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5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 07:03

gorges du Tarn mai 2009 120
On pourrait comparer l’existence humaine à une descente de ski, ou à un saut en parachute.

Au début, on va vite, sans conscience du danger. Tout paraît ouvert, facile, possible.

Les premières chutes, ou la sensation soudaine d’accélération, ou, le plus souvent les mises en garde de nos instructeurs, et Dieu sait qu’ils sont nombreux depuis le berceau à nous seriner et ressasser que nous devons faire attention, prendre garde, ouvrir l’œil, tous ces accidents et ces frileux gardiens nous refroidissent peu à peu. L’angoisse nous serre le cœur, comme une puissante griffe de fer. Les tripes se nouent, la respiration se bloque, le sang bat aux tempes : STOP.

 

Maintenant on descend en chasse-neige, tremblant, freins bloqués, parachute ouvert, yeux fermés. Centimètre par centimètre, mètre par mètre, peu à peu.

 

La peur s’est installée et ne nous lâche plus. Allons-nous vivre recroquevillés jusqu’au terme, ou reprendrons-nous un peu de courage, d’aisance, de fluidité et d'élégance ?

 

Vivrons-nous comme des vieillards accrochés à leur suspente – plan-épargne-retraite-déambulateur en ne respirant que le minimum, ou retrouverons-nous l’ivresse initiale, doublée cette fois-ci d’un peu de sagesse et de clairvoyance ?

 

Le principe de précaution est l’une des plus sales casseroles qu’on nous ait attachées aux fesses. L’émasculation finale. Pourquoi sortir de chez soi, pourquoi tenter quoi que ce soit alors que tout est risqué, et que le but de la vie consiste à durer le plus longtemps possible en se gavant le plus possible ?

 

Pourquoi se hasarder à l’extérieur, où l’air est nauséabond et contagieux, alors qu’il suffit d’allumer l’écran magique pour se propulser dans un monde prodigieusement varié, qui permet d’assister sous sédatifs légers et en père peinard aux pires scènes de crime ou de viol, comme de surfer sur les plages dorées de Malibu en compagnie de nymphes callipyges bronzées aux gros seins ?

 

Les publicités regorgent de gens assis les yeux fermés, les mains posées sur les genoux : la zénitude. Tranquille. Pépère. Parce qu’ils ont la meilleure banque et la compagnie d’assurance idéale.

La belle vie. On vous dit : lâchez-prise, dormez, dormez.


C'est l'apogée du matérialisme. L'immonde au carré, au cube. J'ai vu des paysans refuser de sortir une voiture d'un fossé avec leur tracteur parce qu'en cas de deuxième accident lors du sauvetage, ils ne seraient pas assurés. Le corps et le psychisme le plus lourd ont perdu le sens de l'éternité, et le souvenir du vol instantané. Encore un peu, et nous serons définitivement figés, comme du pâté, du béton, et tout nous y mène.
 

C’est pourtant vrai, il ne faut qu'une seule chose : lâcher-prise. Mais c’est une chose, s’endormir comme un tas de graisse, une soupe de la veille, une tonne de fonte, une méduse effondrée, c'en est autre que lâcher les suspentes, les fantastiques sécurités auxquelles on s’accroche depuis des siècles, à en avoir des crampes partout. Qui, vous ? Non, pas de crampes ? Moi, j’en ai, partout, plein. Depuis que j’ai défait la première, il en sort de partout. Cruel enchaînement : plus tu déroules de fil, plus il en vient. Hé oui, il faut désosser la bête jusqu'au bout, tendon après tendon. Décortiquer. Avez-vous repéré le nombre de zombis dont le hara remonte dans la glotte? Vous avez dit: constipé ? A quand remontent nos crispations ? A quand remonte notre dernière vraie inspiration, mélange cosmique qui nous a blackboulé les poumons d'extase? A la naissance, à la mise sur orbite du petit monstre à flagelles, déjà dans la compétition sous l’œil impavide de l’ovule, ou avant ?

