On a tous à un moment donné rencontré deux sortes de difficultés relationnelles.
La première, quand on téléphone à des inconnus, pour diverses raisons, et qu’on tombe sur une voix asexuée à laquelle on ne sait si l’on doit dire « Monsieur » ou Madame », et parfois c’est le fiston dont la voix mue. Alors, au risque de paraître grossier, on dit : Bonjour, je voudrais parler à M. ou Mme X.
La seconde, et je remercie Lléa de me l’avoir remise en mémoire ce soir, c’est Tu, ou Vous ?
Pas si simple. Pour mon blog, j’ai résolu dès le premier commentaire de vouvoyer qui me vouvoie (on disait « voussoie » fût un temps), de tutoyer qui me tutoie.
Mais dans la vie, comment ça se passe ? Le tutoiement reflète une fraternité, réelle ou désirée, le vouvoiement une déférence, ou de la timidité. Le tutoiement par un que l’on vouvoie la familiarité, l’âge ou la position supérieure (sociale, hiérarchique, effective (l’être)).
A mon âge canonique (j’ai lu il y a peu que j’étais senior), je tutoie facilement les jeunes, mais mon éducation bourgeoise me rend difficile le tutoiement de mes aînés.
Donc (au moins pour moi, mais je crois que c’est facile à extrapoler), le choix n’est pas si évident.
Les anglais, comme si ça ne suffisait pas, et, effectivement, eux n’ont le choix qu’entre you et you ont le thou, qu’on adresse à la majesté. Thou, ça me rappelle Theos, dieu en grec. Mais bon, on lit ici et là pas mal de choses (pas le temps de rechercher les liens) sur la transmission de Sumer ou de l’Egypte à l’Angleterre, et après tout, c’est assez convaincant. La soumission des esclaves vis à vis du Maître.
Après tout, dire tu ou vous à qui que ce soit, ça fait encore partie de l’exercice de la liberté. Vouvoyer introduit une distance visible, qui peut-être démentie par la proximité des cœurs. Tutoyer peut être un signe de fraternité, de familiarité ou de mépris, et sous des dehors libertaires recouvrir une véritable distance.
Pour ce qui me concerne, fidèle à mon choix initial, je vouvoierai qui me vouvoie et tutoierai qui me tutoie, avec le même respect et la même affection pour chacun.