Rien de nouveau sous le Soleil, dit le livre dit de l'Ecclésiaste.
Même si je reprends parfois cette assertion à mon compte, je veux quand même y apporter un bémol : si notre ancêtre prétendu commun, Adam, le rouge, le terrien, influencé, le pauvre, comme chacun le sait (ou devrait le savoir) par sa moitié, a croqué la pomme interdite, ce qui, vous le savez maintenant, comme l'aile du terrible papillon, nous a tous mis dans un summum caca, si, je résume, ce pauvre benêt ignorant des conséquences a succombé à ce désir transgressif primaire, à ce tabou somme toute innocent, moi, perso, j'ai un peu évolué, et, loin de là, ce n'est pas Mme VJ qui m'y pousse, loin de là, au contraire, vu que c'est elle qui paie la bouffe et la boisson, juste mon serpent intime et familier.
La pomme, à moins qu'elle soit vraiment succulente, juste cueillie d'un arbre oublié d'une variété ancienne, comme les conservait mon papa en son jardin de curé, ou magnifiée, comme elle peut l'être, en tarte ou en crumble par ma fille Marie, remarquable pâtissière amateur, la pomme, disais-je, ne me plait vraiment que sous la forme alcoolique secondarisée, c'est-à-dire fermentée et bouillie.
Dont la dénomination commerciale et protégée par les lois du bizness est : Calvados.
Ce que le candide Adam ignorait totalement, à moins que le livre de la Genèse ne nous dise pas tout.
La loi républicaine a abrogé l'antique privilège de bouilleur de cru, qu'avait encore mon père. Outre l'avantage de permettre deux contrepèteries, que je ne livrerai pas sans contrepartie, ledit privilège permettait à tout un chacun, pourvu qu'il dispose des fruits nécessaires, et donc, selon la loi républicaine, toujours elle, d'être propriétaire, de les transformer en alcool.
Hélas, ce dernier (l'alcool, mot arabe) étant maintenant voué aux gémonies, comme le tabac (mot arawak), et la liberté (faux mot) de penser, d'exister, et de parler, sauf permis de l'autorité terrestre du moment, et comme au temps de l'inquisition, fabriquer de l'alcool est devenu un crime.
En consommer suscite le mépris, l'apitoiement, l'indignation.
Nonobstant (nihil obstat, écrivait la Curie romaine, donnant ainsi son imprimatur), nonobstant l'avis des caniches, comme dit Ibara, qui, lui, ne boit pas d'alcool, mais par choix, par goût personnel, et non pas sous la pression de la majorité bien-pensante, j'aime, charnellement, autant que les vins de Bourgogne, quand ils sont bien nés, et bien élevés, cette splendide liqueur ambrée que donne la sublimation de la pomme fermentée.
Pour cela, j'y mets une indispensable restriction : qu'elle soit additionnée d'une fraction de poire, ce que garantit l'appellation : Pays d'Auge, et qu'elle soit d'une bonne maison.
Les amateurs, les curieux et les voyageurs n'ont pas besoin de moi pour leur donner des adresses, dont chacun a le secret. Pour les autres, deux grandes maisons s'imposent pour leur exigence de qualité : Château du Breuil, et Groult. *
Nasdrowié !
* Bien que ce blog ne perçoive aucune rémunération, et n'ait jamais envisagé d'en percevoir, l'auteur, si toutefois, par extraordinaire, ce texte tombait sous l'oeil éclairé d'un dirigeant d'une des entreprises susdites, ou d'un bienfaiteur improbable serait fort aise de recevoir un petit colis, mettons 1.5 l d'une ancienneté convenable (disons 8 ans). J'y crois peu, mais l'expérience et la foi ici convergent : à celui qui demande, il sera donné.