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26 septembre 2013 4 26 /09 /septembre /2013 20:16

 

 

Je viens de me couper les ongles. Une fois de plus. Je ne tiens pas de journal, mais le cycle doit tourner dans les dix jours. Les griffes de derrière, c'est moins souvent. La barbe, les cheveux, ça pousse aussi. La peau se renouvelle et ça désquame en douce, poussé par le savon. Les humeurs, le sébum, les liquides, les excréments, ça pousse.

 

Encore heureux qu'on n'ait pas les dents qui poussent, comme les lapins. 

 

Le gazon, la mousse, ça pousse. Les fourmis, les taupes, les rats, les enfants et les enfants des enfants, ça pousse.

 

Le vent pousse les nuages qui tombent en pluie que la canicule aspire pour faire des nuages que le vent pousse. Les nouvelles routes poussent les champs et les forêts qui repoussent ailleurs, ou ne repoussent pas. Mais les immeubles de carton-pâte poussent et s'écroulent avant de repousser.

 

Les fortunes et les gloires poussent et s'écroulent, et l'arrogance des hommes pousse et s'effondre au gré de lois qui leur échappent.

 

Un printemps pousse l'hiver et la joie par dessus les toits, comme disait Charles. Mais le printemps annonce déjà la ruine de l'automne. Le clair porte l'obscur. 

 

Ça pousse sans cesse. Dans la dernière boîte, il paraît que les poils les ongles et les dernières humeurs poussent encore vers la sortie.

 

Les peuples comme les fourmis et les rats poussent sans cesse leur espace vital, comme disait Adolf, pour lequel le surhomme avait les mêmes besoins que l'homme.  

 

Une idée pousse l'autre. Un mème du genre chanson en tête pousse l'autre. Tout pousse, tourne, s'effondre, renaît, repousse, tout se bouscule. Civilisations, ères géologiques, intimes convictions, tout passe.

 

Bien sûr, me direz-vous, les fleurs, le blé, le miel, la beauté des femmes et tout ce qui emplit le coeur et l'estomac aussi. Bien sûr. C'est le cycle de la nourriture, et celui de la couche. Vide, plein, vide.

 

Comme disait je ne sais plus qui, le corps est un cadavre qui se repaît de cadavres pour se perpétuer. Les trous noirs bouffent les étoiles. L'argent, les succès et la considération sont des choses mortes qui emplissent faussement nos egos affamés.

 

Rien de ce qui semble pur ne l'est, car tout recèle en germe sa propre pourriture.

 

Est-ce un cauchemar ?

 

Peut-être.

 

Savez-vous comment et quand on s'éveille d'un cauchemar ?

  

A la dernière minute, quand tout devient vraiment si insupportable qu'on crève d'un coup la paroi du bocal jusque là hermétiquement clos.

 

C'est ainsi que naissent les poussins.

 

Et après ? Ça recommence ? Le poussin devient une poule qui pond des poussins qui poussent et la poussent afin de pondre des poussins qui pousseront et repousseront jusqu'au prochain cauchemar ?

 

Le poussin n'a fait que changer d'enveloppe dans un monde inexorablement soumis au temps. C'est lui, le Temps, qui est le mécanisme responsable de ce cauchemar.

 

Quand j'ai vu CE truc sur le BBB, ça m'a vraiment sauté aux yeux. Ces gens qui courent après le temps, soumis à lui, comme nous tous, cette construction permanente. Rien vu d'aussi pertinent depuis des lustres. Comment sortir de ce monde ?

 

Parce que pour moi, la seule et unique question est bien celle-ci : comment sortir de ce piège ?

 

Tout le reste est littérature. Savoir, avoir, paraître, donner le change, repeindre la cellule, mettre du lilas dans le vase. Tout ce qui ne sert pas à la délivrance est à jeter.

 

VJ est bien noir, aujourd'hui. Trop lu Cioran ? Non, pas depuis longtemps. Comme les Dalton, j'ai laissé Cioran-t-en plan. C'est cette horloge humaine qui m'a tapé en grand, dans un moment où, pour une foule de raisons, je marchais déjà plus ou moins à quatre pattes.

 

Mais seuls les chocs peuvent fissurer notre coquille et nous tirer du sommeil de plomb où nous gisons.

 

De la nécessité des baffes. 

 

Accueillons les chocs, et les avanies. Accueillons tout ce qui nous démonte, nous ravage et nous aide à sortir des rails rouillés du temps sans cesse recommencé. Accueillons le neuf. Accueillons ce qui semble vide, comme le reste.

 

A force de pousser, ça pourrait nous pousser dehors.

