"Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes".
Cette phrase bien connue du Candide de Voltaire a été reprise à peu de chose près par Miguel Ruiz.
Longtemps cette conception me semblait une sorte de provocation irréductible, ce que le zen appelle koan.
Comment accepter que tout est pour le mieux dans cette horreur, ce bain de sang quotidien ?
GIG (qui ne veut pas dire grand infirme de guerre, mais George Ivanovitch Gurdjieff), a dit quelque part qu'on pouvait schématiser l'état de l'humanité ainsi :
1) ceux qui sont chargés de chaînes, qu'on peut appeler "moutons"; ceux-là ne souffrent pas, ou peu. Leur condition même difficile leur paraît naturelle et inéluctable.
2) ceux qui cherchent à se libérer ; cette situation est très difficile. Tout est insupportable, tout blesse. Révoltés.
3) ceux qui se sont rendus libres. Ceux-là ont trouvé une sorte de paix, ou peut-être la paix. Sages, ou sages relatifs.
Cette classification requiert de la prudence : facile de se rêver libre.
Je n'ai pas la prétention de répondre à ce koan, pas plus qu'à n'importe quel autre. Chaque réponse est unique. Juste donner une piste :
Si tout est toujours pour le mieux, à chaque instant, quel que soit l'endroit et l'époque, c'est simplement que toute situation est la meilleure pour saisir l'unique fil qui nous relie à notre cause.
Chaque situation se trouve au centre d'une croix : espace, temps, dessinée horizontalement. La solution toujours à portée de main passe par le vertical. Tout koan a son issue.
C'est le regard qui doit changer.
En ce sens, tout est toujours pour le mieux.