Bien sûr, l'autruche ne met jamais la tête dans le sable.
Tant pis pour cette histoire que j'aime bien : deux autruches mâles un peu excités coursent deux femelles. L'une dit à l'autre (huche) : encore ces deux là ! mettons-nous la tête dans le sable ! Arrivent alors les deux machos essouflés, qui regardent partout. Ça alors, pestent-ils, où sont-elles passées ?
Je reviens à la légende.
Qui a quand même un fond de vérité. Sable, en héraldique, c'est noir. En symbolique, le sable est la dégradation du rocher en d'innombrables particules; il représente la multiplicité, cette hydre dont les têtes repoussent sans cesse.
Se cacher la tête dans le sable, c'est se laisser volontairement happer par le monde extérieur, pour ne pas faire face à la seule question qui vaille, et qui justement unit peu à peu ce qui était dispersé : Qui suis-je ?
Unique question qui se décline en plusieurs thèmes : Qui sommes-nous ? D'où venons-nous ? Où allons-nous ?, écrivit Paul Gauguin au bas d'une toile en 1898 avant de
chercher à mourir de désespoir.
Se cacher la tête dans le sable est l'un des jeux favoris des autruches humaines.