Moi qui m’efforce de balayer toutes les croyances inculquées, je me demande maintenant, spontanément, et non parce qu’on me l’a infusé dans le bocal, si ça ne remonte pas beaucoup plus loin, l’époque de la première contraction, de la première descente. Peut-être des milliers, des millions d’années. Car sinon, comment aurions nous pu engranger toute cette incroyable peur, qui fait que chaque cellule est recroquevillée, blindée, asphyxiée, en survie, en apnée, en sommeil cataleptique, sous hypnose, en quelques décennies seulement ? Et comment pourrions-nous trouver l'incroyable énergie du désespoir, seule capable de changer tout cela ?

 

Le but, ce n’est certes pas  la zénitude de carnaval, le sommeil artificiel, non, c’est l’éveil, la découverte de la chute libre, acceptée, assumée, choisie, qui demande d’avoir les yeux ouverts et les nerfs bien assurés. Pour cela, il faut que le corps respire, se meuve à l’aise, et donc que soient défaits tous les nœuds précédemment serrés. Pour cela, il faut revenir en arrière, replonger dans le jus, remonter le temps, et chercher à comprendre ce qui a pu se passer, comment ça s’est passé, repérer les fils, un par un, défaire les boucles, donner de l’espace, de l’air, de la lumière, du gonflant, du moelleux. Voir et arracher les racines de la peur et de la sujétion. Pour soudain crever le plafond et jaillir dans l'extase. Et même s'il faut attendre cent ans.

 

Au diable les religions, les banques et les contrats d’assurance. Dans le monde libre, on ne sait même pas à quoi ça sert. Béquilles, prothèses, verrues. Verrous.

 

Si nous pouvions voir ce que nous sommes réellement devenus, le groin, la trogne que nous nous sommes faits, nous mourrions de peur ou de désespoir.

 

L’autre jour je parlais de monter comme une flèche, aujourd’hui il s’agit de descendre en chute libre ? C’est la même chose, bien sûr. Quitter la corde de l’arc pour s’élancer dans l’espace ou sauter de la plus haute montagne dans le vide, c’est une seule et même chose.

 

Ca nous sera demandé un jour ou l’autre, une vie ou l’autre. C’est imminent à chaque instant.


Autant être prêt, et dénouer sans cesse les milliards de nœuds qui ne demandent qu’à se reformer sans cesse. Car un jour nous serons prêts.

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commentaires

R
<br /> c'est sûr que par exemple concernant les toxiques agricoles, le nucléaire, etc on est tenter de pousser au principe de précaution, mais d'un autre côté l'obsession moderne (quoique les précurseurs<br /> anciens des actuels "travailleurs sociaux" : les familiers de l'Inquisition, si ils faisaient couper la langue des blasphémateurs c'etait "pour des raisons de sécurité" pour leur éviter le risque<br /> de blasphémer at d'aller à cause de ça en enfer, c'était de la philanthtropie ! c'était aussi le principe de précaution qui faisait bruler les hérétiques - hé ce serait dangereux pour la santé<br /> éternelle des âmes si on les laissaient en contact avec des pensées "innappropriées" pardon ! à l'époque on disait "erronées" (heresos))<br /> Mais quand-même si typiquement moderne du principe de précaution mêne de plus en plus nos "calotins" modernes à une telle psychose "maniaco-dépressive" (c'est comme ça qu'on dit?) qu'ils vont avec<br /> leurs peurs transformer notre société en une dictature totalitaire auprès de laquelle, vu les progrès techniques, celles de Staline ou de Hitler appara^tront comme des plaisanteries d'enfants de<br /> choeur...<br /> <br /> <br />
Répondre
V
<br /> Le principe de précaution ne peut être envisagé que dans un monde moribond dans lequel chacun se considère comme vulnérable. Or seul le corps et le psychisme sont vulnérables, car seuls eux sont DE<br /> ce monde. Ce monde est un phantasme, on n'est absolument pas obligé de l'accepter ou d'y croire.<br /> <br /> <br />
Y
<br /> L'accenteur mouchet<br /> <br /> Tiens ! ils n’ont pas encore tué l’accenteur mouchet qui chante rue de la Croix de g. ?<br /> Pourtant, dans le cadre de la lutte contre le bruit, « pour des raisons de sécurité » , ils vont certainement interdire tous les oiseaux .…<br /> <br /> Non, ils vont plutôt interdire les fleurs: ça sent, les fleurs, c'est donc une pollution, une "nuisance", qui empêche les baufs de bien sentir l'odeur d'antiseptiques !<br /> <br /> :) :) :)<br /> <br /> <br />
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V
<br /> Mais sérieusement, le meurtre des abeilles n'est peut-être pas un accident.<br /> <br /> <br />
S
<br /> "Autant être prêt"...très belle parole, que je garde dans un coin de mon cœur. Merci de votre passage sur mon blog, qui m'a permis de connaître le votre. A bientôt. Amicalement. Sylvie /sevim<br /> <br /> <br />
Répondre
V
<br /> Si je savais mettre des musiques sur mon blog (peut-être apprendrai-je?), je crois bien que je vous aurais subtilisé "Nihavent Oriental", tellement c'est beau. Bonjour à vos chats.<br /> <br /> <br />
Y
<br /> Simplement vertigineux!!!!<br /> Rien à rajouter.<br /> Dans le même genre:<br /> http://miiraslimake.over-blog.com/article-1884669.html<br /> <br /> <br /> ...merci pour les compliments, ça me va droit au coeur.<br /> Belle journée!<br /> <br /> <br />
Répondre
V
<br /> Merci, j'ai trouvé le blog (une vraie encyclopédie!) mais le lien ne fonctionne pas. <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Le jardin de Vieux Jade
  • : Arrivages du jour, légumes secs, mauvaises herbes, quelques trucs qui arrachent la gueule. Taupes, censeurs et culs bénits s'abstenir. Si vous cherchez des certitudes, c'est pas l'endroit.
  • Contact

