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21 août 2013 3 21 /08 /août /2013 13:34

Nul ne pouvait prévoir ce qui arriverait à compter de ce jour là, quand les ouvriers du chantier de la nouvelle prison d’État mirent au jour une ancienne nécropole.

 

Dès qu’ils le surent, toujours avides d’or et de puissance, les membres du Divin Panel y dépêchèrent une équipe pluri-disciplinaire chargée d’évaluer l’impact, le potentiel et les risques de la découverte.

 

Il s’agissait en fait d’une tombe isolée et extrêmement simple, mais d’une impressionnante richesse documentaire. Les murs étaient entièrement couverts de scènes peintes, et, chose curieuse, le tombeau était vide. Non pas que les pilleurs de tombes y soient parvenus, comme on le vit un peu plus tard, car on n’y trouva aucune trace d’effraction.

 

La nouvelle fut gardée secrète. Les ouvriers présents lors de l’invention furent déportés et mis au cachot, le temps qu’une escouade de techniciens des services spéciaux fasse tous les inventaires, les relevés, les enregistrements, les analyses nécessaires.

 

Puis on reboucha proprement l’excavation. Les plans de la prison furent modifiés afin d’éviter toute possibilité d’accès, et on coula sur l’ensemble une énorme dalle de béton allégé.

 

Peu à peu, les archéologues, les historiens et les spécialistes de la cryptographie et des arts anciens furent plus ou moins d’accord pour affirmer qu’on était en présence d’une œuvre unique, très ancienne, peut-être plus ancienne encore que les plus anciennes pyramides. Les scènes représentées sur les murs pouvaient être considérées comme une sorte de prophétie des temps qui allaient suivre, puisqu’on y retrouvait bien des événements avérés de l’histoire, d’une antiquité ignorée à l’antiquité connue, puis de l’histoire ancienne à nos jours, comme si un film se déroulait sur ces murs, y projetant le fil des temps depuis leur aube jusqu’à aujourd’hui.

 

La dernière scène représentait une étoile chevelue, une comète, bien sûr, et une foule nombreuse de femmes et d’hommes s’envolant nus, toutes ailes déployées, vers la nuit parsemée d’étoiles.

 

Quand elle parvint au palais, elle y fit un bruit sourd, aussi puissant qu’une déflagration souterraine.

 

Le cœur enfoui de la Citadelle émit une sorte de grondement de rage.

 

Tous les membres des Services Spéciaux furent activés, toutes les branches de la Haute Technicité mises en alerte, chacun, depuis l’obscur conseiller jusqu’aux plus distinguées personnalités du monde scientifique, religieux et militaires, chacun dut se plier à l’injonction du Divin Panel, et furent conviés, depuis toutes les antennes du Système à se rendre à la Citadelle pour un Symposium Extraordinaire.

 

Des milliers de convois convergèrent vers l’immense place-forte qui régulait le monde, en contrôlant chaque fibre, chaque cellule, chaque membre. Des jours durant, des trains et des cargos acheminèrent équipements et victuailles.

 

Tous les spécialistes de tous les domaines de la connaissance, de la prospective, du maintien de l’ordre étaient présents, chacun sachant exactement le fin mot de l’étiquette, le jeu des préséances, chacun connaissant le danger qui s’attachait à chacun de ses pas, tant les espions pullulaient, et la récompense qui pourrait lui échoir, s’il plaisait.

 

Les ascenseurs ne cessaient leurs allers-retours, engouffrant sous terre, à des centaines de mètres de profondeur, les milliers de personnes qui allaient participer au Symposium.

 

De quoi s’agissait-il ? Nul ne le savait. Rien n’avait filtré depuis l’invention de la tombe qui n’en était pas une.

 

Tous s’interrogeaient, mais sans rien en laisser voir. Il faut toujours sembler lisse, pour survivre. Ne rien montrer de ses émotions, jamais.  

 

Ce fût devant l’immense amphithéâtre de 144 000 places, plein jusqu’au dernier siège, que les élus apprirent la nouvelle.

