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6 février 2013 3 06 /02 /février /2013 19:32

Entendre des gens dire : je fais ce que je veux, je suis libre, me fait toujours sourire. Il est d’une parfaite évidence, dès qu’on a commencé à voir comment fonctionne la mécanique, que nous sommes presque constamment sur programme automatique, comme nos machines à laver, et que l’espace de manœuvre est minuscule.

 

C’est vrai pour les tâches les plus réactives, marcher, digérer, sourire et tendre la main, échanger des propos météorologiques, bander, conduire, faire la gueule, mais il arrive que l’on puisse déceler des influences beaucoup plus profondes.

 

Voici une histoire qui illustrera, je l’espère, l’alchimie que peut opérer sur lui-même le désir, le désir le plus profond, la noire et primitive pulsion sexuelle enfouie, pour éclater au grand jour, sans même que nous en ayons conscience.

 

Je veux dire que le désir passe par nous sans que nous ayons pouvoir sur lui, ou si peu. Ce faisant, il change de forme et de qualité, afin d’apparaître présentable à nos yeux, présentable ou mieux, paré de grâce et de beauté. C’est lui, l’écailleux dragon vaincu par la virginité et l’innocence. Plutôt que ce terme guerrier, on pourrait dire : sublimé, transformé.

 

L’histoire est d’autant plus curieuse qu’elle a fait des détours pour s’accomplir, passant même par une complice involontaire, ma femme.

 

Il y a de nombreuses années, plus de trente, j’étais amoureux. Rien d’extraordinaire, je suis presque constamment amoureux. Je ne suis jamais un peu ou vaguement amoureux, mais toujours ardemment.

 

L’objet de ma fièvre était une belle dame vive et élancée, mariée, mère de plusieurs enfants ; elle avait quinze ans de plus que moi.

 

Nous avions de longues discussions sur les sujets les plus divers. Ceci était très amical, mais dans mon esprit cette fulgurante beauté épanouie jetait des racines de plus en plus profondes. Ce genre de cheminement obscur fait mal, surtout quand l’épanouissement reste contenu.

 

Pour une foule de raisons probablement - peut-être tout simplement parce qu’il faut une réciprocité dans ce genre d’affaires, cette idylle est restée inaboutie.

 

Trente ans de péripéties existentielles m’en ayant fait perdre jusqu’au souvenir, j’ai eu la surprise un jour de la rencontrer au coin d’une rue. Surprise, joie, rires.

 

Elle vit seule. Sa beauté a certes un peu souffert des piques du temps, comme l’a fait ma silhouette épaissie, mais elle est étonnamment la même que la veille, trente ans plus tôt.

 

Je propose un déjeuner avec Mme VJ dans un petit restaurant de campagne, quelques jours plus tard. Excellent moment.

 

Mme VJ sait bien que je suis encore amoureux. Elle me connaît si bien…

 

Un jour, elle nous invite chez elle. Mme VJ fait l’emplette de chocolats fins.

 

C’est pour le surlendemain. Le lendemain.

 

Au matin, Mme VJ me raconte le rêve qu’elle a fait, dans lequel sa mère lui offrait une brassée de roses rouges ; elle, en retour, lui tendait un bouquet de roses rose.

 

Puis elle dit : les chocolats, c'est bien, mais il faut lui offrir des fleurs. C’est mieux.

 

Nous partons. On traverse une petite ville dans laquelle existait un fleuriste. Mais, pas de chance, la boutique est à louer ou à vendre.

 

-       Tant pis, dis-je. On a des chocolats.

-       Non, attends, on passe à 3 km de St…, on peut faire le détour, il devrait bien y avoir un fleuriste.

-       C’est dimanche, ça risque d’être fermé. On va être en retard.

-       Non, vas-y, essaie !

 

On entre dans le patelin, et là, une boutique de fleuriste est ouverte.

 

On entre sous la pluie d’hiver. Il y a des fleurs coupées, mais mes yeux tombent d’emblée sur une splendide orchidée blanche. C’est-elle que je veux.

 

Le fleuriste, sorte de lutin falot et bondissant, quadragénaire, a une voix bizarre, comme d’un adolescent qui mue, qui du grave part d’un coup dans les aigus, en vrille. Je ne sais pourquoi, il essaie de me fourguer plusieurs plantes rouges, roses, jaunes, aux noms latins ou exotiques. Je tiens bon. Mme VJ ne dit mot.

 

On repart avec la belle emmaillotée et ficelée d’argent.

 

-       Elle est magnifique, dit ma femme.