Décidément rétif à l'ordre bestial, j'ai fixé ma résidence ailleurs, d'où j'observe le déroulement des temps infernaux, fumier des plus belles fleurs.  J'ai un jardin secret, où les plantes poussent toutes seules. Servez-vous, si le coeur vous en dit, sans tenir compte de la chronologie, car comme le mot le dit clairement, l'heure est un leurre.

 

Une précision concernant les commentaires : n'ayant pas toujours le temps ni l'énergie de répondre aux commentaires, ceux-ci restent ouverts, sans aucune garantie que j'y réponde. Je me réserve cependant le droit de sabrer les inconvenances, dont je reste seul juge.

 

Ici, je n'est pas un autre.

Recherche

Lave

Après l’explosion

Nul ne l’a sue

Le jour d’après

Coule la lave

Brûlent les cendres

Lave la lave

Mange la louve

Larmes sans sel

De régime

Cuit et recuit 

Frottent les cendres

Récurent

 

Pas encore nu,

Pas tout à fait ?

Restent des choses

Bien accrochées

Des salissures

De vieux fantômes

D’anciennes guerres

 

Qui peut le faire, si ce n'est toi ? 

 

Nettoie

 

Les notes glissent

Comme des larmes

Gouttes de feu

Sur la paroi

 

Qui m’a volé le cœur ?

Qui m’a trempé vivant,

Comme une lame ?

Qui m’a fouetté les yeux,

M’a déchiré le ventre

Me baisant les paupières

Et m’enduisant de baume,

Me prenant par la main,

Pour me conduire

Dehors ?

Les dits de Lao Yu

LE BUT DE LA QUÊTE EST DE N'AVOIR

NI BUT, NI QUÊTE

 

***

 

QUE SAIT-IL DE LA PESANTEUR,

CELUI QUI N'EST JAMAIS TOMBÉ ?

 

***

 

C'EST SOUVENT LORSQU'ELLE S'ENFUIT QU'ON PERÇOIT L'ESSENCE DE LA BEAUTÉ

 

***

 

LA MER A DES MILLIARDS DE VAGUES QUI BATTENT TOUS LES RIVAGES. OU EST LE CENTRE DE LA MER ?

