Il y a longtemps que je mène l’enquête. Longtemps que patiemment je rassemble les fils, évalue les indices, écarte les fausses pistes et les mensonges nombreux qui font tourner en rond.
Nous sommes des millions à chercher à démêler le vrai du faux, tant sur l’écran extérieur où se projettent les images embrouillées qu’à l’intérieur, tout aussi embrouillé. Et comme les aveugles prétendent guider les aveugles, on n’avance pas.
Je n’ai pas la solution. Qu’une impression de plus en plus nette :
Cette terre ne veut plus des hommes, ou, peut-être quelqu’un ne veut plus des hommes sur la terre.
Désolé de dire des choses aussi crues, aussi violentes, aussi désespérantes.
L’avenir qu’on nous présente est le pire cauchemar qui soit : devenir au carré ou au cube ce que nous sommes déjà, des esclaves satisfaits de leur servitude, dans un méga-organisme qui ressemble de plus en plus à une machine. Dans ce rêve, aucune place pour l’homme véritable, qui devra en être parfaitement extirpé. Seuls les corps génétiquement modifiés y formeront le grand corps dont un esprit sans la moindre bienveillance hantera toutes les parties.
Si rien n’arrête ce projet dément, il nous reste deux options : nous soumettre, et perdre le précieux fruit que nous mûrissions lentement au travers des vicissitudes d’une ou de nombreuses existences, en lien avec l’Être profond, ou lâcher prise, donner ce fruit à Celui qui lui a donné vie, quitter l’arbre pour Ses mains de lumière.
Il nous a bien dit que nous n'étions pas de ce monde.
Les mains de lumière ne cueillent que les fruits parfaits. La perfection est atteinte lorsqu’aucune partie en nous ne s’oppose plus à la lumière. Lorsque nous ne formons plus d’ombre. Lorsque comme le pieu dressé à midi, nous sommes parfaitement droits, immobiles, dans l’axe.