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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 07:48

Juste avant la sortie du sommeil, l'envie d'uriner suscite des rêves troubles de copulation (il semblerait que ce soit spécifique aux mâles), dont les partenaires sont parfois surprenants, parfois familiers, qui illustrent à la fois l'aspect compensatoire, protestataire, anarchique du rêve et la mécanicité pure de la sexualité. La vessie comprimée envoie des signaux d'impatience qui deviennent douloureux et provoquent une tension dans le corps jusque là relâché. Les pieds s'agitent spasmodiquement, se frottent l'un l'autre, un peu comme les gens se tordent les mains d'impuissance.

 

Je m'installe sur le dos pour calmer ça. Les boyaux en profitent pour émettre à leur tour des grondements obscurs et des galops de souris qui annoncent une prochaine révolution.

 

Jambes et bras ont envie de s'étendre, de grandir. Chevilles et poignets s'agitent, les doigts se serrent et se desserrent, la colonne elle-même se cabre et se tend comme un câble, nuque renversée en pont sur le matelas.

 

Chaque muscle, chaque tendon, chaque ligament s'ébroue dans la rosée du matin. Les poumons se gonflent et se vident profondément.

 

Le contact est mis, les bougies chauffent.

 

Après que le "centre instinctif", comme disait Gurdjieff, et beaucoup plus clairement Pierre Ouspenski, ait alerté le "centre moteur" sur l'imminence d'une réaction qui propulse le corps jusqu'aux toilettes, viennent les premières pensées mécaniques : j'ai rendez-vous chez le dentiste à 10 h 15. Je dois passer à la poste avant, et à la banque. Rien de tout cela n'est penser volontaire, c'est certain.

 

Mme VJ soudain tousse. Elle s'est couchée il y a deux heures. J'ai pour elle une bouffée de tendresse. Est-ce ce qu'on appelle "Amour"?

 

Non. Sentiment mécanique. Si on s'était fâché hier, je ressentirais des bouffées de colère et de rancoeur. Mécanique.

 

L'organisation de la pensée et celle des sentiments ressortissent aux centres intellectuel et affectif ou émotionnel.

 

Ce matin, je les ai bien identifiés, et clairement vu comment ils s'imbriquent et interréagissent.

 

Le centre instinctif est l'eau. Méduse agitée de soubresauts à chaque ridule de la vague qui la porte. Lorsqu'elle n'avait pas été éduquée, vessie et boyaux vidaient sur place. La mer est vaste et sans cesse renouvelée.

 

Le centre moteur qui permet d'atteindre les WC au bout du couloir, c'est la terre.

 

Les pensées qui se bousculent, et sur lesquelles je n'ai presqu'aucun contrôle, comme le savent ceux qui ont pratiqué la méditation, c'est le vent qui passe. Regardez les girouettes, ou allumez un feu (bientôt interdit), et vous verrez comme le vent tourne sans cesse.

 

L'amour, ma soeur, c'est le feu. Qui donne chaleur et brûle comme le dard d'un scorpion. 

 

Et moi, suis-je cela ? Le nom que je porte, est-ce cet assemblage fortuit qui s'oublie en permanence ?

 

Qui s'oublie, mais aussi ne se connaît pas, ignore qui et ce qu'il est, et s'illusionne, imagine, se laisse imprégner par tous les mimétismes et le désir de plaire.

 

Suis-je, moi, VJ, ce que j'écris ? Ce que je ressens ? Pourquoi écrire ? Pour me trouver bien, me plaire ? Plaire, vous plaire ? Mécaniquement ?

 

Au delà des quatre centres inconscients que nous rêvons être moi, Gurdjieff mentionne la conscience de soi, comme première étape à acquérir. Ce serait déjà un immense progrès que d'être conscient en permanence de son type unique et soudé.

 

Par rapport au réveil matinal, sortie du rêve de la nuit, ce serait (c'est une hypothèse personnelle) l'éveil, sortie de la torpeur du rêve de l'existence. Un parallèle supérieur.

 

De même que le réveil, l'éveil serait progressif.

 

J'imagine (comment le savoir ?) que de même que les organes boursoufflés de l'excrétion lancent l'alerte au centre moteur, une sorte de ras le bol "êtrique", pour reprendre le vocabulaire gurdjieffien met en branle une sorte de système supérieur.

 

De même que l'excitation nerveuse de la vessie et du système urinaire déclenche (chez le mâle, au moins) des scenarii érotiques, la crise de manque êtrique pourrait expliquer les rêveries mystiques.

 

Cette première étape déboucherait plus tard, une fois pleinement vécue sur la conscience objective. A ce stade, j'aurais la conscience permanente de la réalité véritable.