-       Oui.

 

Elle est vraiment très belle, et bien reçue. Elle trouve instantanément sa place dans l’appartement.

 

Quelque temps plus tard, Mme VJ rentre de sa journée, et me demande d’un air rieur :

 

-       Tu connais le sens du mot « orchidée » ?

-       Non.

-       « Orchis », ça ne te dit rien ?

-       Mais si ! Oui ! Les couilles !

-       C’est ça.

 

C’est bien ça. Le mot grec orchis désigne les testicules. Quand on offre une orchidée, on offre ses couilles. Un peu raccourci, certes, mais c’est bien cela.

 

En français moderne, on dit : offrir son amour.

 

D’après le ouèbe, orchidée rouge, là c’est vraiment direct, "tout de suite boum boum".

 

Mais heureusement, de l’orchidée blanche, le ouèbe dit : « L’orchidée de couleur blanche exprime un amour pur et idéalisé de la personne aimée. »

 

Un instant, j’ai craint le pire !

 

Parce que c’est vraiment ce que je ressens, un amour calme et profond, admirateur de cette fine beauté qui a intelligemment traversé le temps.

 

Mais, et c’est ce que je voulais exprimer, ce n’est pas par un acte volontaire de ma personne que j’ai réussi à traduire cet amour. L’affirmation éclatante de ce désir sublimé a pris naissance dans et traversé le rêve de Mme VJ, qui a décidé d’offrir des fleurs et m’a poussé bon gré mal gré jusqu’au second fleuriste, puis bousculé l’entrave dudit fleuriste qui tentait obstinément de me fourguer autre chose que la fleur élue.

 

C’est pour cela que j’affirme que le désir vit en nous et nous mène comme il le veut, où il veut.

 

Ce désir issu du plus profond (car si orchis sont les testicules, Orcus est le dieu des Enfers, qui se repaît de chair humaine) a perdu du feu en route, le feu noir du  dragon cruel et insatiable, pour devenir l’éclatante bannière blanche du respect, de l’amitié, de la complicité.

 

 

 

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commentaires

D
<br /> Toutes les horreurs qui se passent dans le monde sont dues au manque de Conscience, et  ceux qui sont exposés en première ligne, je dirait peut être doivent t'ils vivrent cela?<br /> <br /> <br /> Que peut t'on savoir ce que ces personnes là,  doivent encore expérimenter .<br /> <br /> <br /> Peut être que nous aussi, avons déjà vécu ce genre de choses dans une autre vie?<br /> <br /> <br /> Donc, se poser des questions là dessus est très difficile.<br /> <br /> <br /> Ne crois pas cela m'interpelle aussi, mais je ne ressent aucune agressivité envers Dieu.<br /> <br /> <br /> Cela fait partie de l'acceptation de ce qui Est, et si nous n'acceptons pas et bien de toutes façon ce sera le conflit en nous-même, donc travaillons a faire grandir notre Conscience car ce<br /> travail profite a tous, et si tous nous faisons çà et bien la Conscience collective se purifiera bien vite!<br /> <br /> <br /> C'est peut être notre travail en Conscience qui fera changer les choses horribles de ce monde.<br /> <br /> <br /> Peut être que je rêve, mais en tous cas c'est ce que je ressent en mon Ame et Conscience, voilà ma chère!<br />
Répondre
V
<br /> <br /> Ça fait beaucoup de "peut-être", mais effectivement, on ne peut être sûr de rien. Juste continuer à chercher, l'esprit ouvert.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> C'est vrai, vieux Jade, tu t'es bien aimé.<br /> Tu as bien aimé ta tendresse.<br /> <br /> C'est un bon début...<br /> <br /> <br />  <br />
Répondre
M
<br /> Chère Danielle, bien au chaud en France ou tout comme,<br /> <br /> Sais-tu qu'en Thaïlande, des femmes se font mettre enceintes dans le but précis que, 8 à 10 années plus tard, elles emmènent elles-mêmes par la main leur petit garçon ou leur petite<br /> fille au bordel des touristes sexuels, bordel clandestin ou pas, en disant à son enfant d'être bien gentil(le) avec le monsieur et de ramener les cadeaux et l'argent ?<br /> <br /> Ce n'est pas de la démagogie que je fais ici, c'est de la vérité et de la souffrance indicible et tout le monde s'en fout, à commencer par Dieu. Je veux bien que tu me démontres comment Dieu aime<br /> ce petit garçon ou cette petite fille et dans quelle mesure celui-ci ou celle-là possède sa liberté de choix, comme tu dis...<br /> <br /> Si toute votre logique de "tu récolteras ce que tu as semé et Dieu te laisse libre, youp la boum" était exacte, alors au moins jusque sa majorité ou au moins jusqu'à ce qu'il puisse dire "non"<br /> sans être tabassé voire assassiné en retour, chaque enfant serait protégé par Dieu, n'est-ce pas ?<br /> <br /> <br />  <br />
Répondre
D
<br /> Oui, ce n'importe quoi est le cri du Coeur! :)))<br /> <br /> <br /> Nous avons chacuns les même forces et possibilitées en nous, et devons les mettre en action pour nous hisser hors de cette mélasse.<br /> <br /> <br /> Ce qui fait l'action de ces forces, c'est ' Conscience- Foi- et Puissance. '<br /> <br /> <br /> Beaucoup de gens ne croient pas en ces choses là, voilà d'ou vient leur misère, un jour viendra pour eux aussi ou, ils pourront grandir et mieux supporter les souffrances.<br /> <br /> <br /> Dieu n'est ni sadique, ni ne s'en fout, simplement il nous aime, et c'est pour cela qu'il nous laisse l'entière liberté de nos choix.<br /> <br /> <br /> Celui de dire oui, ou non a qui on Est! et à chaque instants.<br /> <br /> <br /> :)))<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br />
Répondre
M
<br /> Ma chère Lléa, pourquoi ce serait le fiston qui devrait revenir, et pourquoi pas la fistonne ? Car à la base le Christ est "un" avec sa parèdre (son âme-soeur si on veut) qui est la Sophia. Deux<br /> polarités pour un seul même éon...<br /> <br /> Ce serait bien que la polarité féminine de cet éon revienne, pour changer.<br /> <br /> Bises <br /> <br /> <br />  <br />
Répondre

