Deux animaux dont j‘ai déjà causé : le baptême, et la cigogne.
Une digression au passage : la touche « J » de mon clavier s’est désolidarisée de ses compagnes il y a quelques mois. Il reste un petit téton en caoutchouc ou en pétrole imitation caoutchouc. Et lorsque mon majeur (je tape avec un doigt, mais il est majeur) frappe « J », le plus souvent, ça fait un loupé. Il faut que j'y revienne.
La question de la digression : ai-je enfin réussi à shunter l’ego, ce que symboliserait la perte du « J », ci-gît le « J », le « moi-je moi-je », ou au contraire est-ce l’usage trop répété de ce fameux « je » qui a provoqué une usure prématurée de son initiale ?
Je reviens à ma cigogne.
La matière est composée de particules en mouvement suivant des trajectoires qui ressemblent à des ondes, c’est ça ? D’où l’on comprend mieux les notions indiennes de « maya » et de « mayim » hébreu, les ondes.
Le baptême, le vrai, pas la parodie qui a cours aujourd’hui, pouvait aller jusqu’à l’asphyxie voire la mort du candidat, maintenu sous l’eau jusqu’à l’extrême limite de sa résistance, afin que lorsqu’il sortirait, il sache à quel point le besoin d’air est vital.
Alors, dans ma cervelle qui fait des ponts, pas une cervelle analytique, pas du tout, mais synthétique et intuitive, ce soir, je me suis souvenu des effrayantes orgies que j’ai vécues dans ma jeunesse, et dont je ne raconterai pas le détail. Il suffira de savoir que j’ai mené durant quelques années une vraie vie de « perdition » comme disaient et disent peut-être encore les moralistes, et ceux qui voudraient que tout soit rose. Je suis descendu très profond dans l'abject, peut-être, vu de l'extérieur, mais dans la connaissance, me semble-t-il.
La cigogne ne nous dépose pas précautionneusement dans le berceau, non, elle nous lâche de haut. Dans les ondes de la matière, et de la psyché qui est une forme atténuée de la matière.
En fonction de notre poids et de la hauteur du lâcher, on descend plus ou moins profond dans ce qu’on peut comparer à de l’eau.
Et plus on descend profond, plus le besoin d’air se fait ressentir douloureusement.
C’est cela, je crois, que symbolise le baptême.
La descente, et la remontée, puis l’accession à l’air libre, et à la lumière qui constituent la deuxième naissance.
Certains ne connaissent pas cette seconde naissance, soit qu’ils aient toujours flotté sur la surface des choses, soit qu’ils soient descendus si profond qu’ils se seront noyés avant de retrouver la sortie, pris dans les algues ou mangés par les requins.
Mais ils reprendront le voyage à nouveau. Le Christ est tombé trois fois sur le chemin du calvaire ; il a dit de pardonner sept fois septante fois, ce qui fait quatre cent nonante. On est dans une école, pas dans un abattoir. Le but, c’est que tout le monde arrive au bout. D’ailleurs, but et bout, c’est le même mot. Sauf que dans bout, on a un O qui constitue la cible : le Tout.
PJ : Un texte qui m'a plu, ce soir.