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16 juillet 2011 6 16 /07 /juillet /2011 19:10

 

Bordeaux-Jardin-public-sous-le-brouillard-1-.jpg

 

Belle photo libre de droits (merci) trouvée ici

 

 

Dès qu'on regarde derrière le rideau de la conscience diurne, on voit des ombres qui passent et chuchotent, affairées à des choses qui nous échappent. La plupart du temps, découragés, ceux qui ont réussi à jeter un coup d'oeil finissent par dire à contre-coeur que c'est de la foutaise, ou que c'est inaccessible.

 

Mais si l'on observe avec patience ce qui vient par le canal des rêves, des suggestions indéterminées ou par ce qu'on appelle depuis Jung les synchronicités de la "réalité quotidienne", que j'appelle personnellement des "convergences", si l'on croise tout, on finit par discerner des voies, des sentiers que nul autre (à part ceux qu'on reconnaît d'un coup d'oeil) ne voit.

 

A ce moment, il y a au moins deux choix : se laisser guider, en confiance, ce qui n'empêche pas d'ouvrir l'oeil. Les tibétains, eux, par le yoga du rêve, disent en discerner la nature illusoire, et s'en rendre maîtres pour le contrôler.

 

A mon (humble) avis, c'est se priver de son énergie symbolique, de son éclairage. Mais peut-être, au fond, sont-ils plus avancés, qu'ils n'ont plus besoin de cet éclairage qui est encore un théatre d'ombres pour enfants, une couche intermédiaire.

 

Dans cette "réalité", en dehors des mécaniciens, qui sont extrêmement importants eux aussi, on trouve les poètes, dont le rôle est de rêver publiquement. 

 

Les poètes sont les mécaniciens de l'entre-mondes. 

 

Grands ou petits, Nerval, Rimbaud, Hölderlin, Rilke, Nietszche, et tant d'autres n'ont généralement pas prospéré de ce côté de la paroi. Mais les poètes, comme les rois celtes, les rois sacrés, et autres pontifex, dont la traduction pourrait être : shamane, même si ce mot est une espèce de faux, ou de fourre-tout bien pratique pour dissimuler que nous avons tous un versant poétique, les poètes sont tendus entre deux mondes. Ça fait mal. 

 

La blessure symbolique des rois celtes, comme le dit lumineusement Robert Graves (la Déesse blanche), qui est celle du "Roi méhaigné", ou "Roi Pêcheur" du roman de Perceval, c'est celle de Jacob au gué de Yaboqq, où il vit une échelle dressée vers le ciel, parcourue par des anges, et où il passa la nuit à lutter contre l'ange qui lui démit le nerf crural. Tout se tient. La blessure du roi celte venait du fait que, voulant aborder le rivage depuis sa barque, celle-ci reculait, et le nerf de sa cuisse se rompait.

 

Jacob est l'inversion de Yaboq, tout le monde peut le voir. Le poète doit inverser son regard, comme l'Acrobate ou l'Atlante des chapiteaux romans. Culbuter, en français : renverser le cul, qui équivaut encore une fois à "couper la tête".

  

Je n'ai aucune connaissance particulière, juste des lectures et de l'expérience. Tous ces boîteux sacrés sont de sacrés boîteux, qui relient péniblement le monde diurne au monde nocturne, le monde de la matière à celui de l'Esprit, le monde du sommeil au monde de l'Éveil.

 

Or, paradoxalement, le fait d'être boîteux rendait inapte à l'initiation catholique et maçonnique. La question est ouverte. Si le boîteux désigne celui qui, ne se résolvant pas à s'établir en ce monde, est jugé indigne de l'initiation, qu'est-ce que l'initiation ?

 

Une intégration à ce monde ?

 

Les initiés seraient alors de vertueuses briques de la pyramide, another brick in the wall ?