 

Les élus, oui. Le gratin du monde, l’intelligentsia, les puissants, les roués, les flatteurs et les traîtres de haute volée. Quelle chance d'être arrivé jusque là, aux marches du palais, quelle chance, mais quel talent, aussi. Avec quel art et quelle détermination ils avaient grimpé un à un les échelons, sans faillir, sans jamais l'ombre d'une hésitation, vers ce but toujours fragile : le succès, la réussite. 

 

Sous le dais en verre blindé qui couvrait les douze membres du Divin Panel, sept orateurs s’employèrent à leur faire part, chacun selon sa spécialité, de cette incroyable découverte : On avait découvert fortuitement une sorte de bande dessinée préhistorique qui décrivait clairement toutes les étapes connues du passé, et d’autres demeurées inconnues jusque là, et qui, sans le moindre doute était absolument authentique.

 

Que cette nouvelle puisse couper le souffle à tout être rationnel, c’était indéniable. Un silence incrédule et bruissant de gestes furtifs pesait sur la salle.

 

Aux murs, les caméras observaient les gestes et les visages, enregistrant tout.

 

L’annonce de la dernière scène fut presqu’insoutenable. Chacun comprenait qu’il s’agissait d’une sorte de promesse d’un événement libérateur extraordinaire, et donc un danger en perspective.

 

Et, conclut le président des orateurs, c’est la raison de votre présence à tous : nous attendons de vous un décryptage complet de cette scène, afin de prendre le plus rapidement possible les décisions qui s’imposent.

 

Astronomes et informaticiens auraient à scruter le ciel et à le modéliser pour déterminer exactement, en fonction du ciel représenté sur la scène, le profil de la comète, ainsi que la date de son passage.

 

Historiens et spécialistes des religions devraient décrypter le plus précisément possible le sens exact de cet envol, puisqu’aux dernières nouvelles, les humains n’ont pas d’ailes.

 

Les professions médicales auraient pour tâche de déterminer la possibilité, incongrue, c’est évident, mais pourquoi négliger la moindre possibilité, d’une mutation accélérée.

 

Les membres du clergé et les psychologues, associés aux responsables des divers services d’ordre, d’espionnage et de l’armée, devraient mettre au point les techniques les plus sophistiquées de repérage des individus dont le comportement pourrait indiquer une quelconque mutation, ou toute autre manifestation d’un désordre anormal.

 

Les services logistiques auraient pour tâche de coordonner l’acheminement et le stockage de vivres et produits de première nécessité.

 

L'armée, encore elle, et les diverses polices auraient à renforcer l'ensemble des systèmes de protection des systèmes sensibles et de maintien de l'ordre.

 

  Bref, chacun reçut une feuille de route.

 

 Les travaux dureraient une semaine, à l’issue de laquelle une huitième journée serait employée à faire le point sur les avancées dans ces divers domaines.  

 

Puis le Divin Panel, en accord avec GOG, le Grand Ordinateur de 7èmegénération, prendrait les décisions infaillibles qui l’avaient mené de succès en succès jusqu’à l’Hégémonie Radieuse.

 

Alors, après les cérémonies d’usage, l’assemblée fut rompue, la foule se dispersa entre les niveaux et les locaux qui lui étaient affectés, chacun selon sa branche et son grade, en bon ordre.

 

Ce fut une gigantesque fourmilière qui s’activa sept jours durant. Chaque matin, deux heures étaient consacrées à collecter et relier les informations de chaque service, afin qu’aucune trouvaille, aucune idée ne soit écartée, oubliée, perdue.

 

Tous les rouages tournèrent à fond. Pas une minute ne fût gaspillée.

 

Vint enfin le soir du septième jour.

 

Les orateurs, qui avaient collecté toutes les données, contenaient à peine leur nervosité. Les conclusions des spécialistes en astronomie, histoire et symbolique étaient effrayantes : l’affaire était imminente, une question de jours, d’heures, peut-être.

 

Les spécialistes en microphotographie avaient fait pour leur part une découverte incroyable : une scène était représentée dans les yeux de l’un des personnages nus qui prenait son envol au premier plan, la tête tournée vers le spectateur.

