Merci à l'ange qui a posé son doigt sur l'intérieur de mon pied droit ce samedi matin-là. C'est balèze un ange. Pas besoin d'appuyer, ça fourmillait déjà, ça s'est
mis à me lancer à 5 heures du mat', l'intrusion de milliers d'aiguilles que je commençai à accompagner de mes mélopées jusqu'à l'acmé, puis, d'un coup, respire, c'est passé. Oufff mais mais
aïe, ça repart wooouuu puis stop encore, et comme ça crescendo jusqu'à ce que Mme finisse par sortir du sommeil à son tour, croyant et redoutant une crise de calculs, (car trois fois déjà elle
m'a accompagné tôt le matin aux urgences, zauriez pas de la morphine ?) ,tant je dansais et chantais cycliquement pour évacuer cette torture.
Pour faire bref : très probablement un (léger) excédent d'acide urique, dû, allez je me donne le choix :
- un excès de pain d'épices
- trop de boldo
- un tout petit petit peu trop de vin blanc, de bière et de champagne
- une overdose de sport
C'est la vie, mon chéwi. Là-haut (façon de dire), il y a quelqu'un (un jaloux désincarné, sûrement, ces gars là n'ont pas le moindre scrupule à vous empêcher de
jouir en paix) que ça devait énerver que je me pochetronne au Chardonnay (alors, dieu, pourquoi l'avoir inventé, hein ? un peu de logique, sTp, t'avais qu'à tout faire dégueulasse, on
n'aurait jamais fait la moindre connerie).
Enfin, merci quand même à ce saligaud d'ange qui par ce délicat procédé,
a réussi à préserver mon tire bouchons d'une usure prématurée. Merci pour lui (le tire-bouchons).
Autant que je sache, mais arrêtez-moi si je me trompe, la question de la dette n'est née que comme une corruption de l'obligation morale du service
réciproque.
Tu tombes dans la merde pour telle ou telle raison, et, comme tu es mon frère humain, et comme le destin m'en a préservé pour l'instant, je te tends la main, te
remonte, t'aide jusqu'à ce que tu redeviennes indépendant, en paix.
Aucune dette, puisqu'il s'agit d'un simple devoir d'assistance. A charge de revanche, c'est-à-dire que tu me rendes la pareille, si le malheur m'éprouve à mon tour.
Mais toujours pas de dette, et surtout pas nominative. Car si c'est ton autre voisin qui à son tour dégringole, tu lui dois le même service, la même assistance.
Vint un temps où cette notion s'est totalement corrompue. Où des malins - serviteurs du mal, de ceux qui ont voulu jouir du fruit - mélon, en grec,
rappelant melos, la noirceur - ont aperçu qu'une légère déviation de cette réciprocité inhérente à la condition humaine laissait entrevoir de vastes perspectives, jusque là
inconnues.
Peu à peu, s'est substituée à la loi naturelle ce qui forme le décor de notre monde.
Les murs regorgent de publicités pour les banques, aimables, voire adorables partenaires de notre existence. Comment ferions-nous sans ces bienfaitrices, pour
construire nos termitières et rouler carrosse, entre les heures de labeur et celles consacrées à l'endoctrinement ?
Nous voici projetés loin, très loin de l'origine. Mais ce voyage était nécessaire. Car si les maîtres du
monde ont profité d'une expérience inédite, nous aussi ; leur voyage est le nôtre, en creux.
Nous en aurons appris autant qu'eux, à savoir que l'usage perverti d'une loi naturelle parfaite mène à l'échec, à la souffrance, à une impasse.
Impasse pour nous, impasse pour eux. Que vaut la possession d'un monde ruiné, d'esclaves moribonds ? Que pourra encore désirer celui qui tient tout en sa main ?
Comme le singe du conte, pourra-t-il la retirer du vase au col étroit ?
Boire le calice jusqu'à la lie, disait une vieille expression. Lorsque les maîtres du monde boiront le calice qu'ils se sont préparé jusqu'à plus soif, si c'est
possible, tant est grande leur inextinguible soif, il n'y aura plus au fond que de la cendre, la cendre des morts qu'ils auront accumulé sans faiblir, jusqu'à ce que tout le monde, sauf eux, soit
mort.
En apparence, tout au moins, car qui est vraiment mort, de celui qui est libéré de toute faim, de tout désir, et de celui qui erre sans fin, comme les âmes assoiffées de sang ?
