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9 mars 2010 2 09 /03 /mars /2010 07:06

04122009 122
Voici deux mots jumeaux, deux substantifs français qui ont le même papa, la même maman, et se ressemblent comme deux gouttes d’eau mais dans le drame du monde recouvrent des sens et des personnages symboliques diamétralement opposés. J’ai nommé, à ma gauche, dans le rôle de Caïn : EXISTENCE, et à ma droite, dans le rôle d’Abel : EXTASE.

 

Les deux procèdent du préfixe EX, qui désigne évidemment ce qui se situe hors de, tant dans la dimension de l’espace que dans celle du temps (mon ex…), et du verbe STARE, se tenir, demeurer, qui a donné stable, statique, étable.

 

Commençons par Caïn : EXISTER, c’est se situer hors de. Hors de quoi ? Du ventre maternel, pour commencer, pour aller au plus court. Derrière ? Le père, bien sûr, puis ? A chacun d’y aller voir. Mais comment ?

 

Par Abel, bien sûr. L’extase est un état hors. Hors de quoi ? De l’existence, bien sûr.

Etymologiquement, Caïn vient de l’hébreu qanah, acquérir, posséder, avoir ; du lourd, du tangible. Abel – Hébel -, c’est le souffle, la buée, le léger.

 

Chronologiquement ou ontologiquement, dans cette existence qui n’est qu’une forme de rêve et de suggestion le lourd tue le léger. Nous sommes au monde de la pesanteur et le lourd en nous, l’évidence, le convenu, tuent sans cesse le doux, le léger, l’impalpable.

 

En pratique, et en dehors de phénomènes spontanés, l’extase passe par une forme de mort. Il faut passer par l’intoxication, l’asphyxie, la faim, la solitude – le Christ au désert – les états de mort approchée, le fond du désespoir, pour y parvenir ; seuls ceux qui ont reçu cette forme de baptême, d’initiation – c’est la véritable initiation, qui signifie entrer à l’intérieur – ont vécu le retournement. Les autres attendront l’heure de la mort effective pour découvrir un peu de ce qui leur était caché.

 

Retournement, conversion, passent par la transe. Encore une fois, le mot se suffit à lui-même. Etre en transe, c’est passer au travers. Au travers du miroir qui renvoie ce que nous imaginons.

 

De l’existence lourde, collante, égotique, passer par la transe à l’extase. Passer donc de la paroi extérieure sur laquelle nous sommes cloués comme des mouches à l’intérieur.

 

Evidemment, chacun va plus ou moins loin. Et tous n’y font pas les mêmes rencontres.

 

La transe n’étant pas réservée aux saints, on comprend que de très vilains représentants de Caïn, disons pour simplifier tout ce qui tend à posséder et dominer sur cette face du monde fait du troc avec tout ce qu’il y a de plus affreux de l’autre côté de la paroi, et les échanges d’escrocs à escrocs sont particulièrement fructueux par les fin des temps qui courent.

 

Cependant, comme le disait Emmanuel Yves Monin, avoir, c’est a-voir, c’est-à-dire, au moyen du a privatif : ne pas voir. Ceux dont le commerce avec les esprits a pour but de dominer, d’accaparer, de tromper, sont des aveugles. Aveugles d’abord au fait qu’ils sont les premiers trompés, malgré toute leur canaillerie, aveugles aux souffrances qu’ils infligent, mais qui ont un effet cathartique sur certains de ceux qui les endurent, aveugles au fait que ce qu’ils accumulent précieusement n’est que de la merde, du vent. Donc l’extase à elle-seule, l’initiation, n’apporte aucune garantie de sagesse. C’est la raison pour laquelle les précieux anciens pratiquaient et engageaient les néophytes soigneusement sélectionnés à une purification drastique avant de les pousser dans le vide.

 

L’existence de ceux qui ont connu l’extase n’est plus jamais la même. Caïn a tué Abel. Mais en réalité, Caïn est mortel et toujours mort de peur, de la peur de mourir, de ne pas être. Abel, étant mort Est, éternel et en paix. Caïn ne peut agir que sur ceux qui ont peur. Ceux qui, croyant être le reflet extérieur ignorent qu’ils sont aussi Abel. Qui ne sont pas nés de nouveau.

 

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Présentation

  • : Le jardin de Vieux Jade
  • : Arrivages du jour, légumes secs, mauvaises herbes, quelques trucs qui arrachent la gueule. Taupes, censeurs et culs bénits s'abstenir. Si vous cherchez des certitudes, c'est pas l'endroit.
  • Contact

Décidément rétif à l'ordre bestial, j'ai fixé ma résidence ailleurs, d'où j'observe le déroulement des temps infernaux, fumier des plus belles fleurs.  J'ai un jardin secret, où les plantes poussent toutes seules. Servez-vous, si le coeur vous en dit, sans tenir compte de la chronologie, car comme le mot le dit clairement, l'heure est un leurre.

 

Une précision concernant les commentaires : n'ayant pas toujours le temps ni l'énergie de répondre aux commentaires, ceux-ci restent ouverts, sans aucune garantie que j'y réponde. Je me réserve cependant le droit de sabrer les inconvenances, dont je reste seul juge.

 

Ici, je n'est pas un autre.

Recherche

Lave

Après l’explosion

Nul ne l’a sue

Le jour d’après

Coule la lave

Brûlent les cendres

Lave la lave

Mange la louve

Larmes sans sel

De régime

Cuit et recuit 

Frottent les cendres

Récurent

 

Pas encore nu,

Pas tout à fait ?

Restent des choses

Bien accrochées

Des salissures

De vieux fantômes

D’anciennes guerres

 

Qui peut le faire, si ce n'est toi ? 