 

Elle montrait la ruine d’un monde construit en forme de pyramide renversée, dans laquelle grouillaient des blattes, ces animaux aveugles et cuirassés qui vivent dans l’obscurité.

 

Toutes ces informations avaient bien sûr été transmises au Divin Panel dès qu’on avait eu un début de certitude, c’est-à-dire très tard, – car, si annoncer une mauvaise nouvelle était dangereux, se tromper était bien pire.

 

Le huitième jour débuta par les cérémonies officielles.

 

Comme à l’accoutumée et selon un mode d’emploi parfaitement huilé, les orateurs s’étaient partagés les secteurs d’information, en la réduisant strictement à ce que le Divin Panel avait accepté qu’il en soit dit.

 

Les divers services avaient fait des merveilles d’organisation pour juguler une éventuelle tentative d’explosion sociale, d’épidémie mystique même foudroyante, et même survenant dans les délais les plus courts.

 

Quelques jours suffiraient à tout mettre en œuvre, quoi qu’il arrive, pour que l’ordre existant se maintienne. Une société telle que celle de l’Hégémonie Radieuse ne croulerait pas parce qu’une sorte de songe creux l’avait vu en rêve.

 

En conclusion, après examen approfondi de toutes les données, il s'avérait que les prémisses annoncées à l'ouverture du Symposium s'étaient révélées erronnées; les responsables auraient à en rendre compte.  

 

La tombe s’avérait en fin de compte être un faux, une intoxication peut-être forgée par une civilisation extra-planétaire concurrente, selon l’opinion de certains généraux, ou par une organisation terroriste qui aurait pu infiltrer des agents au plus haut niveau de l'État, d’après les Services Secrets, mais rien de plus.

 

Le danger étant maintenant connu, circonscrit, on allait rapidement l'identifier avec précision et le mettre hors d’état de nuire.

 

Cependant, le Symposium avait servi à renforcer la précieuse cohésion de tous les services de l’État. De nouvelles règles seraient très prochainement édictées pour perfectionner la Sécurité à tous les niveaux de la société et en éradiquer tout risque. Les participants seraient tous gratifiés d’une confortable prime, de promotions et de congés exceptionnels.  

 

C’est à peine si l’on remarqua quelques sièges vides, et l’absence d’une équipe de micro-photographie. Dans l’euphorie, nul ne s’en souciait.

 

L’immense foule se dénoua. Chacun s’en fût rassembler ses bagages pour le voyage de retour.

 

Malgré l’énorme taille et le nombre des ascenseurs, il fallut près de deux heures pour que tous les invités soient remontés à la surface, et acheminés vers les gares par les taxi-robots.

 

Près de deux heures pour qu’ils rejoignent tous enfin l’air libre, et guère plus pour s’apercevoir qu’ils étaient désormais seuls sur la planète, à l’exception des animaux.

 

Partout, sur leur chemin, le sol était jonché de vêtements, de chaussures, de bijoux, de lunettes et de sacs à main, comme si un peuple entier s’était dévêtu là, dans les rues, sur les routes.

 

Les chiens affamés et hostiles furent les premiers animaux qu’ils aperçurent. Désemparés et furieux, ils attaquèrent les premiers humains qui entrèrent dans les gares. Puis vinrent les chats domestiques que la faim rendait dangereux.

 

Que s’était-il passé ? Qu’étaient devenus les milliards d’hommes encore là naguère ? Cette histoire de fous était donc vraie ? Ils n'eurent guère le temps d'y réfléchir.

 

Ils furent cent quarante quatre mille, moins ceux que les chats et les chiens, puis divers autres obstacles retinrent, à se jeter pêle-mêle et en toute hâte dans les taxi-robots en direction de l’inexpugnable Citadelle, qui regorgeait de victuailles.

 

Mais là, faute d’instruction quant à une situation aussi imprévue, les gardes ne les laissèrent pas entrer. 