Que leur restera-t-il alors, sinon cette soif dévorante, désormais sans remède ?
Dans les livres, ça s'appelle : loi de la rétribution. L'enfer.
Aboutissement de la corruption de la loi du service réciproque.
Fait divers à Trifouilly les Oies : les chiens de M. VJ ont tué sa précieuse poule rousse. L'inspecteur Canardo, dépêché sur place, a conclu que vu que
le sieur VJ n'a rien ouï et que ledit gallinacé était encore actif en fin d'après-midi, l'affaire a du se dérouler durant la nuit, alors que le susdit VJ et l'incomparable oiseau dormaient, l'un
dans son lit, l'autre dans le poulailler. Les dits chiens, dont celui qui était attaché, puisqu'ils le sont à tour de rôle, s'étant fortuitement détaché, les deux seraient partis en chasse au
plus près, et auraient emporté le volatile engourdi pour le saigner en leur local canin, où le dit VJ l'a trouvé défunt et poussiéreux le lendemain matin.
Le surlendemain, le sieur VJ, examinant de près ses tomates dont certaines feuilles se recroquevillaient d'une manière suspecte, y a découvert des myriades de
moucherons. Lors, sautant sur un bidon de savon noir judicieusement placé près d'une pompe à aspersion, les inonda de telle façon, sans haine mais sans faiblir, et les haricots itou, s'étant
révélés envahis de la même vilaine manière, qu'il n'en subsiste, de la moucheronesque engeance, à cette heure plus un seul sujet vivant.
Jean Giono écrivait avant la 2ème grande boucherie du 20ème siècle une "Lettre ouverte aux Paysans", par laquelle il les
accusait d'avoir vendu leur âme au diable.
Ce fameux diable industriel qui fourguait d'une main des machines infernales qui ont ravagé les paysages, de l'autre en
finançait l'achat par le moyen des dépôts d'or qu'il encourageait à faire dans ses succursales.
L'intérêt versé sur les sommes déposées n'était jamais que la contrepartie des intérêts pris sur les sommes prêtées.
On n'y a vu que du feu. Le feu de l'enfer, bien sûr.
Puis le feu, on l'a versé et on le verse sans cesse sur la terre, le feu des engrais, le feu des désherbants et autres
traitements, le feu des antibiotiques, le feu du pétrole sous toutes ses formes, de l'enfer encore, puisque le pétrole vient d'en bas.
Ce n'est pas nouveau, chacun le sait.
Ce qui l'est plus, c'est que la spéculation sur les denrées alimentaires, descendue de l'Olympe financier arrive sur le
terrain.
Jusque là, les spéculateurs jouaient plus ou moins sur les stocks ou des récoltes bien avancées. C'est fini. Depuis quelques
années, des producteurs de céréales - je n'appelle plus ces gens là paysans ou même agriculteurs - des industriels de la quantité se sont mis à jouer au poker, et à vendre par contrat des
récoltes à peine semées.
Au début, ça concernait les plus gros de ces gens, les plus riches, les mieux organisés, les bien informés, les
seigneurs.
Puis ça s'est généralisé. La fièvre de l'or est arrivée dans les exploitations moyennes. L'hiver dernier, les stockeurs ont
prospecté toutes les fermes ou presque, incitant les producteurs à vendre par avance leur production 2011 à des prix alléchants.
Beaucoup s'y sont risqué. Je ne les condamne pas, ils sont pris dans le vertige incessant des augmentations de charges, doivent
faire des économies sur tout, redoutent, comme cela s'est produit à plusieurs reprises ces dernières années, un effondrement des cours qui fait toujours la fortune des plus gros requins, et
leur ruine subséquente.
Les plus prudents ont vendu par contrat 10, 20, 25% de la récolte à venir.
Mais d'autres ont joué beaucoup plus, jusqu'à 80%, ai-je entendu.
Comme c'est toujours le diable qui gagne, au poker, voici que le ciel est désespérément avare de la moindre goutte d'eau, et les
prévisions de récolte baissent de jour en jour. Certains ne récolteront rien.
Or, un contrat, c'est un contrat. Lorsqu'on promet de céder une certaine quantité de céréales, il faut s'exécuter, le jour venu.
Et lorsqu'on en est incapable, il faut racheter les quantités manquantes, au prix du marché. Et dans un marché déficitaire, on rachète très cher, très très cher, ce qu'on croyait avoir bien
vendu.