 

 

 

Le but de la psychologie pratique, sociale, est d'étouffer dans l'oeuf toute tendance à l'envol, pour ramener les sujets limite au bercail de la grande famille des rouages. Comme le christ falsifié des évangiles canoniques ramène l'Unique brebis, la seule qui cherche à transcender ce monde, vers le troupeau bêlant.

 

Mieux vaut mourir debout que de vivre à genoux, disent les révoltés. L'initiation qui fait des moutons s'appelle castration, contre-initiation. Seul l'Esprit initie, et Il souffle où il veut.

 

L'Esprit souffle librement, et libère. 

 

A quoi servent les poètes ? La question est aussi stupide que celle-ci : à quoi servent les mécaniciens ?

 

Lorsqu'un poète meurt, si au même instant il ne disparaît pas un mécanicien, alors le monde boîte. Peut-être qu'un poète vaut un certain nombre de reîtres ? C'est à espérer. Mais les comptes, au delà des apparences, sont bien tenus.

 

 

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commentaires

D
<br /> Ben, non quand même! :)<br /> C'est qui nous aime tous, comme une mère doit aimer tous ces enfants, sans préférence aucune.<br /> Que se soit de gentils poupons, ou d'horrible mioches! :)<br /> Belle soirée a tous, sans exeptions!<br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> Pas de préférences, ok, mais une bonne torgniole, quand même...<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Tous égaux devant le Grand Patron! :)))<br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> Pas comme ça, j'espère :<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Franchement ? Ces histoires de degrés, de progressions, d’êtres évolués et d’autres qui ne le seraient pas, mensonge !<br /> Oui, l’esprit est libre, sans intermédiaire, en chacun de nous en quelque sorte, lové prêt à prendre son envol. Et ça s'est bien embêtant, pour la forme pouvoir.<br /> o)))<br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> Fin du vieux monde en vue...<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Et vous, Jade combien de degrés? :)))<br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> 37,5° le matin, de préférence :)<br /> <br /> <br /> <br />
U
<br /> Moins poétique, plus historique, mais aussi étouffé.<br /> <br /> Pour compléter les liens en référence, voici un autre éclairage sur Jacob et Penuel. Extraits de la mystérieuse langue-mère (www.britani.org)<br /> <br /> <br /> <br /> Penuel, [Heb] Pen-Uel, ‘tête de Uel’, ‘tête du haut’. Ce lieu<br /> biblique porte encore ce nom. Il se trouve côté Est du Jourdain<br /> en Jordanie, dans l’ancienne Décapole romaine.<br /> <br /> C’est dans ce lieu que Jacob lutta contre un ange, et se mit<br /> ensuite, symboliquement, à boiter, car il avait obtenu le droit de<br /> former une nouvelle tribu, il pouvait *allégeancer sous la cuisse<br /> droite ! Notons malheureusement que tous les lieux, consacrés<br /> par Jacob, seront rejetés par le ‘Royaume de Juda’ ; Rappelons<br /> Bethel comme exemple. Or, ces rejets étant en totale<br /> contradiction avec les croyances de Jacob/Israël, les<br /> descendants du ‘Royaume de Juda’, à l’évidence, ne devraient<br /> plus se référencer des actes de ce patriarche !<br /> <br /> <br /> <br /> – Pen, ‘tête’, p. 505,<br /> dict. A.T. [Penn, s. m. Tête.] – Uel, ‘le haut’, p. 297, dict. A.T.<br /> [Huel, adv. Haut, élevé.] Sans le ‘h’ comme dans les noms de<br /> lieux et de familles.<br /> <br /> <br /> Pour l’exclusion des boiteux et hors normes : « l’hérétique n’est pas celui que brûle le bûcher, mais celui qui l’allume » William Shakespeare.<br /> <br /> En remontant plus loin :<br /> « les rois élus de Mésopotamie porteront des noms issus de la racine Cam, Kam, c’ham (prononcé ram) (Hammourabi)…des boiteux, soit de ceux qui reçoivent les allégeances sous la cuisse, les chefs<br /> élus.<br /> Gilgamesh : pointe du camp des boiteux, des rois pasteurs élus.<br /> Abram : moi le fils du chef, du boiteux, deuxième nom Orham : notre boiteux, devenu Abraham.<br /> <br /> Ref (Menhir, Dolmen, La vérité, ISBN978-2-9534620-0-5)<br /> <br /> Rama, le nom de la divinité suprême de l’hindouisme, a vraisemblablement la même racine.<br /> <br /> Boiteux symboliques ou réels, ils dérangent. Exclus chez les cathos et les maçons, quel bonheur !<br /> <br /> <br />
Répondre
V
<br /> <br /> Boîter serait donc le signe du refus de "s'intégrer" dans ce monde. Merci de cet éclairage.<br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Le jardin de Vieux Jade
  • : Arrivages du jour, légumes secs, mauvaises herbes, quelques trucs qui arrachent la gueule. Taupes, censeurs et culs bénits s'abstenir. Si vous cherchez des certitudes, c'est pas l'endroit.
  • Contact