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commentaires

E
<br /> Je suis une gourmande, c'est vrai. Mais ne dit-on pas qu'il faut s'accepter tels que nous sommes ?<br /> <br /> <br /> Et si je tente de corriger ma gourmandise eh bien ça ne dure jamais : "le naturel revient au galop" !<br /> <br /> <br /> Alors, VJ, quoi faire à ça ?<br /> <br /> <br /> Ceci dit, pourquoi vous mettez l'accent sur ma gourmandise, alors que je vous ai dit que j'attendais "patiemment", hein ? La patience, c'est une qualité... héhé !<br /> <br /> <br /> Sourire et belle soirée à vous.<br />
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V
<br /> <br /> Héhé :))<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> Promis, j'attends patiemment. Mais ne tardez pas trop, hein ? <br /> <br /> <br />  <br />
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V
<br /> <br /> Ma mémé disait : la gourmandise est un vilain défaut.<br /> <br /> <br /> ;)<br /> <br /> <br /> <br />
N
<br /> J'adore ce genre d'histoire!...<br /> <br /> <br /> Bien que je prefererai faire partie de ceux qui sont parti, j'aimerai aussi pouvoir déambuler dans ce monde post apo, mon rêve depuis tout petit... Ce dilemme est pour moi extremement...<br /> Dilemmatique! <br /> <br /> <br /> Merci à toi...<br />
Répondre
V
<br /> <br /> Oui, tu aimes beaucoup ces images de civilisations ruinées, moi aussi. Quand l'herbe repousse dans les cimetières industriels. Merci pour ton blog.<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> Vieux Jade, vous êtes un magicien ! ♥<br /> <br /> <br /> l'histoire de l'huitre... est-ce celle-ci ? :<br /> <br /> <br /> Comment l'huître perlière s'y prend-elle pour fabriquer une perle ?<br /> <br /> <br /> Tout d'abord, c'est un grain de sable qui est tombé dans sa coquille et ce grain de sable est une difficulté pour l'huître, il l'irrite.<br /> <br /> <br /> "Ah, se dit-elle, comment m'en débarrasser, il me gratte, il me démange, que faire ?"<br /> <br /> <br /> Et la voilà qui commence à réfléchir : elle se concentre, elle médite, elle demande conseil, jusqu'au jour où elle comprend que jamais elle n'arrivera à éliminer<br /> ce grain de sable, mais qu'elle peut l'envelopper de façon à ce qu'il devienne lisse, poli, velouté.<br /> <br /> <br /> Et quand elle y a réussi, elle est heureuse, elle se dit : "Ah, j'ai vaincu une difficulté !"<br /> <br /> <br /> Depuis des milliers d'années, l'huître perlière instruit l'humanité, mais les humains n'ont pas compris la leçon, et quelle leçon ! Si nous arrivions à<br /> envelopper nos difficultés et tout ce qui nous contrarie dans une matière lumineuse, douce, irisée, nous aurions des richesses inouïes. Voilà ce qu'il faut comprendre. Alors, désormais, au lieu<br /> de vous plaindre, trouvez la matière spéciale qui peut envelopper vos difficultés. Quand vous vous trouvez devant un événement pénible, une personne insupportable, réjouissez-vous en disant :<br /> "Quelle chance, encore un grain de sable voilà une nouvelle perle en perspective ! Merci la vie !"<br /> <br /> <br /> Si vous comprenez cette image de l'huître perlière, vous aurez du travail pour toute la vie.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Un gros bisou sur vos deux joues en remerciement de cette histoire. Je l'avais lue chez Paul, sans regarder de qui elle provenait.<br /> <br /> <br /> Si l'histoire de l'huitre dont vous parlez n'est pas celle que je connais, pourriez-vous me dire où je pourrais lire "la vôtre" ? ^^<br /> Merci d'avance.<br />
Répondre
V
<br /> <br /> Chère Elba, je ne suis pas l'auteur de cette histoire là. La mienne n'a jamais été publiée, je l'ai juste donnée à lire à deux ou trois personnes. Mais je la publierai un jour, c'est sûr. Donc<br /> attendez un petit peu :)<br /> <br /> <br /> <br />
N
<br />  <br /> <br /> <br /> ce jeudi 22 aoùt 2013 sur le site  http://www.letemps.ch/<br /> <br /> <br /> urbanisme 14:24<br /> <br /> <br /> «Apprenons à construire la ville souterraine»<br /> <br /> <br /> En plus d’être actif sur plusieurs chantiers suisses, le célèbre architecte français Dominique Perrault inaugure en cette rentrée 2013 une nouvelle chaire d’architecture à l’EPFL<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Surprenant NON ?<br /> <br /> <br /> Allez bon envol les bons contes font les bons zamis !<br />
Répondre
V
<br /> <br /> Oh, elle existe déjà, les galeries marchandes, même si elles sont en surface, sont éclairées par de la lumière artificielle, l'air est manipulé, brassé, filtré,tout est artificiel, la fausse<br /> herbe, les fausses plantes, les gens dedans,  il ne suffit plus que de faire la même chose cent mètres plus bas. On voit très bien ça dans la BD "l'Incal".<br /> <br /> <br /> Vie de taupes, avec l'"élite" qui surplombe la masse.<br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Le jardin de Vieux Jade
  • : Arrivages du jour, légumes secs, mauvaises herbes, quelques trucs qui arrachent la gueule. Taupes, censeurs et culs bénits s'abstenir. Si vous cherchez des certitudes, c'est pas l'endroit.
  • Contact