Certains y laisseront tout ce qu'ils croyaient avoir, plus le reste, qui n'est pas quantifiable.
Le diable n'existe pas, bien sûr. C'est un conte. Mais tous les mécanismes de la peur, de l'ambition et de la cupidité,
oui.
Le rôle assigné à ce diable qui n'existe pas, c'est de nous montrer le fruit de nos actes.
La Révélation continue son chemin dans les larmes.
Nos glorieuses guerres en Afghanistan, en Lybie, en Côte d'Ivoire, ces magnifiques batailles valent elles celle que nous menions en Algérie il y a bientôt deux siècles ?
Retour aux disques, dont Mouravieff signalait l'existence en nous.
Je viens d'en attraper un au vol.
Mme VJ finit sa phrase par "ça va aller".
Aussitôt, je réponds en fredonnant "ah, ça ira, ça ira, ça ira". Simultanément, je vois d'où ça vient. J'ai déjà fait cette réponse légère. La première fois,
c'était volontaire. Même si ça a demandé une nano-seconde, c'était un acte volontaire.
Cette fois-ci, un mécanisme s'est déclenché. Le serveur a dit : nous connaissons cette fin de phrase "ça va aller". Il existe une réponse appropriée, qui a
rencontré le succès et donc susceptible de satisfaire le public. Alors toute la machine s'est mise en marche. L'information a été déterminée, choisie, vérifiée, c'est bien celle-ci, et le temps
qu'un photon fasse trente mille kilomètres, la bouche asservie a craché : "Ah ça ira..."
C'est en nous, ces trucs. Ne pas l'oublier. Ce n'est pas nous.
Une histoire a fait le tour du web ces jours-ci : trois personnes auraient trouvé un portefeuille contenant 9 000
€ en espèces, et l'auraient ramené à son propriétaire, qui leur aurait royalement distribué 5 € chacun. Tout le monde trouve ça moche.
Je voudrais réfléchir calmement, ce qui semble-t-il n'est courant en ces temps de chauffe émotionnelle.
1) je découvre un portefeuille bourré d'oseille.
2) Soit le nom du propriétaire y figure, soit non.
3) S'il n'y figure pas, c'est un don du ciel, je le garde, et j'en fais profiter l'entourage, comme Sindbad le marin qui
au retour de ses fructueuses expéditions invitait les pauvres de Bagdad à des festins sans pareils.
4) S'il y figure, de deux choses l'une :
5) Je les garde quand même. C'est mon problème, j'y fais face, avec tout ce que le Surmoi va me foutre dans la gueule.
6) Je le lui rapporte.
7) Il ne me donne rien. Mais si je lui ai rapporté, c'est pas pour en attendre une reconnaissance. C'est parce que ça me
semblait naturel. Ce qui est à l'autre ne m'appartient pas. Je n'ai aucun droit dessus.
8) Il me donne quelque chose : j'en suis content.
9) S'il ne me donne rien ou si je n'en suis pas content, c'est que ma démarche était pourrie par une attente de
reconnaissance. Pire, n'ayant pas osé passer directement à la case "voleur", par lâcheté, par peur du 5) j'ai rejoint la case "brave mec par incapacité". Le propriétaire du
portefeuille m'a pris pour une crêpe ? Normal. J'en suis une.
10) Si un mec m'avait donné 5 € pour lui en avoir ramené 9 000, je lui aurais simplement tourné le dos, lui signifiant que je
ne fais plus partie de ce qui devient son propre problème.
11) On pourra me rétorquer avec raison que je n'ai pas faim.
Moralité : il faut savoir clairement qui on est et pourquoi on fait les choses. Seules les solutions 5) et
7) sont honorables, avec une préférence pour la 7) qui ne créée pas d'embrouilles. Toutefois, si j'avais faim, j'aurais pu choisir la 5). La 9) est une histoire qui démontre à l'évidence la
confusion qui gangrène le monde en ces temps héroïques.
Chaque personne a une famille (mot composé de faille, et d'un M) Ceux qu'on a abandonnés à la porte des églises ou
déposés dans une poubelle en ont une aussi, mais en perdent la trace.
N'importe. On leur donnera une nouvelle histoire, en plus de l'ancienne qui pourrit. Ça peut être une chance, ou une vie
complètement torchonnée.