 

 

 

Déjà publié le 11 mai 2012 

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commentaires

L
<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Vi, vi ! :)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> C'est moi qui ai écrit ce qui est en violet ? Je ne le retrouve pas dans "ça pousse" 1.<br /> <br /> <br /> ?<br /> <br /> <br /> http://www.vieux-jade.com/article-a-pousse-104733482-comments.html#anchorComment<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Merci a toutes, tous. Belles pensées pour les absent(e)s.<br /> <br />
Répondre
V
<br /> <br /> Ah oui, j'ai écrit ça; mais je m'y retrouve bien, seulement je n'avais pas pensé que c'était dans les réponses aux commentaires. Reason why je l'avais pas vu , skiouz mi.<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> "Chacun de nous est-il une facette des yeux d'une énorme mouche ?"<br /> <br /> <br /> On peut le voir ainsi, VJ, si l'on se considère comme étant, chacun de notre côté, une minuscule parcelle d'un tout. Mouche ou autre chose - "Univers", par exemple...<br /> <br /> <br /> C'est peut-être la raison pour laquelle nous ne parvenons pas à déchiffrer le mystère de la vie : chacun de nous détiendrait juste un mince morceau du puzzle.<br /> <br /> <br /> ... Jusqu'au moment où nous accepterons tous de nous unir vraiment par le coeur... ?? Peut-être alors aurions-nous des réponses à nos nombreuses questions ?<br /> <br /> <br /> L'heure n'est pas encore venue en tout cas. Nous pouvons au moins constater cela. ♥<br />
Répondre
L
<br /> Jade,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Tu as relu ce que tu écrivais sur le sujet: Ca pousse 1?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Sauf en procédant par antithèse : je ne veux plus vivre dans un tel monde, qui ne répond à aucun de mes souhaits, aucune de mes valeurs, dans lequel je me sens un intrus, une anomalie,<br /> duquel je suis totalement étranger. L'évidence, c'est JE NE SUIS PAS DE CE MONDE !<br /> <br /> <br /> Le reste est un détail. Savoir qui on est, d'où on vient, et où on va, on ne le saura peut-être jamais dans cette parenthèse, mais au moins, on inscrit aussi fortement que possible notre rejet de<br /> ce monde.<br /> <br /> <br /> ------<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> «Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde»<br /> (Jean 17:16)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Gros bisous,<br />
Répondre
V
<br /> <br /> C'est moi qui ai écrit ce qui est en violet ? Je ne le retrouve pas dans "ça pousse" 1.<br /> <br /> <br /> ?<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> Bonsoir,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> C’EST DANS LA CHUTE QUE LES AILES POUSSENT.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
V
<br /> <br /> Chute, faut pas le dire...<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> "tel qu'il est" est effectivement un non-sens, puisque chacun voit le monde à sa manière...<br /> <br /> <br /> J'ai eu moi aussi mes questionnements à propos de la vie : en vivant, nous faisons mourir tout un tas de choses. Nous en faisons naître également.<br /> <br /> <br /> C'est peut-être ça, l'éternité. ?<br />
Répondre
V
<br /> <br /> Chacun de nous est-il une facette des yeux d'une énorme énorme mouche ?<br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Le jardin de Vieux Jade
  • : Arrivages du jour, légumes secs, mauvaises herbes, quelques trucs qui arrachent la gueule. Taupes, censeurs et culs bénits s'abstenir. Si vous cherchez des certitudes, c'est pas l'endroit.
  • Contact

Décidément rétif à l'ordre bestial, j'ai fixé ma résidence ailleurs, d'où j'observe le déroulement des temps infernaux, fumier des plus belles fleurs.  J'ai un jardin secret, où les plantes poussent toutes seules. Servez-vous, si le coeur vous en dit, sans tenir compte de la chronologie, car comme le mot le dit clairement, l'heure est un leurre.

 

Une précision concernant les commentaires : n'ayant pas toujours le temps ni l'énergie de répondre aux commentaires, ceux-ci restent ouverts, sans aucune garantie que j'y réponde. Je me réserve cependant le droit de sabrer les inconvenances, dont je reste seul juge.

 

Ici, je n'est pas un autre.

Recherche

Lave

Après l’explosion

Nul ne l’a sue

Le jour d’après

Coule la lave

Brûlent les cendres

Lave la lave

Mange la louve

Larmes sans sel

De régime

Cuit et recuit 

Frottent les cendres

Récurent

 

Pas encore nu,

Pas tout à fait ?

Restent des choses

Bien accrochées

Des salissures

De vieux fantômes

D’anciennes guerres

 

Qui peut le faire, si ce n'est toi ? 

 

Nettoie

 

Les notes glissent

Comme des larmes

Gouttes de feu

Sur la paroi

 

Qui m’a volé le cœur ?

Qui m’a trempé vivant,

Comme une lame ?

Qui m’a fouetté les yeux,

M’a déchiré le ventre

Me baisant les paupières

Et m’enduisant de baume,

Me prenant par la main,

Pour me conduire

Dehors ?

Les dits de Lao Yu

LE BUT DE LA QUÊTE EST DE N'AVOIR

NI BUT, NI QUÊTE

 

***

 

QUE SAIT-IL DE LA PESANTEUR,

CELUI QUI N'EST JAMAIS TOMBÉ ?

