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17 mai 2012 4 17 /05 /mai /2012 12:00

Christ, Guimaëc

 

Christ en majesté, XVIème, église Saint-Pierre de Guimaëc.

Sous ses pieds, les os croisés signifient qu'il a vaincu la mort.

Les mains clouées qu'il a renoncé à "faire".

Quelle distance entre lui et le supplicié que s'est complue à nous infliger l'église romaine !

 

 

 

C'est con, les humains. Combien de fois rentré-je dans des bagnoles ornées d'une médaille de Saint-Christophe ? Il y a toujours une grand-mère pour en refiler une à la petite fille qui vient d'obtenir son permis.

 

Superstition. Mais ça marche, dit-on. Et la cousine de raconter l'histoire du cousin qui a survécu à l'accident, parce qu'il a été projeté de la voiture, et la médaille était juste à côté de lui !

 

Saint-Christophe, c'est pas un mec qu'est au ciel à régler la circulation. Pas d'auréole. Il protège les voyageurs. Ah bon ? Et Saint Antoine de Padoue (grand voleur grand filou) rend ce qui n'est pas à lui, ce qu'il a pris, si on lui demande poliment, bien sûr. Et la marmotte, elle, elle s'est spécialisée dans le chocolat. 

  

Il est dangereux de passer sous une échelle, j'en suis convaincu : on peut se prendre n'importe quoi sur la tête, des tuiles, un pot de fleurs, de la peinture.

 

Saint-Christophe, comme les parisiens, a une tête de chien. Ce n'est pas la première fois que j'évoque ce mythe, car il se présente souvent à ma pensée. Comme une buse fait des cercles concentriques, comme le pélerin dans le Pilgrim's progress, comme la voie du labyrinthe, la pensée affectionne certains lieux où elle revient cycliquement pour s'y abreuver, s'en familiariser, en approfondir le sens.

 

Le sens du mythe du Christophore est riche et relativement simple. Il s'y entrelace plusieurs légendes, dont les principales sont d'abord celle du géant Réprouvé qui cherche à servir le maître le plus puissant. Voyant un roi s'effrayer de la présence du diable, c'est à lui qu'il se voue, jusqu'à ce que ce dernier recule devant l'image d'une croix. Alors Réprouvé devient chrétien.

 

Le diable, c'est la division, l'émiettement, le chaos. La croix qui réunit l'axe horizontal (le patibulum) à l'axe vertical  (le stipes). Ce dernier étant préalablement planté en terre, c'est le seul patibulum que portait le condamné, sur son dos.

 

Ce qui est séparé, divisé, redoute l'union. La croix effraie le diable, qui redoute de se perdre, de noyer son existence dans l'Essence.

 

L'autre cours de légendes parle de cet être à tête de chien, peut-être une survivance de Cerbère ou d'Anubis, qui fût condamné à devenir passeur d'un fleuve. Pas de barque. Il porte les voyageurs sur son dos, comme le condamné porte le patibulum.

 

Une nuit, un enfant demande à passer. Christophe le charge sur son dos et commence la traversée. Plus il avance, et plus le poids devient lourd, et l'eau du fleuve menaçante. Il manque renoncer, et après de terribles efforts, réussit enfin à poser l'enfant sur l'autre rive.

 

Stupéfait, il apprend alors qu'il a porté Celui qui a créé le monde. L'enfant lui donne un bâton pour l'aider à retourner. Lorsqu'il le plante sur la plage, il devient un arbre et se couvre de dattes.

 

Le mythe est transparent. D'origine gnostique, bien sûr, il illumine le christianisme qui l'a souvent rejeté.

 

L'homme animal, anthropophage à tête de chien, est condamné à porter un poids d'un côté à l'autre du fleuve de l'existence. Dans l'autre cas, il porte le patibulum, qui est à la fois l'instrument de son supplice - que redoute le diable - mais aussi de sa divinisation par l'union. C'est le sens de la phrase que cite Fulcanelli, et qu'on trouve à un vitrail de l'église romane de Bourbon l'Archambault : O CRUX AVE SPES UNICA. Espoir unique, mais aussi espérance de l'Union, UNIO MYSTICA. L'union est réalisée lorsque les deux branches de la croix, la matière et l'esprit, la tête et le coeur, le Grand et le petit sont assemblés.

 

Christophe, c'est pas un barbu qui distribue des bons points à ceux qui achètent sa médaille. Nous sommes tous Cristophe. Tous les enfants devraient porter son nom en deuxième. Parce que nous avons tous hérité de cette redoutable tâche : porter la conscience tout au long du voyage, de la naissance à la mort.

 

Et ce voyage est fatigant, parfois terrible. Le corps s'affaisse, l'esprit faiblit, la lassitude, le découragement, l'envie de renoncer nous guettent à chaque pas, et souvent, nous sommes prêts à jeter l'enfant à la baille. Le corps renâcle, l'âme animale (nafs musulman, nephesh hébreu) refuse tout effort et cherche repos et distraction.