 

Voici le plan. La carte n'étant pas le territoire, il ne reste plus qu'à ouvrir la porte et marcher.

 

 

Pour qui voudrait voir ce schéma de plus près, il faudrait lire les livres de Gurdjieff. Commencer alors par le plus "romantique" : "Rencontre avec des hommes remarquables". Laisser soigneusement de côté les "Récits de Belzébuth à son petit-fils", pourtant hilarants par moments, mais indigestes au possible.

 

La lecture d'Ouspenski est indispensable : "Fragments d'un enseignement inconnu", bien sûr, en sautant à pieds joints, à moins d'être maso, l'histoire des hydrogènes, mais surtout un livre absolument indispensable pour sa clarté : "L'homme et son évolution possible". Evolution à comprendre dans le sens d'une reprise de nos facultés, non pas au sens darwinien ou magique.

 

Un autre livre très précieux, épuisé (on en trouve quelques exemplaires à Price Minister), qui relativise le mythe gurdjieffien et envoie au diable les successeurs autoproclamés de GIG : "Les Maîtres de Gurdjieff".

 

 

 

 

 

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commentaires

J
<br /> Marc sur son site au Bout de la route parle lui aussi de Gurdjieff aujourd'hui ... résonance ?<br /> <br /> <br /> http://au-bout-de-la-route.blogspot.com/2013/01/reflexion-sur-la-banquise.html<br />
Répondre
V
<br /> <br /> Merci, on finit toujours par arriver au pied d'un mur, et il s'agit de passer. Pour ceux qui voient qu'il y a un mur, évidemment.<br /> <br /> <br /> http://fr.wikipedia.org/wiki/The_Truman_Show<br /> <br /> <br /> <br />
R
<br /> C'est beau la conscience de soi .<br /> <br /> <br /> Merci ,c'est avec vous devant un feux de bois , avec un Chambertin ou pas ,mais non,passez vous de moi,de nous,du Monde et continuez notre plaisir à vous lire.<br />
Répondre

Présentation

  • : Le jardin de Vieux Jade
  • : Arrivages du jour, légumes secs, mauvaises herbes, quelques trucs qui arrachent la gueule. Taupes, censeurs et culs bénits s'abstenir. Si vous cherchez des certitudes, c'est pas l'endroit.
  • Contact

Décidément rétif à l'ordre bestial, j'ai fixé ma résidence ailleurs, d'où j'observe le déroulement des temps infernaux, fumier des plus belles fleurs.  J'ai un jardin secret, où les plantes poussent toutes seules. Servez-vous, si le coeur vous en dit, sans tenir compte de la chronologie, car comme le mot le dit clairement, l'heure est un leurre.

 

Une précision concernant les commentaires : n'ayant pas toujours le temps ni l'énergie de répondre aux commentaires, ceux-ci restent ouverts, sans aucune garantie que j'y réponde. Je me réserve cependant le droit de sabrer les inconvenances, dont je reste seul juge.

 

Ici, je n'est pas un autre.

Recherche

Lave

Après l’explosion

Nul ne l’a sue

Le jour d’après

Coule la lave

Brûlent les cendres

Lave la lave

Mange la louve

Larmes sans sel

De régime

Cuit et recuit 

Frottent les cendres

Récurent

 

Pas encore nu,

Pas tout à fait ?

Restent des choses

Bien accrochées

Des salissures

De vieux fantômes

D’anciennes guerres

 

Qui peut le faire, si ce n'est toi ? 

 

Nettoie

 

Les notes glissent

Comme des larmes

Gouttes de feu

Sur la paroi

 

Qui m’a volé le cœur ?

Qui m’a trempé vivant,

Comme une lame ?

Qui m’a fouetté les yeux,

M’a déchiré le ventre

Me baisant les paupières

Et m’enduisant de baume,

Me prenant par la main,

Pour me conduire

Dehors ?

Les dits de Lao Yu

LE BUT DE LA QUÊTE EST DE N'AVOIR

NI BUT, NI QUÊTE

 

***

 

QUE SAIT-IL DE LA PESANTEUR,

CELUI QUI N'EST JAMAIS TOMBÉ ?

 

***

 

C'EST SOUVENT LORSQU'ELLE S'ENFUIT QU'ON PERÇOIT L'ESSENCE DE LA BEAUTÉ

 

***

 

LA MER A DES MILLIARDS DE VAGUES QUI BATTENT TOUS LES RIVAGES. OU EST LE CENTRE DE LA MER ?