L'économe des destinées s'en débrouille.
Voici une histoire singulière, puisqu'elle concerne une personne, ma mère, une famille, la sienne, la mienne par pente naturelle.
Singulière, et banale.
Mon grand-père maternel, fils de petits commerçants du Puy en Velay, aimait les arts. Il occupait ses loisirs à fabriquer des
meubles, et à composer des sortes de tableaux en tapisserie ornés de cuivre repoussé, dans le genre de Mucha ou de Klimt, en beaucoup plus sage.
Il voulait être architecte. C'eût été probablement un architecte très classique, vu son caractère placide et conformiste.
La "Grande" guerre eut raison de ses souhaits. Après des années de merde, il devint donc quincaillier comme son père, en émigrant
plus au Nord.
Il se consola de ses ambitions perdues en faisant de son mieux avec ses pointes et ses clous, ses tenailles et ses marteaux. Tout
un pan de son magasin était investi par un énorme meuble à tiroirs dans lequel on trouvait toute la ferraille du monde : des semences de tapissier aux crosses de charpentier, c'étaient des
centaines de tiroirs, exactement comme sur la photo. Il y avait un gros aimant destiné à récupérer ce qui pouvait tomber. Tout môme, j'y ai joué des heures.
L'appartement était au-dessus, à l'ancienne, noir et tarabiscoté.
La cuisine et le magasin sur rue donnaient à l'arrière sur un dépôt de fer de grande taille, poutrelles et autres tiges rouillées,
et un stock poussiéreux de charbon.
L'architecte loupé se démenait entre ces deux activités,dans son tablier gris avec un ouvrier qui servait de chauffeur aussi
et livrait ferraille et charbon.
C'est là-dedans que grandit ma mère. Hélas, lorsqu'elle eut 10 ans, une nouvelle guerre éclata. Les Allemands étaient maîtres de
la France et des français, pour 5 ans.
Et, pendant ces cinq ans, mon pauvre grand-père, lorsqu'il était sollicité, leur livra du fer et du charbon.
Le jeu de la grenouille
A son décès, toute sa fortune s'élevait à cet immeuble provincial mi commerce mi appartement, un jardin et une vigne d'à peine un
demi hectare, où l'on jouait le dimanche au jeu de la grenouille. J'ai donc peine à croire qu'il se soit agi d'un gras commerce avec l'occupant, mais plutôt : comment faire autrement ?
J'imagine que ni le boulanger, ni le boucher ne fermaient leur porte aux "boches", aux "schleus".
Et pourtant, lorsque sonna l'heure de la fin de récré, voici ce qu'il arriva. Avant de le raconter, je veux préciser que je n'ai
appris cela de la bouche de ma mère qu'il y a dix ans à peine, à plus de soixante-dix ans. Pendant près de soixante ans, elle a gardé cette histoire pour elle. A-t-elle tout dit ?
Ma mère vit encore. Depuis l'enfance, je l'ai vue rongée de peur. Cette peur multiforme et constante a rejailli sur ses enfants.
Il m'a, il nous a fallu une éternité pour nous en défaire. Elle aussi va mieux. A quatre-vingts ans.
A-t-elle tout dit ? Je l'ignore. Mais, un jour, c'est sorti : à la "libération", magnifique et grandiose moment de liesse,
d'amour et de fraternité, des hommes armés sont arrivés chez mon grand-père, l'ont traité de collabo, l'ont emmené sous le regard de ses filles dans l'arrière-cour, dans la ferraille et le
charbon, l'ont mis à genoux ou au mur, je ne sais, et ont prononcé son "jugement".
Ma mère m'a dit : je n'ai jamais eu aussi peur, ils voulaient le tuer, et elle en pleurait encore, à presque
soixante-quinze ans.
Manifestement, le grand-père ne devait pas être un dangereux salopard, puisqu'il a survécu ; lorsqu'il voulait s'amuser, il jouait
de sa belle flûte traversière en argent, ou, le pousse café aidant, dansait avec sa femme et sa fille et son gendre mon père le Quadrille des lanciers sur le parquet ciré, une danse d'un
incroyable érotisme qu'il jouait sur un gramophone à pavillon. Quand il posait l'aiguille sur le 78 tours, après avoir remonté le ressort, ça faisait : scrryc, scrrtch avant de
démarrer.
Oh, la jeunesse, je vous parle du début des années 1960.