Présentation

  • : Le jardin de Vieux Jade
  • : Arrivages du jour, légumes secs, mauvaises herbes, quelques trucs qui arrachent la gueule. Taupes, censeurs et culs bénits s'abstenir. Si vous cherchez des certitudes, c'est pas l'endroit.
  • Contact

Décidément rétif à l'ordre bestial, j'ai fixé ma résidence ailleurs, d'où j'observe le déroulement des temps infernaux, fumier des plus belles fleurs.  J'ai un jardin secret, où les plantes poussent toutes seules. Servez-vous, si le coeur vous en dit, sans tenir compte de la chronologie, car comme le mot le dit clairement, l'heure est un leurre.

 

Une précision concernant les commentaires : n'ayant pas toujours le temps ni l'énergie de répondre aux commentaires, ceux-ci restent ouverts, sans aucune garantie que j'y réponde. Je me réserve cependant le droit de sabrer les inconvenances, dont je reste seul juge.

 

Ici, je n'est pas un autre.

Recherche

Lave

Après l’explosion

Nul ne l’a sue

Le jour d’après

Coule la lave

Brûlent les cendres

Lave la lave

Mange la louve

Larmes sans sel

De régime

Cuit et recuit 

Frottent les cendres

Récurent

 

Pas encore nu,

Pas tout à fait ?

Restent des choses

Bien accrochées

Des salissures

De vieux fantômes

D’anciennes guerres

 

Qui peut le faire, si ce n'est toi ? 

 

Nettoie

 

Les notes glissent

Comme des larmes

Gouttes de feu

Sur la paroi

 

Qui m’a volé le cœur ?

Qui m’a trempé vivant,

Comme une lame ?

Qui m’a fouetté les yeux,

M’a déchiré le ventre

Me baisant les paupières

Et m’enduisant de baume,

Me prenant par la main,

Pour me conduire

Dehors ?

Les dits de Lao Yu

LE BUT DE LA QUÊTE EST DE N'AVOIR

NI BUT, NI QUÊTE

 

***

 

QUE SAIT-IL DE LA PESANTEUR,

CELUI QUI N'EST JAMAIS TOMBÉ ?

 

***

 

C'EST SOUVENT LORSQU'ELLE S'ENFUIT QU'ON PERÇOIT L'ESSENCE DE LA BEAUTÉ

 

***

 

LA MER A DES MILLIARDS DE VAGUES QUI BATTENT TOUS LES RIVAGES. OU EST LE CENTRE DE LA MER ?