Décidément rétif à l'ordre bestial, j'ai fixé ma résidence ailleurs, d'où j'observe le déroulement des temps infernaux, fumier des plus belles fleurs.  J'ai un jardin secret, où les plantes poussent toutes seules. Servez-vous, si le coeur vous en dit, sans tenir compte de la chronologie, car comme le mot le dit clairement, l'heure est un leurre.

 

Une précision concernant les commentaires : n'ayant pas toujours le temps ni l'énergie de répondre aux commentaires, ceux-ci restent ouverts, sans aucune garantie que j'y réponde. Je me réserve cependant le droit de sabrer les inconvenances, dont je reste seul juge.

 

Ici, je n'est pas un autre.

Recherche

Lave

Après l’explosion

Nul ne l’a sue

Le jour d’après

Coule la lave

Brûlent les cendres

Lave la lave

Mange la louve

Larmes sans sel

De régime

Cuit et recuit 

Frottent les cendres

Récurent

 

Pas encore nu,

Pas tout à fait ?

Restent des choses

Bien accrochées

Des salissures

De vieux fantômes

D’anciennes guerres

 

Qui peut le faire, si ce n'est toi ? 

 

Nettoie

 

Les notes glissent

Comme des larmes

Gouttes de feu

Sur la paroi

 

Qui m’a volé le cœur ?

Qui m’a trempé vivant,

Comme une lame ?

Qui m’a fouetté les yeux,

M’a déchiré le ventre

Me baisant les paupières

Et m’enduisant de baume,

Me prenant par la main,

Pour me conduire

Dehors ?

Les dits de Lao Yu

LE BUT DE LA QUÊTE EST DE N'AVOIR

NI BUT, NI QUÊTE

 

***

 

QUE SAIT-IL DE LA PESANTEUR,

CELUI QUI N'EST JAMAIS TOMBÉ ?

 

***

 

C'EST SOUVENT LORSQU'ELLE S'ENFUIT QU'ON PERÇOIT L'ESSENCE DE LA BEAUTÉ

 

***

 

LA MER A DES MILLIARDS DE VAGUES QUI BATTENT TOUS LES RIVAGES. OU EST LE CENTRE DE LA MER ?

 

***

 

CE QUI EST MORT N'A AUCUN POUVOIR SUR CE QUI EST VIVANT

SEULS LES MORTS CRAIGNENT LES MORTS

 

***

 

QUAND LE NID BRÛLE, LES OISEAUX S’ENVOLENT

 

***

 

C’EST DANS LA CHUTE QUE LES AILES POUSSENT

 

***

 

CE QUI PEUT ÊTRE PERDU EST SANS VALEUR

 

***

 

LA MAISON EST PLUS GRANDE QUE LA PORTE

 

***

 

L’ERREUR EST LA VOIE

 

***

 

LA ROUTE EST DURE A CELUI QUI BOÎTE

 

***

 

LA LUMIERE DE L’ETOILE EST DANS L’ŒIL QUI LA REGARDE

 

***

 

LES PETITS NOURRISSENT LES GRANDS

 

***

 

LES RICHES ONT UNE BOUCHE
MAIS PAS DE MAINS POUR LA REMPLIR

C’EST POURQUOI IL LEUR FAUT
DE NOMBREUX SERVITEURS ;


CEUX QUI ONT DE NOMBREUX SERVITEURS
NE SAURAIENT VIVRE SEULS,

CE SONT DONC DES PAUVRES ;


CELUI QUI PEUT VIVRE SANS SERVITEURS 
EST DONC LE VERITABLE RICHE.

