Longtemps, pour moi, le Seigneur des mouches, Belzébuth, représentait la
distraction, la dispersion, l'ennemi qui perturbe le repos et la quiétude.
Quiétude indispensable au travail sur soi, c'està-dire sur les diverses parties plus ou moins connues et acceptées de
nous-mêmes.
Dans ce sens, la mouche, comme tout symbole est ambivalente : elle nuit à la concentration, mais aide à surmonter sa
nuisance même. Elle peut même réveiller ceux qui s'endorment. Sa puissance perturbatrice peut aussi symboliser l'influence de ce que nous n'aimons pas en nous.
Cette vidéo montre bien que le seul travail efficace sur l'extérieur passe par l'intérieur. Chaque problème réglé par la violence
génère d'autres problèmes, qui à leur tour...
On emploie le mot "mouche" d'une autre façon, pour désigner l'abeille, dite "mouche à miel", pour la différencier, si besoin
était, de la mouche à merde.
L'organisation de la société des hommes tend naturellement au modèle de la ruche. La tripartition repérée par Georges Dumézil sous-tend le présent, le passé, et l'avenir, ou du moins le projet présenté sous le sigle de N.O.M., avec quelques
"améliorations" au profit exclusif de ses promoteurs, les immondocrates.
A une société composée d'êtres naturels complémentaires, ces porcs cherchent à substituer une vulgaire ruche, dont ils seront les
propriétaires exclusifs, et dans laquelle chaque individu, ou numéro sera classé selon sa fonction. On le voit déjà : le sérail, ou du moins les valets haut de gamme, riches de tout aussi
longtemps qu'ils sont utiles et perversement serviles, et leur prolongement, le muscle inconscient cuirassé de noir et armé des dernières armes létales ou non, c'est selon, et puis les
techniciens, chargés de programmes longuements médités et de répondre à tout nouveau désir des immondes, et, au dessous, la viande,le populo, vous, moi, vos enfants et les miens.
Comme dans la ruche, une fois défini, nul ne changera plus. Qu'importe de changer ? Qu'importe le devenir, puisque le seul objet
de l'esclave, c'est le service.
Tout ce qui perturbe le service doit être durement réprimé, extirpé.
Le début, bien sûr, est la mise en conditions. L'éducation prime tout, comme l'avaient compris nazis et communistes. L'éducation,
on le voit déjà très nettement, consiste à rendre évident pour tous qu'il n'y a qu'un seul monde : Ici et maintenant. Cette parole, qui dans certains cas, comprise autrement peut être
libératrice, s'entend dans ce contexte comme une énorme aiguille au coeur du papillon. Ici et maintenant est une condamnation.
Dès maintenant, tout ce qui fédère, coagule, assemble, rassemble n'a qu'un but : nous rendre ou nous convaincre plutôt, que
nous, chacun de nous, sommes responsable de la collectivité. C'était flagrant dans le monde communiste, c'est plus soft ici, mais tout ne parle que du milieu, du macro organisme. Toutes les
idées vont dans ce sens. Même celles de la prétendue "dissidence".
Ce qui est vraiment interdit et sanctionné, c'est de se considérer comme en dehors. De vivre et surtout de penser à ce qu'est
véritablement l'homme, chaque homme : un être unique, vivant une destinée unique, et un potentiel unique de réalisation de ses prémisses.
Nous ne sommes pas des mouches, et pas plus des mouches à miel, ni les membres d'un collectif, familial, national, religieux, traditionnel, économique ou autre. Nous ne le sommes qu'accessoirement, par
dessus le marché. Nous ne sommes pas des travailleurs, pas des citoyens, pas des assujettis à la
tva, des foyers fiscaux, de la chair à canon, des emprunteurs, des élèves, des parents, des automobilistes, des piétons ou des motards. Nous ne sommes les frères et les voisins de personne. Nous
ne sommes pas des moutons, et encore moins des brebis égarées. L'humanité n'est pas une grande famille, ni la france ni rien, ni riche, ni pauvre, ni sain, fou ou bancal, ni même les enfants
de nos parents. Nous sommes dans un champ d'expériences. Et tôt ou tard, il faut expérimenter que nous ne sommes pas DE ce monde. Et que rien ne peut nous définir, que rien ne suffira jamais à
nous circonscrire. C'est absolument VITAL.
Or il y a en ce monde une volonté acharnée à détruire notre liberté, à nous coller comme des mouches, encore.
Cette pesanteur, cette force qui nous ramène au sol, nous rapetisse, nous serine que : vous n'êtes que ceci ou cela, nous
hypnotise et suce nos énergies, cette puissante force contraire doit être utilisée comme le moteur qui nous propulsera vers notre but, comme le bras qui tire la flèche en arrière jusqu'à la rupture.
En ce sens, l'obstacle concourt au dépassement. L'obstacle est une indispensable partie du tout. Donc de nous-même.
PS : les jours qui viennent vont être un peu chargés. Pour les accros (si si, j'ai des noms), vous pouvez explorer les
oubliettes de ce blog, il y a pas loin de neuf cent articles en magasin. Est-ce que ça se bonifie avec le temps ?
I don't know.