Dans son livre sur le symbole du Pôle chez Hergé, PG Sansonetti trouve ici et là semés des 111, 144 et 153, selon la guématrie de l'alphabet français.
Étant assez imperméable au symbolisme des nombres et des chiffres, ayant l'esprit peu pythagoricien, j'avoue que cet exercice me dépasse un peu.
Les mots me sont tant plus familiers ! Mais l'abondance, voire la surabondance, la redondance de ces nombres et de leurs dérivés étonne. En bon sceptique - car une moitié de moi doute de tout -, j'imagine qu'on peut retrouver quel chiffre on souhaite dès lors qu'on plie un peu le texte à son présupposé.
J'apprécie quand même ce livre qui m'échappe un peu pour deux raisons : il corrobore d'autres analyses qui personnellement me conviennent mieux : Augereau et surtout, Portevin. Ensuite il fournit une trame là où les exégètes, défricheurs et pionniers de l'oeuvre d'Hergé ne faisaient - réduction non péjorative vue l'importance de leurs travaux - qu'accumuler des données convergentes.
Ce préambule achevé, je remarque que le nombre 153 est assez récurrent. Il met bien sûr en relation avec le verset 21.11 de Jean, évangéliste favori des cathares, des chevaliers du Temple (avec Pierre, pas évangéliste mais gardien des clefs, signale Michel Lamy), et des franc-maçons avant leur annihilation ou leur subversion respective.
153 est le développement de 17. En français, la lettre correspondante par le rang numérique est l'indispensable Q.
Il m'est revenu que j'ai écrit sur cette lettre, qui désigne la curiosité (du cur latin : pourquoi ?) sous toutes ses formes.
J'ai peu de choses à y ajouter, si ce n'est que l'esprit en éveil est bien la clef qui ouvre l'accès à la complétude. Les paresseux, qui veulent passer leur existence à dormir, ne se servent de "pourquoi" que dans cette seule phrase : pourquoi se casser la tête?
Frappez, dit le Christ, il vous sera ouvert. Questionner, utiliser ses talents, labourer sa terre, comme disaient les alchimistes et Jean de la Fontaine, c'est le véritable labeur qui nous incombe. Travailler à la sueur de notre front, et, de la douleur qui résulte de la séparation, tirer le fruit sont, pour paraphraser M. de Sully, les deux mamelles du succès.
Pas de 153, pas de récolte, de pêche miraculeuse, de vendange sublime sans le labour, le travail incessant qui consiste à retourner la terre des apparences pour y faire pousser les graines que le Ciel y apporte. Pas de 153 sans 17.
17 symbolise la Quête par dépouillement successif. On approche de Dieu, du Réel par abandon de tout ce qui n'est pas Dieu, le Réel.
Un mètre carré moyen recevant près de 50 000 graines par an, qui sont au point de vue du psychisme humain autant de suggestions, d'influences, autant dire que le travail ne s'arrête pas à gratter la terre, mais aussi à interroger chaque pousse : qui es-tu ?
S'exerce alors l'art du discernement.
Je ne voudrais pas vous décourager et vous ramener au camp de ceux qui dorment, mais c'est du boulot, du boulot et du boulot.
Ora, lege, lege, lege, relege, labora et invenies. Fastoche, non ?
A un certain moment du questionnement, le mental n'a plus de réponse. Ou tant de réponses qu'aucune ne suffit, quand toutes se télescopent et se contredisent.
C'est le moment de se foutre à poils, comme dans l'arcane XVII. Poser ses fringues, poser ses habitudes, ses choix, ses influences, ses trouilles, ses foutus acquis. Vidons les pots. Boire, d'ailleurs, permet de vider les pots sous une double forme, car le débridement (jusqu'à un certain point) permet l'approche du naturel : in vino veritas.
Peut-être le temps vient-il de vider les pots, de vider le vieux vin, les vieilles réponses, les anciennes conceptions, pour ouvrir un oeil neuf sur ce qui advient.
Dans ce cas, comme de tous temps, la peur, les réflexes conditionnés et les théories rhumatisantes doivent être jetés à la poubelle.
On passe alors de l'indispensable stade du questionnement incessant, travail opiniâtre, à celui de la confiance et de l'espérance, qui est un abandon total.
Il va de soi que seuls ceux qui ont creusé sans relâche la mine des apparences pour en extraire la précieuse moelle peuvent alors tout lâcher et voler.
Les autres s'appesantiront encore davantage dans le plomb du sommeil.
Ce n'est pas une malédiction, c'est un choix.
Nous venons tous librement. Pourquoi demeurer dans les chaînes ?
Ora, lege, lege, legeOra lege lege lege relege labora et inveniesOra lege lege lege relege labora et invenies