Mon grand-père n'aimait pas le "jase". Allergique par éducation, qu'y faire ?
Je reviens à mon histoire.
Même s'il n'est pas physiquement mort, le Papy, il a dû chier dans sa culotte, et cette immonde saloperie de parodie
d'assassinat a foutu en l'air les nerfs de pas mal de gens.
J'ignorais tout de ça jusqu'à peu, mais ça ne m'a pas empêché de haïr d'instinct les cons et les fumiers depuis le berceau.
Maintenant, je sais que bien des cons et des fumiers ne font que répéter à l'infini ce qui dévale du passé. Alors, j'ai de la
pitié et de la compassion pour eux. Mais rien ne justifie de demeurer dans le pire. Rien. Personne ne peut plaider la fatalité. Nul n'est obligé de demeurer dans la haine et la violence.
La paresse qui consiste à reproduire à l'infini les mêmes comportements vicieux, au bout du compte, appelle sur elle non
l'indulgence et le pardon, mais le dégoût.
Par où commencer l'histoire de ce dimanche après-midi ?
Style enfantin, obligatoirement. Poser le décor, puis l'action.
Il faisait beau. Gelée blanche le matin, puis un vif soleil printanier. A midi, nous testons deux vins, un Chardonnay et un Pinot
noir récoltés à Limoux, puis investissons pour la première fois avec bonheur la véranda depuis sa fermeture vers novembre.
Mme VJ, qui lisait Mc Kenna, me dit soudain : tu en es où, du bêchage ? - Laisse tomber, c'est trop dur, je le ferai. - Mais j'ai
envie de bêcher. Et puis si tu meurs, faut que je sache.
Pourquoi pas ?
Je sors la bêche à dents, et lui montre comment bêcher. Rien d'ésotérique, de la méthode, c'est tout.
La voilà bêchant. Tout sauf une bêcheuse, Mme VJ, et pourtant, elle bêche. Moi ? Mort de rire.
- T'imagines les copains ? Tu fais la cuisine, la vaisselle, et pour finir le jardin ? OOOh, cette fois ci je suis foutu, je passe
pour le tortionnaire complet.
Elle rigole, et bêche. Je mets "Galliano joue Bach" à fond, et Mme bêche en musique, soutenue par la gent ailée.
Stimulé par l'exemple, je soulève ma paresse et déleste les Buddleia de leur bois mort.
Soudain, elle trouve un obstacle. Une pierre, dis-je. Mais en fait de pierre, elle exhume un sac Leclerc contenant le cadavre d'un
animal que, vue l'odeur, nous n'avons pas cherché à identifier. Un ragondin ? Tous ses poils, des asticots partout. Ce n'est pas très vieux.
C'est le deuxième, dit-elle. Lorsqu'elle avait nettoyé le foin que l'âne piétine et gâche ainsi, elle avait déjà trouvé un cadavre
d'animal dans un sac plastique.
Rien d'étonnant, en soi, quand on vit comme elle et moi depuis l'enfance à la campagne : des saloperies destinées à nuire. De la
magie noire de base.
Si c'est contre nous dirigé, et c'est probable, c'est un fiasco. On se porte à merveille. Mais c'est toujours intrigant de
découvrir de la malveillance quand on vit comme nous hors du monde.
Pour s'abaisser à ça, il a fallu y penser, le mettre en pratique, surveiller nos absences, entrer chez nous, creuser, accomplir ce
forfait. Quelle conviction, quelle haine, quand on y pense.
Mais c'est le prix à payer pour parler librement. Moi qui n'ai pas le moindre ennemi, personne à qui je souhaite le moindre mal,
j'ai sans doute beaucoup d'ennemis. L'éternelle histoire de ceux qui ne s'impliquent pas.
On a juste jeté cet horrible cadavre puant. Quel que soit l'envoyeur, c'est son problème, pas le nôtre. Qu'il (elle) se guérisse
de sa maladie, on n'en ajoutera pas.
Si ça nous est proposé, on fera en sorte de nettoyer son caca pour lui.
:
Arrivages du jour, légumes secs, mauvaises herbes, quelques trucs qui arrachent la gueule. Taupes, censeurs et culs bénits s'abstenir.
Si vous cherchez des certitudes, c'est pas l'endroit.
