cherchent actuellement à prendre possession de cette dimension aient choisi de couper le fil et de rester ici. Ceux-là auraient donc débranché le système et cherché ici l’autonomie. Pourquoi pas ? Une vie d’immortel dans la matière la plus épaisse. Faut aimer.

 

Moi je n’ai jamais eu de doute ; mon désir est clair. Je remonte en suivant le sentier. En suivant les cailloux blancs de la Voie lactée.

 

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commentaires

S
Les eaux de la mer s’évaporent et s’élèvent très haut pour s’amonceler en des nuages voguant par-delà les collines et les vallées.<br /> A la rencontre des brises suaves, elles se laissent choir en pleurs sur les champs pour se rassembler dans les ruisseaux et rejoindre la mer, leur patrie. La vie des nuages est séparation et<br /> retrouvailles, larme et sourire.<br /> Il en va de même pour l’âme : elle se sépare de l’Esprit universel pour cheminer dans le monde de la matière et passer, tel un nuage, au-dessus des montagnes de tristesse et des plaines de joie,<br /> puis elle rencontre les zéphyrs de la mort ; dès lors elle revient là où elle était, à la mer de l’amour et de la beauté, à Dieu …<br /> <br /> Larme et sourire (Khalil Gibran)
Répondre
V
<br /> <br /> Un p'tit tour et puis s'en va...<br /> <br /> <br /> <br />
G
Le vieux jardin de Jade.<br /> <br /> Ne serait-ce pas le résultat d'un coma éthylique??????<br /> <br /> Remerciements<br /> Sincères salutations.<br /> Hugh.
Répondre
V
<br /> <br /> :)))<br /> <br /> <br /> Non, pas du tout.<br /> <br /> <br /> <br />
D
Petit oubli, 2 fois le 'chant des sirènes'comme vous dite m'on fait redescendre assez rapidemment, mais Grace a Dieu on peut toujours rectifier le tir! :)
Répondre
V
<br /> <br /> Oui, on s'endort, puis on se réveille, puis on se rendort, puis...<br /> <br /> <br /> <br />
D
C'Est incroyable que personne n'ai répondu a cette expérience merveilleuse!<br /> C'Est tout simplement votre renaissance en ce monde!<br /> Il y en a 3<br /> La naissance physique, la naissance psychologique, et la naissance énergétique.<br /> A la premiere,on subit son égo<br /> A la deuxième,on accomplit son égo<br /> A la troisième,on dépasse son égo<br /> La première lui Est donnée.<br /> Il doit construire la deuxième.<br /> Il transcende la troisième. (Noos la naissance a l'esprit, de Jean Hoyoux).<br /> "Je vis par rapport a mes ressentis,j'essaie parfois de les communiquer. (moi aussi)<br /> Bonne journée Cher Ami!
Répondre
V
<br /> <br /> Merci, mais je ne sais pas. J'essaie de ne pas théoriser.<br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Le jardin de Vieux Jade
  • : Arrivages du jour, légumes secs, mauvaises herbes, quelques trucs qui arrachent la gueule. Taupes, censeurs et culs bénits s'abstenir. Si vous cherchez des certitudes, c'est pas l'endroit.
  • Contact

Décidément rétif à l'ordre bestial, j'ai fixé ma résidence ailleurs, d'où j'observe le déroulement des temps infernaux, fumier des plus belles fleurs.  J'ai un jardin secret, où les plantes poussent toutes seules. Servez-vous, si le coeur vous en dit, sans tenir compte de la chronologie, car comme le mot le dit clairement, l'heure est un leurre.

 

Une précision concernant les commentaires : n'ayant pas toujours le temps ni l'énergie de répondre aux commentaires, ceux-ci restent ouverts, sans aucune garantie que j'y réponde. Je me réserve cependant le droit de sabrer les inconvenances, dont je reste seul juge.

 

Ici, je n'est pas un autre.

Recherche

Lave

Après l’explosion

Nul ne l’a sue

Le jour d’après

Coule la lave

Brûlent les cendres

Lave la lave

Mange la louve

Larmes sans sel

De régime

Cuit et recuit 

Frottent les cendres

Récurent

 

Pas encore nu,

Pas tout à fait ?

Restent des choses

Bien accrochées

Des salissures

De vieux fantômes

D’anciennes guerres

 

Qui peut le faire, si ce n'est toi ? 

 

Nettoie

 

Les notes glissent

Comme des larmes

Gouttes de feu

Sur la paroi

 

Qui m’a volé le cœur ?

Qui m’a trempé vivant,

Comme une lame ?

Qui m’a fouetté les yeux,

M’a déchiré le ventre

Me baisant les paupières

Et m’enduisant de baume,

Me prenant par la main,

Pour me conduire

Dehors ?

Les dits de Lao Yu

LE BUT DE LA QUÊTE EST DE N'AVOIR

NI BUT, NI QUÊTE

 

***

 

QUE SAIT-IL DE LA PESANTEUR,

CELUI QUI N'EST JAMAIS TOMBÉ ?

