Le kama sutra présente un certain nombre de façons de pratiquer le coït. Ça change un peu de l’indigente, lorsqu’elle est unique, « position du missionnaire » rendue célèbre par la version cléricale de nos illustres civilisateurs en Afrique. Au temps de Jack l’Eventreur, les misérables prostituées anglaises qui se vendaient dans les petites rues de Whitechapel le faisaient debout, prises par derrière, ce qui favorisait l’égorgement. Mais elles étaient souvent ivres et ça leur permettait de s’appuyer contre un mur et de ne pas incommoder le chalant de leur haleine pourrie.
Pour ma part, en réaction à la position du missionnaire, j’ai inventé celle du démissionnaire. Qu’en réaction à ce que l’armée française qui eût le bonheur de m’héberger un an appelle « position du tireur couché », j’ai également baptisé : position du tireur couché sur le dos.
Avouez, messieurs, qu’en dehors de l’économie d’énergie, cette pratique ouvre bien des horizons et laisse les mains libres. Pour téléphoner, faire ses comptes, etc.
Bien. Le quart d’heure érotique est terminé. Place aux choses sérieuses.
Cette nuit, j’ai rêvé de ma femme. Et, curieusement, elle avait la voix de la fille dont j’étais éperdument amoureux à 18 ans.
Ce rêve m’a rappelé ce que j’ai dit un jour à une de mes fiancées (comme l’ami Maupassant né sous les mêmes planètes, j’ai un peu voyagé) : pour moi, la femme idéale, c’est celle qui sera l’essence de toutes les femmes que j’aurai aimées durant ma vie.
Ça n’était pas vraiment de son goût. Mais ça demeure vrai.
Étant toutes et tous des éclats de l’Un, l’amour véritable ne peut se rencontrer que dans la fusion ultime du retour de tous les éclats.
Il n’en demeure pas moins que provisoirement, nous avons tous un ou une partenaire privilégié(e), ou, à défaut, en rêvons.
La position cachée du Kama Sutra, la 65 ème (= 11) c’est l’immense partouze qui réunit tous les êtres dans un seul amour.
Et bien que notre moi actuel (celui qui agit, sans référence au temps chronologique qui ne s’exerce que dans des franges très limitées, dont la nôtre) ne le sache pas et cherche partout son complément, nous vivons parallèlement dans d’autres mondes, sphères, dimensions, peu importe le nom, c’est le concept qui compte, nous vivons aussi dans le monde immuable de l’Unité, qui précède, clôt et inclut le fragment qu’en est le nôtre.