Décidément rétif à l'ordre bestial, j'ai fixé ma résidence ailleurs, d'où j'observe le déroulement des temps infernaux, fumier des plus belles fleurs.  J'ai un jardin secret, où les plantes poussent toutes seules. Servez-vous, si le coeur vous en dit, sans tenir compte de la chronologie, car comme le mot le dit clairement, l'heure est un leurre.

 

Une précision concernant les commentaires : n'ayant pas toujours le temps ni l'énergie de répondre aux commentaires, ceux-ci restent ouverts, sans aucune garantie que j'y réponde. Je me réserve cependant le droit de sabrer les inconvenances, dont je reste seul juge.

 

Ici, je n'est pas un autre.

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Lave

Après l’explosion

Nul ne l’a sue

Le jour d’après

Coule la lave

Brûlent les cendres

Lave la lave

Mange la louve

Larmes sans sel

De régime

Cuit et recuit 

Frottent les cendres

Récurent

 

Pas encore nu,

Pas tout à fait ?

Restent des choses

Bien accrochées

Des salissures

De vieux fantômes

D’anciennes guerres

 

Qui peut le faire, si ce n'est toi ? 

 

Nettoie

 

Les notes glissent

Comme des larmes

Gouttes de feu

Sur la paroi

 

Qui m’a volé le cœur ?

Qui m’a trempé vivant,

Comme une lame ?

Qui m’a fouetté les yeux,

M’a déchiré le ventre

Me baisant les paupières

Et m’enduisant de baume,

Me prenant par la main,

Pour me conduire

Dehors ?

Les dits de Lao Yu

LE BUT DE LA QUÊTE EST DE N'AVOIR

NI BUT, NI QUÊTE

 

***

 

QUE SAIT-IL DE LA PESANTEUR,

CELUI QUI N'EST JAMAIS TOMBÉ ?

 

***

 

C'EST SOUVENT LORSQU'ELLE S'ENFUIT QU'ON PERÇOIT L'ESSENCE DE LA BEAUTÉ

 

***

 

LA MER A DES MILLIARDS DE VAGUES QUI BATTENT TOUS LES RIVAGES. OU EST LE CENTRE DE LA MER ?

 

***

 

CE QUI EST MORT N'A AUCUN POUVOIR SUR CE QUI EST VIVANT

SEULS LES MORTS CRAIGNENT LES MORTS

 

***

 

QUAND LE NID BRÛLE, LES OISEAUX S’ENVOLENT

 

***

 

C’EST DANS LA CHUTE QUE LES AILES POUSSENT

 

***

 

CE QUI PEUT ÊTRE PERDU EST SANS VALEUR

 

***

 

LA MAISON EST PLUS GRANDE QUE LA PORTE

 

***

 

L’ERREUR EST LA VOIE

 

***

 

LA ROUTE EST DURE A CELUI QUI BOÎTE

 