Décidément rétif à l'ordre bestial, j'ai fixé ma résidence ailleurs, d'où j'observe le déroulement des temps
infernaux, fumier des plus belles fleurs. J'ai un jardin secret, où les plantes poussent toutes seules. Servez-vous, si le coeur vous en dit, sans tenir compte de la chronologie, car comme
le mot le dit clairement, l'heure est un leurre.
Une précision concernant les commentaires : n'ayant pas toujours le temps ni l'énergie de répondre aux
commentaires, ceux-ci restent ouverts, sans aucune garantie que j'y réponde. Je me réserve cependant le droit de sabrer les inconvenances, dont je reste seul juge.
Ici, je n'est pas un autre.
Recherche
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Lave
Après l’explosion
Nul ne l’a sue
Le jour d’après
Coule la lave
Brûlent les cendres
Lave la lave
Mange la louve
Larmes sans sel
De régime
Cuit et recuit
Frottent les cendres
Récurent
Pas encore nu,
Pas tout à fait ?
Restent des choses
Bien accrochées
Des salissures
De vieux fantômes
D’anciennes guerres
Qui peut le faire, si ce n'est toi ?
Nettoie
Les notes glissent
Comme des larmes
Gouttes de feu
Sur la paroi
Qui m’a volé le cœur ?
Qui m’a trempé vivant,
Comme une lame ?
Qui m’a fouetté les yeux,
M’a déchiré le ventre
Me baisant les paupières
Et m’enduisant de baume,
Me prenant par la main,
Pour me conduire
Dehors ?
Les dits de Lao Yu
LE BUT DE LA QUÊTE EST DE N'AVOIR
NI BUT, NI QUÊTE
***
QUE SAIT-IL DE LA PESANTEUR,
CELUI QUI N'EST JAMAIS TOMBÉ ?
***
C'EST SOUVENT LORSQU'ELLE S'ENFUIT QU'ON PERÇOIT L'ESSENCE DE LA
BEAUTÉ
***
LA MER A DES MILLIARDS DE VAGUES QUI BATTENT TOUS LES RIVAGES. OU EST LE CENTRE
DE LA MER ?
***
CE QUI EST MORT N'A AUCUN POUVOIR SUR CE QUI EST VIVANT
SEULS LES MORTS CRAIGNENT LES MORTS
***
QUAND LE NID BRÛLE, LES OISEAUX S’ENVOLENT
***
C’EST DANS LA CHUTE QUE LES AILES POUSSENT
***
CE QUI PEUT ÊTRE PERDU EST SANS VALEUR
***
LA MAISON EST PLUS GRANDE QUE LA PORTE
***
L’ERREUR EST LA VOIE
***
LA ROUTE EST DURE A CELUI QUI BOÎTE
***
LA LUMIERE DE L’ETOILE EST DANS L’ŒIL QUI LA REGARDE
***
LES PETITS NOURRISSENT LES GRANDS
***
LES RICHES ONT UNE BOUCHE
MAIS PAS DE MAINS POUR LA REMPLIR
C’EST POURQUOI IL LEUR FAUT
DE NOMBREUX SERVITEURS ;
CEUX QUI ONT DE NOMBREUX SERVITEURS
NE SAURAIENT VIVRE SEULS,
CE SONT DONC DES PAUVRES ;
CELUI QUI PEUT VIVRE SANS SERVITEURS
EST DONC LE VERITABLE RICHE.
***
VIVRE C’EST REVENIR SUR SES PAS
***
LA NUIT LAVE LE LINGE DU SOLEIL
***
LES RUISSEAUX EMPORTENT LES MONTAGNES
***
UNE EPINE DANS LE PIED DU GENERAL : L’ARMEE S’ARRÊTE
***
UN PORC EN HABITS DE SOIE RESTE UN PORC,
COMME UN DIAMANT DANS LE FUMIER
RESTE UN DIAMANT.
MAIS LA PLACE D’ UN DIAMANT
EST DANS UN ECRIN DE SOIE,
ET CELLE D’UN PORC DANS LE FUMIER.
***
COMME SEULE L’EAU ETANCHE LA SOIF,
SEULE LA JUSTICE COMBLE LA FAIM DE JUSTICE
***
DU COLIBRI A L’AIGLE, IL EXISTE DE NOMBREUX OISEAUX
***
LE DEDANS REGLE LE DEHORS
***
L’EPONGE BOIT LE VIN RENVERSÉ
ET LA ROSÉE DU MATIN