 

***

 

CE QUI EST MORT N'A AUCUN POUVOIR SUR CE QUI EST VIVANT

SEULS LES MORTS CRAIGNENT LES MORTS

 

***

 

QUAND LE NID BRÛLE, LES OISEAUX S’ENVOLENT

 

***

 

C’EST DANS LA CHUTE QUE LES AILES POUSSENT

 

***

 

CE QUI PEUT ÊTRE PERDU EST SANS VALEUR

 

***

 

LA MAISON EST PLUS GRANDE QUE LA PORTE

 

***

 

L’ERREUR EST LA VOIE

 

***

 

LA ROUTE EST DURE A CELUI QUI BOÎTE

 

***

 

LA LUMIERE DE L’ETOILE EST DANS L’ŒIL QUI LA REGARDE

 

***

 

LES PETITS NOURRISSENT LES GRANDS

 

***

 

LES RICHES ONT UNE BOUCHE
MAIS PAS DE MAINS POUR LA REMPLIR

C’EST POURQUOI IL LEUR FAUT
DE NOMBREUX SERVITEURS ;


CEUX QUI ONT DE NOMBREUX SERVITEURS
NE SAURAIENT VIVRE SEULS,

CE SONT DONC DES PAUVRES ;


CELUI QUI PEUT VIVRE SANS SERVITEURS 
EST DONC LE VERITABLE RICHE.

 

***

 

VIVRE C’EST REVENIR SUR SES PAS

 

***

 

LA NUIT LAVE LE LINGE DU SOLEIL

 

***

 

LES RUISSEAUX EMPORTENT LES MONTAGNES

 

***

 

UNE EPINE DANS LE PIED DU GENERAL : L’ARMEE S’ARRÊTE


***
 


UN PORC EN HABITS DE SOIE RESTE UN PORC,
COMME UN DIAMANT DANS LE FUMIER

RESTE UN DIAMANT.

MAIS LA PLACE D’ UN DIAMANT

EST DANS UN ECRIN DE SOIE,

ET CELLE D’UN PORC DANS LE FUMIER.

 

***

 

COMME SEULE L’EAU ETANCHE LA SOIF,
SEULE LA JUSTICE COMBLE LA FAIM DE JUSTICE

 

***

 

DU COLIBRI A L’AIGLE, IL EXISTE DE NOMBREUX OISEAUX

 

***

 

LE DEDANS REGLE LE DEHORS

 

***

 

L’EPONGE BOIT LE VIN RENVERSÉ
ET LA ROSÉE DU MATIN

 

 

***  

 

LORSQU'IL DECOUVRE LE MIEL,

L'OURS OUBLIE LA PIQÛRE DES ABEILLES

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisez-Moi Lisez Moi Lisez Moi

Des mots des mots des mots des

Quand à un livre je me livre , ce que je lis me délie.

 

 

Je me demande pourquoi on n'a pas encore une loi qui oblige à faire bouillir les bébés à la naissance, afin qu'ils soient parfaitement stérilisés.

 

Circuler, pour mieux s'ôter.

Toute notre vie, on attend une grande cause pour se lever, et on passe sa vie accroupi, à croupir.

Le lucane aime prendre l'R le soir à sa lucarne.

Ce qu’il y a de bien dans l’état de siège, c’est qu’on prend le temps de s’asseoir.

 

 

Les oiseaux sont les poissons du ciel,

nous en sommes les crabes


Heureux les déjantés, ils quitteront plus facilement la route commune!

 
L’argent n’a pas d’odeur, mais il y contribue.


Un vrai sosie, c’est invraisemblable.

   

Quand je grossis, je m’aigris ; et quand je m’aigris, je grossis.

   

Le temps, c’est de l’urgent.

   

Joindre l’utile au désagréable : se faire renverser par une ambulance.  

 

Le journal du paradis, c’est le Daily Cieux.

   

Yfaut et Yaka sont dans un bateau ; Yfaut tombe à l’eau, Yaka l’repêcher.

 

Chaque matin, s’ils ne sont pas morts, les vieux vont aux nouvelles.

 

Le poète a latitude d’explorer toutes les longitudes.

   

Etre réduit à la portion congrue, c’est fort peu. Moins, c’est incongru.

 

Peut-on dire de quelqu’un
dont la vie dépend des autres pour tout qu’il
est riche ?
La bouche est elle riche ?

Peut-on dire de quelqu’un
qui n’a rien à attendre des autres qu’il est pauvre ?
Les mains sont elles pauvres ?

 

Curieux comme mystique s’oppose à mastoc.

 

On a mis bien des ouvrages majeurs à l’index.

 

Quand le brouillard tombe, on voudrait qu’il se casse.

 

Au matin, la nuit tombe de sommeil.