 

***

 

C'EST SOUVENT LORSQU'ELLE S'ENFUIT QU'ON PERÇOIT L'ESSENCE DE LA BEAUTÉ

 

***

 

LA MER A DES MILLIARDS DE VAGUES QUI BATTENT TOUS LES RIVAGES. OU EST LE CENTRE DE LA MER ?

 

***

 

CE QUI EST MORT N'A AUCUN POUVOIR SUR CE QUI EST VIVANT

SEULS LES MORTS CRAIGNENT LES MORTS

 

***

 

QUAND LE NID BRÛLE, LES OISEAUX S’ENVOLENT

 

***

 

C’EST DANS LA CHUTE QUE LES AILES POUSSENT

 

***

 

CE QUI PEUT ÊTRE PERDU EST SANS VALEUR

 

***

 

LA MAISON EST PLUS GRANDE QUE LA PORTE

 

***

 

L’ERREUR EST LA VOIE

 

***

 

LA ROUTE EST DURE A CELUI QUI BOÎTE

 

***

 

LA LUMIERE DE L’ETOILE EST DANS L’ŒIL QUI LA REGARDE

 

***

 

LES PETITS NOURRISSENT LES GRANDS

 

***

 

LES RICHES ONT UNE BOUCHE
MAIS PAS DE MAINS POUR LA REMPLIR

C’EST POURQUOI IL LEUR FAUT
DE NOMBREUX SERVITEURS ;


CEUX QUI ONT DE NOMBREUX SERVITEURS
NE SAURAIENT VIVRE SEULS,

CE SONT DONC DES PAUVRES ;


CELUI QUI PEUT VIVRE SANS SERVITEURS 
EST DONC LE VERITABLE RICHE.

 

***

 

VIVRE C’EST REVENIR SUR SES PAS

 

***

 

LA NUIT LAVE LE LINGE DU SOLEIL

 

***

 

LES RUISSEAUX EMPORTENT LES MONTAGNES

 

***

 

UNE EPINE DANS LE PIED DU GENERAL : L’ARMEE S’ARRÊTE


***
 


UN PORC EN HABITS DE SOIE RESTE UN PORC,
COMME UN DIAMANT DANS LE FUMIER

RESTE UN DIAMANT.

MAIS LA PLACE D’ UN DIAMANT

EST DANS UN ECRIN DE SOIE,

ET CELLE D’UN PORC DANS LE FUMIER.

 

***

 

COMME SEULE L’EAU ETANCHE LA SOIF,
SEULE LA JUSTICE COMBLE LA FAIM DE JUSTICE

 

***

 

DU COLIBRI A L’AIGLE, IL EXISTE DE NOMBREUX OISEAUX

 

***

 

LE DEDANS REGLE LE DEHORS

 

***

 

L’EPONGE BOIT LE VIN RENVERSÉ
ET LA ROSÉE DU MATIN

 

 

***  

 

LORSQU'IL DECOUVRE LE MIEL,

L'OURS OUBLIE LA PIQÛRE DES ABEILLES

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisez-Moi Lisez Moi Lisez Moi

Des mots des mots des mots des

Quand à un livre je me livre , ce que je lis me délie.

 

 

Je me demande pourquoi on n'a pas encore une loi qui oblige à faire bouillir les bébés à la naissance, afin qu'ils soient parfaitement stérilisés.

 

Circuler, pour mieux s'ôter.

Toute notre vie, on attend une grande cause pour se lever, et on passe sa vie accroupi, à croupir.

Le lucane aime prendre l'R le soir à sa lucarne.

Ce qu’il y a de bien dans l’état de siège, c’est qu’on prend le temps de s’asseoir.

 

 

Les oiseaux sont les poissons du ciel,

nous en sommes les crabes


Heureux les déjantés, ils quitteront plus facilement la route commune!

 
L’argent n’a pas d’odeur, mais il y contribue.


Un vrai sosie, c’est invraisemblable.

   

Quand je grossis, je m’aigris ; et quand je m’aigris, je grossis.

   

Le temps, c’est de l’urgent.

   

Joindre l’utile au désagréable : se faire renverser par une ambulance.  

 

Le journal du paradis, c’est le Daily Cieux.

   

Yfaut et Yaka sont dans un bateau ; Yfaut tombe à l’eau, Yaka l’repêcher.

 

Chaque matin, s’ils ne sont pas morts, les vieux vont aux nouvelles.

 

Le poète a latitude d’explorer toutes les longitudes.

   

Etre réduit à la portion congrue, c’est fort peu. Moins, c’est incongru.

 

Peut-on dire de quelqu’un
dont la vie dépend des autres pour tout qu’il
est riche ?
La bouche est elle riche ?

Peut-on dire de quelqu’un
qui n’a rien à attendre des autres qu’il est pauvre ?
Les mains sont elles pauvres ?

 

Curieux comme mystique s’oppose à mastoc.

 

On a mis bien des ouvrages majeurs à l’index.

 

Quand le brouillard tombe, on voudrait qu’il se casse.

 

Au matin, la nuit tombe de sommeil.