 

***

 

CE QUI EST MORT N'A AUCUN POUVOIR SUR CE QUI EST VIVANT

SEULS LES MORTS CRAIGNENT LES MORTS

 

***

 

QUAND LE NID BRÛLE, LES OISEAUX S’ENVOLENT

 

***

 

C’EST DANS LA CHUTE QUE LES AILES POUSSENT

 

***

 

CE QUI PEUT ÊTRE PERDU EST SANS VALEUR

 

***

 

LA MAISON EST PLUS GRANDE QUE LA PORTE

 

***

 

L’ERREUR EST LA VOIE

 

***

 

LA ROUTE EST DURE A CELUI QUI BOÎTE

 

***

 

LA LUMIERE DE L’ETOILE EST DANS L’ŒIL QUI LA REGARDE

 

***

 

LES PETITS NOURRISSENT LES GRANDS

 

***

 

LES RICHES ONT UNE BOUCHE
MAIS PAS DE MAINS POUR LA REMPLIR

C’EST POURQUOI IL LEUR FAUT
DE NOMBREUX SERVITEURS ;


CEUX QUI ONT DE NOMBREUX SERVITEURS
NE SAURAIENT VIVRE SEULS,

CE SONT DONC DES PAUVRES ;


CELUI QUI PEUT VIVRE SANS SERVITEURS 
EST DONC LE VERITABLE RICHE.

 

***

 

VIVRE C’EST REVENIR SUR SES PAS

 

***

 

LA NUIT LAVE LE LINGE DU SOLEIL

 

***

 

LES RUISSEAUX EMPORTENT LES MONTAGNES

 

***

 

UNE EPINE DANS LE PIED DU GENERAL : L’ARMEE S’ARRÊTE


***
 


UN PORC EN HABITS DE SOIE RESTE UN PORC,
COMME UN DIAMANT DANS LE FUMIER

RESTE UN DIAMANT.

MAIS LA PLACE D’ UN DIAMANT

EST DANS UN ECRIN DE SOIE,

ET CELLE D’UN PORC DANS LE FUMIER.

 

***

 

COMME SEULE L’EAU ETANCHE LA SOIF,
SEULE LA JUSTICE COMBLE LA FAIM DE JUSTICE

 

***

 

DU COLIBRI A L’AIGLE, IL EXISTE DE NOMBREUX OISEAUX

 

***

 

LE DEDANS REGLE LE DEHORS

 

***

 

L’EPONGE BOIT LE VIN RENVERSÉ
ET LA ROSÉE DU MATIN

 

 

***  

 

LORSQU'IL DECOUVRE LE MIEL,

L'OURS OUBLIE LA PIQÛRE DES ABEILLES

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisez-Moi Lisez Moi Lisez Moi

Des mots des mots des mots des

Quand à un livre je me livre , ce que je lis me délie.

 

 

Je me demande pourquoi on n'a pas encore une loi qui oblige à faire bouillir les bébés à la naissance, afin qu'ils soient parfaitement stérilisés.

 

Circuler, pour mieux s'ôter.

Toute notre vie, on attend une grande cause pour se lever, et on passe sa vie accroupi, à croupir.

Le lucane aime prendre l'R le soir à sa lucarne.

Ce qu’il y a de bien dans l’état de siège, c’est qu’on prend le temps de s’asseoir.

 

 

Les oiseaux sont les poissons du ciel,

nous en sommes les crabes


Heureux les déjantés, ils quitteront plus facilement la route commune!

 
L’argent n’a pas d’odeur, mais il y contribue.


Un vrai sosie, c’est invraisemblable.

   

Quand je grossis, je m’aigris ; et quand je m’aigris, je grossis.

   

Le temps, c’est de l’urgent.

   

Joindre l’utile au désagréable : se faire renverser par une ambulance.  

 

Le journal du paradis, c’est le Daily Cieux.

   

Yfaut et Yaka sont dans un bateau ; Yfaut tombe à l’eau, Yaka l’repêcher.

 

Chaque matin, s’ils ne sont pas morts, les vieux vont aux nouvelles.

 

Le poète a latitude d’explorer toutes les longitudes.

   

Etre réduit à la portion congrue, c’est fort peu. Moins, c’est incongru.

 

Peut-on dire de quelqu’un
dont la vie dépend des autres pour tout qu’il
est riche ?
La bouche est elle riche ?

Peut-on dire de quelqu’un
qui n’a rien à attendre des autres qu’il est pauvre ?
Les mains sont elles pauvres ?

 

Curieux comme mystique s’oppose à mastoc.

 

On a mis bien des ouvrages majeurs à l’index.

 

Quand le brouillard tombe, on voudrait qu’il se casse.

 

Au matin, la nuit tombe de sommeil.