 

Mais, à celui qui a réussi l'épreuve, il est donné un bâton. C'est le signe que de chien, il est devenu homme. Sa colonne s'est redressée, il tient maintenant debout. Le condamné, lui, a fini par apporter le patibulum au stipes, qui est aussi une colonne verticale, l'axe du monde qui passe en chacun de nous. Alors, on le cloue.

 

Une ascension. 

 

Comme celles de la croix, les deux branches de la légende s'emboîtent parfaitement.

 

  

 

 

 

 

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commentaires

K
<br /> Voilà un jardinant M.VJ plein tablier, pleine forme, célébrant simultanément saint en poire et sein généreux en eau de<br /> vie.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Hommage donc à tous cette joyeuse confrérie de saints réunis qu’ils soient Saint Christophe associant vertueux nectars et<br /> immuables fromages, Saint Pourçain, Saint Emilion et  Estèphe unis dans un même Saint Amour et ne soyons pas sectaires saint Nectaire, bien évidemment<br /> Saint Véran et Saint Aubin pour la bourguignonnerie, les Saint Marcellin, Agur, Félicien (aussi), Saint Joseph et Saint Chinian et tant d’autres et pardon pour les oublis.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br />
Répondre
V
<br /> Il y a même de l'eau qui porte des noms de saints, plus ou moins fabriqués pour la circonsrtance. Je pense à une fontaine dite miraculeuse, qui coule à Saint Thècle (St Bonnet de Chirac), réputée<br /> soigner les yeux : parce que saint Thècle t'éclaire. Garanti authentique :)<br /> <br /> <br />
N
<br /> Merci pour toutes les "précisions" que tu partages avec nous au fil du temps .<br /> Merci pour ces éclairages, introuvables sans un guide .... Merci de l'être et de le partager, sans être "le" Gourou ni le sage !<br /> <br /> <br /> Amitiés d'un jeudi d' Ascension<br /> <br /> <br /> Ned<br />
Répondre
V
<br /> <br /> Comment ça, pas guru ? Ah si si si, veux voir qu'une tête, mes gaillards !<br /> <br /> <br /> Je n'ai pas l'impression d'avoir de doctrine, c'est peut-être ça ? Je ne prétends pas savoir. Je me suis éveillé en pensant à Saint Christophe, dont l'image me hante depuis tout petit. Peut-être<br /> qu'il y en avait une représentation chez mes parents ? Et peu à peu, ça s'éclaire, et je comprends mieux, et je dis ce que je vois et ce que je comprends. A mon avis, c'est pas pur sucre, il y a<br /> de l'interprétation, du mental, de la préférence, du "je". Mais au fil du temps, l'horizon s'éclaircit.<br /> <br /> <br /> Viens de planter mes tomates, courgettes, et une partie des salades. Ouf. La suite au prochain épisode :)<br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Le jardin de Vieux Jade
  • : Arrivages du jour, légumes secs, mauvaises herbes, quelques trucs qui arrachent la gueule. Taupes, censeurs et culs bénits s'abstenir. Si vous cherchez des certitudes, c'est pas l'endroit.
  • Contact

Décidément rétif à l'ordre bestial, j'ai fixé ma résidence ailleurs, d'où j'observe le déroulement des temps infernaux, fumier des plus belles fleurs.  J'ai un jardin secret, où les plantes poussent toutes seules. Servez-vous, si le coeur vous en dit, sans tenir compte de la chronologie, car comme le mot le dit clairement, l'heure est un leurre.

 

Une précision concernant les commentaires : n'ayant pas toujours le temps ni l'énergie de répondre aux commentaires, ceux-ci restent ouverts, sans aucune garantie que j'y réponde. Je me réserve cependant le droit de sabrer les inconvenances, dont je reste seul juge.

 

Ici, je n'est pas un autre.

Recherche

Lave

Après l’explosion

Nul ne l’a sue

Le jour d’après

Coule la lave

Brûlent les cendres

Lave la lave

Mange la louve

Larmes sans sel

De régime

Cuit et recuit 

Frottent les cendres

Récurent

 

Pas encore nu,

Pas tout à fait ?

Restent des choses

Bien accrochées

Des salissures

De vieux fantômes

D’anciennes guerres

 

Qui peut le faire, si ce n'est toi ? 

 

Nettoie

 

Les notes glissent

Comme des larmes

Gouttes de feu

Sur la paroi

 

Qui m’a volé le cœur ?

Qui m’a trempé vivant,

Comme une lame ?

Qui m’a fouetté les yeux,

M’a déchiré le ventre

Me baisant les paupières

Et m’enduisant de baume,

Me prenant par la main,

Pour me conduire

Dehors ?

Les dits de Lao Yu

LE BUT DE LA QUÊTE EST DE N'AVOIR

NI BUT, NI QUÊTE

 

***

 

QUE SAIT-IL DE LA PESANTEUR,

CELUI QUI N'EST JAMAIS TOMBÉ ?

