Il y a des années que j’entends répéter dans de nombreuses chapelles que nous sommes des dieux, et les seuls créateurs de la réalité. J’aimerais à cette lénifiante symphonie apporter un petit bémol.
Pas pour le plaisir de me distinguer, mais parce que j’ai trouvé une arête dans ce délicieux poisson, qui m’ulcère un tantinet le gosier. Il n'y a pas si longtemps que nous n'étions que d'indignes pécheurs, voici qu'on est soudain promus dieux. Ca va un peu vite pour mon goût.
Créer, on nous a toujours seriné que c’était pas notre job, Dieu s’en charge. C’est le satané serpent de la Genèse qui nous a glissé ça dans les tuyaux, pour nous faire des misères et embêter le vieux barbu. Bon.
Maintenant qu’on est plus intelligents, on sait que c’est pas ça du tout, Dieu n’existe pas, c’est bien nous et pouf ! d’un coup de ma baguette magique abracadabra je change le monde i a m le créateur.
Vous y arrivez, vous ?
Vous changez l’eau en vin ? Votre existence pourrie en pluie d’or ? Vous avez bien fait vos visualisations, avec les archanges, et tout et tout ? Avez-vous seulement bien ouvert vos chakras ? Ah voilà, on n'a pas ouvert ses chakras, et on se plaint.
Vous avez transformé votre ra!abutd de voisin en prince charmant ? Vous avez consulté le gwan mawabout, et ses soins attentifs vous ont ouvert des horizons ?
Toute tentative de changer le monde à son profit ou au profit de ce qui nous semble plus convenable est ce que l’on peut appeler pour simplifier : la tendance luciférienne, à l’œuvre partout dans le monde de la science, des affaires, du pouvoir. Le mieux est vraiment l'ennemi du Bien.
L’inverse, très simplement, consiste à se voir tel qu’on est, et à enlever, changer, déplacer, rectifier ce qui en nous fait obstacle à la pénétration de la lumière, et qui seul nous empêche de voir le monde tel qu'il est vraiment. C’est lorsqu’ils ont pris conscience de cela que de nombreux occultistes, mages et prétendus initiés sont devenus tout bonnement : chrétiens, ce qui dans ma bouche n’a pas de lien avec quelque église que ce soit, mais avec certaine parole dont je suis définitivement amoureux.
Je vais vous faire une petite confidence : les chakras, ils s'ouvrent comme des boutons de fleur. Il y faut le temps nécessaire, de la chaleur, de l'humidité, la bonne saison, et le grâce de Dieu. Comme la cuisine. Le chakra grillé, c'est comme les merguez tout noirs, c'est pas terrible. Faut ventiler, et un chakra grillé, il est grillé. Sauf miracle, il reste grillé.
Le chakra se mange mûr, doucement et longuement mûri par le chemin de la vie. Rien n'a jamais servi de courir. La précipitation est diabolique (praecipitatio, la tête la première).
Change-toi, et le monde en sera changé. Si ce n’est que pour toi, c’est immense car oui, nous sommes Dieu. Change toi en veillant à observer et à changer jour après jour ce qui sort de toi : « Il appela de nouveau la foule et lui dit : « Écoutez-moi tous, et comprenez bien. Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui pénètre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. » Quand il eut quitté la foule pour rentrer à la maison, ses disciples l’interrogeaient sur cette parole énigmatique. Alors il leur dit : « Ainsi, vous aussi, vous êtes incapables de comprendre ? Ne voyez-vous pas que tout ce qui entre dans l’homme, en venant du dehors, ne peut pas le rendre impur, parce que cela n’entre pas dans son cœur, mais dans son ventre, pour être éliminé ? » C’est ainsi que Jésus déclarait purs tous les aliments. Il leur dit encore : « Ce qui sort de l’homme, c’est cela qui le rend impur. Car c’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduite, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. » Saint Marc 7, 14-23
Rien d'autre n'est utile que de découvrir et laver ces taches pour ouvrir les centres énergétiques comme des coupes à la lumière divine.
Cette réflexion semble contredire ce que j’ai écrit ailleurs ? Possible. Je marche, et chaque pas apporte de nouvelles images. Le pied gauche raconte des histoires de pied gauche, le pied droit des histoires de pied droit, ils ne sont d'accord que pour démarrer ou pour s'arrêter. C’est l’image du moment qui vaut, elle change à chaque nouvel aspect du chemin.
C’est la liberté de penser, de changer, de danser. Je ne suis pas moi. A chaque respiration mille cellules meurent et d’autres naissent. Je suis le vent, je suis le pied, le caillou, le chemin. Je est un autre, disait Rimbaud.
Haïssez la servitude et les murs. Aimez voler. Aimons. Volons. Si vous aimez voler, volons ensemble.