Poing, pogne, viennent de la racine indo-européenne PENT, PENK, qui signifie cinq.
Cinq doigts, un poing. Pugnace. Giroflée à cinq branches, lisais-je dans les aventures de Bécassine.
Cinq doigts, une main. Cinq, ou l'homme. La main n'appartient qu'à l'homme, man. Les autres ont des pattes, des griffes, des serres, des nageoires, des ventouses, mais pas des mains au pouce opposable. L'homme mesure l'espace de sa main, sa paume, sa coudée, son empan, ses pas. L'homme est la mesure de toutes choses, c'est connu.
L'homme jouit d'un mental - mens - qui assemble les données que lui procurent ses mains. L'homme règle le monde avec son mens et ses mains, sous la course éternelle de la Lune, Moon.
Celle-ci, et le Soleil, puis les planètes, règlent le cours du temps.
La main de l'homme a cinq doigts, et quatorze phalanges. Sur ses deux mains, l'homme peut compter une lunaison, soit vingt-huit jours.
Deux mains, c'est dix doigts. Les spécialistes ont beaucoup de mal à découvrir l'origine de dix. Racine DKM, que certains ont lu : Di (deux) KoMT (mains). Mais le mot "komt" pour main, avancé par certains (KMT) serait douteux.
Tant pis. J'ai autre chose à proposer : Dekem, c'est 2 X kom, dikom, soit 2 ensemble. Kom a donné le latin cum, qui désigne l'union.
J'y vais maintenant de ma rêverie :
Qu'il existe bien un mot "komt" pour signifier "main", ou que ma suggestion soit recevable, deux mains font dix, soit un compte. On apprend toujours à compter sur ses mains.
Deux comptes, c'est vingt, trois comptes, trente. Tous les enfants le savent.
Essayez de compter : si vous êtes droitier, comme moi, vous désignerez peut-être chacun de vos doigts de gauche avec un doigt de votre main droite. Puis les cinq doigts de votre main droite se compteront, se lèveront tout seuls, sans que vous ayez besoin de les désigner. Faisant cela depuis toujours, je croyais que c'était une pratique courante. Après vérification, non.
La gauche représente l'inconscient, ce qui est caché, obscur, qu'il faut nommer, désigner, éclairer, alors que la droite représente la conscience, qui demeure en pleine lumière.
Quand il se recueille, l'homme joint les mains, unit en lui le sombre et le clair, la femme à l'homme, l'humide au sec, le vagyin au lingam, le vide, le vase, au plein.
Il demeure alors dans son centre, le Un.
De dix, il a fait ou refait un. L'axe, la tige mâle est I, le cercle périphérique féminin O.
D'une manière presqu'incroyable, mais tout est magique en ce monde, si l'on soulève le voile, l'addition de 10 + 9 + 8 + 7 + 6 + 5 + 4 + 3 + 2 + 1 donne 55, ou 10.
Le compte est bon ?
Pas tout à fait.
Quand l'être humain unit ses mains, ses deux mains qui font dix, ou quand il unit toutes les paires complémentaires en lui, elles reposent autour de l'axe de la colonne vertébrale, qui est le rappel de l'arbre de la Vie. La connaissance du "bien" (tov, lu "accompli" par Annick de Souzenelle, peut-être le cosmos, l'ordonné, l'informé), figurée par la main droite, et du "mal" (l'inaccompli, le chaos, la pulsion brute, l'énergie informe), par la main gauche, réunies joignent le deuxième arbre (celui dont les fruits causent la mort) au premier.
Il n'a jamais été écrit que l'arbre était un pommier, et donc que le fruit était une pomme, mèlon, en grec qui rappelle mélos, la noirceur.
Ça n'a pas été écrit mais ça s'est répété depuis des milliers d'années. Or, si l'on coupe une pomme par le milieu, dans le sens horizontal (le sens de la "chute", comme l'être primordial a été coupé en mâle et en femelle, on obtient deux moitiés de pomme dessinant deux jolies étoiles à 5 branches, mais plus de pomme. Plus de pomme, mais une moitié mâle qui a une queue, une moitié femelle qui a une rosace, vestige de la fleur.
Deux mains unies, l'une masculine, l'autre féminine reforment le fruit, image de l'arbre, celui de la connaissance, 5 plus 5 soit 10, dont il n'a jamais été écrit qu'il était "au centre du jardin". Cet arbre est donc situé hors du Paradis, à l’extérieur, dans le monde de la mort où nous nous trouvons. C’est ici, et pas ailleurs, que nous ferons la connaissance du bien et du mal, et que nous sommes conviés à marier les opposés.
Cela accompli, nous pourrons alors regagner le Jardin, où demeure intouché, immuable, l'autre arbre, dont il est bien écrit qu'il se trouve au centre, lui, l’arbre de la Vie. Les deux donnent 11. Dix plus Un.
Et renvoient au Soleil, le seul oeil, dont le cycle est basé sur onze.
En graphie latine majuscule, SOL, c'est Conscience/vide ou ouverture/expansion.
A ce stade, je dois formuler une intuition (ou une réminiscence) que j'ai eue à la lecture d'un texte publié sur le BBB : le Soleil (Sun, son, le Fils) est la porte des âmes dans ce monde. On le voit dans le célèbre tableau de Jérôme Bosch, l'Ascension des Bénis.
L'âme voyagerait par le moyen de la lumière. A ce sujet, je trouve dans le bouquin que je lis, d'où je tire certains matériaux de ce sujet, dont les conclusions n'engagent que moi, mais non l'auteur, décédé en 1998, et qui se méfiait beaucoup des rêveurs tels que moi, la mention que pour Plutarque, le Soleil (le Fils) était un miroir destiné à refléter la Lumière divine (du Père, ou Soleil central) dans ce monde.
Un rappel, de saint Paul, Corinthiens 13-12 : "Aujourd'hui nous voyons au moyen d'un miroir, d'une manière obscure, mais alors nous verrons face à face; aujourd'hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j'ai été connu".
Cela confirme Plutarque. Dans le monde de la dualité, du 10, ou le 5 du "bien" s'oppose au 5 du "mal", ou monde "sublunaire", l'union des contraires permet l'accès au 10, c'est-à-dire à la paix qui naît de l’ordre retrouvé. Mais c’est un ordre terrestre, inspiré de l’ordre divin.
Au-delà, l’âme qui a accompli le dix, et donc placé l’arbre de la connaissance au centre de la création accède au Paradis dont l’arbre de Vie est le centre.
Là, l’âme voit Dieu, ou l’axe, face à face : UN, arbre image du principe créateur et un, issu du dix, image de l'homme qui a vaincu la mort par la résolution et l’union des opposés se contemplent, immobiles et en relation directe et permanente.
Autant dire que l'homme divisé reste prisonnier de l'existence, la création visible symbolisée par le 10, dont le système lunaire (28, ou 2 + 8) de mesure est souvent désigné par des termes comprenant les lettres M et N, comme dans aMNésie, aMNiotique, MaMaN, MaMMelle, MaN, MooN, MeNs, MayiM,(les eaux en hébreu), alors que l'homme réunifié (divinisé, par opposition à divisé, par ajout de in, qui désigne l'intérieur) accède à la connaissance et à la Vie, comme le germe sort de la graine pour s'établir dans un nouvel espace, un nouveau temps, un nouveau monde, le monde Solaire du Paradis retrouvé.