 

Nettoie

 

Les notes glissent

Comme des larmes

Gouttes de feu

Sur la paroi

 

Qui m’a volé le cœur ?

Qui m’a trempé vivant,

Comme une lame ?

Qui m’a fouetté les yeux,

M’a déchiré le ventre

Me baisant les paupières

Et m’enduisant de baume,

Me prenant par la main,

Pour me conduire

Dehors ?

Les dits de Lao Yu

LE BUT DE LA QUÊTE EST DE N'AVOIR

NI BUT, NI QUÊTE

 

***

 

QUE SAIT-IL DE LA PESANTEUR,

CELUI QUI N'EST JAMAIS TOMBÉ ?

 

***

 

C'EST SOUVENT LORSQU'ELLE S'ENFUIT QU'ON PERÇOIT L'ESSENCE DE LA BEAUTÉ

 

***

 

LA MER A DES MILLIARDS DE VAGUES QUI BATTENT TOUS LES RIVAGES. OU EST LE CENTRE DE LA MER ?

 

***

 

CE QUI EST MORT N'A AUCUN POUVOIR SUR CE QUI EST VIVANT

SEULS LES MORTS CRAIGNENT LES MORTS

 

***

 

QUAND LE NID BRÛLE, LES OISEAUX S’ENVOLENT

 

***

 

C’EST DANS LA CHUTE QUE LES AILES POUSSENT

 

***

 

CE QUI PEUT ÊTRE PERDU EST SANS VALEUR

 

***

 

LA MAISON EST PLUS GRANDE QUE LA PORTE

 

***

 

L’ERREUR EST LA VOIE

 

***

 

LA ROUTE EST DURE A CELUI QUI BOÎTE

 

***

 

LA LUMIERE DE L’ETOILE EST DANS L’ŒIL QUI LA REGARDE

 

***

 

LES PETITS NOURRISSENT LES GRANDS

 

***

 

LES RICHES ONT UNE BOUCHE
MAIS PAS DE MAINS POUR LA REMPLIR

C’EST POURQUOI IL LEUR FAUT
DE NOMBREUX SERVITEURS ;


CEUX QUI ONT DE NOMBREUX SERVITEURS
NE SAURAIENT VIVRE SEULS,

CE SONT DONC DES PAUVRES ;


CELUI QUI PEUT VIVRE SANS SERVITEURS 
EST DONC LE VERITABLE RICHE.

 

***

 

VIVRE C’EST REVENIR SUR SES PAS

 

***

 

LA NUIT LAVE LE LINGE DU SOLEIL

 

***

 

LES RUISSEAUX EMPORTENT LES MONTAGNES

 

***

 

UNE EPINE DANS LE PIED DU GENERAL : L’ARMEE S’ARRÊTE


***
 


UN PORC EN HABITS DE SOIE RESTE UN PORC,
COMME UN DIAMANT DANS LE FUMIER

RESTE UN DIAMANT.

MAIS LA PLACE D’ UN DIAMANT

EST DANS UN ECRIN DE SOIE,

ET CELLE D’UN PORC DANS LE FUMIER.

 

***

 

COMME SEULE L’EAU ETANCHE LA SOIF,
SEULE LA JUSTICE COMBLE LA FAIM DE JUSTICE

 

***

 

DU COLIBRI A L’AIGLE, IL EXISTE DE NOMBREUX OISEAUX

 

***

 

LE DEDANS REGLE LE DEHORS

 

***

 

L’EPONGE BOIT LE VIN RENVERSÉ
ET LA ROSÉE DU MATIN

 

 

***  

 

LORSQU'IL DECOUVRE LE MIEL,

L'OURS OUBLIE LA PIQÛRE DES ABEILLES

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisez-Moi Lisez Moi Lisez Moi

Des mots des mots des mots des

Quand à un livre je me livre , ce que je lis me délie.

 

 

Je me demande pourquoi on n'a pas encore une loi qui oblige à faire bouillir les bébés à la naissance, afin qu'ils soient parfaitement stérilisés.

 

Circuler, pour mieux s'ôter.

Toute notre vie, on attend une grande cause pour se lever, et on passe sa vie accroupi, à croupir.

Le lucane aime prendre l'R le soir à sa lucarne.

Ce qu’il y a de bien dans l’état de siège, c’est qu’on prend le temps de s’asseoir.

 

 

Les oiseaux sont les poissons du ciel,

nous en sommes les crabes


Heureux les déjantés, ils quitteront plus facilement la route commune!

 
L’argent n’a pas d’odeur, mais il y contribue.


Un vrai sosie, c’est invraisemblable.

   

Quand je grossis, je m’aigris ; et quand je m’aigris, je grossis.

   

Le temps, c’est de l’urgent.

   

Joindre l’utile au désagréable : se faire renverser par une ambulance.  

 

Le journal du paradis, c’est le Daily Cieux.

   

Yfaut et Yaka sont dans un bateau ; Yfaut tombe à l’eau, Yaka l’repêcher.

 

Chaque matin, s’ils ne sont pas morts, les vieux vont aux nouvelles.

 

Le poète a latitude d’explorer toutes les longitudes.

   

Etre réduit à la portion congrue, c’est fort peu. Moins, c’est incongru.

 

Peut-on dire de quelqu’un
dont la vie dépend des autres pour tout qu’il
est riche ?
La bouche est elle riche ?

Peut-on dire de quelqu’un
qui n’a rien à attendre des autres qu’il est pauvre ?
Les mains sont elles pauvres ?

 

Curieux comme mystique s’oppose à mastoc.

 

On a mis bien des ouvrages majeurs à l’index.

 

Quand le brouillard tombe, on voudrait qu’il se casse.

 

Au matin, la nuit tombe de sommeil.