Voyez quelle vie je mène ! Cet effrayant dragon moussu jaillissant de la cressonnière m'a pris pour un malfaiteur et voulait probablement me dévorer lorsque soudain il prit conscience que je n'étais qu'un innocent chapardeur de cresson désireux de rendre hommage aux merveilles qu'il protège.
Mais il a raison de veiller, car ce lieu splendide perdu dans les bois au flanc d'une colline, cette clairière où chantent les merles, cette source claire qui coule sur du sable noir et des graviers blancs, cet endroit magique a été presque détruit il y a quelques années par un acte de malveillance.
Oui, il s'est trouvé un être suffisamment méchant et borné pour tout arroser de désherbant, sans doute dans l'intention de nuire à son propriétaire. Malgré cela, le vaillant petit cresson a repris le dessus. Si les cons volaient, il serait certainement chef d'escadrille, comme j'entendais dans ma jeunesse, le crétin qui a fait cela.
Mais d'un autre côté, comme disait Ferlin l'autre jour: si on fermait tous les cons dans un placard, il n'y aurait plus personne pour fermer la porte.
Alors profitons du merveilleux cresson, remercions les esprits de la nature qui souffrent autant que nous de la bêtise humaine, et efforçons nous de relever le niveau.
Servez-vous, y en aura pour tout le monde !