 

***

 

C'EST SOUVENT LORSQU'ELLE S'ENFUIT QU'ON PERÇOIT L'ESSENCE DE LA BEAUTÉ

 

***

 

LA MER A DES MILLIARDS DE VAGUES QUI BATTENT TOUS LES RIVAGES. OU EST LE CENTRE DE LA MER ?

 

***

 

CE QUI EST MORT N'A AUCUN POUVOIR SUR CE QUI EST VIVANT

SEULS LES MORTS CRAIGNENT LES MORTS

 

***

 

QUAND LE NID BRÛLE, LES OISEAUX S’ENVOLENT

 

***

 

C’EST DANS LA CHUTE QUE LES AILES POUSSENT

 

***

 

CE QUI PEUT ÊTRE PERDU EST SANS VALEUR

 

***

 

LA MAISON EST PLUS GRANDE QUE LA PORTE

 

***

 

L’ERREUR EST LA VOIE

 

***

 

LA ROUTE EST DURE A CELUI QUI BOÎTE

 

***

 

LA LUMIERE DE L’ETOILE EST DANS L’ŒIL QUI LA REGARDE

 

***

 

LES PETITS NOURRISSENT LES GRANDS

 

***

 

LES RICHES ONT UNE BOUCHE
MAIS PAS DE MAINS POUR LA REMPLIR

C’EST POURQUOI IL LEUR FAUT
DE NOMBREUX SERVITEURS ;


CEUX QUI ONT DE NOMBREUX SERVITEURS
NE SAURAIENT VIVRE SEULS,

CE SONT DONC DES PAUVRES ;


CELUI QUI PEUT VIVRE SANS SERVITEURS 
EST DONC LE VERITABLE RICHE.

 

***

 

VIVRE C’EST REVENIR SUR SES PAS

 

***

 

LA NUIT LAVE LE LINGE DU SOLEIL

 

***

 

LES RUISSEAUX EMPORTENT LES MONTAGNES

 

***

 

UNE EPINE DANS LE PIED DU GENERAL : L’ARMEE S’ARRÊTE


***
 


UN PORC EN HABITS DE SOIE RESTE UN PORC,
COMME UN DIAMANT DANS LE FUMIER

RESTE UN DIAMANT.

MAIS LA PLACE D’ UN DIAMANT

EST DANS UN ECRIN DE SOIE,

ET CELLE D’UN PORC DANS LE FUMIER.

 

***

 

COMME SEULE L’EAU ETANCHE LA SOIF,
SEULE LA JUSTICE COMBLE LA FAIM DE JUSTICE

 

***

 

DU COLIBRI A L’AIGLE, IL EXISTE DE NOMBREUX OISEAUX

 

***

 

LE DEDANS REGLE LE DEHORS

 

***

 

L’EPONGE BOIT LE VIN RENVERSÉ
ET LA ROSÉE DU MATIN

 

 

***  

 

LORSQU'IL DECOUVRE LE MIEL,

L'OURS OUBLIE LA PIQÛRE DES ABEILLES

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisez-Moi Lisez Moi Lisez Moi

Des mots des mots des mots des

Quand à un livre je me livre , ce que je lis me délie.

 

 

Je me demande pourquoi on n'a pas encore une loi qui oblige à faire bouillir les bébés à la naissance, afin qu'ils soient parfaitement stérilisés.

 

Circuler, pour mieux s'ôter.

Toute notre vie, on attend une grande cause pour se lever, et on passe sa vie accroupi, à croupir.

Le lucane aime prendre l'R le soir à sa lucarne.

Ce qu’il y a de bien dans l’état de siège, c’est qu’on prend le temps de s’asseoir.

 

 

Les oiseaux sont les poissons du ciel,

nous en sommes les crabes


Heureux les déjantés, ils quitteront plus facilement la route commune!

 
L’argent n’a pas d’odeur, mais il y contribue.


Un vrai sosie, c’est invraisemblable.

   

Quand je grossis, je m’aigris ; et quand je m’aigris, je grossis.

   

Le temps, c’est de l’urgent.

   

Joindre l’utile au désagréable : se faire renverser par une ambulance.  

 

Le journal du paradis, c’est le Daily Cieux.

   

Yfaut et Yaka sont dans un bateau ; Yfaut tombe à l’eau, Yaka l’repêcher.

 

Chaque matin, s’ils ne sont pas morts, les vieux vont aux nouvelles.

 

Le poète a latitude d’explorer toutes les longitudes.

   

Etre réduit à la portion congrue, c’est fort peu. Moins, c’est incongru.

 

Peut-on dire de quelqu’un
dont la vie dépend des autres pour tout qu’il
est riche ?
La bouche est elle riche ?

Peut-on dire de quelqu’un
qui n’a rien à attendre des autres qu’il est pauvre ?
Les mains sont elles pauvres ?

 

Curieux comme mystique s’oppose à mastoc.

 

On a mis bien des ouvrages majeurs à l’index.

 

Quand le brouillard tombe, on voudrait qu’il se casse.

 

Au matin, la nuit tombe de sommeil.