***

 

LA LUMIERE DE L’ETOILE EST DANS L’ŒIL QUI LA REGARDE

 

***

 

LES PETITS NOURRISSENT LES GRANDS

 

***

 

LES RICHES ONT UNE BOUCHE
MAIS PAS DE MAINS POUR LA REMPLIR

C’EST POURQUOI IL LEUR FAUT
DE NOMBREUX SERVITEURS ;


CEUX QUI ONT DE NOMBREUX SERVITEURS
NE SAURAIENT VIVRE SEULS,

CE SONT DONC DES PAUVRES ;


CELUI QUI PEUT VIVRE SANS SERVITEURS 
EST DONC LE VERITABLE RICHE.

 

***

 

VIVRE C’EST REVENIR SUR SES PAS

 

***

 

LA NUIT LAVE LE LINGE DU SOLEIL

 

***

 

LES RUISSEAUX EMPORTENT LES MONTAGNES

 

***

 

UNE EPINE DANS LE PIED DU GENERAL : L’ARMEE S’ARRÊTE


***
 


UN PORC EN HABITS DE SOIE RESTE UN PORC,
COMME UN DIAMANT DANS LE FUMIER

RESTE UN DIAMANT.

MAIS LA PLACE D’ UN DIAMANT

EST DANS UN ECRIN DE SOIE,

ET CELLE D’UN PORC DANS LE FUMIER.

 

***

 

COMME SEULE L’EAU ETANCHE LA SOIF,
SEULE LA JUSTICE COMBLE LA FAIM DE JUSTICE

 

***

 

DU COLIBRI A L’AIGLE, IL EXISTE DE NOMBREUX OISEAUX

 

***

 

LE DEDANS REGLE LE DEHORS

 

***

 

L’EPONGE BOIT LE VIN RENVERSÉ
ET LA ROSÉE DU MATIN

 

 

***  

 

LORSQU'IL DECOUVRE LE MIEL,

L'OURS OUBLIE LA PIQÛRE DES ABEILLES

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisez-Moi Lisez Moi Lisez Moi

Des mots des mots des mots des

Quand à un livre je me livre , ce que je lis me délie.

 

 

Je me demande pourquoi on n'a pas encore une loi qui oblige à faire bouillir les bébés à la naissance, afin qu'ils soient parfaitement stérilisés.

 

Circuler, pour mieux s'ôter.

Toute notre vie, on attend une grande cause pour se lever, et on passe sa vie accroupi, à croupir.

Le lucane aime prendre l'R le soir à sa lucarne.

Ce qu’il y a de bien dans l’état de siège, c’est qu’on prend le temps de s’asseoir.

 

 

Les oiseaux sont les poissons du ciel,

nous en sommes les crabes


Heureux les déjantés, ils quitteront plus facilement la route commune!

 
L’argent n’a pas d’odeur, mais il y contribue.


Un vrai sosie, c’est invraisemblable.

   

Quand je grossis, je m’aigris ; et quand je m’aigris, je grossis.

   

Le temps, c’est de l’urgent.

   

Joindre l’utile au désagréable : se faire renverser par une ambulance.  

 

Le journal du paradis, c’est le Daily Cieux.

   

Yfaut et Yaka sont dans un bateau ; Yfaut tombe à l’eau, Yaka l’repêcher.

 

Chaque matin, s’ils ne sont pas morts, les vieux vont aux nouvelles.

 

Le poète a latitude d’explorer toutes les longitudes.

   

Etre réduit à la portion congrue, c’est fort peu. Moins, c’est incongru.

 

Peut-on dire de quelqu’un
dont la vie dépend des autres pour tout qu’il
est riche ?
La bouche est elle riche ?

Peut-on dire de quelqu’un
qui n’a rien à attendre des autres qu’il est pauvre ?
Les mains sont elles pauvres ?

 

Curieux comme mystique s’oppose à mastoc.

 

On a mis bien des ouvrages majeurs à l’index.

 

Quand le brouillard tombe, on voudrait qu’il se casse.

 

Au matin, la nuit tombe de sommeil.