 

***

 

VIVRE C’EST REVENIR SUR SES PAS

 

***

 

LA NUIT LAVE LE LINGE DU SOLEIL

 

***

 

LES RUISSEAUX EMPORTENT LES MONTAGNES

 

***

 

UNE EPINE DANS LE PIED DU GENERAL : L’ARMEE S’ARRÊTE


***
 


UN PORC EN HABITS DE SOIE RESTE UN PORC,
COMME UN DIAMANT DANS LE FUMIER

RESTE UN DIAMANT.

MAIS LA PLACE D’ UN DIAMANT

EST DANS UN ECRIN DE SOIE,

ET CELLE D’UN PORC DANS LE FUMIER.

 

***

 

COMME SEULE L’EAU ETANCHE LA SOIF,
SEULE LA JUSTICE COMBLE LA FAIM DE JUSTICE

 

***

 

DU COLIBRI A L’AIGLE, IL EXISTE DE NOMBREUX OISEAUX

 

***

 

LE DEDANS REGLE LE DEHORS

 

***

 

L’EPONGE BOIT LE VIN RENVERSÉ
ET LA ROSÉE DU MATIN

 

 

***  

 

LORSQU'IL DECOUVRE LE MIEL,

L'OURS OUBLIE LA PIQÛRE DES ABEILLES

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisez-Moi Lisez Moi Lisez Moi

Des mots des mots des mots des

Quand à un livre je me livre , ce que je lis me délie.

 

 

Je me demande pourquoi on n'a pas encore une loi qui oblige à faire bouillir les bébés à la naissance, afin qu'ils soient parfaitement stérilisés.

 

Circuler, pour mieux s'ôter.

Toute notre vie, on attend une grande cause pour se lever, et on passe sa vie accroupi, à croupir.

Le lucane aime prendre l'R le soir à sa lucarne.

Ce qu’il y a de bien dans l’état de siège, c’est qu’on prend le temps de s’asseoir.

 

 

Les oiseaux sont les poissons du ciel,

nous en sommes les crabes


Heureux les déjantés, ils quitteront plus facilement la route commune!

 
L’argent n’a pas d’odeur, mais il y contribue.


Un vrai sosie, c’est invraisemblable.

   

Quand je grossis, je m’aigris ; et quand je m’aigris, je grossis.

   

Le temps, c’est de l’urgent.

   

Joindre l’utile au désagréable : se faire renverser par une ambulance.  

 

Le journal du paradis, c’est le Daily Cieux.

   

Yfaut et Yaka sont dans un bateau ; Yfaut tombe à l’eau, Yaka l’repêcher.

 

Chaque matin, s’ils ne sont pas morts, les vieux vont aux nouvelles.

 

Le poète a latitude d’explorer toutes les longitudes.

   

Etre réduit à la portion congrue, c’est fort peu. Moins, c’est incongru.

 

Peut-on dire de quelqu’un
dont la vie dépend des autres pour tout qu’il
est riche ?
La bouche est elle riche ?

Peut-on dire de quelqu’un
qui n’a rien à attendre des autres qu’il est pauvre ?
Les mains sont elles pauvres ?

 

Curieux comme mystique s’oppose à mastoc.

 

On a mis bien des ouvrages majeurs à l’index.

 

Quand le brouillard tombe, on voudrait qu’il se casse.

 

Au matin, la nuit tombe de sommeil.