 

***

 

C'EST SOUVENT LORSQU'ELLE S'ENFUIT QU'ON PERÇOIT L'ESSENCE DE LA BEAUTÉ

 

***

 

LA MER A DES MILLIARDS DE VAGUES QUI BATTENT TOUS LES RIVAGES. OU EST LE CENTRE DE LA MER ?

 

***

 

CE QUI EST MORT N'A AUCUN POUVOIR SUR CE QUI EST VIVANT

SEULS LES MORTS CRAIGNENT LES MORTS

 

***

 

QUAND LE NID BRÛLE, LES OISEAUX S’ENVOLENT

 

***

 

C’EST DANS LA CHUTE QUE LES AILES POUSSENT

 

***

 

CE QUI PEUT ÊTRE PERDU EST SANS VALEUR

 

***

 

LA MAISON EST PLUS GRANDE QUE LA PORTE

 

***

 

L’ERREUR EST LA VOIE

 

***

 

LA ROUTE EST DURE A CELUI QUI BOÎTE

 

***

 

LA LUMIERE DE L’ETOILE EST DANS L’ŒIL QUI LA REGARDE

 

***

 

LES PETITS NOURRISSENT LES GRANDS

 

***

 

LES RICHES ONT UNE BOUCHE
MAIS PAS DE MAINS POUR LA REMPLIR

C’EST POURQUOI IL LEUR FAUT
DE NOMBREUX SERVITEURS ;


CEUX QUI ONT DE NOMBREUX SERVITEURS
NE SAURAIENT VIVRE SEULS,

CE SONT DONC DES PAUVRES ;


CELUI QUI PEUT VIVRE SANS SERVITEURS 
EST DONC LE VERITABLE RICHE.

 

***

 

VIVRE C’EST REVENIR SUR SES PAS

 

***

 

LA NUIT LAVE LE LINGE DU SOLEIL

 

***

 

LES RUISSEAUX EMPORTENT LES MONTAGNES

 

***

 

UNE EPINE DANS LE PIED DU GENERAL : L’ARMEE S’ARRÊTE


***
 


UN PORC EN HABITS DE SOIE RESTE UN PORC,
COMME UN DIAMANT DANS LE FUMIER

RESTE UN DIAMANT.

MAIS LA PLACE D’ UN DIAMANT

EST DANS UN ECRIN DE SOIE,

ET CELLE D’UN PORC DANS LE FUMIER.

 

***

 

COMME SEULE L’EAU ETANCHE LA SOIF,
SEULE LA JUSTICE COMBLE LA FAIM DE JUSTICE

 

***

 

DU COLIBRI A L’AIGLE, IL EXISTE DE NOMBREUX OISEAUX

 

***

 

LE DEDANS REGLE LE DEHORS

 

***

 

L’EPONGE BOIT LE VIN RENVERSÉ
ET LA ROSÉE DU MATIN

 

 

***  

 

LORSQU'IL DECOUVRE LE MIEL,

L'OURS OUBLIE LA PIQÛRE DES ABEILLES

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisez-Moi Lisez Moi Lisez Moi

Des mots des mots des mots des

Quand à un livre je me livre , ce que je lis me délie.

 

 

Je me demande pourquoi on n'a pas encore une loi qui oblige à faire bouillir les bébés à la naissance, afin qu'ils soient parfaitement stérilisés.

 

Circuler, pour mieux s'ôter.

Toute notre vie, on attend une grande cause pour se lever, et on passe sa vie accroupi, à croupir.

Le lucane aime prendre l'R le soir à sa lucarne.

Ce qu’il y a de bien dans l’état de siège, c’est qu’on prend le temps de s’asseoir.

 

 

Les oiseaux sont les poissons du ciel,

nous en sommes les crabes


Heureux les déjantés, ils quitteront plus facilement la route commune!

 
L’argent n’a pas d’odeur, mais il y contribue.


Un vrai sosie, c’est invraisemblable.

   

Quand je grossis, je m’aigris ; et quand je m’aigris, je grossis.

   

Le temps, c’est de l’urgent.

   

Joindre l’utile au désagréable : se faire renverser par une ambulance.  

 

Le journal du paradis, c’est le Daily Cieux.

   

Yfaut et Yaka sont dans un bateau ; Yfaut tombe à l’eau, Yaka l’repêcher.

 

Chaque matin, s’ils ne sont pas morts, les vieux vont aux nouvelles.

 

Le poète a latitude d’explorer toutes les longitudes.

   

Etre réduit à la portion congrue, c’est fort peu. Moins, c’est incongru.

 

Peut-on dire de quelqu’un
dont la vie dépend des autres pour tout qu’il
est riche ?
La bouche est elle riche ?

Peut-on dire de quelqu’un
qui n’a rien à attendre des autres qu’il est pauvre ?
Les mains sont elles pauvres ?

 

Curieux comme mystique s’oppose à mastoc.

 

On a mis bien des ouvrages majeurs à l’index.

 

Quand le brouillard tombe, on voudrait qu’il se casse.

 

Au matin, la nuit tombe de sommeil.