 

***

 

CE QUI EST MORT N'A AUCUN POUVOIR SUR CE QUI EST VIVANT

SEULS LES MORTS CRAIGNENT LES MORTS

 

***

 

QUAND LE NID BRÛLE, LES OISEAUX S’ENVOLENT

 

***

 

C’EST DANS LA CHUTE QUE LES AILES POUSSENT

 

***

 

CE QUI PEUT ÊTRE PERDU EST SANS VALEUR

 

***

 

LA MAISON EST PLUS GRANDE QUE LA PORTE

 

***

 

L’ERREUR EST LA VOIE

 

***

 

LA ROUTE EST DURE A CELUI QUI BOÎTE

 

***

 

LA LUMIERE DE L’ETOILE EST DANS L’ŒIL QUI LA REGARDE

 

***

 

LES PETITS NOURRISSENT LES GRANDS

 

***

 

LES RICHES ONT UNE BOUCHE
MAIS PAS DE MAINS POUR LA REMPLIR

C’EST POURQUOI IL LEUR FAUT
DE NOMBREUX SERVITEURS ;


CEUX QUI ONT DE NOMBREUX SERVITEURS
NE SAURAIENT VIVRE SEULS,

CE SONT DONC DES PAUVRES ;


CELUI QUI PEUT VIVRE SANS SERVITEURS 
EST DONC LE VERITABLE RICHE.

 

***

 

VIVRE C’EST REVENIR SUR SES PAS

 

***

 

LA NUIT LAVE LE LINGE DU SOLEIL

 

***

 

LES RUISSEAUX EMPORTENT LES MONTAGNES

 

***

 

UNE EPINE DANS LE PIED DU GENERAL : L’ARMEE S’ARRÊTE


***
 


UN PORC EN HABITS DE SOIE RESTE UN PORC,
COMME UN DIAMANT DANS LE FUMIER

RESTE UN DIAMANT.

MAIS LA PLACE D’ UN DIAMANT

EST DANS UN ECRIN DE SOIE,

ET CELLE D’UN PORC DANS LE FUMIER.

 

***

 

COMME SEULE L’EAU ETANCHE LA SOIF,
SEULE LA JUSTICE COMBLE LA FAIM DE JUSTICE

 

***

 

DU COLIBRI A L’AIGLE, IL EXISTE DE NOMBREUX OISEAUX

 

***

 

LE DEDANS REGLE LE DEHORS

 

***

 

L’EPONGE BOIT LE VIN RENVERSÉ
ET LA ROSÉE DU MATIN

 

 

***  

 

LORSQU'IL DECOUVRE LE MIEL,

L'OURS OUBLIE LA PIQÛRE DES ABEILLES

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisez-Moi Lisez Moi Lisez Moi

Des mots des mots des mots des

Quand à un livre je me livre , ce que je lis me délie.

 

 

Je me demande pourquoi on n'a pas encore une loi qui oblige à faire bouillir les bébés à la naissance, afin qu'ils soient parfaitement stérilisés.

 

Circuler, pour mieux s'ôter.

Toute notre vie, on attend une grande cause pour se lever, et on passe sa vie accroupi, à croupir.

Le lucane aime prendre l'R le soir à sa lucarne.

Ce qu’il y a de bien dans l’état de siège, c’est qu’on prend le temps de s’asseoir.

 

 

Les oiseaux sont les poissons du ciel,

nous en sommes les crabes


Heureux les déjantés, ils quitteront plus facilement la route commune!

 
L’argent n’a pas d’odeur, mais il y contribue.


Un vrai sosie, c’est invraisemblable.

   

Quand je grossis, je m’aigris ; et quand je m’aigris, je grossis.

   

Le temps, c’est de l’urgent.

   

Joindre l’utile au désagréable : se faire renverser par une ambulance.  

 

Le journal du paradis, c’est le Daily Cieux.

   

Yfaut et Yaka sont dans un bateau ; Yfaut tombe à l’eau, Yaka l’repêcher.

 

Chaque matin, s’ils ne sont pas morts, les vieux vont aux nouvelles.

 

Le poète a latitude d’explorer toutes les longitudes.

   

Etre réduit à la portion congrue, c’est fort peu. Moins, c’est incongru.

 

Peut-on dire de quelqu’un
dont la vie dépend des autres pour tout qu’il
est riche ?
La bouche est elle riche ?

Peut-on dire de quelqu’un
qui n’a rien à attendre des autres qu’il est pauvre ?
Les mains sont elles pauvres ?

 

Curieux comme mystique s’oppose à mastoc.

 

On a mis bien des ouvrages majeurs à l’index.

 

Quand le brouillard tombe, on voudrait qu’il se casse.

 

Au matin, la nuit tombe de sommeil.